Sospel – Col Agnel

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20164912

Samedi, je vais à Gréolières pour rendre le Biplace du club. J’ai mal à la tête, il fait chaud, je manque de sommeil. Je me laisse quand même tenter par un microvol dans la stabilité… ça n’arrange pas mon état. Le vent, le soleil, déplier, replier, voler, le moindre geste me coûte une énergie folle…

La météo nous disait que dimanche et lundi allaient être bien. Plus je sombre et plus je m’en fiche.

Je décide de rentrer assez vite, le trajet se fait au radar, c’est un calvaire. Sans conviction, je mets quand même le réveil pour 7h20. Si je me réveille en forme, j’irai peut-être à Bleine, ça doit être bien puisque tout le monde y va.
Je m’effondre peu de temps après mon arrivé, vers 18h00, après avoir pris une douche et deux aspirines. Aucun intérêt pour le devenir des prévisions, je veux tout, sauf voler.

4h du matin, je me réveille spontanément, reposé. Tout va bien. Je jette un oeuil rapide sur les prévisions. Pas mal ! Je me prends à réver d’Auron, voir même de prendre illico la voiture pour rejoindre Damien Lacaze qui va décoller du col Agnel. Ce n’est pas raisonnable. Il faut se calmer et se rendormir.

Je suis décidé à me faire plaisir, une petite journée à l’ancienne sans se prendre la tête. Avant toutes ces conneries de cross, de meilleur site pour les conditions du jour, d’analyse meto poussée, de chasse à la perf, de parcours, de concours de récits, nous avons tous volé au début sans nous prendre la tête, en partant simplement avec plaisir dans un lieux sympa pour y voler. C’était simple cette époque.

Alors je dors, je me lève et je fais ça ! Aller décoller pas loin, dans un coin que j’affectionne Vial Colmiane ou Sospel Grosso, ensuite j’improviserai. De toute façon rien que la route pour Bleine, le monde au déco, je sature.

7h45 ! Mais il sonne quand le réveil ???? Il était sur 7h20 le salaud !

Jean-Paul, Nikola, David… Sospel ça te dit ? Non, ok.
Max t’es à Sospel ? Non, je vais à Bleine ! Bon, ok.

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10 h j’arrive au Grosso
Trop bien, beau trajet, micromarche, moquette tondue, ambiance Alpes du Nord et… le déco pour moi tout seul.
Y’a un petit peu d’air régulier de face et des déclenchements sur les faces N et E.

Je me prépare en temporisant mais à un moment ça commence à me gaver, il est quasiment 11h ! La piètre manche à air oscille entre 5 de S et 10 de N et rien. Les arbres montrent que c’est anémique devant (S) et assez actif(N) derrière. On y va.

Fuck ! C’est la guerre d’entrée ! Le thermique décalle à fond vers l’Ouest, et je ne le tiens pas, le mieux que je puisse faire, c’est de dérouler en me laissant embarquer tout en récupérant l’énergie des déclenchements de la face Nord.
Je suis 30 m au dessus du déco et je dois fuir. Je n’avais rien vu venir à terre !!!

J’arrive bas sur la crête qui mène à la Baisse des Canons. Rester à portée de l’Ouest et de ses atterros en remontant sur la crête est vain 🙁 ça ne marche pas.
Il faut aller chercher les thermiques là où ils sont ! Et cela se passe dans une belle cuvette forestière, assez impressionnante à mon goût : la face Est.
Le risque c’est de ne pas pouvoir s’en échapper et de devoir dans ce cas redescendre cette vallée en passant sous la ligne HT pour aller se poser au fond dans un haras. (N’est-ce pas Pierre 😉 ?)
Evidemment, aujourd’hui, toute la zone est sous le vent du Viroulet, donc les thermiques sont pourrissimes. Mes ailes partent dans tout les sens, deviennent molles, attaquent, cabrent. Je passe au dessus des reliefs mais ça reste une bonne ascendance bien pourrie.

Il y a un beau et large nuage au dessus de moi mais je suis las et sur la défensive depuis trop longtemps. Je fuis vers l’ouest dès que j’ai assez de gaz pour arriver au sommet convoité.

Là, les choses deviennent un peu plus normales. C’est faiblard et ça décalle. Ce n’est pas facile, mais ça tolèrera bien ma médiocrité pour le peu que je sois assez patient.

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J’hésite à m’appuyer sur les crêtes de Peïra Cava. La forêt en dessous est imposable. Je préfère faire un tout droit vers le secos à l’Ouest où cela doit monter pour quitter la zone rapidement. Sur de la pierrasse effectivement ça monte, même plus que désiré.

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Ensuite c’est assez thermique et porteur jusqu’au Férion. Je cafouille un peu en foirant le plein et part assez bas vers le Vial. Diantre, je suis contré par une tendance Nord, jusqu’à la fin de la transition. C’est assez flippant. Heureusement j’ai gardé mon sang froid et j’ai évité un probable piège à pinpin : faire un relai intermédiaire hasardeux sur la rive gauche.

Me voici bas sous les falaises SE du Vial mais la pente est tellement prononcée que cela remonte. Merci Raymond grâce à toi je savais que c’était possible !

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Ensuite je suis assez prudent et je cale mon rythme et mes montées sur l’obligation d’arriver assez haut sur la fin pour passer un le replat après Ascrocs. Il y a du Nord ça se sent bien dans les dérives.

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Une fois la difficulté passée je commence à me poser des questions sur ce que je souhaite faire et ce que le ciel dicte. C’est en faisant le plaf que l’ennuagement fait une poussée significative un peu partout. Ca semble évoluer vers les étalements prévus, mais certains trucs ont soudainement pris en hauteur et ils méritent une surveillance.

Ce sera les Coyers par le Saint-Honorat. Avec le plein à 2700 c’est une option rapide et les 3200 mini qu’il semble y avoir là bas me laissent à penser que je trouverai facilement une suite au vol.

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C’est magnifique, je pourrais me claquer toute la ligne de crêtes du Mourre-Frey au Pelat mais j’ai envie de faire la Blanche. Après les Coyers je décide de bien m’appliquer avec un Delta et un planeur, l’ascendance et tellement large qu’un tour et une traversée me suffisent pour être quasiment au plaf. 3200 poussé, je zappe l’option Autapie > Cadun pour une trajectoire directe vers le col de la Vachière et ses crêtes.

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Ca marche et je peux donc arriver sur le Morgon en 2-3 virages. En cours je croise seulement 3-4 parapentes inconnus sur le Traumas, bizarre pour un dimanche.
Jje regarde les saignées faites dans la forêt pour gérer le crash de l’A320. A y regarder de près, à une échelle de terrien, il y a des coins qui semblent féériques aux alentours. C’est au moins ça.

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Au Morgon, je lutte pour remonter et pour plafer. Une M6 multicolore semble bien plus en phase avec l’aérologie alors je rémore l’enroulage. Je décide de ne pas tenter un retour car les étalements vont compliquer les choses, trop. Et puis vive les distances libres, ça a l’air pas mal jusqu’à Briançon ou jusqu’au Viso. Grenoble, impossible, l’itinéraire baigne dans un espèce de brouillard tout dégueulasse. Les Ecrins sont interdits, de toutes façon il faudrait les aborder par l’Est aujourd’hui.

J’arrive en bas du Mont Guillaume, et au lieu de remonter comme une balle je lutte un peu.

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Damien Lacaze puis Rémi Godefroy me rejoignent. Ils vont au col Agnel d’où Damien a décollé. Ca me plait bien !

Je débranche le cerveau et rémore grossièrement les copains. Dans les gorges du Guil, Rémi me dit de faire gaffe !

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C’est bien pourri, j’y étais déjà passé en été et sans rien trouver sauf une brise retors j’avais du taper Ceillac. Alors je bricole sur mes gardes, concentré à 100%. Je n’arrive pas à me hisser sur les crêtes et je fini par dérouler vers le fameux col de Fromage. Ah c’est plus facile ici 🙂

Rémi va à l’essentiel, tandis que Damien claque patiemment un 3800, je me contente de 3700 pour garder un contact visuel avec ma paire de guides.

Encore un plein, en duo, dans ce cadre magnifique, grandiose, incomparable et le posé à la voiture est acquis.

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Rémi snobe un dernier thermique, je le traverse en me questionnant sur la suite que je souhaite donner au vol car il est encore tôt et c’est le thermique à prendre pour forcer le passage en Italie.

C’est assez médiocre en Italie, on ne voit pas un seul bout de Viso. Il faut se méfier des effets d’optique car ça vole très bien avec 2500 de plaf de l’autre coté, mais bon….

Un jour, un autre vol, gardons-en pour plus tard ! Celui-ci est assez satisfaisant comme ça.

Nous posons à 2400 dans le massif encore bien gavé de neige !!! Ca change de Sospel où c’est l’été depuis longtemps 🙂

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Rémi et Damien, c’était un plaisir de voler avec vous.

Je remercie aussi Fred Nabet qui m’a hébergé alors qu’il rentrait bien crevé du Bornes to Fly.