Auteur/autrice : admin
Roquebrune Teillon AR
Juillet 2022, c’est la fête du live-track. C’est l’été des gros plafs et de la gavade. Ca se gave dans les Ecrins. Les compteurs kilomètriques sont explosés par la nouvelle génération, sur des nouveaux itinéraires avec une canicule qui permet de voler haut.
De quoi nourrir une certaine envie de voler quand j’arrive à m’extraire du quotidien. Mais à y regarder concrètement depuis le 06 en cette semaine de juillet, les conditions sont assez orageuses.
Il y a quand même la place de jouer si on sait se tenir un peu à distance, mais bof… c’est pas trop mon truc ça.
On tente quand même notre chance avec Arthur à Bleine en rêvant d’Annecy, mais c’est peu probant : en une heure ça avance lentement et ça bourgeonne déjà pas mal : retour, posés déco, rentrés tôt.
Le lendemain, les conditions devant s’annoncent très bonnes et permettraient de faire des vols assez atypiques mixant les balcons du premier rideau aux montagnes… C’est ce que j’arrive à vendre à Arthur ! Enfin j’enrobe un peu le plan de FAI de 300 km etc… on sait jamais. Mais déjà, les prévisions donnent la possibilité de partir de Roquebrune ou de Sospel, d’aller à l’ouest et de revenir. En faisant ça et en improvisant le minimum syndical ça fera un beau vol !
Donc c’est vendu, avec de la marge sur le RDV au cas où ça bouchonnerait. Bien, vu, Waze nous a fait quasiment descendre sur Monaco tant c’était le bordel.
Nous arrivons enfin au parking des Antennes, c’est le cagnard sans un pét’ d’air… Sur le chemin, on n’en parle pas trop, mais bon, ça sent la loose. C’est le risque : malgré des prévisions propices, une énorme stabilité. Ca arrive souvent.
Comme par magie, une fois du bon côté de la montagne, l’air est au RDV. 15 kmh de brise
Arthur et moi lorsqu’on arrive du bon côté de la montagne (mettre le son):
Voir cette publication sur Instagram
Le temps de se préparer et GO !
D’entrée, ça monte et nous faisons des tours complets dans du bip bip bip.
C’est une chouette collaboration qui s’annonce, dans la belle ambiance des antennes, mais à un moment Arthur ne se laisse pas assez dériver et en est quitte pour repartir de zéro. Pour ma part ça va, le vario repart après avoir un peu ramoli.
Je constate que mon altimètre est un peu marseillais. A la louche, il annonce 100 ou 200 m + que la réalité. Ca me rappelle le vario de quelqu’un 😉
Aller, il faut y aller. Je file sur le Macaron en faisant les prières de rigueur.
En arrivant je peux passer au dessus de la ligne, YESSSS. Cela s’enchaine tout de suite avec une bricole assez correcte de thermique mou. Echaudé par mon expérience du coin, j’ai toujours un peu peur de trop en faire au moment de me replacer au vent, mais mon fidèle vario se remet toujours à biper. Je suis bien calé dans mon ascendance lorsque Arthur arrive et trouve qui semble plus pêchu, mais avec une dérive qui semble plus prononcée…
Quand mon altimètre marseillais m’annonce 1650 (qui doit être un honorable 1500), j’ai les pentes Sud-Est du Férion en finesse, mais aussi Aspremont et Carros. J’hésite un peu. Pour le Férion, je suis limite mais je ne suis pas sur qu’Arthur soit parti pour refaire ce plaf. Je me dis aussi qu’à Carros, avec un plaf équivalent on pourrait aussi s’engager sur Grasse, Montauroux… et à défaut enchainer sur Gilette. Bref, je décide de rester sur une option ouverte et pour cela Carros est top.
J’adore snober le Mont Chauve !
Sans surprise à cette heure, j’arrive à Carros sans appui, les thermiques sont mous, je vole sur des oeufs. Même une fois aux crêtes, c’est assez laborieux. J’ai juste assez pour aller à Gillette, ce qui déjà pas mal. Du coup, on va laisser tomber l’option de faire une trace vers le Lac de Saint-Cassien par devant, ce qui aurait eu une certaine esthétique…
En arrivant à Gilette, je ne trouve pas les 50 m que je grappille habituellement et qui me permettent de me hisser sur les reliefs, du coup je dois me repositionner plus bas en enrouler des trucs cycliques. Des quarts de tours dans du positif qui ne font que ralentir une descente inexorable. Cette sensation d’échec, inéluctable, est HORRRRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIIIIIIIIBLE.
Me voici méga méga méga bas maintenant. J’y ai cru à un moment, mais maintenant je suis au dessus de l’usine, et je commence à me résigner à mon triste sort. Je vois qu’Arthur a raccroché Carros. Quelle excuse pourrais-je inv….. BIP BIP BIP
Voilà ce que j’attendais, j’arrive finalement enfin à faire un tour sans trou dans un truc constant ! Concentration maximale, j’incante les dieux du thermique et j’adopte ma meilleure technique pour ne pas lâcher ce thermique large et mou, à la dérive certaine. Mètre après mètre, je remonte. Mon instinct m’a incité à être super rigoureux avec les limites de cette ascendance, molle avec une belle dérive assez difficile à saisir. J’adopte un style qui m’est complètement inhabituel, mais il marche bien.
Cela commence à bien monter et je peux maintenant récolter aussi l’énergie des faces Est poussée vers moi, me recentrer est plus simple et je me détend enfin…
Je vois maintenant Arthur méga haut, mais très à l’ouest, en direction du Mont Lion. Bizarre d’aller là bas. C’est une grosse daube de sommet où on est vite enfermé, je n’y ai trouvé qu’une fois un vrai thermique en 4 passages… J’aimerais vraiment pas sombrer là bas car en bas c’est loin d’être de la bonne vallée rectiligne, sans même parler des atterros..
Finalement je n’ai toujours pas lâché mon thermique de la survie et mon vario m’annonce maintenant 1700, c’est bien faux vu que je suis à peine plus haut que le sommet de Mont Vial, mais ça ira. Et hop, c’est parti pour une section un peu plus facile, il faudra juste tenir son aile et se méfier pour passer le replat au Sud de Puget-Théniers.
Je guette Arthur qui réussi à sortir et qui va se coller aux reliefs du Vial. Il trace sans prendre le temps de se remettre sur les crêtes : quelle facilité !
J’essaie de remonter un peu avant Ascros, et finalement, je prends une mauvaise ligne et dois composer avec l’ombre vers la Penne. Je m’en tire quand même pas trop mal, Arthur se rapproche bien…
Je snobe ensuite un très bon thermique pour continuer en pensant trouver du très lourd à l’endroit exact du thermique qui compte parmi les plus énergiques du 06… et je finis… avec une daube d’ascenseur pété bien lent.
Je m’engage au Sud, au dessus des forêts en direction de Briançonnet. Et là ça va devenir hardcore. Une dérive Nord-Sud conséquente, du thermique très viril… c’est du sport. Arthur a bien plafé au gros thermique que j’avais snobé et me rejoint par dessous, il se positionne dans mon thermique et se prend direct 2 petits quarts d’aile coup sur coup. Comme 2 petites claques en aller-retour, TAC TAC, pour le prévenir.
Ce thermique bien fort fait très mauvais ménage avec ce flux de Sud. Comment peut-on monter si fort et dériver autant ? Le nuage conséquent ajoute à l’ambiance. Une fois sortie de l’ascendance, il faut bien pousser le barreau. Le flux de sud est habituel à cet endroit, mais là nous sommes bien scotchés, même hauts, magie du vent météo.
Depuis qu’on fait du sport, disons 20 minutes, les nuages ont fait X3 en nombre, en hauteur et en largeur. Cette séquence nous a un peu perturbés. Je sais que c’est toujours une période assez impressionnante où il ne faut pas forcément se résigner tout de suite pour la suite, et où il faut pouvoir se faire un peu violence… mais devant les forces de la nature, on préfère garder un peu de portée vers du bleu, alors on se dit qu’on va se repositionner sur les Lattes puis le Teillon.
Et là en arrivant au Lattes, Arthur va se transformer en oiseau ! Il se colle au relief 50 m en avance sur moi et monte puis monte puis monte en s’écartant en vallée et en avançant vers le Teillon. J’essaie de l’imiter et ça ne monte pas… En plus il y a de l’ombre partout ici… A partir de ce moment là, ce sera laborieux pendant plus d’une heure pour moi alors que lui ne fera littéralement que 3 virages pendant ce temps là.
Enroulant sur les crêtes, je le vois s’enfoncer au Teillon totalement dans l’ombre et sous les reliefs… mais va-t-il s’arrêter pour enrouler un jour ? La réponse est NON.
Après avoir fait le nuage sans être allé aussi loin que lui, je fais demi tour en avance, les conditions sont quand même un peu limite à mon goût et quand on a la bagnole à Roquebrune on se sent déjà assez loin.
Je décide l’aller vers Andon pour passer par devant, il y a 2-3 congestus sur la route que nous avons empruntée depuis le Vial, c’est aussi bien massif vers Gréo. Il y a également un bon congestus vers le Férion.
Arthur et aussi haut que moi et prend de son côté la conflu derrière Cailles, il avance sans perdre, pendant que moi je suis enfermé dans la laborieuse médiocrité. Il file ensuite vers Escragnoles…
Je prends une bonne mine pour me repositionner vers l’Audibergue. Heureusement, j’ai encore l’avantage de tracer plutôt droit.
Je suis rejoint par Arthur qui n’a toujours pas fait un virage…. Au moins, il tombe bien et m’aide par radio pour estimer ma vraie altitude alors qu’on va rentrer sous la TMA et que je dois faire des 360.
A Calern, je refais près de 2000, belle altitude que j’arrive à garder assez longtemps en direction de l’Embarnier… Ce coup de génie va m’éviter de me faire scotcher pour revenir sur Cavilore et de bien calmer l’oiseau AH AH AH !
En fait NON, il flotte, il monte, il avance… Je suis 50 m sous lui un peu au large de Cavilore où ça monte habituellement des briques en plein aprèm, lui reste aux crêtes… et continue de monter en traversant la vallée pendant que je me retrouve encore à devoir enrouler puis à devoir contourner le plateau de Courmettes alors qu’il file tout droit.
Mais quelle loose ! Cela commence à me peser un peu, j’ai l’impression d’être tellement mauvais…
Pendant qu’il flotte et qu’il trace vers la Gaude, j’arrive vers mon fief de TSL… A cette heure là en été, le meilleur moyen de monter est de ne pas se poser de question et de faire comme si on allait se poser au champ sous le Naouri car ça monte absolument partout !!!
Résultat : j’aurais pu me poser facilement au grand champ sans qu’une seule ascendance ne me contrarie !!! Je suis MAU-DIT. Comment vais-je réussir à rentrer à Roquebrune alors que je suis aussi mauvais ? En plus, le plus dur m’attend avec la traversée du Var.
Nième coup dans la face : Arthur enroule direct une mine et il est méga haut à la Gaude, il commence à traverser alors que j’arrive à peine. Et quelle arrivée ! Je commence évidemment par sombrer sous les falaises du Baou de la Gaude… Je rencontre des varios minables en mode survie… Après 5-10 minutes je trouve la mine, je m’accroche mais il en manque un peu, je vois qu’Arthur a raccroché un peu bas et tarde au Mont Chauve. Ce n’est jamais facile là bas.
J’ai bien dérivé et je risque de le regretter si je transite vers le Mont-Chauve. 1400 en amont de la trajectoire idéale ce serait un peu idiot. Si je commence à être débile en plus d’être mauvais, ça ne va pas durer longtemps.
Je décide donc de prendre tout ce qui traine sur la crête de Carros, quitte à devoir passer par Gilette et le Mont Vial (ça s’est bien clarifié au niveau des nuages). Finalement j’arrive à garder une altitude correcte de grosso modo 1400 et je tente de traverser vers le Férion, sachant qu’il faudra retrouver des trucs vers Saint Blaise ou faire demi tour assez vite pour me rabattre vers Gillette.
En fait, je ne trouve rien mais au lieu de faire un demi tour pour Castagniers puis Gilette, j’allonge quand même vers le Férion…
Dilemme entre les faces ouest rocailleuses sous le champs de Levens ou le petit dôme arboré exposé sud, au sud du champs, dans le flux de la brise ?
Je choisis le dôme : à peine 2 bips 🙁
J’allonge sur une crête – dans le flux – qui remonte au Férion, mais je suis tellement bas qu’elle est un peu sous le vent… C’est la guerre, c’est tout carré, mais enfin ça monte. Etre concentré, prudent dans l’imprudence, combattif, patient, ne rien lâcher, se repositionner sans perdre le bip…. le taf quoi…
Au loin, Arthur est toujours au ras des crêtes à ne pas sortir … ça me fait un peu plais’ il ne faut pas se le cacher 🙂
Je suis maintenant 30m sous les crêtes en face ouest… la brise de l’autre vallée gagne au sommet donc je dois encore bricoler sous le vent avant de me mettre au dessus des crêtes et là c’est comme d’hab : bingo immédiat !
J’enroule du gros et, fort de mes quelques heures de pratique de cet altimètre que j’ai baptisé Jean Paul, je quitte assez tôt le thermique pour ne pas entrer dans la TMA… La transition vers Peille est toujours aussi impressionnante…
Je vois Arthur bricoler et trouver un bon thermique dans la vallée de Peille, là où j’ai eu tant de mal pour mon premier Roquebrune – Saint Vallier – Roquebrune par devant…
Finalement il arrive à Peille et monte quelques dizaines de mètres de plus avant que j’arrive… Il dans le fond de la vallée vars une slackline, là où c’est un peu piègeux car une forte brise de mer peut contrarier le retour… mais non, no problèmo, en état de grâce le garçon !!!
Je profite ensuite de la repose au déco d’Arthur pour me faire un bon petit glide jusqu’à Menton. Quel bel endroit pour décompresser de ce beau vol, je suis claqué.
Bocal et Cross à Roquebrune-Cap-Martin
Voici un petit article sur le cross depuis le site de Roquebrune. J’aborderai les spécificités du site, les vaches et les thermiques utiles pour sortir du bocal. Nous verrons ensuite comment aller à Sospel et comment faire un petit tour en Italie. J’espère que ce guide vous permettra de vous lancer dans ces endroits magiques et piquants !
Voici le fichier avec les balises en questions : FICHIER DES BALISES RQB_PARAPENTE
Je prends quelques libertés avec les noms précis des sommets et je n’aborde pas les zones aériennes.
Le site de Roquebrune
C’est un site de bord de mer avec des reliefs assez plongeants atteignant les 1000m ou plus. On peut lister quelques éléments notables :
- La forte urbanisation qui nous empêche de vacher facilement (peu de terrains, lignes etc. )
- La présence de la mer (danger mortel surtout si houle même faible)
- Les entrées maritimes (nuages bas qui prennent les reliefs)
- La brise de mer / brise de terre (avec notamment un site qui passe à l’ombre assez tôt et un catabatique assez fort au niveau du vallon d’accès à la plage de cabbé)
- La stabilité peut y être forte
- La fréquentation
Le vent, quelques remarques
Attention à soigner les atterrissages et à être prévoyant quand il y a du vent, il y a des vagues, le risque de noyade est +++
L’indice de vent : moutons (25 km/h) et moutons sous le vent des caps (il est peut-être temps de se poser 🙂 )
Conseils
- Prendre la météo sur toute la durée de la journée (AIR sur MeteoBlue). Si c’est forcissant vers valeur limite, quel est l’intérêt ?
- Accélérateur opérationnel à 100%
- Quand on est scotché et qu’on ne va pas atteindre le point désiré, penser à la finesse et aux opportunités qui sont multipliées vent arrière
- Poser avec vent fort : anticiper le décrochage/neutralisation (aux B, C, freins avec tours) , attention aux posés accélérés à fond et la ressource, le risque ça va être de se faire entraîner vers la mer (éviter à tout prix) ou vers un obstacle
- Amerrissage : se renseigner (enlever ventrale et cuissarde, couteau, laisser l’aile passer devant etc.)
- Importance de la mentalisation pour ne pas paniquer
Le vent d’Ouest
- Je ne suis pas fan de ces images, mais certains disent que ça force plutôt par le haut (un peu comme à Gréo).
- Le vol va être difficile et peu intéressant (sauf soaring au Cap)
- Ce n’est pas possible ou c’est très compliqué, pour ne pas dire dangereux, d’aller à l’ouest, le cap tient partout, puis il y a de + en + de moutons… tout cela est à anticiper selon la météo
Le vent d’Est
- Je ne suis pas fan de ces images, mais certains disent que ça force plutôt par le bas
- On le voit avec les moutons qui buttent sur le cap ou pas (moutons sous le vent du Cap = c’est très fort)
- L’Est rend infecte la zone d’approche
- C’est difficile de craber jusqu’à l’atterrissage, c’est un vol sans intérêt
- Attention quand on décolle de Lou Bareï, d’autant plus qu’on voit peut être mal derrière le Cap Martin. Au dessus de 10-15 kmh il faut se poser la question et si ça contre il faut travailler les ascendances et/ou se replier pour se poser au stade de Beausoleil au moindre doute.
Les tendances Nord
On voit les moutons au large. Souvent c’est pas mal en l’air et ça reste ainsi.
Mais cela peut dégénérer très vite, d’autant plus qu’on est la plupart du temps très abrité et que les signes ne sont pas évidents.
Ca devient très tonique, ça monte sur la mer (thermiques déviés).
Mais quand ça devient trop fort ça va être très compliqué, très rapidement.
Déroutant.
Attention au piège : par vent de Nord-Est fort, des fois la manche à air de Lou Bareï est magnifique (15 km/h laminaire en Sud-Est).
Le vol local à Roquebrune
On parle du secteur de Lou Bareï au col de la Coupière et au Cap, on reste plus ou moins en finesse. Donc on va apprivoiser le site en local et être attentifs aux éléments mentionnés plus haut.
C’est un site principalement thermique sauf des appuis au Vista, au Village et sur le Cap avec des conditions particulières. Il n’y a pas grand chose qui marche systématiquement en appuis dynamiques.
Attention au survol de la maison du Prince (interdit), de la zone du Mont-Agel (interdit), de ne pas être trop haut en mer (c’est un espace aérien à altitude limitée, à checker).
Crête de la Turbie (interdit) : ça monte de moins en moins et une fois au bout on peut se sentir loin. Dans ce cas il faudra enrouler tout ce qui traine et un peu de sang-froid pour rentrer. Attention donc à ne pas être trop gourmand si vous souhaitez rester dans le vert.
Il y a le stade de Beausoleil sous l’autoroute.
Conseils
Si ça commence à ne pas se passer comme prévu.
Rester lucide : sécurité avant tout.
Ne pas lorgner sur la sécurité pour ne pas avoir d’emmerdes avec des gens (ils ne vont pas vous fracasser le dos). La loi et la fédé nous protègent.
Le cross à Roquebrune
C’est un site de montagne assez exigeant avec des sommets à 1100 et aucune ligne de cheminement évidentes.
- Vers l’Ouest en longeant la mer, ce qui serait le plus naturel : c’est interdit à cause de la CTR.
- Longer la mer vers l’Est (Roquebrune Carnolès Menton Latte Vintimille), c’est compliqué, les altitudes dégringolent et il n’y a pas de rendement
- Vers le Nord : Sospel : il va falloir se hisser aux sommets pour y aller mais c’est le plus simple.
- Vers l’Est dans les terres : c’est super sympa mais c’est exigeant et engagé.
Le vol grand bocal classique : quelques repères et vaches
Il y déjà des parties un peu engagées, je vais vous donner des repères, mais bon c’est toujours compliqué d’abandonner au bon moment, il y a des aléas etc….
La meilleure façon de voler dans les coins engagés est que tout marche bien. Ne pas y aller si on n’a pas des certitudes concernant les bonnes conditions, du moins les premières fois. Même avec mon expérience, je ne vais pas aller me positionner sans marge à Monti dans l’ombre par exemple, parce que mon expérience va me servir… à rien. Idem pour s’engager vers Saint-Jeannet dans la nuit (ombre ancienne et durable), ça n’a aucun sens.
Quand on arrive quelque part on aime qu’il n’y ait pas de changements en court au niveau du vent, de l’ensoleillement etc.
Le rythme est important (je rappelle que c’est un site où il y a peu d’appuis).
Il faut aussi être confiant dans sa capacité à trouver le thermique et à l’exploiter (pour rester dans le rythme).
La capacité à rester lucide et à renoncer est importante aussi, c’est pas mal de mentaliser des renoncements et des conditions difficiles dans lesquelles il ne faut pas faire n’importe quoi.
Par exemple :
- des fuites en avant
- des espèces d’options indécises où l’on ne choisit pas, on veut tout pouvoir faire et finalement on ne peut plus rien faire.
Je vais vous montrer les vaches importantes, cela ne vous dispense pas d’aller voir par vous-même.
Les repères sont indicatifs, j’ai des ailes performantes. Je les donne sans les réviser pour des ailes B. Ces repères sont valables en conditions normales sans contrainte de vent d’Est ou d’Ouest dans la face. Bref, le bon sens doit toujours orienter le choix. On se construit ses repères avec l’expérience.
Cuvette 2020, trucs médiocres et réflexions…
La Cuvette 2020 a été réduite par des constructions, je ne m’y suis jamais posé. Il y a un petit golf un peu au sud qui semble posable. L’urbanisation allant très vite, il n’est pas exclu qu’elle soit totalement impraticable. C’est donc à vérifier.
Au nord de celle-ci, il y a aussi un espace technique à l’entrée du tunnel de l’autoroute (encombrement variable avec pierres, algécos… risque de provoquer un accident routier, risque de sketch en approche du à la trainée des PL). C’est donc à vérifier.
Pour moi, ces 2 vaches ne sont pas intégrées dans le plan de vol. Je laisse tomber avant mais il m’est arrivé de faire des retours un peu limites et de les avoir en plan B.
Il y a également sous les falaises de Gorbio, à l’est, des lignes assez propices dans les kékés. Il y a aussi le plateau sous Saint-Agnès.
En général, si la végétation est claire et pas haute, si c’est dégagé, peu pentu et plutôt face au vent c’est pas mal. On sait qu’on va en avoir pour 1h ou 2h de galère mais c’est toujours mieux que d’improviser une roulette russe sur un terrain trop loin ou trop technique.
Ne jamais oublier qu’on est quotidiennement conditionnés à la sauvegarde du matériel. Pensez aux base-jumpers qui se posent à contre-pente dans des kékés, c’est un non-événement pour eux. Pour éviter la même situation, des parapentistes sont prêts à tenter des posés dans des terrains de tennis et de risquer de se faire agriper un stab à 10m sol.
Stade de la crète
C’est un petit stade, au dessus il y a aussi un practice de Golf. Il faut être prévoyant et ne pas partir trop bas quand Gorbio/Saint-Agnès ne marche pas afin de rester au dessus de cette crête
- Il y a des chances de se refaire en y allant, donc autant ne pas tarder.
- Il y a la tentation de poursuivre vers la mer : attention c’est très loin.
- Il y a la tentation de poursuivre vers le village et l’atterro Roquebrune : attention c’est très piégeux car on s’enferme.
Stade de Menton
- Terrain assez grand et simple, attention aux lignes.
- Attention en venant de loin en amont de la vallée, la brise doit contrer fort, il y a des lignes en chemin.
- Terrain qui permet d’échouer à Castellar (d’où on est loin du littoral)
- Terrain qui permet d’échouer au « thermique du retour »
- Terrain qui permet d’échouer au thermique de Sainte-Agnès. Précisions ci-dessous :
Venant de l’Ouest, on est en aveugle, mon repère est qu’il suffit d’arriver un peu au dessus du Cimetière qui est sur face ouest du « thermique du retour ». D’après mes repères perso c’est faisable depuis le plateau qui est sous Sainte-Agnès.
Le vol grand bocal classique : un exemple
On peut partir sur celui-là mais il y en a plein d’autres. Voir les vols à la CFD de JP Tixeront, Raymond Pesce, Nicolas Féraud, Benoit Outters etc…
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20155339
Déroulé du vol
On va essayer de s’élever au niveau du Mont-Gros ou plus à l’Ouest (dès fois on doit aller à l’Ouest pour chercher les plafs les plus sérieux).
Ca peut aussi passer avec le thermique vers le Col de la Coupière (on se rapproche). Personnellement, je n’aime pas cette option car si on trouve rien on perd pas mal de temps pour revenir.
L’idée ensuite c’est de taper au dessus de la route sur les falaises de Gorbio. Aller vers la crête à l’Est, au besoin en enroulant un peu.
On est en mode expérimenté donc a déjà le niveau de tenir son aile, d’exploiter les thermiques près de reliefs et de pentes un peu chaotiques et de ne pas faire du soaring en mode passif en attendant que ça monte.
- travailler la crête puis prendre le large ou ramasser tout ce qui traine au dessus de l’arrête
- le thermique est assez fort et large
- c’est assez simple
On peut le finir ou switcher sur Saint-Agnès. Le thermique y sera au large vers le drapeau (attention si vous grattez il y a une petite ligne en dessous par là) mais une fois au dessus des crêtes sommitales ça monte partout. Lui aussi est assez simple.
Attention aux options qui consistent à faire les choses à moitié. Un plein pas mal à Gorbio mais insuffisant pour taper directement Castellar ou le « Thermique de la Taupe », et on continue en passant à côté du thermique de Sainte-Agnès sans le trouver.
Sur cette image, ça ne monte pas au thermique de Castellar, on passe au Sud. De mémoire c’est la trace d’un jour avec des nuages très bas mais ça peut arriver que l’on soit un peu plus bas et que ça ne marche pas alors que c’est une bonne journée avec des bons plafs.
2 choix depuis Saint-Agnès : Castellar ou le « thermique de la Taupe ».
Choix 1 : Castellar
Ca monte sur la butte sous les falaises (pour situer : Ouest sous le bassin). La bute elle-même peut des fois se remonter.
3 étapes :
- travailler le thermique de la butte
- se replacer sur les falaises assez haut
- travailler les falaises et sortir directement ou devoir se replacer sur la crête frontalière pour sortir (souvent)
Si ca ne marche pas à la butte ou que le « soaring » des falaises marche mal en bas : il faut vite repasser au sud (en passant sous le plan du Lion) en portant sa croix en épousant les reliefs.
On essaie d’enrouler tout ce qui traine jusqu’à ce que ça sorte (in fine ça peut ne sortir qu’au thermique de la Taupe, qui est plutôt un bricolage qu’un truc clean).
Si on est allé trop bas sur la butte, on pense sécurité. Commencer par repasser la crête du village de Castellar pour ne pas se retrouver enfermé et on va :
- y trouver quelque chose
- se sentir d’aller à la plage (ou pas)
- se poser au stade
- traverser et tenter avant de se poser au stade « le thermique du retour » dans sa version méga basse
Choix 2 : Thermique de la Taupe en première intention
Conseillé si aile B, les raisons :
- Si l’altitude d’arrivée est prévue un peu basse au thermique de la butte Castellar (genre moins haut que le sommet de la butte dessus)
- Vous arriverez sur le thermique de la Taupe plus haut qu’en faisant un détour
- Assurance de se poser sur la plage
- Moins de stress…
Travailler le thermique de la Taupe puis se positionner sur les crêtes frontières.
Félicitations tu es au Berceau et ça comme souvent ça ne monte pas beaucoup. Il faut maintenant renter !
Le retour
On va être un peu short pour Sainte-Agnès direct. Il faut viser le « thermique du retour ».
Ca marche bien la plupart du temps, il est très homogène et assez fort. Il permet de raccrocher Sainte-Agnès. Le plus haut c’est le mieux, je dirais qu’il faudrait arriver au moins à mi-pente à Saint-Agnès. Attention aux tendances Ouest, la finesse diminue 😉 Au pire, il y a le stade de Menton pour poser.
Ensuite on se refait à Saint-Agnès puis/ou à Gorbio
Aile performante: plafer à Sainte-Agnès et rentrer directement par le col de Coupière.
Le Choix de Gorbio
- Des fois il y a de l’ouest et on ne veut pas se contenter de rentrer, on veut arriver plus haut que le Mont Gros pour éviter de se faire chahuter sur les faces Est en devant repasser au vent au Vista (quand c’est possible) en cas de passage par le col de Coupière.
- Avec une aile moins performante, s’il y a de l’Ouest on sera déjà heureux de rentrer. Ca tombe bien, ça va bien monter à Gorbio et ça va bien pénétrer. Il y aura quelques turbulences mais ça devrait rentrer. Ca passe souvent très bien car ça porte et ça avance longtemps.
Remarque : si ça ne va pas passer le col de Coupière: c’est bien de le sentir assez vite pour :
- se poser au stade de la crête
- revenir taper Gorbio pour refaire une tentative (et/ou un plané vers Carnolès avec du gaz).
Sur cette image pas d’Ouest au retour par le col de Coupière donc ça va remonter facilement.
Voilà pour le grand bocal. On peut rajouter La Cime de Baudon et la pointe de Siriccoca au nord, en finesse de Gorbio et de Saint-Agnès. Maintenant, partons pour de vrai !
Comment aller à Sospel
On à plusieurs solutions qui correspondent aux sommets existants.
- Siricocca > Mont Ours > Sospel
- Razet
- Gramondo
Il va falloir vous demander si vous voulez vous jeter sur Sospel et y poser ou poursuivre le vol. Ca change tout.
Pour poursuivre le vol, il est conseillé de ne jamais se contenter de viser le sommet de l’Agaisin. Celui-ci est souvent assez tardif questions ascendances, et il peut être stable. A Roquebrune on vole assez tôt et on peut arriver trop tôt à Sospel. Surtout en hiver.
- On va viser la crête au SO du Monte-Grosso, celle qui va au Fort.
- Ou la crête de la Baisse des Canons, il faut arriver au dessus de la piste et ne pas trop compter trouver quelque chose en chemin.
Pour cela, il faut être assez haut, les sommets ne suffisent pas, il faut prendre davantage.
L’option Mont Ours
Sospel est loin. Ca va pour s’y poser. Poursuivre vers le Nord du Mont-Ours est possible mais c’est assez rare que ça marche. Ca permet de switcher sur la cuvette sous la Baisse des Canons.
L’option Razet
C’est le top car on s’est rapproché, mais c’est engagé et un peu tonique si on le tape bas. La brise sera forte : il faut viser la crête et non les faces ouest pour rester maître du flux, profiter de tout ce qui monte et ne pas se faire embarquer.
On arrive au Razet soit depuis la pointe de Siriccoca (qui ne monte pas très facilement), soit un peu plus au Nord sur le chemin du Mont-Ours, soit depuis le Berceau.
Cf le point sur la carte, il y a des falaises qui prennent le flux. Arriver 100m au dessus c’est top. On travaille la crête tranquillement en veillant à rester dessus.
Arriver juste au dessus de ces falaises le matin, c’est un peu la guerre. (Astuce : le matin ça se passe à l’Est). Il n’y a pas vraiment la place pour deux.
Attention, cette option des falaises ne permet pas de poser safe, on est trop bas, trop loin du stade de Menton
Si vous êtes assez haut mais qu’il est impossible de monter sur les pentes Ouest ou au col, ça pose pas trop mal de l’autre côté, entre Sospel et le col de Castillon. Ce n’est pas si infecte que ça bien que sous le vent. Attention il y a une veille ligne avec des poteaux rouillés, plus ou moins à hauteur de la route qui va à Sospel.
L’option Gramond
Ca semble le plus évident depuis le Berceau mais c’est souvent assez compliqué d’y aller. Il y a un col, une ligne et ça ne porte pas très bien sur la crête. Du Gramond on est bien pour viser le fort du Monte-Grosso.
Attention de ne pas s’enfermer.
Les possibilités ensuite
Il y a le PNM sinon on ferait bien un Mangiabo, puis un Ventabren puis l’Authion puis la Madone des Fenestres puis Roquebilière puis Venanson puis La Colmiane en prenant garde de ne pas se faire enfermer (dans la vallée de Moulinet à l’Authion).
On peut aller vers l’Ouest > devant Moulinet puis rejoindre les crêtes à l’est de Peira Cava et prétendre aller à la Colmiane légalement. Cette ligne depuis Peïra-Cava mêne également au Férion (c’est engagé).
On peut aussi poursuivre vers le nord : la Roya puis Tende ou vers l’EST Arpette > Torrage > Saccarel > Mer (San Stefano Al Mare, Imperia, etc…)
Etudions le retour par le Col de Castillon
Passage du Col de Castillon vers la mer
Il faut arriver assez proche du sommet du Razet pour se retrouver sur les crêtes assez vite. On y prendra tout ce qu’on peut et on ira à Saint Agnès ou au pire au « thermique du retour ».
Il est possible d’arriver plus bas que le Razet mais il y a un effet de verrou au col. En général, la nature est bien faite, le passage du col n’est pas possible si on est trop bas : ça contre et ça dégueule.
Le repère c’est de passer le col de Castillon quand même largement plus haut que les lignes.
Plus on est bas plus il va falloir porter sa croix face à la forte brise sans appuis avant de rejoindre les cuvettes porteuses qui sont assez loin au sud, voire descendre jusqu’au falaises qui sont tout au sud dans le flux. Il faut tenir son aile et rester zen. Finalement, on pourrait presque dire que si on peut passer, c’est que ce n’est pas si fort et que l’on peut continuer 😉
Tout cela dépend aussi de la saison et il y a des situations où la brise est moins forte, laissant notamment s’exprimer des thermiques des faces ouest au nord du col.
Préparer et optimiser sa transition
L’idée en conditions normales (brise soutenue) c’est donc d’être le plus haut possible avant de se lancer. Il faut partir du principe qu’on ne trouvera rien avant le col.
Mais autant prendre les bons axes et ne pas hésiter à tout enrouler, même une fois Sospel passé. C’est souvent là où j’ai fait la différence.
Comment optimiser son plané ? Le seul juge de paix c’est la finesse/sol. A avoir sur son instrument avec un temps d’intégration adapté.
Confluence de Sospel
A Sospel la brise de la Bevera et celle du Col de Castillon se rencontrent et cela donne une ou des zones assez confluentes, la position est variable selon le vent météo, l’heure et la saison.
Elle se met en place assez tard donc ne pas compter dessus à l’aller.
Cela permet de trouver des ascendances ou des axes porteurs pendant la transition, mais aussi de se refaire bas si on échoue au col de Castillon pour rentrer et de retenter un essai.
Isolabona : un tour en Italie
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20155995
Des crêtes frontalières du Berceau ou du Gramond, on peut viser Bevera. C’est un petit site en brise au nord de Vintimille. On peut y voler facilement, l’accès par piste. On peut s’y poser très facilement, au déco ou dans la large vallée.
On peut sortir pour viser Truco (la Tramontine). Il y 2 crêtes qui tiennent puis remontent en dynamique.
A la Tramontine une fois qu’on chevauche les 2 vallées c’est plus simple.
On pourrait être tentés de rester sur cette crête de la Tramontine qui mènent à Breil mais je déconseille. Pour l’avoir fait 2 ou 3 fois, c’est très un itinéraire très impressionnant et très technique, d’autant plus que ce n’est pas évident de rester au dessus des reliefs et de ne pas faire de connerie. Evidemment ça reste du parapente, il y a des jours où tout est facile et où ça doit pouvoir se faire haut sans trop d’exigence.
Arrivée facile sur la Tramontine grâce à un bon thermique auparavant à Bevera
Arrivée facile à Rochetta grâce à une bonne gestion à Isolabona
On va plutôt viser Isolabona puis Rochetta (ou Rochetta directement si gaz), itinéraire techniquement bien plus facile que celui qui consiste à faire Tramontine – Breil en restant dans la Roya.
Ces coins sont difficilement posables. Je conseille d’y faire un tour avant pour se rendre compte du truc.
Attention aussi, il n’y a pas trop de grandes lignes électriques traversant les vallées, par contre le maillage de petites lignes est assez dense dans les vallées Ligures.
Relativisons aussi : les brises sont soutenues et peuvent aider à se poser court et sans bobo. Certains arbres ne sont pas très hauts.
L’idée c’est quand même de ne pas se poser, donc d’arriver au moins à l’altitude du déco d’Isolabona. En arrivant à Rochetta on reste sur la crête sans vraiment choisir si possible. On monte étage par étage. Lorsqu’on est assez bas, ça peut être assez difficile de monter en restant sur la crête, il faut essayer tout en gardant la marge pour se repositionner de faire des prospections sur les pentes Est (davantage dans le flux).
Ensuite on traverse la Barbeira pour se retrouver sur les pentes Sud de l’Arpette (au sommet si possible). Là on respire déjà un peu plus, il y a des pentes dégagées. Mais ça va sortir de toute façon.
Une fois assez haut on se repositionne à l’ouest coté France pour monter encore. C’est assez minéral et assez tonique. On fait le max et on va vers Sospel. C’est une transition magistrale, splendide, énorme et assez ambitieuse mais on sera un peu poussé par la brise vers la fin. Evidemment ce n’est pas à prendre à la légère, il y a aussi des lignes à l’arrivée vers Sospel.
Si on ne le sent pas on peut aller vers Breil/Roya et se refaire derrière le Col de Bruis.
Et hop, il reste juste le col de Castillon à passer !
TSL – Colmiane – Férion – Gréo-les-neiges
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20310202
Cela fait un petit moment que je n’avais pas crossé dans les montagnes et les grosses vallées du 06, une éternité même. Toujours une bonne excuse pour éviter de m’y coller.
Aujourd’hui, ce n’est plus possible. La lassitude me gagne depuis trop longtemps à faire toujours quasiment pareil : je dois remettre mes gants de boxe et aller m’y coller !
Comme du vent d’ouest est finalement annoncé et que l’instabilité permettra un décollage du bas assez tôt, je décide de temporiser et de partir de ce petit déco du bas vers 11h30. Cela me permet de faire d’emblée un trait sur la tentation de faire une distance honorable. Reste juste une grosse motivation pour me faire plaisir et ça veut dire : aller dans la montagne !
Une fois au déco je m’aperçois que j’ai oublié ma paire de lunettes pour le soir et mon portefeuille. Aïe, ça limite un peu l’esprit aventurier, enfin on verra. J’ai mon téléphone c’est déjà pas si mal.
Décollage RAS
Je dois aller jusqu’à Courmettes pour monter convenablement, la dérive est franchement SUD. C’est parti pour Gréo, je ne sais pas trop ce que je vais faire encore pour aller dans les massifs : Roquesteron, Brianconnet… Je commence à sortir au large du 700 et je vois une Ozone bleue, jaune et grise qui arrive probablement de Gourdon, je temporise un peu au sommet du Cheiron en me disant que ça pourrait être Benoît ou Arthur.
Il y a des beaux nuages au nord de Coursegoules, je vais voir si je peux y accéder. Mon application à enrouler au dessus des crêtes, fait que l’Ozone me rattrape presque. Je m’engage au nord. Il n’a pas l’air joueur 😉
Superbe ! C’est actif assez longtemps au nord et malgré le fait d’avoir arrêté d’enrouler assez tôt, je peine à rester sous les 2000.
Il fallait bien ça pour arriver à Toudon direct, ce n’est pas rien comme transition !
A Toudon c’est mollasson. Il y a un superbe nuage au dessus de moi mais, j’imagine qu’il faudrait aller le chercher à assez loin à l’ouest. Je bricole avec ce que j’ai, c’est assez satisfaisant même si effectivement ça ne me mène pas au nuage. J’ai assez pour traverser, c’est l’essentiel. Go !
Toujours impressionnant de s’engager la dedans, c’est très accidenté. Un bordel avec de la brise massive. Il y a les derniers champs de la Tinée à cet endroit, ça rassure. Après c’est du suicide jusqu’à Isola Village.
J’arrive un peu sous le sommet et je bricole face à la trajectoire de la brise. En fait ça décale un peu bizarrement et c’est davantage sud que Sud-Est (flux).
C’est vraiment de plus en plus fort, je me fais violence de toute façon c’est pas vraiment le plan de me jeter dans les basses couches de la Tinée sans appuis. La dérive tourne franchement Ouest, c’est la guerre. Je me fais de plus en plus violence dans le thermique, dès que je quitte la bonne accroche face au vent dans le gros vario, la branche vent de cul est déroutante ou plutôt effrayante : tout se ramolit, l’aile prenant de la vitesse à plat en me centrifugeant.
S’en est trop, c’est de pire en pire et j’ai assez pour taper Marie. Je me sentirai mieux sur les faces exposées au vent météo. Apprécions la transition:
.
J’arrive au dessus de Marie et je bricole la ligne HT, pas évident entre les thermiques faiblards, la brise de la vallée adjacente et le vent météo qui s’immisce un peu. Passé cette couche un peu difficile, tout devient puissant avec ce vent méteo frais. J’essaie de faire 2-3 tours de plus car je sais que le chemin vers le Caire Gros sera infect. La première fois que j’avais fait cette section, ça avait été similaire.
Caire Gros, les ombres des nuages défilent assez vite, je pourrais aller faire un point à la Balme ou au Giraud, mais bon… J’essaie d’éviter la tentation que constitue le coeur du massif. C’est vraiment une torture car comme souvent c’est moins venté qu’aux alentours, les ombres des nuages y sont bien moins mobiles.
Bref, on va essayer de voler en bon citoyen, proprement.
3000 en bordure de TMA…. rhhhhhhhhh
Il en manque un peu (de l’altitude, de la proximité ou de la folie) pour innover et tenter un génialissime Toudon direct.
Je longe donc vers l’est et j’arrive à Peïra Cava. L’air est très trouble, comme s’il y avait une grosse couche d’inversion, pourtant 2-3 nuages bien hauts émergent ci est là au Férion, à Peille…
Avec l’Ouest et cette possibilité de stabilité, je doute vraiment de l’itinéraire, d’autant plus qu’à Peira Cava je dois me battre.
Je bricole dans du thermique fort et compliqué, puis je pousse le barreau. Au col (st roch ?) j’arrive à refaire 2000, mais ça n’avance pas et je crains vraiment l’arrivée au Férion, si déjà j’y arrive.
Cet endroit est un des plus impressionnants. C’est très minéral, il y a des pentes, des lignes, des arbres, de l’air qui vient de la côte, mais aussi de la vésubie par certaines zones. On doit taper le Férion, entravé par une ligne. Finalement ça m’a toujours réussi jusqu’à présent. Enfin j’ai fait un départ en vrille au dessus de la ligne une fois au vent sur la face Sud Est de Férion un jour très stable.
Aujourd’hui, ça y ressemble, avec l’Ouest menaçant qui dérive bien le nuage du Férion en plus. Je retrouve un truc en route puis je dégaine aussi le 2ème barreau, avec quelques problèmes de symétrie, je ne suis pas encore habitué à mon aile mais il a le mérite de clarifier assez vite les situations.
Mais une fois au dessus de l’espèce de col, je m’applique et je trouve au dessus des lignes de quoi reprendre du gaz. J’enroule et j’accepte la dérive sud, puis ouest. Je quitte un peu trop tot le thermique en pensant retrouver davantage devant puis finalement je dois me lancer dans une transition vers le Vial un peu moins haut que j’aurais pu.
Par contre je connais un peu et je ne fais pas de laisse de chien par Bonson : direct dans les pentes.
Là c’est un peu la psychose de revivre ce qu’il m’était arriver la dernière fois : une stabilité monstre qui m’avait contrait en guise de capitulation à me jeter dans l’Esteron.
Ca prend un peu la même tournure, mais je me jette à 150-200m sous les sommets dans les face ouest. Je prends le flux de la brise et je dois marcher sur des oeufs pour bricoler. J’arrive à Toudon, ça ne monte pas des masses et la brise m’emporte.
Il n’y a pas de nuage avant Ascros. Pour moi c’est là que commence la zone de confluence entre cette énorme brise de Mer et les brises et le meteo d’ouest. C’est bien actif par ici, avec une dérive vers le Nord (souvent ici). Je joue le jeu et chaque branche vers le nord j’ai l’impression d’être en milieu de vallée à l’aplomb du Var.
Ensuite il faut traverser une zone sans relief (col ???) en temporisant pour gérer l’ombre. Je suis bien contré.
Finalement j’arrive à traverser puis à m’extraire. Magnifique vue vers le Nord.
Je touche la dérive ouest qui me mène presque au nuage. Il y a un nuage sur la trajectoire de Greo-les-Neiges. J’avoue qu’avec mes 2500 je tente ce pari plutôt que l’itinéraire classique m’amenant à Briançonnet dans des conditions d’ouest. J’ai peur de ne pas pouvoir me mettre au vent, un peu comme ce qui m’étais arrivé sur un retour de Dormillouse à Bleine récent : dans l’impossibilité de me mettre au vent à Briançonnet, j’avais dû partir avec le vent sur les faces Nord Ouest au Sud de Gars pour trouver la zone exploitable.
Bingo, ça marche plutôt bien, je ne perd pas grand chose, ça bipote quasiment tout le long même si je n’arrive pas à enrouler.
Un nuage au dessus du Mas m’invite, mais j’imagine sa trajectoire lointaine, et je n’ai pas envie de perdre ma chance pour Gréo les Neiges, synonyme de délivrance par rapport à la récup. A quelques kilomètres près c’est même le jour et la nuit. Je ne l’ai pas mentionné mais ça me trote dans la tête depuis le début cette histoire de portefeuille et de lunettes 😉
Posé bien content de moi au dessus de la table d’orientation dans un énorme flux d’ouest. Ce sera encore pour une autre fois le bouclage, mais sur ce genre de vols je m’en contrefiche. J’enchaine avec un bon stop puis je rencontre les copains à Gréo.
Merci à Christian Butcher pour la récup !
Test de la Flow Xc Racer dans notre petit bocal préalpin
J’ai eu la chance de pouvoir faire quelques vols avec la XCRacer S de Flow, une voile et une marque que je surveille depuis longtemps avec de bons retours dans le monde entier. Vincent Labro, travaillant pour le distributeur en France Scorpio, m’a confié une aile absolument neuve, elle est fournie avec sac spacieux et léger, chaussette-bag de qualité et pas trop lourd… J’ai bien eu le temps de baver devant avant de pouvoir profiter de belles conditions, mais finalement j’ai fait un Gourdon Saint-Jeannet AR et un petit tour de mon massif au départ de TSL (Courmettes > Greo Coursegoules > Baou de la Gaude en venant de la Cagne > TSL).
Rien de bien folichon, mais sur le dernier vol il faisait vraiment trop froid et mon ambition de m’aventurer dans l’Estéron pour aller à Roquebrune s’est éteinte assez vite.
Alors, la Flow XC Racer ? C’est une aile de la classe des 2 lignes EN D avec la Zeno, la Leopard etc…Les matériaux et la construction de la Flow sont ceux éprouvés pour ce type d’aile : des tissus plutôt légers, des suspentes en aramide dégainées et des renforts semi-rigides en quantité.J’ai testé la taille S 75-95 à 95, voire un peu davantage (ce n’est pas sérieux mais je n’ai pas de balance) EDIT c’est dingue mais en fait, je suis plutôt à 102 de PTV 🙂
L’aile est légère et compacte au gonflage. Moi qui ne suis pas très rigoureux sur la mise en place, j’apprécie l’homogénéité de la machine quand elle se dresse, sans point dur. Depuis une demi-aile, une corolle, ou avec une montée mal engagée à cause d’une aérologie moisie, elle finit facilement propre au dessus de la tête. Elle se temporise facilement et n’arrache pas (attention, je n’ai pas décollé dans 20kmh non plus) .
1er Vol
J’ai donc fait un premier vol de Tourrettes-sur-Loup à Courmettes, dans la stabilité et avec du vent assez fort de Nord-Ouest au dessus. J’étais vraiment sur mes gardes : nouvelle aile + aérologie très piègeuse = ne pas faire le malin.
Difficile à l’issue de ce vol de faire la part des choses entre l’aérologie bumpy et une aile que je n’ai jamais eu en mains. J’étais quand même bien content d’avoir pu exploiter un thermique étroit assez bas au dessus de l’ancienne gare alors que ça commençait à franchement sentir le tas. C’était également assez insolite d’avoir une petite machine bien compacte et bien chargée qui planait comme mon gun et perforait sans peine face au vent. J’avais oublié le plaisir que c’est de voler d’une aile maniable et joueuse depuis longtemps.
2èmevol
Ensuite j’ai fait un TSL – Gourdon – Saint-Jeannet dans des conditions pas trop mal avec un régime de NO moins fort. J’ai pu profiter durant tout le vol de maniabilité super excitante et les bonnes performances malgré ma charge alaire au top de la fourchette. Question repères en finesse, j’ai à peu près les mêmes qu’avec ma ZENO MS. J’ai pu comparer quelques instant en suivant une Léopard plus grande et c’était grosso-modo pareil (bien sûr il faut toujours relativiser ce genre de mesures).
3èmevol
Aujourd’hui, je suis parti pour un vol en conditions hivernales. Le voile du matin était dissuasif mais finalement en voyant des vrais rayons entrer dans la maison vers 10h30 j’y suis allé !
Je décolle du déco du bas et exploite immédiatement un thermique sans le lâcher, ça sent vraiment la belle journée. Il y a une tendance O pour ne pas changer, assez marquée.
Je survole le déco de l’arbre et j’enroule un peu avant de me faire complétement éjecter par le vent qui passe au col entre le puy de Courmettes et celui de Tourrettes. Je n’insiste pas, je me suis rarement fait éclater par le vent d’Ouest comme cela. Je vais poursuivre et voler plus bas, au ras des forêts. Il faut bourriner au barreau pour passer la maison de la guérisseuse : facile ! Le barreau est super léger et agréable , la prise en main des B avec les poignées en bois est classique. L’aile ne tangue pas trop, les turbulences me bougeottent en roulis, c’est pour moi choses classique avec ce type d’ailes. Mon réglage au premier barreau est grosso-modo 2 tiers de la course, là j’allège ici un peu, mettons que je sois à 50 pourcent. L’aile ne dégrade pas, c’est du solide.
Cheminement sous le vent pour arriver sous les barres de Courmettes par l’est. Cette section était bien sous le vent mais comme c’était instable j’ai eu quelques petites pichenettes propices à ma finesse. On ne sait jamais à quel point ça va être l’enfer donc il faut être à 100% dans ces sections, mais l’aile bien compacte et rassurante dans ces conditions a fait des merveilles : sans enrouler, j’ai bien modulé mon allure et incurvé mes trajectoires pour profiter de ce qui montait, avec une marge en rayon de virage et en énergie.
Une fois dans le flux, les barres me montent, la Flow perfore vraiment bien contre le vent avec mon premier barreau bien calé. C’est impressionnant, j’ai une bonne surprise à ce régime. J’arrive au dessus des lacets et le thermique me propulse à 1600, je pensais me rapprocher davantage des nuages qui devaient être à 2.000 mais non. Il fait méga froid et j’ai un doigt dur comme du bois. Ceci explique peut-être cela. Ca ira bien.
Je glide pas trop mal au début puis c’est quand même pas génial, rien à voir avec l’aile, mais j’ai des vitesses assez faibles et rien n’est vraiment enroulable. Au dessus des 2 lignes THT je suis même un peu… contré😞
Finalement je dois passer sous les crêtes au niveau des dernière falaises au dessus du Foulon. J’ai moyennement confiance aux pentes du rond-point de Gréo, il n’y a personne en l’air et c’est à l’ombre depuis un petit moment contrairement aux falaises où je suis.
Je m’applique alors à bricoler dans les dernières barres, je commence à être en confiance avec la petite machine ! La brise faible et la XCRacer me permettent d’enrouler et de me replacer au vent. Super ! J’arrive à m’extraire d’ici. C’est la première fois que je fais ça, jusqu’à 1600 ! Je me prends à envisager une trajectoire direct vers le mouton d’Anou par les petites collines de Saint Barnabé. Puis finalement, là encore je perds le truc. Il faut dire que c’est bien instable mais les thermiques sont loin d’être forts, c’est quand même un peu trop mou à mon goût.
Je dois donc connecter le Cheiron, fraichement réenneigé en face sud. Je vais direct au falaises qui sont dans les pentes avant le col. Bof bof, c’est pas super puissant, c’est soumis à l’ouest donc ça décale à max en léchant les reliefs sans donner d’appuis. Comme je suis relativement bas, je dois enrouler en décalant avec des tours face reliefs. C’est des séquences qui reviennent souvent dans les vols difficiles, comme je suis toujours très concentré, je m’en souviens bien. J’ai appris avec l’expérience à lâcher l’affaire, à me méfier en remontant au vent et à perdre l’ascendance en virant face pente. Bref, la XC Racer est excellente dans l’exercice : elle permet de faire du chirurgical et de rester davantage dans la bonne partie, j’ai l’impression d’avoir un scalpel affûté par Hannibal Lecter en personne.
Encore perdu le truc ! Je vais sur les barres mais ça ne monte pas beaucoup, je rêvais de faire un bon 2000, peu importe le froid, pour taper Gilette au soleil mais non. Du coup j’ai beau enrouler tout ce que je peux en me laissant décaler avec le vent, ce sera 1700 à Coursegoules. Au sud tout est à l’ombre sauf le mouton d’Anou et toute la rive gauche du var. Je vais quand même voir ce l’aile à dans le ventre, et de mon coté j’ai envie de me mettre aussi un peu stress : cap vers St Jeannet. Les faces sud ne donnent rien, mon altitude fond comme peau de chagrin, ça contre beaucoup en Sud. J’enfonce mon barreau et j’ai difficilement 30 kmh.
Ca sent pas bon, je soupçonne qu’en bas malgré l’ombre ce sera une bonne brise bien grasse. Je crain de devoir prendre la crête de la ruine, synonyme d’engagement, mais j’arrive finalement encore assez haut et peu enrouler sur la crête d’après. Encore une fois je m’accroche et me prend à rêver du nuage, mais non. Tout est à l’ombre ici. J’ai fait dans cette section un fullbar, ça dégrade certes, mais c’est super solide pour le coup (ceci dit c’était pas super turbulent).
Ensuite j’essaie pendant 20 minutes de monter dans l’ombre pour transiter vers Roquebrune mais je n’arrive pas à faire l’altitude requise. Je pourrais patienter encore car il semble que le ciel pourrait se dégager mais finalement, avec le couvre-feu et l’incertitude météo, je préfère rentrer tranquillement.
J’ai beaucoup de plaisir à évoluer de Saint-Jeannet à Tourrettes en jouant avec l’aile, puis je me pose.
Conclusion
Une belle machine qui n’a rien à envier à la Zeno, avec un petit côté ludique assez séducteur. EDIT j’ai craqué j’en ai acheté une 🙂
Bleine – Marthod
21 août 2020
Bleine – Marthod
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20292148
Il est loin le temps où je partais systématiquement à l’aventure sans me soucier du retour… S’en est même devenu assez frustrant, j’ai énormément envie de faire une belle distance libre estivale, faire une méga journée d’auto-stop le lendemain avec mes souvenirs plein la tête, mais le temps manque. Depuis les 2 ans que je vis à Tourrettes-sur-Loup, même si je n’ai pas pu sortir des gros vols, j’ai quand-même le sentiment d’avoir progressé dans certains domaines, sans jamais avoir eu l’occasion de traduire cela par une bonne vieille échappée vers le nord.
Et en cette mi-août je vais devoir aller à Annecy chercher ma fille Olga… Et si c’était l’occasion rêvée pour me décider à y aller en volant ?
En plus, arriver en vol à Annecy, c’est mon Graal, vu que j’y suis né et que j’y ai ma famille. J’ai toujours rêvé d’y finir un gros vol, sans que ça en devienne une obsession pour autant. Les années passent et je compte à la fois sur LA bonne journée et sur les progrès matériels pour rendre cela possible en un seul vol, un jour. Et si c’était possible demain ?
Les conditions semblent un peu limites au niveau du vent (fort), mais avec un peu de chance ce serait quand même possible de tenter ce « one shot ». En cas de difficulté, j’ai aussi possibilité de me rabattre sur un rythme moindre : Julien et Nico partent en vol bivouac depuis Bleine. Je pense tenir un minimum la route pour quelques montées à pieds. Marcher n’est pas trop mon truc habituellement, mais cet été je me suis bien aguerri. J’ai en effet dépensé pas mal d’énergie en faisant des tas… de merveilleux souvenirs où après la vache, sous le coup de la colère, j’ai entamé des remontées suffocantes aux heures les plus chaudes de l’été. Une petite dizaine de marches, pas forcément énormes, mais elles m’ont endurci.
C’est donc décidé j’irai à Bleine, demain avec Julien et Nico, en me laissant la possibilité de bivouaquer. Comme c’est un plan de dernière minute, le sac est prêt après minuit. Tente en mode tarp, drap en soie, petit tapis de sol et réchaud minimaliste avec une assiette alu et 2 lyophilisés… ainsi qu’une radio chargée. Le surpoids n’est pas énorme. 1gros kg probablement. Au déco je me grefferai sans vraiment m’engager : si c’est bon je tracerai, si c’est médiocre je temporiserai et volerai avec les aventuriers.
My gearlist !
Je vous épargne la photo de matos savamment posée, façon aventurier de magazines, qui ne m’est pas venue à l’esprit 😉 Donc voici simplement le matériel embarqué :
- Tente Vaude power Lizard en mode tarp
- Batons Black Diamond Carbon truc
- Couverture de survie + film plastique polycree
- Tapis de sol nemo 2/3
- Drap de soie + Ozone Zeno en couverture
- Rechaud Esbit + une boite de pastilles de carburant + allumettes
- Poelle Alu
- Couteau « Cruel Girl » aiguisé au max, à ne pas mettre entre toutes les mains
- cuiller-fourchette en plastique
- 3 Lyophilisé 3 thés
- Barres de Céréales dos Brazil données par Julien
Au niveau des prévisions, c’est limite… La météo annonce 30 de sud à 2500 et encore davantage + haut, avec belle instabilité. Il y a une chance sur 2 que ce soit trop fort. Je fais quelques rêves de vol en très grosses conditions, me laissant dériver dans le courant en jouant sur les placements, en résistant aux pires vagues et en canalisant peurs et effroi.
Le matin je ne suis pas trop mal. Je me met dans un état d’esprit relax. Si ça marche c’est bien, sinon l’expérience du bivouac sera sympa.
J’arrive au déco tôt et je me prépare tranquillement. Il faut un petit moment pour tout remettre dans la sellette mais ça va, j’avais validé la config’ à la maison. J’ai le temps de discuter un peu avec les bivouaqueurs et les autres copains.
Je décolle vers 10h20. Le premier thermique est très doux, c’est super agréable. C’est rare de tomber sur un Bleine en mode tout facile. Mais passé les quelques premiers instants à profiter, il faut bien constater que cela sort pas. L’heure va tourner. De plus en plus de pilote décollent pour se joindre à la galère : Jo et Loliv… puis les 2 bivouaqueurs Nico et Julien.
On bricole, on sent qu’il y a du vent au dessus. Jo se lance et je lui emboite le pas avec Loliv. Les gars sont chauds, on sent qu’ils volent souvent 😉
Bilan : 1 heure de perdue, c’est déjà mort pour Annecy 🙁
Bernarde Sud : Jo m’embarque vers l’Ouest alors que je serais naturellement allé me frotter aux faces Est. Finalement on se ravise, on sort et on se quitte. Il part vers la crête des Serres. Je file vers le Puy de Rent.
Comme d’habitude, je pèche après avoir traversé la vallée. Je me retrouve dans la situation de devoir choisir entre les faces Est et les faces Ouest. Un jour il faudra bien que j’ose essayer l’Est… car à l’Ouest même si ça ne pose pas, c’est encore des minutes qui tournent, la bricole et la galère. Pour tout dire, cette stabilité et ce manque de punch en basses couches m’agacent fortement depuis le début.
Une fois ressorti, ça pousse et ça monte proprement. J’adore le Cordeuil, un des seuls coins où on est certain de ne jamais perdre de temps, surtout si comme aujourd’hui je choisi de passer par la montagne de Chamatte.
Je passe le col de Vachière après un relai vers cette montagne de Chamatte où j’ai enroulé avec une belle dérive en me forçant à rester haut. Ensuite les crêtes et leurs faces ouest ne donnent rien mais je peux néanmoins atteindre le Trauma facilement.
J’entends Julien adbiquer à la radio en annonçant que certaines balises donnent du 60kmh. Je ne suis pas vraiment habitué à voler avec une radio mais c’est pour ce genre de situations que je vole généralement sans. Je coupe le son et je reste relax. Je me fierai à mon instinct et à ma raison, comme d’hab. Les vitesses de mon GPS ne m’alertent pas, pas de soucis.
J’arrive à Saint Vincent. Pas une aile. Ah si ! 2 ailes rouges peu allongées, assez hautes genre 3.000 avec une trajectoire très bizarre, semant la confusion (Genre Morgon > Télésiège de la crête direct). Je décrète qu’il faut arrêter de cogiter car je ne comprendrai pas.
En revanche, personne à Saint Vincent, même pas d’ailes déployées, de sacs ou de bonhommes.
Je traverse le premier bras du Lac et j’enroule très tôt : pour autant, ça pousse et ça me décale bien derrière le Morgon. Je fais seulement 2800 mais j’arrive à garder une belle trajectoire porteuse en traversant le lac. Du coup je tente Chabrières : avec encore 2700 sur l’autre rive je décide de continuer.
Ensuite ça dégueule et ça contre en basses couches, moment de doute ! Mais avec le flux de sud je peux enrouler les premier thermiques sans trop dériver et raccrocher les crêtes. Je suis contré, mais surtout, je n’arrive pas à m’élever ça décale trop. La malédiction des basses couches reprend. Je rage de voir des nuages à 3000 m au dessus de ma tête. J’aurais mieux fait de me faire satelliser au Mont Guillaume !
Le bricolage se poursuit comme prévu après les Richards, j’ai beau m’appliquer, je n’y arrive pas. C’est assez frustrant car je perds un temps fou à voler de cette manière. Je traverse une vallée et je me retrouve maintenant dans la stabilité à faire des trajectoires incertaines au dessus d’une énorme barre rocheuse. Je ne suis vraiment pas à l’aise, il faut grignoter mètre par mètre en faisant des arabesques et surtout ne pas avoir de soucis à cet endroit. Finalement ça sort quand je peux passer mes ailes dans le flux pseudo-catabatique (venant de l’Est). Je commence à toucher un thermique de force honorable, le vario commence à biper sans blancs, je me sens libéré… Mine de rien, de puis Chabrière ça fait un moment que la frustration gagnait…. Malheureusement, à peine ai-je passé le sommet que tout devient subitement archi-dégueulasse, c’est plus fort, mais surtout tellement turbulent et venté que je dois enrouler carré avec des phases de vol droit pour ne pas trop me faire décaler. Lors de ces phases je me sens très vulnérable et je dois me faire violence. D’ailleurs, après quelques tours à un moment je n’ai plus l’énergie mentale d’y retourner. C’est trop pour moi. Je tangente et transite au lieu de retourner dans le ring : la fuite. Et pour solde de ces quelques secondes de soulagement… je me fais massacrer 10, 20 secondes.
Je traverse la vallée et j’hésite à me laisser emporter dans les basses couches jusqu’à ND de Sallettes. La perspective d’être totalement scotché par la brise, dans la stabilité, au dessus des pentes herbeuses a quelques chose de désirable en comparaison acrobaties imprévisibles et engagées au dessus des rochers et des pics que je viens de subir en mode « thermique ». Mais bon, le commandant de bord sait la galère et le temps perdu que ce serait pour remonter, le stress de transiter bas…. Je dois donc retourner au combat dans les montagnes. Même scénario, j’arrive assez haut, je trouve un truc qui monte correctement et très vite ça devient infect. Je me bats et pour la seconde fois, à un moment je dois abdiquer.
J’ai assez pour passer le monastère sans m’arrêter, ça valait le coup de se faire violence ! Je me suis tellement fait emporté par le vent de Sud d’altitude précédemment que je suis certain de finir mon ascension du Coiro en dynamique. Je m’engage 50m sous les crêtes et rien ne monte. Je choisis de faire demi tour et forcer le passage contre la brise pour me repositionner à l’Ouest. Cela monte d’une manière assez saine, enfin. Je décide de partir m’appuyer sur les crêtes au Nord pour arriver sur le Taillefer. Finalement ça plane assez mal et je vais au plus court. J’arrive bas mais ce n’est pas un problème ici.
Je remonte facilement et j’arrive à garder un truc que je me suis mis à enrouler à mi pente. Du coup, pas la peine de me repositionner, je reste dans le thermique. Je suis heureux d’avoir moins de difficultés à rester dans le thermique et à remonter au vent que précédemment… et bam ! En 10 secondes ça devient la guerre, je me refais violence, et j’abdique, je ne sais plus si je perds le thermique ou si je suis las, en tout cas j’ai sacrément peur. Je commence à connaitre la musique.
Je suis à peine à l’altitude du sommet principal qui est un peu plus au Sud-Est. Cette chaine est massive, et vu la force des éléménts, je sens que je ne vais pas être à moitié sous le vent… Je n’ai que quelques secondes à attendre le mode essorage : et bam ! L’aile fait n’importe quoi de manière très sèche et à un moment je dois être un peu dépassé et m’en prends une grosse complète qui rouvre instantanément. Je me remets au boulot sans trop avoir le temps de réfléchir et tout finit par se calmer au milieu de la vallée.
J’arrive à Mach 2 sur Chamrousse, bricole en décalant vers la boule. Puis à l’espèce boule, l’ascendance est intenable, trop venté… Je poursuis et trouve un beau thermique assez sain… A peine ai-je le temps de réaliser que je vais arriver à l’altitude des hautes crêtes du massif que je me fais défoncer, détruire, tabassser. J’essaie de tenir un ou 2 tours car ça m’arrangerait de faire un énorme plaf pour éventuellement songer à traverser vers Saint Hil, ce qui pourrait être une option pour Annecy. Mais la question elle est vite répondue : des turbulences infectes, y rester est au dessus de mon niveau 🙁
Evoluant protégé par les hauts reliefs, je n’ai plus qu’à gérer un moindre problème, la lisibilité de l’aérologie avec ce fort flux de Sud. Je m’en tire assez bien 7 Laux, Allevard puis encore une transition. Je sors l’appareil photo, je n’y ai absolument pas pensé avant.
Il commence à se faire tard et les thermiques deviennent assez mous. Je profite enfin du vol en essayant de rester le plus haut possible et de me faire plaisir. Je crois bien que s’en est fini lorsque je ne tiens pas ma position sur une crête et je dois traverser très bas dans la Maurienne.
Je survole une magnifique fôret. Elle est majestueuse, avec des arbres de diverses essences qui doivent faire 30 m de haut pour la plupart. J’arrive à trouver quelque chose et finalement je peux patiemment remonter. C’est magique. La forêt est maintenant sertie d’une arrête que je travaille, quelques oiseaux montent en dessous, lentement eux aussi.
Au dessus de l’arrête, une sorte de plateau avec de petits lacs. Arrivé au dessus des lacs il m’est impossible de me hisser plus haut. Je n’ai que quelques dizaines de secondes pour me décider : me poser près du Lac pour dormir ou pas ? Ce serait assurément, du point de vue esthétique, une nuitée magique, ponctuant de belle manière le vol ! Il est presque 20h je n’irai pas significativement plus loin.
Tout va alors très vite dans ma tête, en vrac :
- terrain plat ?
- marche et orientation pour le lendemain
- heure et potentiel de vol restant
- méteo du lendemain
- patous loups ours grizzlys panthères tigres talibans ?
- flemme ?
- diner prévu ?
- quid d’une descente à pieds si lendemain pourri ?
Bon, évidemment je n’ai pas répondu à toutes les questions, mais le fait est que je file et que je vais plutôt glider pour dormir en vallée !
Il s’agit de contourner le grand Arc puis de me jeter dans le glide au dessus d’Albertville qui passe à l’ombre. Malgré mes incantations, et les belles finesses je n’arriverai pas jusqu’à Ugine. Il est 20h30 je pose à Marthod à quelques kilomètres.
Sur le coup je suis heureux et je ressens un sentiment d’accomplissement, le vol fût très éprouvant. J’ai aussi un peu d’amertume de ne pas aller jusqu’à Annecy ou Chamonix mais entre l’heure perdue au début du vol, le chemin de croix dans les basses couches après Chabrières et la date tardive dans la saison, c’était plié d’avance. Mais bon… avec une heure de plus…
C’est quand même super heureux que je marche jusqu’à Ugine où m’attends une Guinness, puis Marlens où je m’installe.
Je tire le mauvais lyophilisé : riz poulet coco beurk puis bivouaque.
Il pleut le matin. Je vais ensuite boire le café chez Cindy et Sylvain qui me montent ensuite au déco de Marlens. Malheureusement, après avoir bataillé dans une masse d’aire dégueulasse et humide pour trouver 1300 max et un fort flux de Sud-Ouest, je renonce et décide de finir à pieds plutôt que d’attendre le milieux d’aprèm que les conditions deviennent, c’est prévu, propices. Après 2 heures de marche, je vois un panneau de rando : « Doussard 1h45 » alors que je pensais être moins loin. Tout cela n’a plus vraiment de sens pour moi et la chaleur devient fortement pénible, je fais donc du stop jusqu’à Planfait où ma super cousine Véro vient me chercher.
Je me vautre alors dans sa piscine au col de Bluffy, avec une superbe vue sur les dents de Lanfont pour évacuer toute cette chaleur ainsi que le stress de la veille. Je rêve qu’un jour j’y arriverai en volant…
TSL-Gourdon-Baou de la Gaude sans un virage
2019-09-11 , TSL-Gourdon-Baou de la Gaude sans un virage
La veille : une idée
C’est difficile en ce moment de prendre toute ma journée pour faire du parapente et du coup je fais des petits vols d’après-midi. Des petits AR Gréo pas toujours simples ou des Gourdon Saint-Jeannet vite fait bien fait.
Lors d’un retour de Gourdon, j’optimise mes cheminements et mes trajectoires à Courmettes et je me retrouve assez haut à TSL sans avoir fait un virage depuis Cavillore. Je ne suis pas satellisé non plus, mais à hauteur du Naouri, je suis assez content de moi. Je commence à bien connaître le coin. Me vient alors l’idée de continuer sans un virage jusqu’au Baou de la Gaude. Finalement j’y arriverai et je devrai me poser à la gare de Tourrettes au retour à ce jeu du vol sans virage. J’ai adoré ! C’est comme un drogue, on se colle l’ivresse d’une fuite en avant imposée. Il faut commencer à se déconditionner de tous ses réflexes, c’est vraiment déroutant. On cogite tout le temps sur les trajectoires, la vitesse, on est en anticipation permanente, un style radicalement différent. Bref, je recommande !
Avant j’avais comme tout le monde fait de belles sections sans faire de virage, lors de cross à la faveur de belles conditions. Je me souviens d’un mythique glide Barcelonnette-Colmiane et d’un Arpille-Gourdon, par exemple. Mais en imposant la règle, c’est tout autre chose ! Rien à voir avec ce genre de séquences opportunistes, même si je leur dois un peu d’expérience en la matière et peut-être l’idée-même du vol sans virage. Non, là j’affirme le challenge d’entrée.
Ce sera tout droit où ce ne sera pas !
Le challenge
Le lendemain je suis encore dans l’euphorie et je super motivé pour un TSL-Gourdon-Baou de la Gaude-TSL sans enrouler. Pour une fois, je ne vais pas avoir à rêver des mois ou même des années avant d’avoir l’opportunité de passer à l’action. Mon plan est de monter au Naouri à pied et de commencer par un enchaînement des gros et puissants thermiques des faces Est jusqu’à Courmettes pour ensuite aller faire demi-tour à proximité de Gourdon et refaire ce que j’ai fait la veille.
Finalement je suis un peu fatigué et la perspective de monter à pieds au Naouri en plein aprem’ me dissuade un peu. Je décide de me faire l’accès au Naouri en vol. Après tout, je fixe les règles.
Après quelques tours de thermiques depuis le déco du bas, me voila au large du Naouri et le challenge commence.
Je passe sous le déco de l’arbre et j’enchaîne les traversées de thermiques sans être trop contré par la brise. Première décision stratégique, je décide de rester sur une trajectoire qui contournera le plateau ce Courmettes par le Sud pour rester dans les gros thermiques qui déclenchent devant et prendre à max d’altitude avant de traverser le Loup pour Gourdon. C’est bien costaud et inconfortables de traverser thermiques sur thermiques, l’équivalent de ce qu’on peut vivre sur la crête de la Blanche dès fois. Mais ça vaut le coup, je suis très content de monter à quasiment 1500.
J’arrive à Gourdon assez haut, j’attends de voir les faces Ouest des maisons du villages et je fais demi tour. Je pensais que j’avais pas mal de marge et finalement je dois jouer avec l’accélérateur à fond pour raccrocher Courmettes. J’arrive 30-50m sous le plateau, ce qui ne m’arrange guère car ça va sensiblement limiter les gains d’altitude possibles à cet endroit. Effectivement, c’est assez médiocre. J’arrive à me placer correctement au dessus de la piste, sous l’arrête Sud-Est du pic Courmettes mais je ne vais pas pouvoir prendre toute l’altitude que j’aurais du pour prétendre longer les faces Est et enchaîner avec le Naouri. Je ne vais quand même pas m’avouer vaincu, j’ai découvert la veille un sacré thermique dans le vallon qui est à l’ouest du déco : j’y fonce et je le découvre large à souhait ! Yesss. Lorsque j’arrive au dessus du déco, je suis à hauteur du Naouri.
La tendance est plus Est que la veille, ça m’a bien déjé bien coûté au retour de Gourdon, mais ça devrait le faire, de toute façon je suis pris dans mon truc il faut continuer. Je commence à bien maîtriser cette séquence pour surfer au mieux entre la butte à Serge et Saint-Jeannet. Cela passe sans que j’ai pu prendre beaucoup, mais le job est fait.
Il ne faut pas paniquer avant de se lancer vers le Baou des Blancs et la large zone ascendante tarde un peu à venir. Elle permet d’arriver sans avoir à gratter et de ramasser tout ce qui traîne, du coup ça permet de passer la ligne sans stress..
Lorsque j’arrive à Saint-Jeannet, assez bas, j’arrive à bien négocier le Village et je raccroche finalement pas loin du sommet le Baou de la Gaude. La veille j’étais arrivé plus bas et j’avais pris 200m là bas. Et là c’est…. la grosse déprime : que dalle à l’aller. Tellement que dalle que j’hésite à faire demi tour sur le mamelon qui a normalement un super thermique. Le problème c’est que ça contrera beaucoup pour en revenir. Je fais donc demi tour où je l’avais prévu et rien n’a changé, je pars à peine plus haut que le sommet… Je suis dégoûté. En fait, c’est très bizarre émotionnellement, j’ai toutes mes habitudes de crossman qui me dictent mes émotions , je sais que partir si bas se paie à un moment et que ce n’est pas une super décision. J’en ai vu des rookies faire des conneries 😉 C’est difficile de se dire que c’est juste le jeu qui continue.
Mais du coup je suis même pas à hauteur du Baou de Saint-Jeannet…. c’est encore loin TSL 😉
Je décide de passer au large par le village où ça a bien porté à l’aller. J’arrive à trouver une superbe et longue ligne positive très au sud, un bip lent et interminable qui me réconforte, me donne de l’espoir et enfin des certitudes : la question de raccrocher le Baou des noirs est réglée. Yesssssssssssss. C’est bon ça !!! Mais à peine arrivé il faut gérer la ligne et se résigner a faire un contournement 😉
Et là, c’est encore le jeu, mais c’est émotionnellement difficile : c’est à l’ombre à partir de la seconde moitié du Baou des Blancs, un bon voile très épais. Je suis dégoûté, mais c’est la vie, me dis-je. Avec Vence en dessous, c’est pas le super lieu pour finir de jouer à « je vais tout droit ». Le Baou de Blancs ne donne quasi-rien, j’en viens même à me poser la question de savoir si je ne fais pas une connerie bien débile en continuant… je me promets de ne pas me faire mal si ça commence à sombrer et goooooo !!! Finalement comme prévu j’arrive à la butte à Serge assez bas. C’est le dilemme entre aller chercher directement le thermique au large ou faire un détour en scotchant les reliefs. Je décide de scotcher la forêt, pas mal au début, mais ensuite c’est pas la folie. Pas de quoi être tranquille pour la suite.
Je pars plus bas que la veille, toujours dans l’ombre. Vais-je réussir à faire une fuite en avant comme la veille jusqu’à la gare ? Ca me parait compliqué.
Finalement, le petit miracle se produit et je remonte franchement. Yess je raccroche les barres et il me reste à me concentrer pour faire un one-shot à l’atterro, pour la beauté de la trace ;).
TSL – Esteron – Clans – Colmiane – St-Honorat – Bleine – Greo
Le 29 avril 2019
https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:pascamax/30.04.2019/08:20
En général j’ai un peu de mal à accepter les vols que j’ai vécu comme des échecs et c’est le cas ici. Ceci dit, le parcours et le combat était épiques. Reste quand même la satisfaction d’être sorti de pas mal de pièges.
La veille : une journée marginale avec beaucoup de vent de Nord-Est et des plafs hallucinants, je fais 3300 depuis le thermique de Bleine. J’ai les doigts congélés en 5 minutes. Je devrai ensuite centrifuger mes bras régulièrement. Dès que j’accélère, que j’enroule ou que je monte trop haut ils regèlent. Ejecté par le Nord, je n’arriverai pas à rester sur la ligne qui mène au Vial et je dois me replier sur Sigale où je fais 2800 (c’est exceptionnel de faire plus de 1500 là bas). Je rentre direct à Fourneuby puis Bleine par une trajectoire directe insolite que je ne referai probablement jamais.
Le 29 avril 2019, je ne suis pas sensé voler, mais finalement la directrice de la crèche est ok pour prendre mon fils Aurélien 🙂 Je n’ai pas vraiment regardé les prévisions, j’irai voler sans trop me prendre la tête et je décollerai de chez moi à TSL, déco du bas.
Je décolle vers 10h30. Première difficulté, je sombre et dois me refaire sous les maisons bulles, coté Est.
Ensuite ça marche pas mal et je me retrouve à Greo où je reçois le texto de Christine qui m’apprend qu’elle pourra aller chercher mon fils à 16h30. Si je l’avais su au niveau de Gourdon plutôt j’aurais pu partir pour faire de l’autoroute, mais bon je vais quand même tacher de me faire bien plaisir 😉
La journée est pas mal, il ne faut pas cracher dans la soupe, mais la masse d’air n’est plus magnifiquement instable comme la veille. C’est sur que le vent moins fort la rend davantage crossable mais la magie n’est pas au rendez-vous.
Je pars sur Roquesteron direct dans le coin où ça monte. Cela n’a jamais été aussi compliqué, la crête à l’est, la végétation, les brises, les bulles cycliques, le four à l’ouest… c’est exigeant comme d’habitude mais cette fois il faut vraiment tricoter avec précision. Je je dois rester zen et me positonner au grès des aléas, surtout il faut patienter sans enchaîner 2 mauvaises décisions de suite. S’il y avait un diplôme de parapentiste, je pense que je mettrais l’examen ici 😉
Ensuite avant d’arriver à Toudon je vois un planeur sous le nuage. Il me donne l’échelle, je pensais ne pas que le plaf était si haut. J’arrive à faire le nuage et mon planeur est déjà sur le Lauvet d’Ilonse. Je parie que c’est Laurence Viard 🙂
Je vais donc à mon tour dans cette direction pour atteindre la Colmiane. Vers Tournefort sous les nuages mais rien ne monte, l’ascendance doit être plus au Nord mais je continue ma trajectoire car j’ai assez de gaz pour transiter au dessus de Clans.
Je suis un peu embarrassé par une grosse ligne éléctrique mais ça monte bien, assez franchement, tout me semble prometteur. Je commence à me faire bien balancer en me rapprochant du nuage et j’estime que j’ai largement de quoi poursuivre et arriver avec confort à la Colmiane où je vois 2 ailes à 3000 environ. Je pensais faire une arrivée triomphale sur la Colmiane… mais c’est un fiasco complet. En fait dès que je pars, c’est une catastrophe. Je suis très sévèrement contré par du NE. Pour ne rien arranger, toute la partie sud de la Colmiane est à l’ombre.
Il n’y a même pas de confluence au pic et je commence imaginer possible que le vol finisse par un tas à 13 heures.
J’arrive quand-même à bricoler et je dois ressortir dans combe de la via- ferrata . Ensuite c’est très très mou, on est sous le vent… Je perds du temps pour pas grand choses à essayer vainement de plafer à Rimplas.
Au Lauvet d’Ilonse, c’est compliqué. De gros cisaillements entre le vent de Nord les brises. Celle de la Tinée mais surtout, aussi, à cet endroit celle qui vient des canyons.
Impossible de faire le plaf, ça m’aurait pourtant bien arrangé. Avant j’aurais pu trouver l’excuse de la jeunesse et de la précipitation mais là je n’y arrive simplement pas alors que je le souhaite vivement. J’en viens même à regretter de ne pas être parti sur les hauts reliefs au nord pour voler haut. Ceci dit à la Colmiane cette stratégie ne m’a pas beaucoup réussi.
Donc voilà : il va falloir faire des sauts de puce :
Premier saut vers « Les Clots ». Patienter, se faire décaller, se faire cisailler, encaisser des longues tâches d’ombre….
Traverser à l’arrache vers les falaises qui mènent à la Cime du Raton. Impressionnante cette traversée ! C’est pas super porteur et j’arrive plus bas que prévu, à à mi-falaises.
Je suis au dessus de la piste qui mène à la clue du Raton, c’est toujours magique comme ambiance.
Le doute prend fin très vite : ça remonte bien. Pas de scénario catastrophe ici il vaut mieux 😉
Enfin, tout ce stress aurait être évité si j’avais fait un nuage, c’est pénible. Là encore, je n’y arrive pas.
J’arrive à faire un honorable 2700 (de mémoire) qui va me permettre d’aller au Dome de Barrot.
En fait, je commence à me sentir relativement frustré : depuis la Colmiane, je n’arrive pas à faire des tours complets qui ne soit pas entrecoupés par le silence de mon vario : le ciel est magnifique et pourtant c’est mou mou mou. Mon enthousiasme pour un énorme tour du terrain de jeu se transforme en réalisme : je vole à la vitesse d’un papy, il y a du vent, les plafs sont trompeurs et ça va être compliqué de rentrer. Toute cette section aurait pu être reglée en 5 minutes si j’avais pu faire un nuage et au lieu de cela c’est d’un laborieux.
Le dome de Barrot est merdique et inenroulable comme d’habitude. L’heure tourne et je n’ai pas le temps de faire ça à l’arrache comme disent les jeunes. Malheureusement je n’ai pas trop le choix, rien n’est évident ici.
Sur la crête, la brise vient franchement et vigoureusement de Puget-Théniers plutôt que de la vallée du Haut-Var.
C’est une bonne nouvelle et cela me permet d’attaquer avec optimisme une crête transversale que l’on pourrait en première analyse redoûter d’être sous le vent. Le point négatif c’est qu’une fois dessus, ça décalle beaucoup. J’essaie une petit quart de heure de monter mais c’est trop compliqué et je dois me résoudre à traverser vers l’ouest sans gaz.
Donc super bas, à quelques centaines de mètres du fleuve, je vais taper une crête non pas sur son côté aval mais sur sa face latérale est, pile en face de la forte brise qui est supposée redescendre du col 500m plus haut. Je ne pourrais pas ne pas me reprocher de vouloir faire le malin, si cela ne marche pas. Mais je suis confiant car je connais ce phénomène.
Bipbipbip yes !
Cela monte en dynamique mais ce n’est pas pour autant que c’est devenu très bon. Je dois bricoler et composer avec une ombre massive et les reliefs, je perds encore un temps fou, mais finalement j’arrive à faire le nuage. Me voilà donc au sud du Saint-Honorat donc.
J’arrive finalement à me positionner au col à l’est de Jaussier qui est dans l’ombre. J’ai préféré cet endroit au falaises orientées Nord qui s’illuminent au dessus de l’embranchement routier vers Annot. C’est le même endroit où j’abouti quand je viens du Coyer, souvent ça conflue.
Je n’arrive pas à maintenir mon altitude malgré les légers bips. Je commence alors à réaliser que ça va être compliqué de se poser vent de travers dans le seul champ assez long, les arbres sont hauts. Au fil de la descente, ça devient vraiment tendu, l’aile devient de plus en plus nerveuse : je commence à être bien sous le vent de la vallée principale. J’atteins, après une belle section full bar dans le chaos, une pente assez bien orienté dans le flux du canyon en aval qui mène dans ce trou.
C’est je pense l’endroit le plus sain et accessoirement je préfère aussi être au dessus d’une forêt.
Très vite je prends des trucs assez violents, ce n’est pas que pure turbulence, ça monte. Il y a une petite ravine sous la foret qui est repassée au soleil, et je suis pile dans le flux. Je m’accroche concentré à 100% sur mon enroulage pour tenir le choc et rester dans le coeur de l’ascendance. Quand je reprend mes esprits, je suis à 3000 sous le nuage quelques kilomètres bien à l’est de l’endroit où je me suis enfermé dans ma concentration. Voilà ce que j’aime avec le parapente : à un moment tu es à 100m de te poser dans l’endroit le plus isolé du coin, à 5 heures de galère de chez toi et 5 minutes après tu es en finesse de la délivrance.
Poussé par le nord, je trace à 60kmh directement sur l’Arpille ou un nouveau cauchemar se présente. Je suis totalement scotché par la brise d’ouest et l’ouest. Je décalle comme jamais les ascendances devenues molles. Il commence à être tard. Je vois les gourdonnais rentrer sur l’autoroute, longer le col de Bleine en déroulant à mach 12, à seulement 2 kilomètres de moi. Frustrant.
2000, je rêve de faire les 2000 qu’il faudrait. J’essaie toutes les options, il en manque toujours. A un moment après environ 45 minutes j’arrive à faire 1900 et je me lance. Il me manque une vingtaine de mètres pour passer et je pose donc au nord du déco de Bleine. Je marche 50m avec l’aile en boule et redécolle après avoir foiré une tentative. Il est tard, je suis bien poussé mais ça ne monte plus.
J’arrive à dérouler et je passe 20 mètres au dessus des lignes, un peu tendu, ce qui me permet de rejoindre Gréolières où je peine à me maintenir au dessus du rond point. Le seul pilote que je surveillais à l’atterro a fini de plier son aile, je vais le rejoindre avant qu’il ne quitte les lieux.
J’ai le plaisir de rencontrer David, venu du paramoteur et super motivé par le vol libre. Je lui raconte mes aventures en sirotant une bière avant qu’il ne me ramène avec gentillesse à la maison.
J’espère que mon récit t’as plu David 🙂
Remontée de l’Esteron
Remonter l’Esteron ?
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2017/vol/20231221
Les interrogations naissent naturellement lorsque l’on aime voler et que l’on a les pieds solidement posés dans cette belle vallée de l’Esteron. Du bas, la vue est, plus qu’ailleurs, fragmentaire. Cette brise forte et tortueuse, ces fours rocailleux, cette rivière d’une couleur verdonnesque… il y a aussi ces énormes remparts au Sud et au Nord qui nous isolent. Il faudrait pouvoir prendre de l’altitude.
Cela fait quelques années que je trace a l’occasion des lignes transverses, pour satisfaire cette curiososité, mais l’entreprise grandiose de partir de Gilette pour sortir à l’Harpille, ligne évidente et majestueuse à mon sens, est restée longtemps un rêve inavoué.
Oui je sais c’est fou, peut-être même hautain, mais à la question de ce qui me ferait le plus envie entre un posé à Chamonix et ces 30 petits kilomètres ma réponse est sans hésitation : Esteron !!!
Par trois fois l’année dernière j’ai échoué au départ de Nice.
2 échecs dans la « marche d’approche » (raccrocher Gilette) que j’ai pourtant faite a maintes reprises, comme si le fait de se décider explicitement pour ce parcours m’avait rendu inefficace. Un des ces 2 échecs fût ponctué de rage par une fuite en avant assez sanguine pour aller voir quand même. Résultat : un atterrissage déraisonnable. Je me déteste quand je m’emporte de la sorte.
J’ai pourtant persévéré et réalisé un véritable essai dans le vif du sujet début mai 2017. Certes, j’avais conscience que c’était bien tardif comme période, mais je voyais le temps filer et le parcours m’échapper. Dans des conditions prometteuses, je suis parti du nord de Gilette pour transiter sur la première montagne (Mont Lion) qui n’a rien donné. J’ai patienté puis j’ai pris conscience que ce vol, en cette saison, revêt un caractère de course contre la montre assez déplaisant contre la brise et que la stabilité était de mise dans ce trou.
Impossible de faire machine arrière, je suis arrivé a Pierrefeu assez bas. En chemin je me suis fait littéralement dégommer (bien dégommer même) par la brise chaotique et les pétards sur-stables.
Là encore, il était difficile de patienter sachant que la situation risquait de devenir de pire en pire avec la brise qui forcissait. Las de la stabilité, sans pouvoir faire de plein, je me suis jeté sur la suite, cette énigmatique crête boisée et effilée. Arrivé bas, au moment de décréter que cette lame n’avait aucun rendement dynamique, j’ai joué la carte d’une vue de l’esprit, une hypothétique confluence, au lieu de risquer de perdre de l’altitude et de passer un mauvais moment en prospectant une cuvette… mauvais choix… perdu…
Adrenaline… je pousse au max mon glide… et je pose entre les arbustres du lit de la rivière à une heure encore correcte.
Avec le recul, j’ai eu quand même trop peur vers Pierrefeu, j’ai compris qu’il ne fallait pas jouer avec le feu et que ce n’est pas ma volonté ou ma technicité qui allait tout faire. J’aime ce genre de parcours qui tiennent en respect parcequ’il ne suffit pas d’être bon et déterminé : il faut être invité et le savoir.
2018, la bonne occasion
L’envie reprend naturellement à l’automne 2017, mais les occasions manquent.
Mi-mars 2018, après un hiver exécrable, les conditions sont sensées être excellentes. En fait, c’est très décevant. Un flux de sud compense des plaf bas et humides au départ de Nice. Arrivé au nord de Gilette, je refuse de m’engager voyant les entrées maritimes gagner du terrain et des plafs bas. Je me suis posé, dégoûté, sans envie de faire un parcours alternatif par le mont Vial. La journée a permis de faire 100k depuis Gourdon… mais je ne suis même pas deçu.
De bonnes conditions sont annoncées pour le lundi 26 mars, Jean-Paul est dispo. Je sais qu’il ne décollera pas du Mont Chauve alors je me laisse tenter par l’autre option pour taquiner l’Esteron : TSL.
Plus d’une heure de bouchons pour sortir de Nissa-la-puta, heureusement que l’on est pas encore bien calé sur l’heure d’été. Notre avance sur le soleil compense ce coup du sort.
On arrive à TSL et on rencontre Loïc. C’est déjà tres bon. Une horde de gunnettes déboule à mach 12 de Gourdon et je m’échauffe avec une petite coucourse. Il y a un léger voile mais sinon tout semble bien.
Les guns s’agglutinent sur la finish line du Baou de la Gaude. Je n’aime pas trop la dérive du thermique travaillé avec Stéphane et Alain, je dois me positionner sur mon arrête et dérouler pour aller à Carros … bingo.
Bonne course pour le retour les gars… et que le meilleur gagne 😉
A Carros ça ne monte pas des masses. J’en profite pour manger et essayer de récupérer ma pipette et ma radio qui pendouillent.
Thermique : go pour Gilette, il y a juste ce qu’il faut pour arriver confortablement.
Pfff à Gilette cela ne monte pas beaucoup et me voila obligé d’aller sur la crête de Bonson..
Là encore c’est toujours assez stable et je ne suis pas vraiment motivé, ça sent le piège. Cela ne me tente guère de m’engager dans ces conditions. Je décide de continuer sur le Mont Vial, tant pis, cette fois je profiterai quand même de la journée.
A peine quitté Bonson je trouve un thermique bien différent, je sens l’effet bénéfique du vent meteo de NO, bien frais. Yes, c’est bon ca !
Du coup, je suis encore très bien placé pour m’engager sur mon itinéraire. Nébulosité et développements au Sud sont corrects (c’est important car c’est ni plus ni moins que l’ombre à venir sur mon parcours).
Cette tendance NO 10 kmh me pose quand même un peu question, est-ce raisonnable de se mettre ce handicap dans cet itinéraire ? Le vent d’ouest est sensible depuis le début du vol… Et bien je pense que la garantie de monter vaut bien une finesse dégradée. J’ai quand même un doute sur l’orientation que prendra la brise de vallée en remontant vers l’Harpille mais les plafs semblent solides là bas et je pourrai probablement bouriner.
Esteron, à nous deux !
Go go go ! Je suis pas mal contré pour arriver au Mont Lion, cela ne monte pas, à part une bulle que je ne tiens pas…
Je continue vers Pierrefeu… Je rumine : était-ce une bonne idée de m’engager avec du NO ? Mais ça n’avance toujours pas ! Et s’il y avait a max de vent ? Bref, je doûte et je suis également prêt pour un round de boxe qui se déclencherait sans vraiment prévenir, comme la dernière fois.
Une minute de doûte en raccrochant et finalement je monte. Je n’ai jamais rien fait de mieux que du Yoyo à cet endroit lors de mes 2 uniques passages précédents.
Je suis donc très concentré et je m’applique comme jamais pour ne pas laisser passer ma chance, c’est un point clef du vol et je le sais. Le thermique dérive quand même dans le sens de la brise jusqu’au moment de rencontrer le flux de nord. Je m’applique encore et toujours et je quand je n’arrive plus à monter je suis assez haut pour me lancer sur la fameuse crête avec espoir.
S’il y a une ascendance, je devrais la trouver.
Toujours une finesse assez merdique en transition… je chevauche la crête boisée qui remonte doucement… un bip pas trop enroulable, je continue… J’espere trouver une ascendance avant de devoir me coller à cette pente orientée à 90 degrès du flux…
Et bam, en voilà un bien violent. Au dessus de ces pentes boisées homogènes… on se croirait en Ligurie. J’adore cet état de concentration extrême où l’on fait tout pour rester dans le noyau sans trop subir, ou la gestuelle trouve un rythme.. et où le sol s’éloigne vite.
Quelques centaines de mètres d’altitude en plus et en quelques secondes je passe à d’autres soucis, plus lointains.
Je prends tout ce qui traine et je vais retrouver le terrain connu de Roquesteron et Sigale. Le premier crux est passé et je vais pouvoir me donner les moyens d’aborder le prochain, raccrocher Aiglun, comme il faut. Je profite de ce paysage magnifique.
Roquesteron
Le scénario piégeux par excellence : tu arrives sur une crête tu la chevauches et la parcoures sans trouver d’ascendance… et tu arrives bas a la fin. Apres un peu de prospection je serais presque tenté de continuer vers les faibles pentes hyperminerales SE apres le Riolan. Mais je me suis deja rendu là bas en venant d’Aiglun sans rencontrer un seul mouvement à cabrer.
Je reste donc patient et precis pour finalement sortir par le haut. le thermique deboite un peu mais la sortie est par le haut. Encore une fois il manque du plaf pour voir les choses avec un recul confortable, mais j’arrive a me positionner sur l’arrête d’Aiglun avec 50m de marge. Comme prévu, les faibles pentes etaient stables et difficilement exploitables, j’ai bien fait de m’appliquer.
Aiglun
Et boom ca monte superbement.. le thermique est propre. La vue a changé mais elle est toujours grandiose. La clue d’aiglun est impressionnante.
J’enroule le thermique le plus facile du vol dans un cadre majestueux… mais je suis un peu triste. Au fond je sais que c’est bientôt fini.
En effet, je vais pouvoir traverser la riviere et les plafs semblent génereux en face. Mon inquietude venait aussi des developpements sur les cretes de Greo et de Bleine et de l’ombre qu’ils font dans la vallée, mais il y a un peu de marge. Les pentes sont encore au Soleil.
Ma vitesse tombe mais j’arrive à enrouler vers le Mas. L’altitude devient sympa, je poursuis et j’arrive a a l’Arpille sous des nuages généreux. C’est gagné.
Le ciel est bien sympa mais je décide de rentrer au plus vite, libéré et fier de mon coup. Arrivé à Gourdon sans un virage, je déroule tranquillement et je me pose sur une planche au dessus du déco de TSL, comblé.
Quels magnifiques souvenirs.
Tourrettes – Peille – Grasse AR
20 avril 2017, Tourrettes-sur-Loup, Peille, Grasse et retour, ligne directe par le sud
trace du vol http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20211529
C’était le 20 août 2015, Roquebrune – Gourdon – Roquebrune : l’aller-retour de mes rêves, enchaînant par une ligne directe les plus beaux balcons du 06 pour contempler la Méditerranée : Mont Agel, Mont Macaron, Mont Chauve, Baou de la Gaude, Baou de Saint-Jeannet, Tourrettes, Courmette.
Naturellement, la petite entorse à l’aller, en traversant le Var par Carros, cassait un peu la rectitude de la trace. Cela me laissait un peu de travail pour plus tard, mais je savais qu’il faudrait des conditions exceptionnelles pour faire plus direct, avec la transition Mont Chauve > Baou de la Gaude !
Le mercredi 19 avril, Benoît Outters fait un super vol de puis Tourrettes jusqu’à Menton avec un retour en passant au nord par le Mont-Vial. Le vent et les fortes brises l’ont éjecté dans les montagnes avant qu’un mur de Sud ne le mette KO au col de Bleine. Et cela dans des conditions impressionnantes à l’écouter ! Nous convenons donc de nous rappeler le lendemain matin pour aller voler.
Un coup de fil et nous nous retrouvons à Tourrettes, également avec Arthur, le p’tit jeune qui monte, pour profiter de ce ciel généreux, s’il nous fait l’honneur d’être encore en superbes conditions. Je pense à reproduire et à boucler ce parcours inachevé que Benoît a fait la veille, il m’a bien fait baver. Evidemment, si les conditions sont propices au retour direct par le sud avec cette fameuse transition directe Mont Chauve > Baou de la Gaude, mon choix ne fera guère de doûte !
Loïc Diaz et Stéphane Garin, l’assistant de Benoit pour la Xalps 2017 nous rejoignent.
Je décolle en premier, vers 11h et centre directement le thermique sans devoir bricoler : j’arrive en quelques minutes jusqu’à 1800 ! C’est bien parti.
Cela sent bon la journée historique, il faut en profiter pour faire un gros gros truc.
Je peine à me positionner sous le nuage vers Vence, Benoît et Arthur sont en l’air et semblent bâcler le plein pour me rejoindre.
Je poursuis au large de Saint-Jeannet où je bricole difficilement un petit vario tandis que les 2 jeunes derrière semblent avoir trouvé un vrai noyau. Je décide de rester dans mon petit truc sans jouer à la coucourse ou trop me soucier d’eux. L’ascendance rend son dernier souffle et je suis indécis sur le fait de lancer ma transition vers le Mont Chauve. En effet, comme la veille et comme les prévisions l’indiquaient le vent est de la partie, comme pour nous enseigner que dans notre 06, rien ne se fait gratuitement. Je me lance, depuis Saint Jeannet à 1750, contré par du Nord-Est.
Je vois Benoit me doubler par le bas, quelques centaines de mètres plus bas, il semble engager lui aussi la transition. Optimiste ou aguerri comme jamais avec un compas infaillible dans l’oeil ? Optimiste il était, il fait demi-tour assez vite pour revoir sa copie et reprendre un ascenseur avec Arthur.
A l’arrivée vers le Mont-Chauve ma vitesse s’effondre un peu plus. Par ces journées ventées et copieusement instables, il suffit de 2 thermiques au vent pour se trouver avec l’horrible impression de ne plus avancer et/ou tomber du ciel, positionné dans un venturi invisible et décourageant. Finalement, ce vent de face me ramène avant l’heure tous les thermiques de la crête qui descend du Mont Chauve vers Nice. Je monte tranquillement, c’est large. Journée royale, vous dis-je ! Et quelle vue sur Nice !
(en haut à droite l’icone « focus » permet de sélectionner le pilote à suivre)
Au Mont Macaron une large zone ascendante me cueille. Je cesse d’enrouler vers 1900 pour éviter la TMA et je prends d’emblée une mauvaise ligne vers Peille. C’est encore du vent qui me scotche. Je fais rapidement demi-tour pour repartir d’un peu plus haut et surtout pour lancer la transition sur de bons rails, dans une direction porteuse.
Là encore, je suis bien contré et je ne vais pas pouvoir chevaucher directement les sommets pour passer éventuellement sur Gorbio. Je commence à me dire que le temps tourne avec ces vitesses d’escargot et que, sans même parler du vent qui doit passer S ou SO, de telles conditions hyper généreuses dans le massif coiffé par du Nord frais et modéré vont nous donner très rapidement une très forte brise dans le Var. Les fortes brises étaient d’après Benoit un fait notable de la veille. Sentant Peille un peu piégeux à cette heure, je préfère me positionner au milieu de la vallée pour ramasser ce qui pourrait sortir de la crête de Peillon et du col de Saint Pancrace : et bingo, je refais 1800.
J’aurais tout loisir d’aller à Menton mais cela me mettrait dans un timing qui promettrait :
- soit un retour dantesque et sportif par Carros vers le Baou de la Gaude
- soit un retour par Carros puis Coursegoules
- soit un retour/détour musclé par le Nord comme Benoit la veille
Je préfère profiter de mon plein pour faire demi-tour avec la certitude d’être dans peu de temps assez haut et pas trop décalé au dessus du Mont-Chauve. Vu comme j’étais contré à l’aller je me dis qu’avec un énorme plaf et un peu de vent favorable, il doit être possible de faire un retour direct sur le Baou de la Gaude. C’est exactement LE gros truc que j’attendais de la journée. Un truc comme j’aime, une performance insignifiante pour 99% des pilotes, mais pour moi il n’y a pas plus délicieux.
C’est donc un demi-tour au plaf que j’effectue.
Video qui déchire : le vol de Benoit la veille, jolie vue sur Nice
Je pensais être immédiatement poussé autant que j’ai été contré à l’aller, mais me voilà bien déçu : d’après mes vitesses, j’ai environ 10 km/h de vent dans la face sur la trajectoire que j’emprunte vers le Macaron. J’essaie de dialoguer avec Arthur, j’apprends qu’ils vont sur Peille. Yes je les vois.
Arrivé au Macaron, je me repositionne dans la large zone ascendante prise à l’aller et en étant patient, je fini en taquinant la TMA. Je suis encore à 1700 en survolant le Mont Chauve alors je décide de tenter de passer en direct, malgré la composante de SO à 10-15 km/h. Je commence à avoir de bons repères tant sur l’aérologie du jour que sur la glisse de ma nouvelle aile, je pense qu’avec un peu de réussite ensemble on peut le faire !!!
C’est parti. Psychologiquement, je passe par un peu tous les états. Au début je trouve que ma trajectoire n’est pas vraiment porteuse et que le chemin est long. J’aimerais gagner le maximum de terrain sur la brise pour me retrouver bien placé de l’autre coté de la vallée. Mais je dois avant tout couvrir toute la distance de la transition et donc aller au plus court.
J’y crois jusqu’au survol du fleuve. Dès lors, mes impressions se précisent et le replat certainement va m’empêcher de taper au vent du Baou de la Gaude. Le vent de Sud-Ouest est toujours présent, presque plus sensible que la brise sur mes vitesses. Je suis trop short et je suis contré par les éléments, c’est la déprime. Je m’en voudrais presque d’avoir tenté le pari alors que j’aurais pu rentrer par Carros.
Je n’ai plus d’autre choix que de prendre le cap des premiers reliefs venus, en espérant, en priant, que le replat ou les pentes du bas donnent. Je ne connais pas très bien ces basses couches, mais j’ai souvent constaté que plus haut, quand la brise est à un bon régime il ne fait pas bon être en vallée sans l’appui des reliefs principaux.
En fait, pour le dire plus simplement, j’espère que la brise n’est pas encore assez forte pour tout emporter sur son passage, y compris moi.
L’espoir revient au survol des pentes du bas. Je zérote. Puis je prends du positif, je traverse le large thermique un peu mollasson qui vient des champs déventés du replat. Il y a une quantité énorme d’air chaud qui ne demande qu’à s’élever ici, et elle y arrive de manière homogène, malgré le vent et la brise du Var qui monte doucement en puissance. Comme souvent en enroulant depuis très bas, j’arrive à garder le thermique malgré sa dérive et sa faiblesse.
J’annonce triomphalement ma victoire à la radio par un enthousiaste cri : « Mont-Chauve – Baou de la Gaude en direct yes yes yes ! » C’est peut-être un détail pour eux, mais pour moi ça veut dire beaucoup (France Gall).
Je me repositionne plusieurs fois au vent en retrouvant des thermiques pour regagner une altitude confortable digne de journées historiques ! Dès lors, je n’aurais plus qu’à être consciencieux sur les plafonds et concentré sur les séquence de vol droit accéléré pour gérer et vaincre patiemment le vent de Sud-Ouest, bien pénible jusqu’à Courmette.
J’irai ensuite facilement jusqu’à Grasse et je me reposerai à Tourrettes d’où je suis parti, jamais sous les 1300:) Je ne croiserai qu’une aile à Gourdon.
Quelle journée exceptionnelle !
Isolabona – Garessio
Vendredi 09 spetembre 2016 : Isolabona – Upega – Ormea – Garessio
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20201262
Cela fait très longtemps que je n’étais pas allé voler à Isolabona avec les copains Italiens. Lorsqu’une bonne journée se profile début septembre, je suis très heureux de constater que les prévisions sont également propices de mon côté favori du terrain de jeu, le côté Est.
Pas d’hésitation, super motivé et je contacte la veille Corrado qui est déjà sur le pont avec Federico et Luka.
Un départ d’Isolabona va me permettre de faire un combo 100% plaisir :
- vol inédit
- survol du parcours de ma petite rando bivouac du week-end précédent (Saccarel)
- survol du lieu de vacances estivales (Ormea, Upega…)
- week-end en famille !
Le plan est d’aller me poser à Ormea en passant par le Mont Bertrand ou Upega. Christine et Olga m’y rejoindront pour le week-end.
Nous partons donc vers 11h d’Isolabona. Premier thermique, transition sur Rochetta, je rejoins Corrado dans la partie forestière qui suit. Nous poursuivons en direction du Torrage, mais quand je souhaite quitter en avance un thermique un peu chahuté pour raccrocher ledit Torrage, Corrado me lance avec son accent : « Ma, Pascal, pas le Torrage, la Bendola !!! »
Je poursuis donc mon ascension et laisse à Corrado le soin de me guider. Ce système de canyons est relativement impressionnant. La Bendola est le graal du canyoneur, un parcours king size qui se fait en 2 jours avec un bivouac minimaliste. Autant dire que c’est bien sympa de pouvoir le faire vite fait en volant.
Nous arrivons après la transition sur un éperon herbeux avec des pentes assez raides et le thermique est au rendez-vous. C’est assez rassurant de savoir qu’on ne sombrera pas ici. Une belle crête nous mènera directement sur la suite du parcours traditionnel vers le Saccarel, vers la Caserne De Marta.
Malheureusement, la fin de la crête et les replats de la Caserne De Marta sont à l’ombre depuis un bon moment et je dois m’engager dans cette partie assez plate sans vraiment savoir si ça passera. Au bout d’un certain moment je dois décider de continuer sans solution de repli tant les pentes sont faibles. Mais j’ai fois en mon aile alors j’y vais. Je veux me retrouver sur les faces sud, forestières, qui mènent au Saccarel.
Quelle merveilleuse sensation de passer un col ric-rac en forçant, et de se jeter dans l’inconnu. Cet inconnu qui se dévoile ensuite, plus ou moins rapidement, plus ou moins engageant. Bon, j’étais déjà passé par ici, mais toujours depuis le bon coté, avec de belles marges sur la lancée d’un bon plaf au Torrage.
Ensuite, j’épouse les crêtes boisées qui mènent au Saccarel. C’est exactement le parcours de ma randonnée du week end précédent. Tout s’éclaire avec un peu de hauteur ! Monter n’est pas un problème !
Au Saccarel, la tendance est franchement Nord-Est. Je reste un long moment dans le coin à m’appliquer pour monter et à regarder un peu la configuration des lieux vers l’Est. Je décide de prendre une trajectoire me permettant de viser en première intention le Colle di Nava, au sud d’Ormea. C’est loin mais il faut le tenter. Si la trajectoire ne marche pas je pourrais toujours obliquer sur Upega, j’aurais alors déjà fait une partie du job.
Ma trajectoire n’est pas bien heureuse, je l’imaginais plutôt porteuse mais elle l’est moins que prévu. Pire, j’ai l’impression de rentrer dans la couche de brises et de ne plus guère avancer. Avant de devoir choisir entre sombrer dans des gorges à ma gauche ou dans une vallée pas très bien dessinée et 100% boisée à ma droite, je décide de passer au plan B et je reprends un bon bol de sérénité en me lançant sur Upega.
Ma finesse est là encore assez catastrophique, ça n’avance pas des masses, mais au moins il n’y a pas de raison pour que cela empire. Maudit Nord-Est quand-même !
J’arrive néanmoins en me concentrant à exploiter des ascendances, sans pour autant être capable de finir au nuage. C’est assez malsain et ça annonce un peu la couleur pour la suite. Il n’y a pas de gros vario pour visser et mettre toutes ces saloperies de turbulences au pas. Il faut adopter des trajectoires assez plates, piloter, être à l’écoute du vario, anticiper les variations de vent.
Qu’importe, l’important est d’arriver à me positionner au dessus des crêtes au Nord d’Upega. Je suis effet assez sceptique sur l’aérologie dans le fond de vallée du côté d’Upega.
La vue est assez impressionnante en survolant sur les gorges vertigineuses et abimées du Tanaro. Yes ça c’est fait ! J’y était déjà passé en voiture pour prendre RDV et il me tardait de venir revisiter ça de haut, en parapente.
C’est avec un certain soulagement que j’arrive, impérial… euh non, juste avec un peu de marge, sur la crête. Ca monte tout de suite, en dessous comme je l’ai dit c’est bien raide.
Maintenant, ça va devenir compliqué, le but du jeu c’est finalement de descendre une vallée encaissée et hostile début septembre, en étant sous le vent de la ligne des crêtes sommitales au Nord qui constituerait l’itinéraire le plus facile. Petit bonus : cette belle vallée et trouée au sud par 2-3 cols qui laissent passer les brises venant de la mer.
Ce n’est pas un hasard si quasiment personne ne vole là bas. Malheureusement ça s’y prête peu. C’est beaucoup plus lisible au Nord à Malanotte ou au Sud sur des sites comme Alto ou Mendetica. Dommage car c’est magnifique.
Donc me voilà maintenant obligé de réfléchir pour continuer le vol. Je décide de tenter d’exploiter les thermiques des crêtes sommitales en me tenant un peu à distance vu la dérive, et pourquoi pas, de les chevaucher si je peux. Donc cap au Nord.
Les photos ne le montrent pas, mais les ombres des nuages filent à 15-20km. Je n’avance pas bien malgré le barreau généreusement enfoncé. Je récupère et exploite d’abord tous les petits varios, ceux qui dérivent davantage , et je me positionne plutôt au sud un col où j’imagine que les thermiques sont plus faibles et surtout davantage poussées vers moi. Comprenant que je ne pourrais pas forcer le passage pour chevaucher les montagnes, je chemine à bonne distance des crêtes et tente de récupérer l’energie des belles faces ensoleillées et minérales en dessous. Je pense pouvoir faire plus élégamment que d’aller m’exposer près du sol dans des endroits malsains…
Mon option marchotte mais inexorablement je perds de l’altitude et je vais devoir me mettre dans les pentes du Bric Conoia. Il y a une espèce d’arrête et un vallon qui remontent de très bas dans la vallée jusqu’au sommet, je pense que ça devrait être relativement organisé. Ca marche plutôt pas mal sans être trop pourri. Quand je commence à me retrouver dans les turbulences sous le vent du Bric, je suis dans une ascendance large et puissante. C’est un moindre mal me dis-je.
Du coup mes pensées s’élèvent et je commence à me dire qu’Ormea va être atteinte.
Je sors à 2600… et je me retrouve instantanément à 2100. Au moins, j’ai vite compris que je n’allais pas encore pouvoir chevaucher quoi que ce soit. Je cherche la ligne de cums actif, sous le vent du Pizzo d’Ormea, et fini par trouver une superbe ligne convective et cotonneuse à souhait. Je suis bien scotché par le vent mais le vario bip lentement la plupart du temp et je fais quelques tours 2-3 fois pour rester sous les nuages ! Magie divine, c’est beau.
Ce coup-ci c’est dans la poche, je tape le Pizzo d’Ormea et passe à quelques dizaines de mètres du coté Nord. Je me souviens de la rando avec Jean-Paul et des 2-3 passages aériens de la fin. Je pense pouvoir, maintenant que je chevauche les crêtes, y rester en ramassant tout ce qui passe, dans une aérologie saine. Mais en fait les crêtes remontent au Nord et s’applatissent. Je ne tiens pas longtemps face au vent sans rien trouver et je décide d’en rester là et de savourer le vol en glidant jusqu’à Ormea.
En fait je ne savoure rien tellement je suis sur mes gardes. 20 de Nord sur les sommets, brise d’Est et éoliennes au Sud qui sont clairement Sud : je m’apprête à descendre dans ce bordel. A un moment ça commence à secouer graaave, ça cisaille entre le Nord et L’Est, je plombe. C’est vraiment de plus en plus pourri 🙁 Je m’approche du plateau où nous nous étions posés lors d’un vol rando avec Pilou et Arthur, ça pourrait être une solution de s’y poser, mais c’est bien bien pourri par ici aussi. Je pense aussi que ça doit bien monter quelque part et quand je trouve un truc enroulable je préfère lâchement reprendre du gaz afin de me permettre d’aller me poser en aval d’Ormea.
Ca monte mais ce n’est pas pour autant que je pourrai survoler le Monte Antorotto (dédicace pour Pilou et Arthur).
Finalement, je peux maintenant envisager de descendre davantage la vallée en forçant le passage vers Val d’Inferno. Je me fais démolir mais ça passe et j’arrive à y reprendre du gaz pour quitter ce vallon par l’Est et me retrouver en finesse de Garessio.
Cette fois si ça sent la victoire, avec une bourgade bien fournie en champs et une aerologie plus lisible. Le Nord qui passe au dessus de crêtes se mélange plutôt heureusement avec la brise de vallée, et ce mélange domine également au Sud, où un col fournit en Eoliennes me donne la tendance.
D’ailleurs, je pourrais continuer le vol en allant sur ce col, les pentes ont l’air pas mal. Mais je n’ai plus trop la niaque et je devrais de toute façon rejoindre Ormea. Je m’approche un petit peu pour voir mais au fur et à mesure que les infos me parviennent, ça sent le plan pourri si je dois rentrer ensuite à Garesssio ou vacher : lignes électriques de toutes tailles, champs en pentes, etc.
Je n’ai plus trop envie de me prendre la tête, ce vol a été court, mais d’une intensité toute « ligurienne », je suis davantage épuisé nerveusement qu’après mon triangle au Col Agnel. Poser à 5 minutes d’un bar me rejouit.
En fait, en guise de détente, j’ai fait n’importe quoi à l’atterrissage alors qu’il y avait un stade de foot et un champ immense. A force d’hésiter j’ai du me poser dans un grand parking vide. Celui-ci n’était pas mal mais une voiture m’a géné au moment d’aligner et j’ai posé trop court, dans un champs de ronces.
En guise de relaxation, j’ai fait 3 heures de déronçage en plein après midi, ainsi que 2 heures de démélage le lendemain. (Je remercie d’ailleurs David et Honorin pour m’avoir changé la seule suspente que j’ai abimée).
Enfin, ce n’est pas grave, le plaisir d’avoir fait ces 50 km est immense. Corrado Federica et Lukka ont poussé jusqu’au Mont Bertrand puis, bloqués par le vent, ils ont fait demi-tour.
Ensuite comme prévu, c’était la suite du combo avec le week end en famille.