TSL – Colmiane – Férion – Gréo-les-neiges
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Cela fait un petit moment que je n’avais pas crossé dans les montagnes et les grosses vallées du 06, une éternité même. Toujours une bonne excuse pour éviter de m’y coller.
Aujourd’hui, ce n’est plus possible. La lassitude me gagne depuis trop longtemps à faire toujours quasiment pareil : je dois remettre mes gants de boxe et aller m’y coller !
Comme du vent d’ouest est finalement annoncé et que l’instabilité permettra un décollage du bas assez tôt, je décide de temporiser et de partir de ce petit déco du bas vers 11h30. Cela me permet de faire d’emblée un trait sur la tentation de faire une distance honorable. Reste juste une grosse motivation pour me faire plaisir et ça veut dire : aller dans la montagne !
Une fois au déco je m’aperçois que j’ai oublié ma paire de lunettes pour le soir et mon portefeuille. Aïe, ça limite un peu l’esprit aventurier, enfin on verra. J’ai mon téléphone c’est déjà pas si mal.
Décollage RAS
Je dois aller jusqu’à Courmettes pour monter convenablement, la dérive est franchement SUD. C’est parti pour Gréo, je ne sais pas trop ce que je vais faire encore pour aller dans les massifs : Roquesteron, Brianconnet… Je commence à sortir au large du 700 et je vois une Ozone bleue, jaune et grise qui arrive probablement de Gourdon, je temporise un peu au sommet du Cheiron en me disant que ça pourrait être Benoît ou Arthur.
Il y a des beaux nuages au nord de Coursegoules, je vais voir si je peux y accéder. Mon application à enrouler au dessus des crêtes, fait que l’Ozone me rattrape presque. Je m’engage au nord. Il n’a pas l’air joueur 😉
Superbe ! C’est actif assez longtemps au nord et malgré le fait d’avoir arrêté d’enrouler assez tôt, je peine à rester sous les 2000.
Il fallait bien ça pour arriver à Toudon direct, ce n’est pas rien comme transition !
A Toudon c’est mollasson. Il y a un superbe nuage au dessus de moi mais, j’imagine qu’il faudrait aller le chercher à assez loin à l’ouest. Je bricole avec ce que j’ai, c’est assez satisfaisant même si effectivement ça ne me mène pas au nuage. J’ai assez pour traverser, c’est l’essentiel. Go !
Toujours impressionnant de s’engager la dedans, c’est très accidenté. Un bordel avec de la brise massive. Il y a les derniers champs de la Tinée à cet endroit, ça rassure. Après c’est du suicide jusqu’à Isola Village.
J’arrive un peu sous le sommet et je bricole face à la trajectoire de la brise. En fait ça décale un peu bizarrement et c’est davantage sud que Sud-Est (flux).
C’est vraiment de plus en plus fort, je me fais violence de toute façon c’est pas vraiment le plan de me jeter dans les basses couches de la Tinée sans appuis. La dérive tourne franchement Ouest, c’est la guerre. Je me fais de plus en plus violence dans le thermique, dès que je quitte la bonne accroche face au vent dans le gros vario, la branche vent de cul est déroutante ou plutôt effrayante : tout se ramolit, l’aile prenant de la vitesse à plat en me centrifugeant.
S’en est trop, c’est de pire en pire et j’ai assez pour taper Marie. Je me sentirai mieux sur les faces exposées au vent météo. Apprécions la transition:
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J’arrive au dessus de Marie et je bricole la ligne HT, pas évident entre les thermiques faiblards, la brise de la vallée adjacente et le vent météo qui s’immisce un peu. Passé cette couche un peu difficile, tout devient puissant avec ce vent méteo frais. J’essaie de faire 2-3 tours de plus car je sais que le chemin vers le Caire Gros sera infect. La première fois que j’avais fait cette section, ça avait été similaire.
Caire Gros, les ombres des nuages défilent assez vite, je pourrais aller faire un point à la Balme ou au Giraud, mais bon… J’essaie d’éviter la tentation que constitue le coeur du massif. C’est vraiment une torture car comme souvent c’est moins venté qu’aux alentours, les ombres des nuages y sont bien moins mobiles.
Bref, on va essayer de voler en bon citoyen, proprement.
3000 en bordure de TMA…. rhhhhhhhhh
Il en manque un peu (de l’altitude, de la proximité ou de la folie) pour innover et tenter un génialissime Toudon direct.
Je longe donc vers l’est et j’arrive à Peïra Cava. L’air est très trouble, comme s’il y avait une grosse couche d’inversion, pourtant 2-3 nuages bien hauts émergent ci est là au Férion, à Peille…
Avec l’Ouest et cette possibilité de stabilité, je doute vraiment de l’itinéraire, d’autant plus qu’à Peira Cava je dois me battre.
Je bricole dans du thermique fort et compliqué, puis je pousse le barreau. Au col (st roch ?) j’arrive à refaire 2000, mais ça n’avance pas et je crains vraiment l’arrivée au Férion, si déjà j’y arrive.
Cet endroit est un des plus impressionnants. C’est très minéral, il y a des pentes, des lignes, des arbres, de l’air qui vient de la côte, mais aussi de la vésubie par certaines zones. On doit taper le Férion, entravé par une ligne. Finalement ça m’a toujours réussi jusqu’à présent. Enfin j’ai fait un départ en vrille au dessus de la ligne une fois au vent sur la face Sud Est de Férion un jour très stable.
Aujourd’hui, ça y ressemble, avec l’Ouest menaçant qui dérive bien le nuage du Férion en plus. Je retrouve un truc en route puis je dégaine aussi le 2ème barreau, avec quelques problèmes de symétrie, je ne suis pas encore habitué à mon aile mais il a le mérite de clarifier assez vite les situations.
Mais une fois au dessus de l’espèce de col, je m’applique et je trouve au dessus des lignes de quoi reprendre du gaz. J’enroule et j’accepte la dérive sud, puis ouest. Je quitte un peu trop tot le thermique en pensant retrouver davantage devant puis finalement je dois me lancer dans une transition vers le Vial un peu moins haut que j’aurais pu.
Par contre je connais un peu et je ne fais pas de laisse de chien par Bonson : direct dans les pentes.
Là c’est un peu la psychose de revivre ce qu’il m’était arriver la dernière fois : une stabilité monstre qui m’avait contrait en guise de capitulation à me jeter dans l’Esteron.
Ca prend un peu la même tournure, mais je me jette à 150-200m sous les sommets dans les face ouest. Je prends le flux de la brise et je dois marcher sur des oeufs pour bricoler. J’arrive à Toudon, ça ne monte pas des masses et la brise m’emporte.
Il n’y a pas de nuage avant Ascros. Pour moi c’est là que commence la zone de confluence entre cette énorme brise de Mer et les brises et le meteo d’ouest. C’est bien actif par ici, avec une dérive vers le Nord (souvent ici). Je joue le jeu et chaque branche vers le nord j’ai l’impression d’être en milieu de vallée à l’aplomb du Var.
Ensuite il faut traverser une zone sans relief (col ???) en temporisant pour gérer l’ombre. Je suis bien contré.
Finalement j’arrive à traverser puis à m’extraire. Magnifique vue vers le Nord.
Je touche la dérive ouest qui me mène presque au nuage. Il y a un nuage sur la trajectoire de Greo-les-Neiges. J’avoue qu’avec mes 2500 je tente ce pari plutôt que l’itinéraire classique m’amenant à Briançonnet dans des conditions d’ouest. J’ai peur de ne pas pouvoir me mettre au vent, un peu comme ce qui m’étais arrivé sur un retour de Dormillouse à Bleine récent : dans l’impossibilité de me mettre au vent à Briançonnet, j’avais dû partir avec le vent sur les faces Nord Ouest au Sud de Gars pour trouver la zone exploitable.
Bingo, ça marche plutôt bien, je ne perd pas grand chose, ça bipote quasiment tout le long même si je n’arrive pas à enrouler.
Un nuage au dessus du Mas m’invite, mais j’imagine sa trajectoire lointaine, et je n’ai pas envie de perdre ma chance pour Gréo les Neiges, synonyme de délivrance par rapport à la récup. A quelques kilomètres près c’est même le jour et la nuit. Je ne l’ai pas mentionné mais ça me trote dans la tête depuis le début cette histoire de portefeuille et de lunettes 😉
Posé bien content de moi au dessus de la table d’orientation dans un énorme flux d’ouest. Ce sera encore pour une autre fois le bouclage, mais sur ce genre de vols je m’en contrefiche. J’enchaine avec un bon stop puis je rencontre les copains à Gréo.
Merci à Christian Butcher pour la récup !