Roquebrune – Savone

Départ de Roquebrune pour un Soaring à Savone

Jamais je n’aurais pensé pouvoir me poser sur la plage 100 km plus loin !

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20123880

Les prévisions pour ce Samedi 16 mars 2013 nous donnent un très beau potentiel. Jouer dans une belle masse d’air instable, sèche et déventée autour de la zone frontalière est possible.

J’hésite entre Ospedaletti et Isolabona. A 4h je me réveille, regarde attentivement Meteoblue et à 4h30 je textote les potes :
« Rhaa je viens de tordre les prévisions de vent dans tous les sens à tous les étages, y’a quand même un coup à jouer avec les premiers thermiques de RQB !!! Je suis quand même indécis…. »

On se décide avec Bruno et Dgilou pour Isolabona mais je vais inspecter Roquebrune en passant vers 8h… 10kmh de SSE.
Autant aller à Isolabona en vol !
Corrado décollera de Bevera.
JPT doit arriver plus tard.
Benoît va à Ospe,

Le plan que j’ai un peu en tête en ce moment c’est aller au Mont Bertrand ou au Saccarel et revenir à Roquebrune par le Mangiabo.

9h40
Ca me démange depuis 30 minutes. Je décolle.
Maintenant il faut assumer.

Je ne plombe pas, mais la tendance SE est plus forte que prévue, et le radiateur thermonucléaire de Roquebrune est un peu long à se mettre en place… ça va être laborieux. Gilles et Bruno m’en voudront si on fait un vol venté et sans issue dans le bocal.

C’est effectivement laborieux. Ca monte peu, Ca decalle à max. C’est long !
A tel point que j’ai le temps de voir JPT arriver au Mont-Gros.

Bruno s’en sort le mieux de nous 3. Il gère le début comme un chef. Après Sainte-Agnès il se jette tout seul comme un grand dans le piège de l’Agaisin à 11h.

Mon option est de passer par Menton en sachant que l’on va être accueilli par une face O sous le vent et un peu froide. On est limite en altitude, Il faudra du cran pour se remettre au vent. Dgilou gère à la perfection et on se retrouve au plaf, un bon plaf genre 1800 qui va nous permettre de zapper l’escale à Bevera.

Ca tombe bien car on voit Corrado y batailler un petit peu. Je prends une petite avance sur Dgilou et je me retrouve dans le coeur du thermique à la Tramontine. Des oiseaux me montrent la mine.
Encore plus de 1500, une dérive SSO, je zappe Isolabona,

Il est 11h50, je transite donc vers Rochetta depuis la Tramatine

Je ne suis pas mécontent de faire cette section avec du gaz, à hauteur de crêtes c’est toujours éprouvant. Tout passe nickel jusqu’au Torrage. Je commence à ralentir l’allure car j’aimerais secrètement que Corrado me rattrape au Saccarel.
Dgilou est entre de bonnes mains, Corrado et Frederico. J’espère qu’il reste zen, guidé par les locaux, en confiance.

La vue du Torrage et du Saccarel est magnifique. Avec 2500m puis 2800m on voit le Gélas, le Viso et les 4000 qui sont derrière la plaine du Po.

Dessous le spectacle est superbe aussi avec les skieurs et leurs traces.

DSC01554

Corrado me rattrape et il accepte de me guider au retour vers Isolabona d’où il sera facile d’aller à la Tête d’Alpe pour ensuite tente traverser la rivière Roya au niveau de Breil.

Il y a une tendance Sud assez marquée, assez préoccupante et sa science de l’itinéraire me parait plus que bienvenue.

Mais au plaf il change d’avis et me lance un « Viens, Pascal, on va a Albenga !!! ». Je ne sais pas où c’est mais je le suis sans hésitation. Il est 12h50 et on part pour une longue transition de 20 mn vers « Colle di Nava ».

Il y a 2 éoliennes, je reste prudent, je trouve une mine qui décalle bien et je décide de continuer au Sud… mais ça ne passe pas et je me fais bien tarter. Je me replie sur ce que je pensais être un appui polivalent, entre la brise de la vallée Sud et la tendance Est (ou pour moi la brise de mer) au dessus qui m’avait tant contré. Cela ne fait que dégueuler Sad

Le piège, 1h30 de déprime.

Je vois Corrado bouriner avec son aile qui se tord bien et passer du bon côté, derrière il semble monter mais sans plus.

Je suis bien déçu, maintenant que je suis bas, je vois que les atterros potentiels sont tous vraiment médiocres. Pour diverses raison, chacun est très mauvais. La sécurité est en haut.

En me repositionnant au dessus des meilleurs champs et en pensant bien que vu la cuvette dans laquelle je suis ça doit bien monter quelque part, je trouve un thermo-dynamique gentil et large qui me soulage et me relaxe un peu.
Idem une fois remonté aux crêtes. Je laisse filer les mines sportives qui décallent trop et ne servent à rien pour rester en sécurité, observer et comprendre. Ca prendra le temps qu’il faudra, mais je compte bien me poser ailleurs que dans ce trou.

C’est un beau bordel à déchiffrer. La seule certitude que j’ai, c’est que j’aimerais être au nord vers Ormea au sommet des hauts reliefs où la vie doit être bien plus simple.

J’observe attentivement les 2 éoliennes. Elles oscillent plus ou moins entre S et SE selon la force des brises. Je décide de retenter le coup quand ça me semble être la brise locale qui prédomine.

En attendant j’aimerais aussi voir précisément jusqu’où je peux aller en dynamique avant de passer sous le vent de la brise de Mer et de me faire démonter. Bref, c’est la guerre et je m’organise.

En chemin la minasse est trop belle. Le genre de mine qui fait tellement hurler le vario que je l’enroulerais même si elle décalait à 40 kmh car en quelques secondes avec des centaines de mètres en plus tout serait différent.

Bingo ! J’ai pris presque 1000 m en 6 minutes. Problème de 1h30 réglé en 6 minutes. Next please !

14h42

Le paysage est grandiose, la mer paraît lointaine, elle est à 20 km. Je m’en émerveille 10 fois, 20 fois. Il y a encore tant à survoler.
J’aurais bien aimé y aller dans cette moyenne montagne vers le NNO et finir jusqu’à la plaine du Po. Mais il y a beaucoup d’éoliennes et elles tournent plus vite que celles que j’ai pu admirer pendant plus d’une heure. Je me suis assez battu, je n’ai plus envie de batailler.

Les vallées sont très minérales, beaucoup de cuvettes, c’est magnifique. Pour me rendre vers la mer et la civilisation, je survole une ligne de crête s dont les versants nord sont superbes.

J’avance parfois à 20 kmh accéléré mais ça porte bien. La mer est loin, j’enroule et je plafonne ce que je trouve car je compte bien m’y poser. Corrado ne répond pas.

Après un 1800 je quitte ma crête qui meurt dans une plaine pour une autre qui me conduira à la mer. Je suis content et soulagé.

Arrivée sur la mer, 15h45

Je pense qu’il me manque peu pour faire 100 km alors je décide de tout donner question glide.
100 km depuis Roquebrune, je les mérite non ?

Le littoral est hyper posable. Après 10 km de glide le long du littoral j’arrive à 300 m/sol au bout de la plage, la suite est obstruée par un relief qui se jette dans la mer.

Pas de moutons, un vitesse de glide normale, 10 km d’air lisse…. Je pense depuis longtemps ue s’en est fini quand le vario fait des micro-bipements.

Je pilote et enroule finement pour exploiter l’ascendance et quand je tape le relief je suis bienheureux de constater ça tient en dynamique !

The Soaring Spot

Je découvre alors que j’arrive à Finale Ligure, le plus beau concentré de parois d’escalade que je connaisse. C’est énorme, il faut 1h30 d’autoroute pour venir ici de Nice ! Je jubile. C’est un lieu mythique pour moi.

Grimonett, une superbe grande voie, je te vois ! Je reconnais et localise chaque voie démentielle que j’ai gravi.

Je survole la ville et je me connecte avec la crête suivante. C’est énorme, je vais finir par du soaring World Class. C’est beau l’Italie !

C’est laminaire dans du gros 25 kmh parfaitement perpendiculaire à la côte, Il y a juste à s’en mettre plein les yeux !!!

A Varigotti la nature reprend ses droits, on petit cap sans route, sans personne, sans maison, sans rien seul avec les mouettes. Capo Noli, je suis aux anges. C’est énorme.

Ca tourne à 90 degrés, une transition avec un petit relief en point de mire. J’ai assez pour poursuivre et ne pas trop me faire tarter sous le vent.

C’est sport ! J’enroule un truc alors que je suis en mer et sujet aux turbulences derrière du cap. C’est aussi sportif qu’une vieille minasse de montagne. Je ne m’attarde pas.

En vue un autre relief : Bereggi avec 5-6 parapentes en soaring. Yessss ! J’arrive bas. Question d’honneur, je remonte.

Je découvre alors ce que je crois être Gênes et qui est en fait Savone, une grosse ville avec ferrys…

Trop content, je me pose. Lorsque je dis d’où je viens, les parapentistes très chaleureux m’accueillent tel un Demi-Dieu. Je découvre un dizaine de personnes aussi sympas les unes que les autres. Nous buvons une bière au bistrot et ils me ramènent en train à Pietra Ligure.

De l’analyse, de la maîtrise, des certitudes, de la connaissance, des erreurs, de l’inconnu, du doute, de l’émerveillement, de la chance, de l’opportunisme… vive le cross !

Merci à Corrado pour la navette Vintimille-Turbie et pour tout le reste.

Isolabona – Saccarel – Arma di Taggia

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20121394

Voici ma vidéo du vol… on voit un peu l’ambiance

Nous sommes partis avec Max JPT rejoindre Corrado et son copain Giorgio

J’avais quelques jours avant fait un plouf et la visite guidée de la vallée en bagnole pour constater que l’atterro du bas n’est quand même pas très raisonnable. Corrado en me montrant les 2-3 vaches de la vallée précisait à chaque fois « Ma, atterrissage de secours seulement 😉 »
Tu m’étonnes ! Question engagement Gourdon et Roquebrune à coté c’est les Alpes du Nord.

Décollage. Les conditions sont parfaites, il n’y a qu’a s’appliquer et normalement tout devrait bien se passer.

On commence par un canyon de la Barbeira (toujours assez tricky et mentalement éprouvant), puis des crêtes ultra boisées…on commence à passer au dessus des forets pour touver de l’herbe, on commence à se détendre et on tombe sur le Torrage / Il envoie autant qu’un bon Bernardez des familles !

Ensuite Saccarel, curieusement ça ne monte pas. Je perds quelques centaines de mètres à y zoner et décide de cheminer un peu en aveugle vers le sud. La limite herbe/foret est le seuil de sécurité avec lequel je flirte.

C’est magnifique, « tendesque ». Finalement les pentes se raidissent et du coup je remonte au crêtes et rejoint JPT qui ne s’était pas posé autant de questions que moi en optant directement pour le cheminement.

On déroule ensuite en finissant les crêtes par un glide de fou jusqu’à la mer.

Encore un vol superbe partagé avec JPT !!!

Ensuite retour en train + autobus + marche jusqu’à Isolabona. On rejoint Corrado alors que Giorgio qui fût le seul à boucler est parti comme un voleur en nous laissant en plan avec les 2 voitures au (lointain) déco. Heureusement le gars qui a pris Corrado en stop propose de perdre 1h30 pour nous ramener au déco. Sympa les Italiens ! Pas sympa Giorgio 😉

Fourneuby – Lumbin

Le Graal, avec une Chartreuse ingrate

Pic de Fourneuby – Lumbin
201 km en Distance Libre 2 points
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20124889

bleine

C’est la grosse agitation déclenchée par Luc. Tous les paramètres ne sont pas au vert sur le papier, mais avec un petit peu plus de ceci et un peu moins de cela, ce pourrait être une très très belle journée. Je ne demande qu’à voir, comme la trentaine d’autres pilotes présents à Fourneuby.

Benoît décolle et je lui emboîte le pas avec Jo. La petite cravate que j’avais jugée minime au moment de quitter le sol me pose quelques soucis et je me retrouve directement à devoir me battre en bas. J’active mon système anti-tas qui fait des miracles. Le premier plaf est correct et prometteur avec plus de 2000 mais après le col de Bleine c’est plus difficile. Je pars péniblement de Bois-Brulé avec 2100. Les Lattes ne me font pas suer longtemps, mais 2200-2300 c’est quand même pas la joie. Heureusement que la tendance franchement SE donnera de belles finesses. Derrière ça lutte aussi. Seul devant et sans beaucoup de gaz, je préfère passer par le Teillon pour assurer une arrivée haut à l’angle Bernarde-Crémon. Je cafouille un peu, Benoît plus malin tape direct au sud de la Bernarde. Il va me rattraper sur le Pic de Chamatte.

J’hésite à me placer au vent au Sud-Est du Pic mais j’ai assez d’altitude pour pouvoir continuer sans détour et chevaucher la Crête des Serres en ramassant ce qui monte des 2 côtés. Peu importe le poison pourvu que l’on ait l’ivresse : j’enroule direct un thermique bien turbulent. Benoît arrive plus bas du même côté que moi et se fait éjecter. Il se barre vite à l’Ouest pour se refaire. Ca monte, ça pousse en Sud : 2500 avant de partir sur Maurel puis encore 2500 sur ce dernier. Puisque la tendance est quand même à la hausse des plafs, mon optimisme me pousse à tracer tout droit vers Côte-Longue en comptant sur les faces Sud du Ravin de la Moulière (Issole) pour renflouer mon compte en altitude. Piètre stratège ou mauvais thermiqueur, je n’arrive pas à reprendre une altitude confortable et j’arrive donc sur Côte-Longue relativement bas. C’est pourrissime. Je me fait éjecter en Est, je me fait éjecter en Ouest. C’est possible de déprimer tout en faisant un rodéo malsain près du sol. Benoît arrive, subit le même traitement et flaire vite que le bon coup est plus en vallée au Sud, merci à toi. Gilles arrive haut comme d’habitude et on se retrouve tous les trois. JPT n’est vraiment pas loin du tout.

cotelongue

C’est génial, tout est enneigé et je suis hypnotisé par mon ombre qui file à fond sur la crête de Côte-Longue.   Je chemine à quelques dizaines de mètres au dessus de la crête et zappe un thermique car je suis confiant dans le Carton dans ces conditions SE. Je vois une autre ombre plus allongée me doubler. Ca va vite, c’est un planeur. Benoît immortalise ce joli souvenir. Carton : j’arrive bas mais la transition était tellement huileuse pour venir là qu’il s’y passe forcément un truc. Et boom !

blanche

Et reboom à Lachaux. Et reboom avec Benoît au Trauma.

pasc

La Blanche est enneigée, Benoît prend à l’Ouest au sec, je reste à la limite sec/neige. Il descend cueillir le thermique à la Micheline ou il y a une Diamir et un planeur. Je zappe et ne doute pas que la suite me remontera. Je fais 2-3 tours pour me remettre propre pour la suite (Bernardez) et finalement la Diamir arrive. J’ai l’impression que c’est un des 2 cadors locaux Nicolas Pons ou Damien Lacaze, j’avais vu le blog de leur projet de vol bivouac cet été et donc pour moi Diamir = un des 2. Du coup, je temporise en enroulant encore un peu. S’il comptait traverser les Lac de Serre Ponçon ce serait nickel… Finalement il n’a pas l’air bien décidé et je me jette en premier sur le Morgon. Je parie 100.000 euros que Benoît va prendre 3 photos et amorcer le retour. Gagné! Je perds le photographe officiel 🙁 Est-ce possible de se poser au pied du Morgon ? J’ai eu le temps d’y songer. Finalement ça ressort et je me retrouve avec la Diamir et Dgilou.

diamir

La traversée du Lac de Serre-Ponçon

Diamir, je te suis aveuglément. Dgilou va être bien mieux placé, plus haut et plus à l’ouest, mais je te fais confiance. Jamais je n’aurais tenté une telle entreprise de si bas vers les Aiguilles de Chabrière sans toi, maître des lieux ! Le temps passe… ma confiance aveugle est sérieusement remise en question… Mon plan B intitulé « retraite vent de cul et décalage de tout se qui bouge vers le Mont Guillaume » devient un plan b miniscule intitulé « les rives de la rivière devraient tenir en dynamique ».

Pourquoi j’insiste :

  • Diamir je garderais l’espoir jusqu’à 200m/sol en toi, tu connais certainement la martingale magique du Lac
  • J’ai l’impression qu’une zone favorable un peu déventée au sol et/ou une mini-pente bien exposée peuvent permettre à un truc de s’élever bientôt malgré la forte brise.

A quelques secondes d’intervalle :

  • Diamir pose sans se battre comme si c’était tout naturel. Je n’ai même pas le temps de ressentir une émotion car :
  • Le vario bipe et j’enroule concentré à 2000% sans demander mon reste. Ca marche nickel. Ca décale certes, mais ça monte.

Le plan Guillaume regagne en probabilités de réussite. On arrive même à 100% quand je perds l’ascendance. C’est dommage, elle commençait à se redresser. Je vais même pouvoir me mettre sur les premières crêtes des aiguilles de Chabrière. En effet, ça devrait quand même le faire. Ca ne va pas être de la tarte, mais quelques portions de crête ne sont pas trop mal orientées et il devrait en sortir du lourd. Yes ! Problème réglé.

raccrochage

Pas de nouvelles de Gilles, il doit avoir une sacrée avance ! ( j’apprendrais à la fin du vol qu’il a posé sans raccrocher malgré ses maigres 200m de plus, c’est dûr) On avance. Piolit, rien trouvé. Petite Autane : j’ai trouvé un beau thermique avant. Mauvaise nouvelle : seulement 2700. Bonne nouvelle : j’ai trouvé le flux de SE. Ca bricole et ça avance dès lors assez facilement, sans toutefois rencontrer de gros plaf pendant un moment. Ca tombe bien, je me délecte du paysage. Grandiose. Hivernal. Les sommets sont gavés de neige. La vue sur le massif est splendide. C’est superbe. La Meige la barre des Ecrins. Le Dévoluy…. du bonheur !Question basses couches, en avril après un hiver humide, c’est un peu austère. Malgré le soleil, l’herbe a des coloris pas très fun, assez foncés, voir bleutés. J »arrive dans les basses couches vers le fameux Lac, dans une ambiance « Les Rivières Pourpres ». Ca donne pas envie de se poser. J’avais vu des photos aux verts magnifiques, je suis un peu déçu. Je temporise mes ardeurs et reste très concentré sur la réussite de ce vol. Malgré la brise et le flux dans le bon sens, je réfléchis à 2 fois avant chaque décision. Je n’ai jamais volé ici et beaucoup ont échoué vers Corps. Notre Dame de Salette. C’est fait.

chaillol

Le Coiro, la clef de la réussite : je n’arrive pas à le chevaucher franchement. C’est chaud, il va falloir improviser. Redoutant de me faire enfermer en choisissant les faces Est (au vent), en manque d’informations visuelles et de connaissance sur le terrain, j’opte pour un cheminement vers le Taillefer en m’appuyant sur le relief plus à l’ouest (le Tabor) dont les faces Est passent juste à l’ombre (mais sont au vent aussi).Ca marche plutot bien avec comme prévu une brise forte dans cette vallée étroite qui me remontera même de bas en butant sur le Taillefer. Difficile de se hisser bien haut, le flux de sud en altitude est toujours aussi présent et va me pousser facilement vers Chamrousse. Reste à prendre une belle trajectoire pour ne pas trop se retrouver sous le vent des crêtes en début de transition. C’est superbe, tout est enneigé. Je décale un thermique en quittant mon massif enneigé, un vrai régal. La vallée avant d’arriver sur Chamrousse est très encaissée d’un côté, il y a des lignes électriques énormes mais j’ai beaucoup de marge.

Je savoure la vue sur Grenoble. J’arrive donc à la station de ski où je décalle un thermique, je suis poussé par du sud et je suis prêt à tracer le long de Belledonne pour dévorer les kilomètres. Malheureusement le soleil des Alpes du Nord perd vite de la puissance avec l’heure avancée. Ca monte péniblement à 2000 et je choisis assez rapidement de passer à l’étage du bas pour ne pas risquer de poser dans un trou sur le plateau vers Theys. Le petit col qu’il faut passer pour joindre Allevard me semble en effet assez problématique avec les conditions agonisantes, il est tard. Je reconnais St-Hil et l’atterrissage de Lumbin. L’étage du bas ne donne plus grand chose et après avoir bricolé dans une zone brassée et confluente d’où j’espérais sortir quelque chose, je décide d’arrêter de faire tourner le compteur et de rentrer me poser sagement à l’atterro de Lumbin. J’avais des problèmes de réception radio durant le vol et je n’ai pas entendu grand chose.

Après l’euphorie et la satisfaction, il vient l’heure des news où j’apprends que ce diable de Jean-Paul est posé à coté !!! Il est passé par le Mont Guillaume et s’y est repris à 2 fois pour se remettre en route. C’était sans doute le choix de la raison que j’aurais fait si je ne t’avais pas suivi, Diamir. Timothée (lebipbip.com) qui a partagé mon enthousiasme dès l’atterrissage a pris les choses en main pour retrouver JPT posé « en face de St-Hil ». Et chez Vic et Carine, avec JPT c’est une délicieuse soirée. Fatigués mais si heureux ! Merci encore pour votre hospitalité. Avec JPT, on est encore sur un petit nuage…
jpt

Colmiane – Gélas – Tende

Au coeur du massif on se sent comme un petit moustique !

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2010/vol/20107894

Apres une série mauvais temps + 3 semaines de vacances il était temps de voler. Je m’arrange pour ne pas arriver pas trop tard de Lyon le soir, afin de pouvoir préparer mon sac, regarder la meteo et
trouver des copains.

Notation 3/4, de l’Ouest et peu de plaf. Benoît, privé de compétitions par des méchants légalistes, propose Bleine…

Mouuuuais… Ca ne me fait pas rêver, j’ai besoin d’un vol court et efficace en terme de panoramas et de montagne : ras le bol des grands champs verts et plats de la Bretagne ! Direction la Colmiane qui explosera comme d’hab les plafs prévus.

colmiane argentera

On monte a SuperVeillos avec Max et Thierry. Ca rajoute 20 min de marche mais le coin est sympa. Thierry décolle, puis moi et enfin Max. Un hélico arrive et fait des aller-retours entre le parking et la bergerie à l’Ouest.

Nous montons généreusement et facilement à hauteur du mont-Giraud (2700). Il y a un peu d’Ouest comme annoncé, mais dans des valeurs raisonnables. On rejoint vite le Pétounier et ses cums qui se sont formés à 3000. Ils se déforment, se reforment, il y a un franc ONO juste sous les cums qui me complique la grimpe au plaf.

Finalement à en vouloir plus je perds un peu…  je me décide de partir (qd même à 2800) vers le Mont Archas qui est allumé. J’arrive presque au sommet, ça monte, avec des varios pas extras et une grosse dérive ouest sur la fin qui m’affole un peu.

Finalement, avec presque 2900, je me jette à l’Est, traversant le vallon de Salèse et j’arrive sur une arrête (Serre du Terras) avec quelques centaines de mètres au dessus des zone d’atterrissage que je ne peux m’empêcher de chercher (zones plus ou moins dégagées avec des éboulis king size – plus bas c’est la foret et les vallons peu accueillants).

Je lutte un peu puis finalement après 10 minutes je vire sur la crete menant à la Cime du Mercantour et y prends une altitude correcte pour continuer (thermique perdu avant 2900). Je longe maintenant l’impressionnante face Ouest du Pelago. Huge !!! Il me faut ensuite enrouler prés de son arrête, quelles émotions!

Je suis entièrement concentré avec quelques répis en remontant au vent pour contempler ce qui s’offre peu à peu à moi. L’Argentera, la Cougourde et le Gélas (un objectif de 2011).

Celui-ci, qui était barré par une ligne de crêtes est maintenant en finesse. Je dérive et gratte tout ce que je peux avant de transiter à plus de 3000.

Alors ? Paysage de rêve ? Il n’y a pas de couleurs d’été ici. La roche est sombre, l’ambiance est minérale, austère, grave. Il y a encore un peu de neige. Les pierriers sont constitués de gros blocs, les montagnes sont hautes, partout autour. Je suis un petit moustique !

La vue au loin sur les vallées italiennes est sympa.

J’arrive sur l’arrête Ouest du Gélas, cette montagne est beaucoup plus chaotique que je l’imaginais. Des alpinistes sont sur un sommet secondaire. Je les rejoins vite puis le vent dérive davantage, il faut que je me repositionne côté Italie à chaque tour pour optimiser mon ascension.

Ca y est ! je suis grosso modo à l’altitude du sommet 50-100m à gauche !!! Je contemple tout cela, crie un gros YESSSSSS.

Mon objectif est atteint, je décide d’en garder pour un autre jour et m’interdit notamment la belle ligne qui va jusqu’au grand Capelet – Cime du Diable.

Je reprends du gaz et je décide de suivre les crêtes frontalières et de poser au col de Tende. Je reste vigilant car les crêtes changent un peu d’orientation et je ne sais pas trop comment le vent s’en accommode. Il est sensé être à 20-25 km/h à 3000 dans le secteur de Tende.

Retour au vol : à peine passé le Clapier (que je n’ai même pas reconnu alors qu’on avait fait en raquetes en se levant à 4h du matin 😉 ), je me fais brasser très fort quelques secondes et je suis heureux de découvrir que c’est un thermique fort… et non un positionnement dans une zone pourrie.
J’enroule, il faut vraiment serrer pour ne pas fermer. Finalement l’effort est de courte durée et je gagne encore le droit de flirter avec les 3000.

La vue :
Le Lac de L’Agnel et une vallée extraordinairement esthétique avec des superbes barres coté Italie.
– La Valmasque et ses lacs – les Merveilles derrière. C’est magnifique, bien moins austère que vers le Gélas. J’aurais presque envie de me poser et de me baigner !

On voit aussi le Viso, la plaine immense, toutes les crêtes frontalières… Je reconnais Castérino, j’arrive sur l’Abysse à sa hauteur , je reprends un thermique avant le col de Tende que je survole à plus de 2500.  Objectif atteint! Mais il est tôt et je suis relativement haut, je décide de continuer un peu vers l’Est. Je voudrais finir avec un glide contemplatif dans la plaine du Po.

Ca monte bien, après le col, j’enroule ici et là puis je néglige de refaire un plaf avant d’arriver dans la zone où la ligne de crête évidente éclate.  L’objectif est le Marguerais, le dernier grand sommet à l’est.

Je me jette dans un petit cirque et finalement ça tient difficilement 2-3 vautours sont en lutte également… c’est très stable 🙁
Je prospecte les différents coins sans beaucoup d’altitude par rapport au plateau en contrebas. Je m’interdit de descendre plus bas car poser dans des terrasses étroites dans des pentes raides ne me réussit pas tout le temps 😉

Finalement des dizaines de rapaces, au moins 40, se mettent en l’air d’un seul coup ! Ils vont me sauver.
C’est énorme !!! A gauche, à droite, devant, derrière, au dessus, en bas : je suis dans une énorme grappe de rapaces (enfin malheureusement c’est plutôt des strates car ça ne monte pas, même pour eux).
Ils luttent en 2-3 groupes : ils doivent coller chirurgicalement les falaises pour se refaire après avoir prospecté par groupes au large. Quelle organisation ! Ils ne trouvent rien de probant..

castelfrippirefrei

Finalement le spectacle commence à me captiver plus que l’issue de mon vol, après une lente descente je tente des appuis vers des déclenchements sous le vent qui marchent un peu mais le cycle s’arrète au moment où j’aurais eu besoin d’un gros boost.

Je ne me bats pas jusqu’au bout et décide de me poser pour profiter de la très belle rando qui m’attend : Tende est loin !!!

Au moment de poser 2 chiens sortent de la cabane du berger et aboient fort.. j’allonge au max et une fois posé je n’ose pas aller à la rencontre du berger qui m’a fait un signe amical à 100-200 m de moi.

Apres une heure de marche dans un sentier incertain et magnifique, bordé de falaises calcaires alléchantes et d’une végétation luxuriante, j’arrive au Hameau de Refrei. J’échange avec Fabrice, un chanceux habitant, sur le parapente, sur mon émerveillement pour ce havre de paix et cette vallée magnifique… Finalement, il m’aménera dans la Roya apres 30 Min de marche et une heure de 4×4 (j’étais encore à 2h de marche minimum de Tende).

Ensuite un garde du Mercantour me prend en stop. Il a bien connu Didier Favre (http://www.wikidelta.com/deltaplane/videos/didier-favre-merci-didier-hq.html) !!! On parle de tout ça et j’arrive à Sospel ou Max et venu pour chercher Thierry qui fait Colmiane Sospel en 4h (il a choisi l’option difficile en traversant la Vésubie à Saint-Martin !).

Col de bleine – Moustiers – Traumas – Fourneuby FAI

Cross Bleine-Moustiers-Tromas du 21 mai 2011. http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2010/vol/20105355

Le second tiers du vol se fait dans des conditions assez difficiles dans l’ombre et même sous la grêle et la pluie battante dans l’Issole.

Le retour au sud m’offre le soleil et un somptueux thermique partagé avec 3 vautours.

Bravo à Luc et Benoit qui le même jour sortent des FAI de 245 et 200 km !

Doarama
doarama.com

Saint-André – Briançon – Courchevel

Première incursion dans les Alpes du Nord !

Ma première vraie grosse distance libre vers le nord, partagée avec Fred Nabet.

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2008/vol/20083072

Préparatifs…

On se retrouve la veille au soir avec JPT et Bruno autour d’un bon repas à Saint-André, puis c’est le lendemain matin sur le parking du terrain d’atterrissage que nous sommes rejoints par Parapentor, Lolo De Sospel, Rom, Gilles de Gourdon et des pilotes d’Embrun (Christophe & co) et de Gap (Fred). On s’organise pour monter. Sur le trajet, avec JPT, nous sommes particulièrement affairés à questionner Christophe que l’on a kidnappé dans notre navette pour qu’il nous livre tous les secrets du passage clef de Dormillouse vers Grenoble.

Ensuite chacun se prépare tranquillement dans une ambiance sympathique. Je sais que ça va être une journée terrible et que je n’hésiterai pas à aller au Nord sans penser au retour. Les objectifs sont Grenoble ou Briançon selon la tendance, j’ai déjà étudié quelques vols réalisés sur ces itinéraires et je me suis posé à Embrun il y a 2 ans presque jour pour jour, aprés avoir renoncé à me battre dans la forte brise au Mont-Guillaume. Je reviens 2 ans plus tard avec beaucoup plus d’expérience pour la revanche…

Début de vol…

Parapentor décolle dans les premiers puis les décos s’enchaînent alors que l’aérologie monte doucement, doucement en puissance. JPT, mon meilleur allié pour la distance vers le Nord décolle et parle en radio de problèmes d’accélérateur.

Je décolle à mon tour et avance avec précaution vers les antennes, sans pour autant essayer de faire un plaf vu que personne n’est bien haut. Je raccroche un peu bas les pentes des antennes mais les appuis sont plutôt bons, pas de suée ici.

Ensuite on se retrouve à 5 puis 10 pilotes à essayer de prendre de l’altitude aux antennes. Ca décale et ça veut pas trop monter…. J’arrive à prendre un ascenseur un peu au Nord qui me décale bigrement vers l’Est, je monte plus vite que la grappe qui prend péniblement le thermique plus conventionnel, en plus je dérive à peu prés dans la bonne direction.

Suite à cela, je survole la crête de Lambruisse sans rencontrer d’ascendance et je me retrouve avec Rom et Christophe à son extrémité Nord, au dessus d’une face minérale orientée Sud-Ouest. Nous peinons pour monter sans nous faire trop décaler vers l’Est. J’envie Christophe et sa Boom, à chaque portion où il remonte au vent on sent une sacrée pénétration de sa machine. Finalement une fois à une hauteur raisonnable (+ de 2500) je décide de passer par Cheval Blanc.

Ce que j’aime bien dans le coin est qu’il n’y a pas trop de verrou à passer, de thermique obligatoire et qu’on arrive plus vite en Pays de Bléone où ça laisse du gaz pour faire se refaire, même bas, avec des appuis en brise. Bon c’est aussi une question d’habitude… et surtout, je l’avoue, je ne me lasse pas du paysage verdoyant sur presque 360° coincé entre Sud de Carton, Est de Boule et Nord de Cheval Blanc!!!

Durant la transition vers ce Cheval Blanc, je vois JPT se poser au pied de Lambruisse… je suis vraiment peiné, car c’est avec lui qu’on s’est préparé à la distance libre vers le Nord… Enfin tant pis… ça me motive pour être à la hauteur et faire aussi bien que ce qu’il aurait fait.

Bon bien sûr pour l’instant il faut déjà arriver au Cheval Blanc! Ma vitesse et mon taux de chute se dégradent critiquement durant la transition et quand j’arrive au relief je comprends que je suis particulièrement contré et sous le vent. J’avance et tenant mon aile du mieux que je peux et quand le relief s’oriente plus à l’Ouest puis au Nord- Ouest ça devient bien plus sain. A hauteur de crête je vise le milieu de Carton et à michemin je trouve le thermique du cirque. Il est aujourd’hui un peu faiblard mais comme des fois il se montre très capricieux, ce n’est pas plus mal. En tout cas, il me permet de monter en contemplant encore une fois mon paysage hallucinant sur 360° : un plaisir d’enrouler !!!

J’entends à la radio en enroulant Rom annoncer 3200 sur Côte Longue, finalement je fais plus de 2500 sur Carton et me retrouve en avance sur lui. Au loin on devine l’homme silencieux du jour sur le Tromas, l’impressionnant Parapentor sous une Aspen 2 XXL avec une autre aile pas loin. Depuis le début du vol, il ne répond à aucun de nos appels, le deviner au loin calme un petit soucis qui émergeait doucement dans un coin de ma tête.

Finalement je vais retrouver Parapentor et Fred de Gap à Dormillouse. Après avoir vu leur perte d’altitude en arrivant au fort je déroge à la règle de ne pas enrouler sur la Blanche et fait un petit 3000 de sécurité histoire d’arriver haut. Je reperds presque tout mais bon… Fin de l’acte 1 : nous voila donc avec Parapentor et Fred à Dormillouse, Romu n’est pas loin derrière, les autres copains Lolo Bruno et JPT sont présumés posés ou largués…

Cap sur Briançon !!!

Parapentor bien que muet ne laisse guère planer le doûte sur ses intentions, on connait le personnage !!! Cet homme sait multiplier par 1,2 et 1,4 de manière innée. Son cerveau est fait de points CFD !!! Ainsi Parapentor le muet engage illico presto un retour sur St-André, commencé au radada pour pas perdre de temps… et peut espérer enchaîner avec une Crête de Serres, soit un vol de plus de 120 km, oops pardon un vol d’environ 150 points. Puni par une panne de GPS, son vol ne lui rapportera que 99,9 points !

J’essaie de tenter Romu, son cerveau n’étant pas constitué de la même manière, pour un Morgon et une aventure vers Briançon , il me laisse entendre que oui mais en fait il s’avère que le fourbe se ravisera à mi-transition. Comme il y a encore une justice, Rom sera posé à Thorame au retour.

Bon me voila donc avec Fred qui connaît un peu le coin et qui est partant pour Briançon. On se doûte que derrière les pilotes d’Embrun poussent et sont également tentés… Il y aura probablement de la navette possible…

3900 au Morgon, je transite vers Le Méale, crête au Sud d’Embrun. Je suis invité à passer à la suivante par Fred qui me rejoint. Nous nous retrouvons à proximité immédiate pour la première fois. Il a une vieille sellette grise dans laquelle il se balance avec fluidité, ses trajectoires sont propres, il attend toujours que je me jette en premier, il prend toujours plus de gaz, il parle volontiers à la radio…. : ça sent le pilote expérimenté, compétiteur…

Donc on fait du saute mouton dans la brise de crête en crête direction Mont-Dauphin. Là c’est impressionnant, une transition à Mach 2… On connait la puissance de la brise au niveau du sol… Par sécurité j’enroule au dessus du Rocher du Mont Dauphin en me laissant décaller et je raccroche les pentes juste au dessus des champs. C’est aussi simplissime qu’à Organya, ça monte partout en dynamique.

Il faut maintenant tourner plein Nord vers l’Argentière.

Fred enroule maintenant au dessus du Mont Dauphin et est rejoint par Christophe, qui était sensé faire l’AR Dormillouse pour ramener la voiture de leur équipe à Embrun. Fred : “Mais qu’est ce que tu fous là!!! T’as laché tes potes alors tu devais ramener leur voiture !!!” Un peu d’humour mais un effet maximum chez moi : je suis mort de rire, un fou-rire de 2-3 minutes !!! J’ai pas entendu de réponse de Christophe, j’espère qu’il ne l’a pas mal pris !

Donc les 2 gars font le plaf et pour ma part je décide de rester bas et de jouer encore à saute mouton de crête en crête aidé la par la forte brise. Outre le fait de ne pas se faire démonter par les thermiques en altitude qui rencontrent l’ouest, ça permet de profiter de la vitesse non négligeable de la brise et de son caractère laminaire.

Au niveau où la vallée se sépare en deux (Valouise vs Briançon), je déroule encore ma partition apprise avec JPT : ne pas s’engager vers Briançon, changer de rive et remonter au Nord (Têtes d’Amont et des Lauzières).

Fred me dit que le coin est connu pour être un malsain, mais je le sens plutôt bien orienté, et on arrivera pas au ras des paquerettes non plus. Une fois arrivé, après une hésitation je constate les véléités de mon aile à reculer légèrement ou à faire du surplace au dessus de la petite falaise. Avec cette vitesse de brise et un relief pas très compact avec des cassures c’est normal que ça bouge. Finalement je m’engage un petit peu à l’Est dans des éboulis au pied d’une énorme falaise de centaines de mètres (Tête d’Amont) et trouve le thermique pour m’extraire de ce coin. Il est “viril mais correct” mais le problème est qu’on n’est pas à 1000m au dessus d’une plaine… Comme dirai un grimpeur : “faut pas se mettre une boîte ici” : en remontant le long de la face, il ne faut surtout pas laisser à son aile la moindre liberté parceque secours ou pas secours, ça finirait sur la face minérale et compacte (puis ratatiné par terre!). C’est donc en 360 très très serrés que j’enroule. Plus je monte plus je me sens apaisé… Fred me suit.

Le spectacle commence vraiment maintenant. Cap sur le Mont-Blanc !!!

Pelvoux, barre des Ecrins.,. On refait plus de 3000 et on est à portée de ces montagnes mythiques, on voit les glaciers. C’est super beau. On voit aussi le Mont- Blanc, les montagnes Italiennes etc. Ce n’est toutefois pas l’heure d’en prendre plein les yeux car on est quand même bien chahutés, probablement sous le vent des plus hauts sommets du massif.

Un seul itinéraire s’impose, le Mont-Blanc !!! Avec Fred on est sur la même longueur d’onde : aller le plus loin possible en sa direction. Nous transitons donc vers le Nord-Est, moi au niveau de Serre-Chevalier et lui quelques kilomètres plus au Nord. Nous nous retrouvons instinctivement au thermique qui nous donne la possibilité de changer de vallée (sur les crêtes entre Montagne du Vallon et Grand Aréa).

Transition au niveau de Lacha : je n’arrive pas super haut mais je retrouve le thermique super agréable, le tout dans un cadre magnifique et fort peu urbanisé. C’est sur cette montagne de Challange que tout se joue et qu’on arrive à faire un plein (à bien plus de 3000 bien-sûr) qui nous permet de quitter les Alpes du Sud pour rejoindre les Alpes du Nord et la vallée de la Maurienne… Le Mont-Blanc se rapproche doucement… en tout cas on ne peut l’ignorer tellement il domine l’horizon.

Sur cette transition, on fait peut-être l’erreur ultime. Un gros nuage à la base noire nous invitait sur une trajectoire Mont-Thabor > Modane, et d’autres lui succédaient sur la même rue. Il n’était pas plus haut que large, aucun nuage dans le ciel ne surdéveloppait… Bref, fréquentable! Pour rester sur le cap Mont-Blanc, on préfére longer la ligne de crêtes Thabor> Pointe de la Sandoneire. On ne le saura jamais mais je pense qu’on aurait gagné pas mal de temps pompés par le noir sur des kilomètres… (on peut voir les rues sur les photos)

Je reste donc en bordure en jouant un peu l’aspiration mais en gardant surtout ma trajectoire décidée par rapport au sol.

Fred fait pire que moi : il chemine au relief dans les pentes vraiment peu inclinées…. Il est certes au soleil mais ça ne semble pas lui réussir. Ne te poses pas à par ici à 2500 car tu risques de marcher marcher marcher…

Je transite en franchissant la Maurienne au niveau de Francoz. Fred se refera et transitera en traversant la vallée plus à l’Ouest. Du coup en 2 décisions, je prends une avance définitive : la distance nous rendra moins coopératifs et efficaces sur les difficultés suivantes. Dommage.

Pendant la transition je prends mon téléphone et mitraille de photos.

Traversée de la Maurienne Barre des Ecrins Mont Blanc

Je remonte plutôt facilement jusqu’à la pointe du Bouchet (3300+) et refais un beau gain à + de 3500 qui m’offre Val Thorens, ses hautes crêtes (Aiguille de Peclet, Mont et Aiguille du Borgne) où je refais un ultime plein. L’ombre commence à gagner, les vallées sont moins bien orientées, les thermiques perdent de leur vigueur… En tout cas le spectacle est énorme : survol de glaciers, Mont-Blanc qui se rapproche…

J’arrive sur Bozel ou je vois des parapentes en contrebas. S’ils savaient que je viens de St-André !!! Je tape au soleil (Pointe de la Vuzelle, sous le Grand-Bec, magnifique) mais plus rien ne marche. Ca souffle encore vers la cascade mais je suis un peu trop bas… Je me reconcentre pour poser au mieux et termine le vol. Les nuages au dessus des hauts reliefs me laissent un peu d’amertume, je me prends mon manque d’expérience en pleine tête. D’ailleurs Fred arrive 20 minutes plus tard bien plus haut sur la face au soleil, il va faire le plein et aller plus loin… Non. Ca ne monte plus pour lui non plus. Il finit par me rejoindre.

Il aurait fallu être super rigoureux et rester méga haut en jouant la carte des nuages sur cette fin de vol. Posé à 7h23, un mélange de plénitude, de regrets et aussi la certitude de pouvoir voler plus vite, de pouvoir partir de plus loin (Col de Bleine) et de pouvoir arriver encore plus près du Mont-Blanc (Bourg-Saint-Maurice).

Fred se pose à côté de moi et on partage immédiatement notre joie. On se pose des questions, on se refait le vol. Il est un peu marqué, liquide (moins alimenté, hydraté et confort en vol), mais ces yeux brillent autant que les miens.

La récup’

1 bonne heure de stop pour rejoindre Albertville où le Saint Thierry d’Allevard (Chauviré) vient nous chercher, puis nous nourrir, nous loger et nous amène à Grenoble le lendemain matin. Nous y prendrons le train pour Gap où Eric (Michel) (www.parapente-controle.com) nous aménera à St-Vincent-les-Forts pour stopper vers St-André. Là après une heure, où l’on commence à désespérer arrivent d’autres Saints : des jeunes et sympas Parisiens en voiture de location qui vont à… Nice! Une bonne leçon de stop !!! Quand on se retrouve à faire du stop dans la Bléone sans jamais s’y être posé il est normal que le Dieu de l’auto-stop soit clément! Merci à tous !

Autres remerciements Fred (Nabet) : c’est vraiment sympa de partager ce vol marathon et découverte à 2. Rien que le fait d’être en radio avec quelqu’un est rassurant, mais là, c’était bien plus que cela : nous nous sommes vraiment beaucoup aidés mutuellement grâce à notre rythme similaire et notre complémentarité. Dire qu’on s’est rencontré le matin même et que l’on a parlé 5 minutes sur l’atterro! Un bien beau souvenir partagé.

Ensuite le remerciement va à tous les pilotes avec qui je vole et dont les succès et les erreurs nourrissent mon expérience. Merci particulier à Jean Paul (Tixeront) car, en plus de m’inspirer par sa régularité, sa ténacité et son talent, c’est lui qui m’a mis ce vol dans la tête! Nul doûte qu’il fera au moins aussi loin. J’espère être de la partie ce jour là ! Les photos Les photos ont été prises durant la transition au dessus de la vallée de la Maurienne.