Test de la Flow Xc Racer dans notre petit bocal préalpin

J’ai eu la chance de pouvoir faire quelques vols avec la XCRacer S de Flow, une voile et une marque que je surveille depuis longtemps avec de bons retours dans le monde entier.  Vincent Labro, travaillant pour le distributeur en France Scorpio, m’a confié une aile absolument neuve, elle est fournie avec sac spacieux et léger, chaussette-bag de qualité et pas trop lourd…  J’ai bien eu le temps de baver devant avant de pouvoir profiter de belles conditions, mais finalement j’ai fait un Gourdon Saint-Jeannet AR et un petit tour de mon massif au départ de TSL (Courmettes > Greo  Coursegoules > Baou de la Gaude en venant de la Cagne > TSL).
Rien de bien folichon, mais sur le dernier vol il faisait vraiment trop froid et mon ambition de m’aventurer dans l’Estéron pour aller à Roquebrune s’est éteinte assez vite.
Alors, la Flow XC Racer ? C’est une aile de la classe des 2 lignes EN D avec la Zeno, la Leopard etc…
Les matériaux et la construction de la Flow sont ceux éprouvés pour ce type d’aile : des tissus plutôt légers, des suspentes en aramide dégainées et des renforts semi-rigides en quantité.
J’ai testé la taille S 75-95 à 95, voire un peu davantage (ce n’est pas sérieux mais je n’ai pas de balance) EDIT c’est dingue mais en fait, je suis plutôt à 102 de PTV 🙂
L’aile est légère et compacte au gonflage. Moi qui ne suis pas très rigoureux sur la mise en place, j’apprécie l’homogénéité de la machine quand elle se dresse, sans point dur. Depuis une demi-aile, une corolle, ou avec une montée mal engagée à cause d’une aérologie moisie, elle finit facilement propre au dessus de la tête. Elle se temporise facilement et n’arrache pas (attention, je n’ai pas décollé dans 20kmh non plus) .
1er Vol
J’ai donc fait un premier vol de Tourrettes-sur-Loup à Courmettes, dans la stabilité et avec du vent assez fort de Nord-Ouest au dessus. J’étais vraiment sur mes gardes : nouvelle aile + aérologie très piègeuse = ne pas faire le malin.
Difficile à l’issue de ce vol de faire la part des choses entre l’aérologie bumpy et une aile que je n’ai jamais eu en mains. J’étais quand même bien content d’avoir pu exploiter un thermique étroit assez bas au dessus de l’ancienne gare alors que ça commençait à franchement sentir le tas. C’était également assez insolite d’avoir une petite machine bien compacte et bien chargée qui planait comme mon gun et  perforait sans peine face au vent. J’avais oublié le plaisir que c’est de voler d’une aile maniable et joueuse depuis longtemps.
2èmevol
Ensuite j’ai fait un TSL – Gourdon – Saint-Jeannet dans des conditions pas trop mal avec un régime de NO moins fort. J’ai pu profiter durant tout le vol de maniabilité super excitante et les bonnes performances malgré ma charge alaire au top de la fourchette. Question repères en finesse, j’ai à peu près les mêmes qu’avec ma ZENO MS.  J’ai pu comparer quelques instant en suivant une Léopard plus grande et c’était grosso-modo pareil (bien sûr il faut toujours relativiser ce genre de mesures).
3èmevol
Aujourd’hui, je suis parti pour un vol en conditions hivernales. Le voile du matin était dissuasif mais finalement en voyant des vrais rayons entrer dans la maison vers 10h30  j’y suis allé !
Je décolle du déco du bas et exploite immédiatement un thermique sans le lâcher, ça sent vraiment la belle journée. Il y a une tendance O pour ne pas changer, assez marquée.
Je survole le déco de l’arbre et j’enroule un peu avant de me faire complétement éjecter par le vent qui passe au col entre le puy de Courmettes et celui de Tourrettes. Je n’insiste pas, je me suis rarement fait éclater par le vent d’Ouest comme cela. Je vais poursuivre et voler plus bas, au ras des forêts. Il faut bourriner au barreau pour passer la maison de la guérisseuse : facile ! Le barreau est super léger et agréable , la prise en main des B avec les poignées en bois est classique. L’aile ne tangue pas trop, les turbulences me bougeottent en roulis, c’est pour moi choses classique avec ce type d’ailes. Mon réglage au premier barreau est grosso-modo 2 tiers de la course, là j’allège ici un peu, mettons que je sois à 50 pourcent. L’aile ne dégrade pas, c’est du solide.
Cheminement sous le vent pour arriver sous les barres de Courmettes par l’est. Cette section était bien sous le vent mais comme c’était instable j’ai eu quelques petites pichenettes propices à ma finesse.  On ne sait jamais à quel point ça va être l’enfer donc il faut être à 100% dans ces sections, mais l’aile bien compacte et rassurante dans ces conditions a fait des merveilles : sans enrouler, j’ai bien modulé mon allure et incurvé mes trajectoires pour profiter de ce qui montait, avec une marge en rayon de virage et en énergie.
Une fois dans le flux, les barres me montent, la Flow perfore vraiment bien contre le vent avec mon premier barreau bien calé. C’est impressionnant, j’ai une bonne surprise à ce régime. J’arrive au dessus des lacets et le thermique me propulse à 1600, je pensais me rapprocher davantage des nuages qui devaient être à 2.000 mais non. Il fait méga froid et j’ai un doigt dur comme du bois. Ceci explique peut-être cela. Ca ira bien.
Je glide pas trop mal au début puis c’est quand même pas génial, rien à voir avec l’aile, mais j’ai des vitesses assez faibles et rien n’est vraiment enroulable. Au dessus des 2 lignes THT je suis même un peu… contré😞
Finalement je dois passer sous les crêtes au niveau des dernière falaises au dessus du Foulon. J’ai moyennement confiance aux pentes du rond-point de Gréo, il n’y a personne en l’air et c’est à l’ombre depuis un petit moment contrairement aux falaises où je suis.
Je m’applique alors à bricoler dans les dernières barres, je commence à être en confiance avec la petite machine ! La brise faible et la XCRacer me permettent d’enrouler et de me replacer au vent. Super ! J’arrive à m’extraire d’ici.  C’est la première fois que je fais ça, jusqu’à 1600 ! Je me prends à envisager une trajectoire direct vers le mouton d’Anou par les petites collines de Saint Barnabé. Puis finalement, là encore je perds le truc. Il faut dire que c’est bien instable mais les thermiques sont loin d’être forts, c’est quand même un peu trop mou à mon goût.
Je dois donc connecter le Cheiron, fraichement réenneigé en face sud. Je vais direct au falaises qui sont dans les pentes avant le col. Bof bof, c’est pas super puissant, c’est soumis à l’ouest donc ça décale à max en léchant les reliefs sans donner d’appuis. Comme je suis relativement bas, je dois enrouler en décalant avec des tours face reliefs. C’est des séquences qui reviennent souvent dans les vols difficiles, comme je suis toujours très concentré, je m’en souviens bien. J’ai appris avec l’expérience à lâcher l’affaire, à me méfier en remontant au vent et à perdre l’ascendance en virant face pente. Bref, la XC Racer est excellente dans l’exercice : elle permet de faire du chirurgical et de rester davantage dans la bonne partie, j’ai l’impression d’avoir un scalpel affûté par Hannibal Lecter en personne.
Encore perdu le truc !  Je vais sur les barres mais ça ne monte pas beaucoup, je rêvais de faire un bon 2000, peu importe le froid, pour taper Gilette au soleil mais non. Du coup j’ai beau enrouler tout ce que je peux en me laissant décaler avec le vent, ce sera 1700 à Coursegoules. Au sud tout est à l’ombre sauf le mouton d’Anou et toute la rive gauche du var. Je vais quand même voir ce l’aile à dans le ventre, et de mon coté j’ai envie de me mettre aussi un peu stress : cap vers St Jeannet. Les faces sud ne donnent rien, mon altitude fond comme peau de chagrin, ça contre beaucoup en Sud. J’enfonce mon barreau et j’ai difficilement 30 kmh.
Ca sent pas bon, je soupçonne qu’en bas malgré l’ombre ce sera une bonne brise bien grasse. Je crain de devoir prendre la crête de la ruine, synonyme d’engagement, mais j’arrive finalement encore assez haut et peu enrouler sur la crête d’après. Encore une fois je m’accroche et me prend à rêver du nuage, mais non. Tout est à l’ombre ici. J’ai fait dans cette section un fullbar, ça dégrade certes, mais c’est super solide pour le coup (ceci dit c’était pas super turbulent).
Ensuite j’essaie pendant 20 minutes de monter dans l’ombre pour transiter vers Roquebrune mais je n’arrive pas à faire l’altitude requise. Je pourrais patienter encore car il semble que le ciel pourrait se dégager mais finalement, avec le couvre-feu et l’incertitude météo, je préfère rentrer tranquillement.
J’ai beaucoup de plaisir à évoluer de Saint-Jeannet à Tourrettes en jouant avec l’aile, puis je me pose.
Conclusion
Une belle machine qui n’a rien à envier à la Zeno, avec un petit côté ludique assez séducteur. EDIT j’ai craqué j’en ai acheté une 🙂