TSL – Esteron – Clans – Colmiane – St-Honorat – Bleine – Greo

Le 29 avril 2019

https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:pascamax/30.04.2019/08:20

En général j’ai un peu de mal à accepter les vols que j’ai vécu comme des échecs et c’est le cas ici. Ceci dit, le parcours et le combat était épiques. Reste quand même la satisfaction d’être sorti de pas mal de pièges.

La veille : une journée marginale avec beaucoup de vent de Nord-Est et des plafs hallucinants, je fais 3300 depuis le thermique de Bleine. J’ai les doigts congélés en 5 minutes. Je devrai ensuite centrifuger mes bras régulièrement. Dès que j’accélère, que j’enroule ou que je monte trop haut ils regèlent. Ejecté par le Nord, je n’arriverai pas à rester sur la ligne qui mène au Vial et je dois me replier sur Sigale où je fais 2800 (c’est exceptionnel de faire plus de 1500 là bas). Je rentre direct à Fourneuby puis Bleine par une trajectoire directe insolite que je ne referai probablement jamais.

Le 29 avril 2019, je ne suis pas sensé voler, mais finalement la directrice de la crèche est ok pour prendre mon fils Aurélien 🙂 Je n’ai pas vraiment regardé les prévisions, j’irai voler sans trop me prendre la tête et je décollerai de chez moi à TSL, déco du bas.

Je décolle vers 10h30. Première difficulté, je sombre et dois me refaire sous les maisons bulles, coté Est.

Ensuite ça marche pas mal et je me retrouve à Greo où je reçois le texto de Christine qui m’apprend qu’elle pourra aller chercher mon fils à 16h30. Si je l’avais su au niveau de Gourdon plutôt j’aurais pu partir pour faire de l’autoroute, mais bon je vais quand même tacher de me faire bien plaisir 😉

La journée est pas mal, il ne faut pas cracher dans la soupe, mais la masse d’air n’est plus magnifiquement instable comme la veille. C’est sur que le vent moins fort la rend davantage crossable mais la magie n’est pas au rendez-vous.

Je pars sur Roquesteron direct dans le coin où ça monte. Cela n’a jamais été aussi compliqué, la crête à l’est, la végétation, les brises, les bulles cycliques, le four à l’ouest… c’est exigeant comme d’habitude mais cette fois il faut vraiment tricoter avec précision. Je je dois rester zen et me positonner au grès des aléas, surtout il faut patienter sans enchaîner 2 mauvaises décisions de suite. S’il y avait un diplôme de parapentiste, je pense que je mettrais l’examen ici 😉

Ensuite avant d’arriver à Toudon je vois un planeur sous le nuage. Il me donne l’échelle, je pensais ne pas que le plaf était si haut. J’arrive à faire le nuage et mon planeur est déjà sur le Lauvet d’Ilonse. Je parie que c’est Laurence Viard 🙂

Je vais donc à mon tour dans cette direction pour atteindre la Colmiane. Vers Tournefort sous les nuages mais rien ne monte, l’ascendance doit être plus au Nord mais je continue ma trajectoire car j’ai assez de gaz pour transiter au dessus de Clans.

Je suis un peu embarrassé par une grosse ligne éléctrique mais ça monte bien, assez franchement, tout me semble prometteur. Je commence à me faire bien balancer en me rapprochant du nuage et j’estime que j’ai largement de quoi poursuivre et arriver avec confort à la Colmiane où je vois 2 ailes à 3000 environ. Je pensais faire une arrivée triomphale sur la Colmiane… mais c’est un fiasco complet. En fait dès que je pars, c’est une catastrophe. Je suis très sévèrement contré par du NE. Pour ne rien arranger, toute la partie sud de la Colmiane est à l’ombre.

Il n’y a même pas de confluence au pic et je commence imaginer possible que le vol finisse par un tas à 13 heures.

J’arrive quand-même à bricoler et je dois ressortir dans combe de la via- ferrata . Ensuite c’est très très mou, on est sous le vent… Je perds du temps pour pas grand choses à essayer vainement de plafer à Rimplas.

 

Au Lauvet d’Ilonse, c’est compliqué. De gros cisaillements entre le vent de Nord les brises. Celle de la Tinée mais surtout, aussi, à cet endroit celle qui vient des canyons.

Impossible de faire le plaf, ça m’aurait pourtant bien arrangé. Avant j’aurais pu trouver l’excuse de la jeunesse et de la précipitation mais là je n’y arrive simplement pas alors que je le souhaite vivement. J’en viens même à regretter de ne pas être parti sur les hauts reliefs au nord pour voler haut. Ceci dit à la Colmiane cette stratégie ne m’a pas beaucoup réussi.

Donc voilà : il va falloir faire des sauts de puce :

Premier saut vers « Les Clots ». Patienter, se faire décaller, se faire cisailler, encaisser des longues tâches d’ombre….

Traverser à l’arrache vers les falaises qui mènent à la Cime du Raton. Impressionnante cette traversée ! C’est pas super porteur et j’arrive plus bas que prévu, à à mi-falaises.

Je suis au dessus de la piste qui mène à la clue du Raton, c’est toujours magique comme ambiance.

Le doute prend fin très vite : ça remonte bien. Pas de scénario catastrophe ici il vaut mieux 😉

Enfin, tout ce stress aurait être évité si j’avais fait un nuage, c’est pénible. Là encore, je n’y arrive pas.

J’arrive à faire un honorable 2700 (de mémoire) qui va me permettre d’aller au Dome de Barrot.

En fait, je commence à me sentir relativement frustré : depuis la Colmiane, je n’arrive pas à faire des tours complets qui ne soit pas entrecoupés par le silence de mon vario : le ciel est magnifique et pourtant c’est mou mou mou. Mon enthousiasme pour un énorme tour du terrain de jeu se transforme en réalisme : je vole à la vitesse d’un papy, il y a du vent, les plafs sont trompeurs et ça va être compliqué de rentrer. Toute cette section aurait pu être reglée en 5 minutes si j’avais pu faire un nuage et au lieu de cela c’est d’un laborieux.

Le dome de Barrot est merdique et inenroulable comme d’habitude. L’heure tourne et je n’ai pas le temps de faire ça à l’arrache comme disent les jeunes. Malheureusement je n’ai pas trop le choix, rien n’est évident ici.

Sur la crête, la brise vient franchement et vigoureusement de Puget-Théniers plutôt que de la vallée du Haut-Var.

C’est une bonne nouvelle et cela me permet d’attaquer avec optimisme une crête transversale que l’on pourrait en première analyse redoûter d’être sous le vent.  Le point négatif c’est qu’une fois dessus, ça décalle beaucoup. J’essaie une petit quart de heure de monter mais c’est trop compliqué et je dois me résoudre à traverser vers l’ouest sans gaz.

Donc super bas, à quelques centaines de mètres du fleuve, je vais taper une crête non pas sur son côté aval mais sur sa face latérale est, pile en face de la forte brise qui est supposée redescendre du col 500m plus haut. Je ne pourrais pas ne pas me reprocher de vouloir faire le malin, si cela ne marche pas. Mais je suis confiant car je connais ce phénomène.

Bipbipbip yes !

Cela monte en dynamique mais ce n’est pas pour autant que c’est devenu très bon. Je dois bricoler et composer avec une ombre massive et les reliefs, je perds encore un temps fou, mais finalement j’arrive à faire le nuage. Me voilà donc au sud du Saint-Honorat donc.

J’arrive finalement à me positionner au col à l’est de Jaussier qui est dans l’ombre. J’ai préféré cet endroit au falaises orientées Nord qui s’illuminent au dessus de l’embranchement routier vers Annot. C’est le même endroit où j’abouti quand je viens du Coyer, souvent ça conflue.

Je n’arrive pas à maintenir mon altitude malgré les légers bips. Je commence alors à réaliser que ça va être compliqué de se poser vent de travers dans le seul champ assez long, les arbres sont hauts. Au fil de la descente, ça devient vraiment tendu, l’aile devient de plus en plus nerveuse : je commence à être bien sous le vent de la vallée principale. J’atteins, après une belle section full bar dans le chaos, une pente assez bien orienté dans le flux du canyon en aval qui mène dans ce trou.

C’est je pense l’endroit le plus sain et accessoirement je préfère aussi être au dessus d’une forêt.

Très vite je prends des trucs assez violents, ce n’est pas que pure turbulence, ça monte. Il y a une petite ravine sous la foret qui est repassée au soleil, et je suis pile dans le flux. Je m’accroche concentré à 100% sur mon enroulage pour tenir le choc et rester dans le coeur de l’ascendance. Quand je reprend mes esprits, je suis à 3000 sous le nuage quelques kilomètres bien à l’est de l’endroit où je me suis enfermé dans ma concentration. Voilà ce que j’aime avec le parapente : à un moment tu es à 100m de te poser dans l’endroit le plus isolé du coin, à 5 heures de galère de chez toi et 5 minutes après tu es en finesse de la délivrance.

Poussé par le nord, je trace à 60kmh directement sur l’Arpille ou un nouveau cauchemar se présente. Je suis totalement scotché par la brise d’ouest et l’ouest. Je décalle comme jamais les ascendances devenues molles. Il commence à être tard. Je vois les gourdonnais rentrer sur l’autoroute, longer le col de Bleine en déroulant à mach 12, à seulement 2 kilomètres de moi. Frustrant.

2000, je rêve de faire les 2000 qu’il faudrait. J’essaie toutes les options, il en manque toujours. A un moment après environ 45 minutes j’arrive à faire 1900 et je me lance. Il me manque une vingtaine de mètres pour passer et je pose donc au nord du déco de Bleine. Je marche 50m avec l’aile en boule et redécolle après avoir foiré une tentative. Il est tard, je suis bien poussé mais ça ne monte plus.

J’arrive à dérouler et je passe 20 mètres au dessus des lignes, un peu tendu, ce qui me permet de rejoindre Gréolières où je peine à me maintenir au dessus du rond point. Le seul pilote que je surveillais à l’atterro a fini de plier son aile, je vais le rejoindre avant qu’il ne quitte les lieux.

J’ai le plaisir de rencontrer David, venu du paramoteur et super motivé par le vol libre. Je lui raconte mes aventures en sirotant une bière avant qu’il ne me ramène avec gentillesse à la maison.

J’espère que mon récit t’as plu David 🙂

Remontée de l’Esteron

Remonter l’Esteron ?

Esteron depuis le Mont Lion à l'ouest de Gilette

Esteron depuis le Mont Lion à l’ouest de Gilette

 

https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2017/vol/20231221

Les interrogations naissent naturellement lorsque l’on aime voler et que l’on a les pieds solidement posés dans cette belle vallée de l’Esteron. Du bas, la vue est, plus qu’ailleurs, fragmentaire. Cette brise forte et tortueuse, ces fours rocailleux, cette rivière d’une couleur verdonnesque… il y a aussi ces énormes remparts au Sud et au Nord qui nous isolent. Il faudrait pouvoir prendre de l’altitude.

Cela fait quelques années que je trace a l’occasion des lignes transverses, pour satisfaire cette curiososité, mais l’entreprise grandiose de partir de Gilette pour sortir à l’Harpille, ligne évidente et majestueuse à mon sens, est restée longtemps un rêve inavoué.

Oui je sais c’est fou, peut-être même hautain, mais à la question de ce qui me ferait le plus envie entre un posé à Chamonix et ces 30 petits kilomètres ma réponse est sans hésitation : Esteron !!!

Par trois fois l’année dernière j’ai échoué au départ de Nice.

2 échecs dans la « marche d’approche » (raccrocher Gilette) que j’ai pourtant faite a maintes reprises, comme si le fait de se décider explicitement pour ce parcours m’avait rendu inefficace. Un des ces 2 échecs fût ponctué de rage par une fuite en avant assez sanguine pour aller voir quand même. Résultat : un atterrissage déraisonnable. Je me déteste quand je m’emporte de la sorte.

J’ai pourtant persévéré et réalisé un véritable essai dans le vif du sujet  début mai 2017. Certes, j’avais conscience que c’était bien tardif comme période, mais je voyais le temps filer et le parcours m’échapper. Dans des conditions prometteuses, je suis parti du nord de Gilette pour transiter sur la première montagne (Mont Lion) qui n’a rien donné. J’ai patienté puis j’ai pris conscience que ce vol, en cette saison, revêt un caractère de course contre la montre assez déplaisant contre la brise et que la stabilité était de mise dans ce trou.

Impossible de faire machine arrière, je suis arrivé a Pierrefeu assez bas. En chemin je me suis fait littéralement dégommer (bien dégommer même) par la brise chaotique et les pétards sur-stables.

Là encore, il était difficile de patienter sachant que la situation risquait de devenir de pire en pire avec la brise qui forcissait. Las de la stabilité, sans pouvoir faire de plein, je me suis jeté sur la suite, cette énigmatique crête boisée et effilée. Arrivé bas, au moment de décréter que cette lame n’avait aucun rendement dynamique, j’ai joué la carte d’une vue de l’esprit, une hypothétique confluence, au lieu de risquer de perdre de l’altitude et de passer un mauvais moment en prospectant une cuvette… mauvais choix… perdu…

Adrenaline… je pousse au max mon glide… et je pose entre les arbustres du lit de la rivière à une heure encore correcte.

Avec le recul, j’ai eu quand même trop peur vers Pierrefeu, j’ai compris qu’il ne fallait pas jouer avec le feu et que ce n’est pas ma volonté ou ma technicité qui allait tout faire. J’aime ce genre de parcours qui tiennent en respect parcequ’il ne suffit pas d’être bon et déterminé : il faut être invité et le savoir.

2018, la bonne occasion

L’envie reprend naturellement à l’automne 2017, mais les occasions manquent.

Mi-mars 2018,  après un hiver exécrable, les conditions sont sensées être excellentes. En fait, c’est très décevant. Un flux de sud compense des plaf bas et humides au départ de Nice. Arrivé au nord de Gilette, je refuse de m’engager voyant les entrées maritimes gagner du terrain et des plafs bas. Je me suis posé, dégoûté, sans envie de faire un parcours alternatif par le mont Vial. La journée a permis de faire 100k depuis Gourdon… mais je ne suis même pas deçu.

De bonnes conditions sont annoncées pour le lundi 26 mars, Jean-Paul est dispo. Je sais qu’il ne décollera pas du Mont Chauve alors je me laisse tenter par l’autre option pour taquiner l’Esteron : TSL.

Plus d’une heure de bouchons pour sortir de Nissa-la-puta, heureusement que l’on est pas encore bien calé sur l’heure d’été. Notre avance sur le soleil compense ce coup du sort.

On arrive à TSL et on rencontre Loïc. C’est déjà tres bon. Une horde de gunnettes déboule à mach 12 de Gourdon et je m’échauffe avec une petite coucourse. Il y a un léger voile mais sinon tout semble bien.

Les guns s’agglutinent sur la finish line du Baou de la Gaude. Je n’aime pas trop la dérive du thermique travaillé avec Stéphane et Alain, je dois me positionner sur mon arrête et dérouler pour aller à Carros … bingo.

Bonne course pour le retour les gars… et que le meilleur gagne 😉

A Carros ça ne monte pas des masses. J’en profite pour manger et essayer de récupérer ma pipette et ma radio qui pendouillent.

Thermique : go pour Gilette, il y a juste ce qu’il faut pour arriver confortablement.

Pfff à Gilette cela ne monte pas beaucoup et me voila obligé d’aller sur la crête de Bonson..

Là encore c’est toujours assez stable et je ne suis pas vraiment motivé, ça sent le piège. Cela ne me tente guère de m’engager dans ces conditions. Je décide de continuer sur le Mont Vial, tant pis, cette fois je profiterai quand même de la journée.

A peine quitté Bonson je trouve un thermique bien différent, je sens l’effet bénéfique du vent meteo de NO, bien frais. Yes, c’est bon ca !

Du coup, je suis encore très bien placé pour m’engager sur mon itinéraire. Nébulosité et développements au Sud sont corrects (c’est important car c’est ni plus ni moins que l’ombre à venir sur mon parcours).

Cette tendance NO 10 kmh me pose quand même un peu question, est-ce raisonnable de se mettre ce handicap dans cet itinéraire ? Le vent d’ouest est sensible depuis le début du vol… Et bien je pense que la garantie de monter vaut bien une finesse dégradée. J’ai quand même un doute sur l’orientation que prendra la brise de vallée en remontant vers l’Harpille mais les plafs semblent solides là bas et je pourrai probablement bouriner.

Esteron, à nous deux !

Go go go ! Je suis pas mal contré pour arriver au Mont Lion, cela ne monte pas, à part une bulle que je ne tiens pas…

Je continue vers Pierrefeu… Je rumine : était-ce une bonne idée de m’engager avec du NO ? Mais ça n’avance toujours pas ! Et s’il y avait a max de vent ? Bref, je doûte et je suis également prêt pour un round de boxe qui se déclencherait sans vraiment prévenir, comme la dernière fois.

Une minute de doûte en raccrochant et finalement je monte. Je n’ai jamais rien fait de mieux que du Yoyo à cet endroit lors de mes 2 uniques passages précédents.

Je suis donc très concentré et je m’applique comme jamais pour ne pas laisser passer ma chance, c’est un point clef du vol et je le sais. Le thermique dérive quand même dans le sens de la brise jusqu’au moment de rencontrer le flux de nord. Je m’applique encore et toujours et je quand je n’arrive plus à monter je suis assez haut pour me lancer sur la fameuse crête avec espoir.

S’il y a une ascendance, je devrais la trouver.

Toujours une finesse assez merdique en transition… je chevauche la crête boisée qui remonte doucement… un bip pas trop enroulable, je continue…  J’espere trouver une ascendance avant de devoir me coller à cette pente orientée à 90 degrès du flux…

Et bam, en voilà un bien violent. Au dessus de ces pentes boisées homogènes… on se croirait en Ligurie. J’adore cet état de concentration extrême où l’on fait tout pour rester dans le noyau sans trop subir, ou la gestuelle trouve un rythme.. et où le sol s’éloigne vite.

Quelques centaines de mètres d’altitude en plus et en quelques secondes je passe à d’autres soucis, plus lointains.

Je prends tout ce qui traine et je vais retrouver le terrain connu de Roquesteron et Sigale. Le premier crux est passé et je vais pouvoir me donner les moyens d’aborder le prochain, raccrocher Aiglun, comme il faut. Je profite de ce paysage magnifique.

Roquesteron

Le scénario piégeux par excellence : tu arrives sur une crête tu la chevauches et la parcoures sans trouver d’ascendance… et tu arrives bas a la fin. Apres un peu de prospection je serais presque tenté de continuer vers les faibles pentes hyperminerales SE apres le Riolan. Mais je me suis deja rendu là bas en venant d’Aiglun sans rencontrer un seul mouvement à cabrer.

Je reste donc patient et precis pour finalement sortir par le haut. le thermique deboite un peu mais la sortie est par le haut. Encore une fois il manque du plaf pour voir les choses avec un recul confortable, mais j’arrive a me positionner sur l’arrête d’Aiglun avec 50m de marge. Comme prévu, les faibles pentes etaient stables et difficilement exploitables, j’ai bien fait de m’appliquer.

Aiglun

Et boom ca monte superbement.. le thermique est propre. La vue a changé mais elle est toujours grandiose. La clue d’aiglun est impressionnante.

J’enroule le thermique le plus facile du vol dans un cadre majestueux…  mais je suis un peu triste. Au fond je sais que c’est bientôt fini.

En effet, je vais pouvoir traverser la riviere et les plafs semblent génereux en face. Mon inquietude venait aussi des developpements sur les cretes de Greo et de Bleine et de l’ombre qu’ils font dans la vallée, mais il y a un peu de marge. Les pentes sont encore au Soleil.

Ma vitesse tombe mais j’arrive à enrouler vers le Mas. L’altitude devient sympa, je poursuis et j’arrive a a l’Arpille sous des nuages généreux. C’est gagné.

Le ciel est bien sympa mais je décide de rentrer au plus vite, libéré et fier de mon coup. Arrivé à Gourdon sans un virage, je déroule tranquillement et je me pose sur une planche au dessus du déco de TSL, comblé.

Quels magnifiques souvenirs.

Gourdon – Arma di Taggia

Le Samedi 31 janvier, nous profitons avec Benoit des très bonnes conditions pour faire un Gourdon – Vial – Mangiabo – Roquebrune (malheusement  un posé à Sospel pour Benoît qui bute au col de Castillon).

Le vol fût superbe, avec quelques difficultés dans la zone Roquesteron/Ascrocs (où JV s’est posé).

Quel bonheur de partager cet itinéraire que j’avais fait en solo il y a quelques années !

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Merci Brian

Nous étions passés du Férion au Mangiabo à mach 12, car Peille était à l’ombre.

Nous avons survolé sans stress les joyaux que sont Coarraze et Lucéram. Une première pour moi dans ce sens.

L’Italie humide n’était guère réjouissante et le challenge était de toute façon Roquebrune.

Le lundi 2 Février, beaucoup de monde est chaud ! Les prévisions sont énormes. Il semble possible de pousser un peu plus loin, vers San Rémo et de finir par une bonne Pizza. 

Quelle horreur toute cette testostérone au déco ! Je décolle rapidement et claque direct un 2000 depuis Cavillore. Mon unique altimètre me donne depuis quelques vols des altitudes fantaisistes – je dois sans cesse penser à corriger ses valeurs : aujourd’hui ce sera à la louche, -300 m. Ca sent la bonne journée. Il fait davantage froid que samedi.

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Une fois hissé sur les crêtes de Greo le samedi, j’étais parti optimiste et bas et … j’avais monstrueusement dégueulé sur les neiges de la station au Nord. Du coup, j’étais arrivé bas sur Roquesteron – avec une bonne galère à suivre.

Ce lundi j’asssure au Cheiron – et j’arrive haut sur Roquesteron.

Je prospecte toute la crête tranquillement, d’ailleurs je suis certainement positionné trop au sud. J’aimerais bien mettre à profit mon avance pour la bonne cause : trouver une solution simple et efficace à ce coin qui s’est toujours montré un peu chiant…. mais rien n’y fait !

Cela fait la troisième fois que je passe sur cette route pour me rendre à l’Est et cela fait trois fois que je ne trouve pas de solution bien claire pour connecter les crêtes qui vont au Vial… la quatrième sera la bonne ?

Cuebris – photo Benoit Outters

Je me retrouve donc à bricoler de concert avec Benoit qui m’a rattrapé. Finalement nous nous lançons vers le nord, en direction de l’éperon qui est sous Ascrocs, au sud.  Ne trouvant rien pour nous aider en chemin, nous finissons sur le petit relief visé. C’est bien cyclique, nous nous gênons un peu quelques minutes en yoyotant avec la peur de sombrer. Mais finalement nous sortons de concert, avec des mines chacun dans notre coin.

Et voilà sur la crête du Vial ! La Blanche de l’hiver ! Je fais régulièrement quelques tours inutiles dans les gros thermiques pour temporiser et rester avec Benoit alors que ma monture ne demande qu’à monter en puissance.

La transition vers le Férion n’est pas vraiment aidée, on se sent même un chouilla contré. Nous arrivons, bien enquiquinés par un Sud qui met les faces Ouest un peu sous le vent. Nous nous en sortons chacun à notre manière : une petite colonne sous le vent turbulente qui décale grave pour moi, un truc un peu plus large au sud pour Benoit. Nous nous retrouvons au nuage 🙂

Benoit commence à mettre du rythme et je me place en mode « distant collaborative control remoring » : plus haut, en retrait, sur une ligne plus au Nord. Non, ce n’est pas une technique apprise auprès de quelque mesquin des airs, nous sommes chez les gentlemen ! Je suis prêt à venir filer un coup de main au vent ou à proposer une solution de repli vent arrière à Benoit si jamais. C’est bon ça !!! Ca me rappelle le bon boulot fait avec JPT, notamment un Saint-André Auron surpuissant il y a des siècles.

Route pour Peira Cava

Je n’ai pas de radio. Benoit prend une ligne assez au Sud, alors que je coupe tout droit pour le Mangiabo.

Je file au Ventabren – à défaut d’être autorisé, c’est O B L G A T O I R E . Il m’avait trop fait envie le Samedi.

Il y a des jours comme le Samedi où c’est globalement très bon – mais où l’on doit rester un peu prudent et méfiant par rapport à des choix. Poser n’est pas impossible. Et puis il y a des jours comme celui qui se dessine lundi : il y en a 2 ou 3 par an, magiques, une notation de 12/4 !!!

Benoit vient littéralement me chercher à mon retour du Ventabren pour me dire « T O R R A G E » ! Oui bien sûr !!!

Nous prenons ce qui faut pour arriver pas trop loin du sommet de l’Arpette. Quel régal. Je n’ai jamais fais cette transition ni même ce sommet, 7 km de nouveauté, je ne dis jamais non. On a l’habitude de passer + au sud dans nos petits circuits : par le Monte Alto dominant la Barbeira.

La vue est énorme sur le Nord-Ouest du Torrage !!! Magnifique ! Nous bricolons un peu, puis nous pouvons enfin nous lancer au dessus des forêts sur un quasi-plateau, vers le Torrage où ça commence à cumilifier un peu.

En route pour le Torrage – photo Benoit Outters

Yes Benoît !!! le voilà le Torrage que tu convoitais depuis quelque temps.

Next on the List = partager le bonheur du posé plage !!!

C’est parti pour une branche Torrage > Monte Ceppo que je n’avais encore jamais faite.

A peine partis vers le sud, ça commence à cumilifier partout autour et devant nous. Avec un plaf qui s’effondre rapidement et surement.  Nous sentons aussi une tendance Sud bien bien génante.

Nous nous laissons avec beaucoup de méfiance absorder chacun de notre côté – un peu de hauteur est souhaitable. A peine engagé dans l’humidité, bricolant mon instrument pour m’aider à tenir un cap, une turbulence me surprend et une femerture vite enrayée m’éjecte vers une zone ultradégueulante. En une minute je me retrouve à hauteur des reliefs, à devoir forcer le passage d’une crête. Quelle merde !

L’engagement de l’Italie me saute à la figure au fur et à mesure que je sombre. Tant que tout va bien on s’en fiche totalement, surtout un jour 12/4, mais là… Je passe ma crête et me voici dans les pentes Sud Ouest du Ceppo…. je sombre lentement avec quelques bips anémiques. J’envie Benoit qui resté bien haut sur un axe porteur.

Finalement un thermique un peu mou me sauve. Je m’étais déjà préparé à l’éventualité d’une fuite en avant dans les vallons imposables. J’allais même relire en vitesse mon manuel d’arbrissage pour les nuls ! Ouf !

Benoit m’attend au Bignone. J’assure un peu les pleins, désolé 😉 Tant que je ne serai pas au Bignone ce sera Optimisme 0% Méfiance 100%

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Une fois Benoit rejoint, nous entamons un superbe glide contemplatif ! C’est toujours une sacrée récompense.

Glide bien mérité. Yessss mon pote !

A mi-glide la concentration a baissé depuis un petit moment dejà, le froid me saisit d’un coup. Quand on n’a plus à réfléchir ou à s’employer… ça caille !!!

Nous nous posons super contents ! Bien fatigués par ces 2 vols de rêve en 3 jours ! Pas loin de 200k quand même ! Quelle grande classe cet itinéraire !!! Il faut reconnaître que ce lundi nous avons peu de mérite tant la journée était magique !

Raviolis puis un belle intervention du plus grand président navetteur de tous les temps ! Gilles Perpès !

Je veux bien me priver des belles et longues journées d’été en échange de nouvelles conditions hivernales similaires.

Allez on finit par 1 surprise :

Doarama

 

 

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