TSL-Gourdon-Baou de la Gaude sans un virage
2019-09-11 , TSL-Gourdon-Baou de la Gaude sans un virage
La veille : une idée
C’est difficile en ce moment de prendre toute ma journée pour faire du parapente et du coup je fais des petits vols d’après-midi. Des petits AR Gréo pas toujours simples ou des Gourdon Saint-Jeannet vite fait bien fait.
Lors d’un retour de Gourdon, j’optimise mes cheminements et mes trajectoires à Courmettes et je me retrouve assez haut à TSL sans avoir fait un virage depuis Cavillore. Je ne suis pas satellisé non plus, mais à hauteur du Naouri, je suis assez content de moi. Je commence à bien connaître le coin. Me vient alors l’idée de continuer sans un virage jusqu’au Baou de la Gaude. Finalement j’y arriverai et je devrai me poser à la gare de Tourrettes au retour à ce jeu du vol sans virage. J’ai adoré ! C’est comme un drogue, on se colle l’ivresse d’une fuite en avant imposée. Il faut commencer à se déconditionner de tous ses réflexes, c’est vraiment déroutant. On cogite tout le temps sur les trajectoires, la vitesse, on est en anticipation permanente, un style radicalement différent. Bref, je recommande !
Avant j’avais comme tout le monde fait de belles sections sans faire de virage, lors de cross à la faveur de belles conditions. Je me souviens d’un mythique glide Barcelonnette-Colmiane et d’un Arpille-Gourdon, par exemple. Mais en imposant la règle, c’est tout autre chose ! Rien à voir avec ce genre de séquences opportunistes, même si je leur dois un peu d’expérience en la matière et peut-être l’idée-même du vol sans virage. Non, là j’affirme le challenge d’entrée.
Ce sera tout droit où ce ne sera pas !
Le challenge
Le lendemain je suis encore dans l’euphorie et je super motivé pour un TSL-Gourdon-Baou de la Gaude-TSL sans enrouler. Pour une fois, je ne vais pas avoir à rêver des mois ou même des années avant d’avoir l’opportunité de passer à l’action. Mon plan est de monter au Naouri à pied et de commencer par un enchaînement des gros et puissants thermiques des faces Est jusqu’à Courmettes pour ensuite aller faire demi-tour à proximité de Gourdon et refaire ce que j’ai fait la veille.
Finalement je suis un peu fatigué et la perspective de monter à pieds au Naouri en plein aprem’ me dissuade un peu. Je décide de me faire l’accès au Naouri en vol. Après tout, je fixe les règles.
Après quelques tours de thermiques depuis le déco du bas, me voila au large du Naouri et le challenge commence.
Je passe sous le déco de l’arbre et j’enchaîne les traversées de thermiques sans être trop contré par la brise. Première décision stratégique, je décide de rester sur une trajectoire qui contournera le plateau ce Courmettes par le Sud pour rester dans les gros thermiques qui déclenchent devant et prendre à max d’altitude avant de traverser le Loup pour Gourdon. C’est bien costaud et inconfortables de traverser thermiques sur thermiques, l’équivalent de ce qu’on peut vivre sur la crête de la Blanche dès fois. Mais ça vaut le coup, je suis très content de monter à quasiment 1500.
J’arrive à Gourdon assez haut, j’attends de voir les faces Ouest des maisons du villages et je fais demi tour. Je pensais que j’avais pas mal de marge et finalement je dois jouer avec l’accélérateur à fond pour raccrocher Courmettes. J’arrive 30-50m sous le plateau, ce qui ne m’arrange guère car ça va sensiblement limiter les gains d’altitude possibles à cet endroit. Effectivement, c’est assez médiocre. J’arrive à me placer correctement au dessus de la piste, sous l’arrête Sud-Est du pic Courmettes mais je ne vais pas pouvoir prendre toute l’altitude que j’aurais du pour prétendre longer les faces Est et enchaîner avec le Naouri. Je ne vais quand même pas m’avouer vaincu, j’ai découvert la veille un sacré thermique dans le vallon qui est à l’ouest du déco : j’y fonce et je le découvre large à souhait ! Yesss. Lorsque j’arrive au dessus du déco, je suis à hauteur du Naouri.
La tendance est plus Est que la veille, ça m’a bien déjé bien coûté au retour de Gourdon, mais ça devrait le faire, de toute façon je suis pris dans mon truc il faut continuer. Je commence à bien maîtriser cette séquence pour surfer au mieux entre la butte à Serge et Saint-Jeannet. Cela passe sans que j’ai pu prendre beaucoup, mais le job est fait.
Il ne faut pas paniquer avant de se lancer vers le Baou des Blancs et la large zone ascendante tarde un peu à venir. Elle permet d’arriver sans avoir à gratter et de ramasser tout ce qui traîne, du coup ça permet de passer la ligne sans stress..
Lorsque j’arrive à Saint-Jeannet, assez bas, j’arrive à bien négocier le Village et je raccroche finalement pas loin du sommet le Baou de la Gaude. La veille j’étais arrivé plus bas et j’avais pris 200m là bas. Et là c’est…. la grosse déprime : que dalle à l’aller. Tellement que dalle que j’hésite à faire demi tour sur le mamelon qui a normalement un super thermique. Le problème c’est que ça contrera beaucoup pour en revenir. Je fais donc demi tour où je l’avais prévu et rien n’a changé, je pars à peine plus haut que le sommet… Je suis dégoûté. En fait, c’est très bizarre émotionnellement, j’ai toutes mes habitudes de crossman qui me dictent mes émotions , je sais que partir si bas se paie à un moment et que ce n’est pas une super décision. J’en ai vu des rookies faire des conneries 😉 C’est difficile de se dire que c’est juste le jeu qui continue.
Mais du coup je suis même pas à hauteur du Baou de Saint-Jeannet…. c’est encore loin TSL 😉
Je décide de passer au large par le village où ça a bien porté à l’aller. J’arrive à trouver une superbe et longue ligne positive très au sud, un bip lent et interminable qui me réconforte, me donne de l’espoir et enfin des certitudes : la question de raccrocher le Baou des noirs est réglée. Yesssssssssssss. C’est bon ça !!! Mais à peine arrivé il faut gérer la ligne et se résigner a faire un contournement 😉
Et là, c’est encore le jeu, mais c’est émotionnellement difficile : c’est à l’ombre à partir de la seconde moitié du Baou des Blancs, un bon voile très épais. Je suis dégoûté, mais c’est la vie, me dis-je. Avec Vence en dessous, c’est pas le super lieu pour finir de jouer à « je vais tout droit ». Le Baou de Blancs ne donne quasi-rien, j’en viens même à me poser la question de savoir si je ne fais pas une connerie bien débile en continuant… je me promets de ne pas me faire mal si ça commence à sombrer et goooooo !!! Finalement comme prévu j’arrive à la butte à Serge assez bas. C’est le dilemme entre aller chercher directement le thermique au large ou faire un détour en scotchant les reliefs. Je décide de scotcher la forêt, pas mal au début, mais ensuite c’est pas la folie. Pas de quoi être tranquille pour la suite.
Je pars plus bas que la veille, toujours dans l’ombre. Vais-je réussir à faire une fuite en avant comme la veille jusqu’à la gare ? Ca me parait compliqué.
Finalement, le petit miracle se produit et je remonte franchement. Yess je raccroche les barres et il me reste à me concentrer pour faire un one-shot à l’atterro, pour la beauté de la trace ;).