Colmiane – Gélas – Tende

Au coeur du massif on se sent comme un petit moustique !

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2010/vol/20107894

Apres une série mauvais temps + 3 semaines de vacances il était temps de voler. Je m’arrange pour ne pas arriver pas trop tard de Lyon le soir, afin de pouvoir préparer mon sac, regarder la meteo et
trouver des copains.

Notation 3/4, de l’Ouest et peu de plaf. Benoît, privé de compétitions par des méchants légalistes, propose Bleine…

Mouuuuais… Ca ne me fait pas rêver, j’ai besoin d’un vol court et efficace en terme de panoramas et de montagne : ras le bol des grands champs verts et plats de la Bretagne ! Direction la Colmiane qui explosera comme d’hab les plafs prévus.

colmiane argentera

On monte a SuperVeillos avec Max et Thierry. Ca rajoute 20 min de marche mais le coin est sympa. Thierry décolle, puis moi et enfin Max. Un hélico arrive et fait des aller-retours entre le parking et la bergerie à l’Ouest.

Nous montons généreusement et facilement à hauteur du mont-Giraud (2700). Il y a un peu d’Ouest comme annoncé, mais dans des valeurs raisonnables. On rejoint vite le Pétounier et ses cums qui se sont formés à 3000. Ils se déforment, se reforment, il y a un franc ONO juste sous les cums qui me complique la grimpe au plaf.

Finalement à en vouloir plus je perds un peu…  je me décide de partir (qd même à 2800) vers le Mont Archas qui est allumé. J’arrive presque au sommet, ça monte, avec des varios pas extras et une grosse dérive ouest sur la fin qui m’affole un peu.

Finalement, avec presque 2900, je me jette à l’Est, traversant le vallon de Salèse et j’arrive sur une arrête (Serre du Terras) avec quelques centaines de mètres au dessus des zone d’atterrissage que je ne peux m’empêcher de chercher (zones plus ou moins dégagées avec des éboulis king size – plus bas c’est la foret et les vallons peu accueillants).

Je lutte un peu puis finalement après 10 minutes je vire sur la crete menant à la Cime du Mercantour et y prends une altitude correcte pour continuer (thermique perdu avant 2900). Je longe maintenant l’impressionnante face Ouest du Pelago. Huge !!! Il me faut ensuite enrouler prés de son arrête, quelles émotions!

Je suis entièrement concentré avec quelques répis en remontant au vent pour contempler ce qui s’offre peu à peu à moi. L’Argentera, la Cougourde et le Gélas (un objectif de 2011).

Celui-ci, qui était barré par une ligne de crêtes est maintenant en finesse. Je dérive et gratte tout ce que je peux avant de transiter à plus de 3000.

Alors ? Paysage de rêve ? Il n’y a pas de couleurs d’été ici. La roche est sombre, l’ambiance est minérale, austère, grave. Il y a encore un peu de neige. Les pierriers sont constitués de gros blocs, les montagnes sont hautes, partout autour. Je suis un petit moustique !

La vue au loin sur les vallées italiennes est sympa.

J’arrive sur l’arrête Ouest du Gélas, cette montagne est beaucoup plus chaotique que je l’imaginais. Des alpinistes sont sur un sommet secondaire. Je les rejoins vite puis le vent dérive davantage, il faut que je me repositionne côté Italie à chaque tour pour optimiser mon ascension.

Ca y est ! je suis grosso modo à l’altitude du sommet 50-100m à gauche !!! Je contemple tout cela, crie un gros YESSSSSS.

Mon objectif est atteint, je décide d’en garder pour un autre jour et m’interdit notamment la belle ligne qui va jusqu’au grand Capelet – Cime du Diable.

Je reprends du gaz et je décide de suivre les crêtes frontalières et de poser au col de Tende. Je reste vigilant car les crêtes changent un peu d’orientation et je ne sais pas trop comment le vent s’en accommode. Il est sensé être à 20-25 km/h à 3000 dans le secteur de Tende.

Retour au vol : à peine passé le Clapier (que je n’ai même pas reconnu alors qu’on avait fait en raquetes en se levant à 4h du matin 😉 ), je me fais brasser très fort quelques secondes et je suis heureux de découvrir que c’est un thermique fort… et non un positionnement dans une zone pourrie.
J’enroule, il faut vraiment serrer pour ne pas fermer. Finalement l’effort est de courte durée et je gagne encore le droit de flirter avec les 3000.

La vue :
Le Lac de L’Agnel et une vallée extraordinairement esthétique avec des superbes barres coté Italie.
– La Valmasque et ses lacs – les Merveilles derrière. C’est magnifique, bien moins austère que vers le Gélas. J’aurais presque envie de me poser et de me baigner !

On voit aussi le Viso, la plaine immense, toutes les crêtes frontalières… Je reconnais Castérino, j’arrive sur l’Abysse à sa hauteur , je reprends un thermique avant le col de Tende que je survole à plus de 2500.  Objectif atteint! Mais il est tôt et je suis relativement haut, je décide de continuer un peu vers l’Est. Je voudrais finir avec un glide contemplatif dans la plaine du Po.

Ca monte bien, après le col, j’enroule ici et là puis je néglige de refaire un plaf avant d’arriver dans la zone où la ligne de crête évidente éclate.  L’objectif est le Marguerais, le dernier grand sommet à l’est.

Je me jette dans un petit cirque et finalement ça tient difficilement 2-3 vautours sont en lutte également… c’est très stable 🙁
Je prospecte les différents coins sans beaucoup d’altitude par rapport au plateau en contrebas. Je m’interdit de descendre plus bas car poser dans des terrasses étroites dans des pentes raides ne me réussit pas tout le temps 😉

Finalement des dizaines de rapaces, au moins 40, se mettent en l’air d’un seul coup ! Ils vont me sauver.
C’est énorme !!! A gauche, à droite, devant, derrière, au dessus, en bas : je suis dans une énorme grappe de rapaces (enfin malheureusement c’est plutôt des strates car ça ne monte pas, même pour eux).
Ils luttent en 2-3 groupes : ils doivent coller chirurgicalement les falaises pour se refaire après avoir prospecté par groupes au large. Quelle organisation ! Ils ne trouvent rien de probant..

castelfrippirefrei

Finalement le spectacle commence à me captiver plus que l’issue de mon vol, après une lente descente je tente des appuis vers des déclenchements sous le vent qui marchent un peu mais le cycle s’arrète au moment où j’aurais eu besoin d’un gros boost.

Je ne me bats pas jusqu’au bout et décide de me poser pour profiter de la très belle rando qui m’attend : Tende est loin !!!

Au moment de poser 2 chiens sortent de la cabane du berger et aboient fort.. j’allonge au max et une fois posé je n’ose pas aller à la rencontre du berger qui m’a fait un signe amical à 100-200 m de moi.

Apres une heure de marche dans un sentier incertain et magnifique, bordé de falaises calcaires alléchantes et d’une végétation luxuriante, j’arrive au Hameau de Refrei. J’échange avec Fabrice, un chanceux habitant, sur le parapente, sur mon émerveillement pour ce havre de paix et cette vallée magnifique… Finalement, il m’aménera dans la Roya apres 30 Min de marche et une heure de 4×4 (j’étais encore à 2h de marche minimum de Tende).

Ensuite un garde du Mercantour me prend en stop. Il a bien connu Didier Favre (http://www.wikidelta.com/deltaplane/videos/didier-favre-merci-didier-hq.html) !!! On parle de tout ça et j’arrive à Sospel ou Max et venu pour chercher Thierry qui fait Colmiane Sospel en 4h (il a choisi l’option difficile en traversant la Vésubie à Saint-Martin !).