Roquebrune – Savone

Départ de Roquebrune pour un Soaring à Savone

Jamais je n’aurais pensé pouvoir me poser sur la plage 100 km plus loin !

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20123880

Les prévisions pour ce Samedi 16 mars 2013 nous donnent un très beau potentiel. Jouer dans une belle masse d’air instable, sèche et déventée autour de la zone frontalière est possible.

J’hésite entre Ospedaletti et Isolabona. A 4h je me réveille, regarde attentivement Meteoblue et à 4h30 je textote les potes :
« Rhaa je viens de tordre les prévisions de vent dans tous les sens à tous les étages, y’a quand même un coup à jouer avec les premiers thermiques de RQB !!! Je suis quand même indécis…. »

On se décide avec Bruno et Dgilou pour Isolabona mais je vais inspecter Roquebrune en passant vers 8h… 10kmh de SSE.
Autant aller à Isolabona en vol !
Corrado décollera de Bevera.
JPT doit arriver plus tard.
Benoît va à Ospe,

Le plan que j’ai un peu en tête en ce moment c’est aller au Mont Bertrand ou au Saccarel et revenir à Roquebrune par le Mangiabo.

9h40
Ca me démange depuis 30 minutes. Je décolle.
Maintenant il faut assumer.

Je ne plombe pas, mais la tendance SE est plus forte que prévue, et le radiateur thermonucléaire de Roquebrune est un peu long à se mettre en place… ça va être laborieux. Gilles et Bruno m’en voudront si on fait un vol venté et sans issue dans le bocal.

C’est effectivement laborieux. Ca monte peu, Ca decalle à max. C’est long !
A tel point que j’ai le temps de voir JPT arriver au Mont-Gros.

Bruno s’en sort le mieux de nous 3. Il gère le début comme un chef. Après Sainte-Agnès il se jette tout seul comme un grand dans le piège de l’Agaisin à 11h.

Mon option est de passer par Menton en sachant que l’on va être accueilli par une face O sous le vent et un peu froide. On est limite en altitude, Il faudra du cran pour se remettre au vent. Dgilou gère à la perfection et on se retrouve au plaf, un bon plaf genre 1800 qui va nous permettre de zapper l’escale à Bevera.

Ca tombe bien car on voit Corrado y batailler un petit peu. Je prends une petite avance sur Dgilou et je me retrouve dans le coeur du thermique à la Tramontine. Des oiseaux me montrent la mine.
Encore plus de 1500, une dérive SSO, je zappe Isolabona,

Il est 11h50, je transite donc vers Rochetta depuis la Tramatine

Je ne suis pas mécontent de faire cette section avec du gaz, à hauteur de crêtes c’est toujours éprouvant. Tout passe nickel jusqu’au Torrage. Je commence à ralentir l’allure car j’aimerais secrètement que Corrado me rattrape au Saccarel.
Dgilou est entre de bonnes mains, Corrado et Frederico. J’espère qu’il reste zen, guidé par les locaux, en confiance.

La vue du Torrage et du Saccarel est magnifique. Avec 2500m puis 2800m on voit le Gélas, le Viso et les 4000 qui sont derrière la plaine du Po.

Dessous le spectacle est superbe aussi avec les skieurs et leurs traces.

DSC01554

Corrado me rattrape et il accepte de me guider au retour vers Isolabona d’où il sera facile d’aller à la Tête d’Alpe pour ensuite tente traverser la rivière Roya au niveau de Breil.

Il y a une tendance Sud assez marquée, assez préoccupante et sa science de l’itinéraire me parait plus que bienvenue.

Mais au plaf il change d’avis et me lance un « Viens, Pascal, on va a Albenga !!! ». Je ne sais pas où c’est mais je le suis sans hésitation. Il est 12h50 et on part pour une longue transition de 20 mn vers « Colle di Nava ».

Il y a 2 éoliennes, je reste prudent, je trouve une mine qui décalle bien et je décide de continuer au Sud… mais ça ne passe pas et je me fais bien tarter. Je me replie sur ce que je pensais être un appui polivalent, entre la brise de la vallée Sud et la tendance Est (ou pour moi la brise de mer) au dessus qui m’avait tant contré. Cela ne fait que dégueuler Sad

Le piège, 1h30 de déprime.

Je vois Corrado bouriner avec son aile qui se tord bien et passer du bon côté, derrière il semble monter mais sans plus.

Je suis bien déçu, maintenant que je suis bas, je vois que les atterros potentiels sont tous vraiment médiocres. Pour diverses raison, chacun est très mauvais. La sécurité est en haut.

En me repositionnant au dessus des meilleurs champs et en pensant bien que vu la cuvette dans laquelle je suis ça doit bien monter quelque part, je trouve un thermo-dynamique gentil et large qui me soulage et me relaxe un peu.
Idem une fois remonté aux crêtes. Je laisse filer les mines sportives qui décallent trop et ne servent à rien pour rester en sécurité, observer et comprendre. Ca prendra le temps qu’il faudra, mais je compte bien me poser ailleurs que dans ce trou.

C’est un beau bordel à déchiffrer. La seule certitude que j’ai, c’est que j’aimerais être au nord vers Ormea au sommet des hauts reliefs où la vie doit être bien plus simple.

J’observe attentivement les 2 éoliennes. Elles oscillent plus ou moins entre S et SE selon la force des brises. Je décide de retenter le coup quand ça me semble être la brise locale qui prédomine.

En attendant j’aimerais aussi voir précisément jusqu’où je peux aller en dynamique avant de passer sous le vent de la brise de Mer et de me faire démonter. Bref, c’est la guerre et je m’organise.

En chemin la minasse est trop belle. Le genre de mine qui fait tellement hurler le vario que je l’enroulerais même si elle décalait à 40 kmh car en quelques secondes avec des centaines de mètres en plus tout serait différent.

Bingo ! J’ai pris presque 1000 m en 6 minutes. Problème de 1h30 réglé en 6 minutes. Next please !

14h42

Le paysage est grandiose, la mer paraît lointaine, elle est à 20 km. Je m’en émerveille 10 fois, 20 fois. Il y a encore tant à survoler.
J’aurais bien aimé y aller dans cette moyenne montagne vers le NNO et finir jusqu’à la plaine du Po. Mais il y a beaucoup d’éoliennes et elles tournent plus vite que celles que j’ai pu admirer pendant plus d’une heure. Je me suis assez battu, je n’ai plus envie de batailler.

Les vallées sont très minérales, beaucoup de cuvettes, c’est magnifique. Pour me rendre vers la mer et la civilisation, je survole une ligne de crête s dont les versants nord sont superbes.

J’avance parfois à 20 kmh accéléré mais ça porte bien. La mer est loin, j’enroule et je plafonne ce que je trouve car je compte bien m’y poser. Corrado ne répond pas.

Après un 1800 je quitte ma crête qui meurt dans une plaine pour une autre qui me conduira à la mer. Je suis content et soulagé.

Arrivée sur la mer, 15h45

Je pense qu’il me manque peu pour faire 100 km alors je décide de tout donner question glide.
100 km depuis Roquebrune, je les mérite non ?

Le littoral est hyper posable. Après 10 km de glide le long du littoral j’arrive à 300 m/sol au bout de la plage, la suite est obstruée par un relief qui se jette dans la mer.

Pas de moutons, un vitesse de glide normale, 10 km d’air lisse…. Je pense depuis longtemps ue s’en est fini quand le vario fait des micro-bipements.

Je pilote et enroule finement pour exploiter l’ascendance et quand je tape le relief je suis bienheureux de constater ça tient en dynamique !

The Soaring Spot

Je découvre alors que j’arrive à Finale Ligure, le plus beau concentré de parois d’escalade que je connaisse. C’est énorme, il faut 1h30 d’autoroute pour venir ici de Nice ! Je jubile. C’est un lieu mythique pour moi.

Grimonett, une superbe grande voie, je te vois ! Je reconnais et localise chaque voie démentielle que j’ai gravi.

Je survole la ville et je me connecte avec la crête suivante. C’est énorme, je vais finir par du soaring World Class. C’est beau l’Italie !

C’est laminaire dans du gros 25 kmh parfaitement perpendiculaire à la côte, Il y a juste à s’en mettre plein les yeux !!!

A Varigotti la nature reprend ses droits, on petit cap sans route, sans personne, sans maison, sans rien seul avec les mouettes. Capo Noli, je suis aux anges. C’est énorme.

Ca tourne à 90 degrés, une transition avec un petit relief en point de mire. J’ai assez pour poursuivre et ne pas trop me faire tarter sous le vent.

C’est sport ! J’enroule un truc alors que je suis en mer et sujet aux turbulences derrière du cap. C’est aussi sportif qu’une vieille minasse de montagne. Je ne m’attarde pas.

En vue un autre relief : Bereggi avec 5-6 parapentes en soaring. Yessss ! J’arrive bas. Question d’honneur, je remonte.

Je découvre alors ce que je crois être Gênes et qui est en fait Savone, une grosse ville avec ferrys…

Trop content, je me pose. Lorsque je dis d’où je viens, les parapentistes très chaleureux m’accueillent tel un Demi-Dieu. Je découvre un dizaine de personnes aussi sympas les unes que les autres. Nous buvons une bière au bistrot et ils me ramènent en train à Pietra Ligure.

De l’analyse, de la maîtrise, des certitudes, de la connaissance, des erreurs, de l’inconnu, du doute, de l’émerveillement, de la chance, de l’opportunisme… vive le cross !

Merci à Corrado pour la navette Vintimille-Turbie et pour tout le reste.

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