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Isolabona – Garessio
Vendredi 09 spetembre 2016 : Isolabona – Upega – Ormea – Garessio
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20201262
Cela fait très longtemps que je n’étais pas allé voler à Isolabona avec les copains Italiens. Lorsqu’une bonne journée se profile début septembre, je suis très heureux de constater que les prévisions sont également propices de mon côté favori du terrain de jeu, le côté Est.
Pas d’hésitation, super motivé et je contacte la veille Corrado qui est déjà sur le pont avec Federico et Luka.
Un départ d’Isolabona va me permettre de faire un combo 100% plaisir :
- vol inédit
- survol du parcours de ma petite rando bivouac du week-end précédent (Saccarel)
- survol du lieu de vacances estivales (Ormea, Upega…)
- week-end en famille !
Le plan est d’aller me poser à Ormea en passant par le Mont Bertrand ou Upega. Christine et Olga m’y rejoindront pour le week-end.
Nous partons donc vers 11h d’Isolabona. Premier thermique, transition sur Rochetta, je rejoins Corrado dans la partie forestière qui suit. Nous poursuivons en direction du Torrage, mais quand je souhaite quitter en avance un thermique un peu chahuté pour raccrocher ledit Torrage, Corrado me lance avec son accent : « Ma, Pascal, pas le Torrage, la Bendola !!! »
Je poursuis donc mon ascension et laisse à Corrado le soin de me guider. Ce système de canyons est relativement impressionnant. La Bendola est le graal du canyoneur, un parcours king size qui se fait en 2 jours avec un bivouac minimaliste. Autant dire que c’est bien sympa de pouvoir le faire vite fait en volant.
Nous arrivons après la transition sur un éperon herbeux avec des pentes assez raides et le thermique est au rendez-vous. C’est assez rassurant de savoir qu’on ne sombrera pas ici. Une belle crête nous mènera directement sur la suite du parcours traditionnel vers le Saccarel, vers la Caserne De Marta.
Malheureusement, la fin de la crête et les replats de la Caserne De Marta sont à l’ombre depuis un bon moment et je dois m’engager dans cette partie assez plate sans vraiment savoir si ça passera. Au bout d’un certain moment je dois décider de continuer sans solution de repli tant les pentes sont faibles. Mais j’ai fois en mon aile alors j’y vais. Je veux me retrouver sur les faces sud, forestières, qui mènent au Saccarel.
Quelle merveilleuse sensation de passer un col ric-rac en forçant, et de se jeter dans l’inconnu. Cet inconnu qui se dévoile ensuite, plus ou moins rapidement, plus ou moins engageant. Bon, j’étais déjà passé par ici, mais toujours depuis le bon coté, avec de belles marges sur la lancée d’un bon plaf au Torrage.
Ensuite, j’épouse les crêtes boisées qui mènent au Saccarel. C’est exactement le parcours de ma randonnée du week end précédent. Tout s’éclaire avec un peu de hauteur ! Monter n’est pas un problème !
Au Saccarel, la tendance est franchement Nord-Est. Je reste un long moment dans le coin à m’appliquer pour monter et à regarder un peu la configuration des lieux vers l’Est. Je décide de prendre une trajectoire me permettant de viser en première intention le Colle di Nava, au sud d’Ormea. C’est loin mais il faut le tenter. Si la trajectoire ne marche pas je pourrais toujours obliquer sur Upega, j’aurais alors déjà fait une partie du job.
Ma trajectoire n’est pas bien heureuse, je l’imaginais plutôt porteuse mais elle l’est moins que prévu. Pire, j’ai l’impression de rentrer dans la couche de brises et de ne plus guère avancer. Avant de devoir choisir entre sombrer dans des gorges à ma gauche ou dans une vallée pas très bien dessinée et 100% boisée à ma droite, je décide de passer au plan B et je reprends un bon bol de sérénité en me lançant sur Upega.
Ma finesse est là encore assez catastrophique, ça n’avance pas des masses, mais au moins il n’y a pas de raison pour que cela empire. Maudit Nord-Est quand-même !
J’arrive néanmoins en me concentrant à exploiter des ascendances, sans pour autant être capable de finir au nuage. C’est assez malsain et ça annonce un peu la couleur pour la suite. Il n’y a pas de gros vario pour visser et mettre toutes ces saloperies de turbulences au pas. Il faut adopter des trajectoires assez plates, piloter, être à l’écoute du vario, anticiper les variations de vent.
Qu’importe, l’important est d’arriver à me positionner au dessus des crêtes au Nord d’Upega. Je suis effet assez sceptique sur l’aérologie dans le fond de vallée du côté d’Upega.
La vue est assez impressionnante en survolant sur les gorges vertigineuses et abimées du Tanaro. Yes ça c’est fait ! J’y était déjà passé en voiture pour prendre RDV et il me tardait de venir revisiter ça de haut, en parapente.
C’est avec un certain soulagement que j’arrive, impérial… euh non, juste avec un peu de marge, sur la crête. Ca monte tout de suite, en dessous comme je l’ai dit c’est bien raide.
Maintenant, ça va devenir compliqué, le but du jeu c’est finalement de descendre une vallée encaissée et hostile début septembre, en étant sous le vent de la ligne des crêtes sommitales au Nord qui constituerait l’itinéraire le plus facile. Petit bonus : cette belle vallée et trouée au sud par 2-3 cols qui laissent passer les brises venant de la mer.
Ce n’est pas un hasard si quasiment personne ne vole là bas. Malheureusement ça s’y prête peu. C’est beaucoup plus lisible au Nord à Malanotte ou au Sud sur des sites comme Alto ou Mendetica. Dommage car c’est magnifique.
Donc me voilà maintenant obligé de réfléchir pour continuer le vol. Je décide de tenter d’exploiter les thermiques des crêtes sommitales en me tenant un peu à distance vu la dérive, et pourquoi pas, de les chevaucher si je peux. Donc cap au Nord.
Les photos ne le montrent pas, mais les ombres des nuages filent à 15-20km. Je n’avance pas bien malgré le barreau généreusement enfoncé. Je récupère et exploite d’abord tous les petits varios, ceux qui dérivent davantage , et je me positionne plutôt au sud un col où j’imagine que les thermiques sont plus faibles et surtout davantage poussées vers moi. Comprenant que je ne pourrais pas forcer le passage pour chevaucher les montagnes, je chemine à bonne distance des crêtes et tente de récupérer l’energie des belles faces ensoleillées et minérales en dessous. Je pense pouvoir faire plus élégamment que d’aller m’exposer près du sol dans des endroits malsains…
Mon option marchotte mais inexorablement je perds de l’altitude et je vais devoir me mettre dans les pentes du Bric Conoia. Il y a une espèce d’arrête et un vallon qui remontent de très bas dans la vallée jusqu’au sommet, je pense que ça devrait être relativement organisé. Ca marche plutôt pas mal sans être trop pourri. Quand je commence à me retrouver dans les turbulences sous le vent du Bric, je suis dans une ascendance large et puissante. C’est un moindre mal me dis-je.
Du coup mes pensées s’élèvent et je commence à me dire qu’Ormea va être atteinte.
Je sors à 2600… et je me retrouve instantanément à 2100. Au moins, j’ai vite compris que je n’allais pas encore pouvoir chevaucher quoi que ce soit. Je cherche la ligne de cums actif, sous le vent du Pizzo d’Ormea, et fini par trouver une superbe ligne convective et cotonneuse à souhait. Je suis bien scotché par le vent mais le vario bip lentement la plupart du temp et je fais quelques tours 2-3 fois pour rester sous les nuages ! Magie divine, c’est beau.
Ce coup-ci c’est dans la poche, je tape le Pizzo d’Ormea et passe à quelques dizaines de mètres du coté Nord. Je me souviens de la rando avec Jean-Paul et des 2-3 passages aériens de la fin. Je pense pouvoir, maintenant que je chevauche les crêtes, y rester en ramassant tout ce qui passe, dans une aérologie saine. Mais en fait les crêtes remontent au Nord et s’applatissent. Je ne tiens pas longtemps face au vent sans rien trouver et je décide d’en rester là et de savourer le vol en glidant jusqu’à Ormea.
En fait je ne savoure rien tellement je suis sur mes gardes. 20 de Nord sur les sommets, brise d’Est et éoliennes au Sud qui sont clairement Sud : je m’apprête à descendre dans ce bordel. A un moment ça commence à secouer graaave, ça cisaille entre le Nord et L’Est, je plombe. C’est vraiment de plus en plus pourri 🙁 Je m’approche du plateau où nous nous étions posés lors d’un vol rando avec Pilou et Arthur, ça pourrait être une solution de s’y poser, mais c’est bien bien pourri par ici aussi. Je pense aussi que ça doit bien monter quelque part et quand je trouve un truc enroulable je préfère lâchement reprendre du gaz afin de me permettre d’aller me poser en aval d’Ormea.
Ca monte mais ce n’est pas pour autant que je pourrai survoler le Monte Antorotto (dédicace pour Pilou et Arthur).
Finalement, je peux maintenant envisager de descendre davantage la vallée en forçant le passage vers Val d’Inferno. Je me fais démolir mais ça passe et j’arrive à y reprendre du gaz pour quitter ce vallon par l’Est et me retrouver en finesse de Garessio.
Cette fois si ça sent la victoire, avec une bourgade bien fournie en champs et une aerologie plus lisible. Le Nord qui passe au dessus de crêtes se mélange plutôt heureusement avec la brise de vallée, et ce mélange domine également au Sud, où un col fournit en Eoliennes me donne la tendance.
D’ailleurs, je pourrais continuer le vol en allant sur ce col, les pentes ont l’air pas mal. Mais je n’ai plus trop la niaque et je devrais de toute façon rejoindre Ormea. Je m’approche un petit peu pour voir mais au fur et à mesure que les infos me parviennent, ça sent le plan pourri si je dois rentrer ensuite à Garesssio ou vacher : lignes électriques de toutes tailles, champs en pentes, etc.
Je n’ai plus trop envie de me prendre la tête, ce vol a été court, mais d’une intensité toute « ligurienne », je suis davantage épuisé nerveusement qu’après mon triangle au Col Agnel. Poser à 5 minutes d’un bar me rejouit.
En fait, en guise de détente, j’ai fait n’importe quoi à l’atterrissage alors qu’il y avait un stade de foot et un champ immense. A force d’hésiter j’ai du me poser dans un grand parking vide. Celui-ci n’était pas mal mais une voiture m’a géné au moment d’aligner et j’ai posé trop court, dans un champs de ronces.
En guise de relaxation, j’ai fait 3 heures de déronçage en plein après midi, ainsi que 2 heures de démélage le lendemain. (Je remercie d’ailleurs David et Honorin pour m’avoir changé la seule suspente que j’ai abimée).
Enfin, ce n’est pas grave, le plaisir d’avoir fait ces 50 km est immense. Corrado Federica et Lukka ont poussé jusqu’au Mont Bertrand puis, bloqués par le vent, ils ont fait demi-tour.
Ensuite comme prévu, c’était la suite du combo avec le week end en famille.