Nice – Thorame AR

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2015/vol/20188103

Une journée prometteuse s’annonce pour Samedi. Un petit bol d’air n’est pas de refus. J’irais même volontiers faire un combo sur 2 jours, je mets quoi dormir dans le sac.

J’appelle Benoît qui préfère gunner avec le gratin à Gourdon. Peu motivé par les possibilités offertes par le lieu et par les perches à selfies, je reste sur l’envie de me faire un petit départ tranquilos, avec un déco pas loin de Nice.

J’ai bien failli craquer pour les Cabanelles à Roquebrune, pour tout dire, j’ai pris leur route. Mais les embouteillages matinaux ainsi que la peur d’être au plaf à 9h30 en devant me jeter sur des reliefs lointains et moins propices m’ont mis sur le chemin du Mont-Chauve.

J’y suis tôt, et à peine la marche d’approche terminée arrive l’indéboulonnable Régis. Régis est adorable et… bavard. Comme c’est mon aîné, je n’ose pas lui dire que j’ai besoin de me vider la tête et de m’imprégner un peu des conditions. La dernière fois, à ressentir le besoin de fuir, j’ai failli faire un tas en décollant trop tôt.

L’heure tourne, ça tarde à se mettre en place. Régis me laisse enfin seul, comme s’il avait fini par lire dans mes pensées.

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Après de multiples élans contenus, je finis par décoller. Le timing est encore assez correct.

C’est un déco difficile, avec l’aile déventée sur la route et du coup cette fois il n’y a personne pour la tenir. Les suspentes sont sur une végétation plus dense que jamais. Mes pieds sont calés sur une pente raide et instable. Go ! L’aile monte difficilement. J’ai déjà cramé 2-3 précieux mètres de pente. J’ai une seconde pour me décider : bon cap & encore assez haut pour passer les arbres !!! Yessss je cours et ça fini par voler !!! C’est bon ça !!!

J’étais sceptique sur la stabilité et je sors assez facilement un bon 1500 d’entrée, dans un thermique que j’ai cru 1000 fois s’essouffler.

Mais il y a un « mais ». Il y a beaucoup de Nord et le Var est encore sous un régime catabatique . Les fumées de la vallée du Var, celles de Levens, celles vers Bouillon sont autant de signes inquiétants. Je n’arrive pas à attraper une ligne porteuse et ma finesse/sol contre un vent conséquent est sans surprise, catastrophique. Mes 1500 fondent comme peau de chagrin. Je ne trouve pas grand chose à Aspremont. Je continue et je dois, avant de traverser le fleuve, insister dans des trucs mouvementés, sous le vent. A force d’acharnement, 50-100m sont grapillés et l’essentiel est, je pense, sauvé.

Je poursuis et peux taper au dessus de mon éperon magique entre Var et Esteron. Je suis au sommet d’une petite butte qui me permet de ramasser tout ce qui vient quelle que soit la direction du vent. Et bon sang, qu’elle est illisible ici

J’avant-fuite et après maintes déceptions je commence à sérieusement déchanter au dessus de Bonson où rien ne monte, je finis à hauteur du village face aux spectateurs… Cela va se finir en tas, cela va se finir en tas…. Finalement la logique me conduit à prendre franchement à l’Est le thermodynamique de la brise catabatique de la Vésubie, orientée pile en face des plus belles pentes du village… yessssss ça marche ! Quel privilège d’avoir pu faire cela ! De l’air arrive enfin à monter nos 95 kgs, je n’y croyais plus depuis le temps. Les conditions restent néanmoins faiblardes, même une fois l’arrête regagnée.

Je dois me résoudre à continuer bas. Il y a des situations où l’on ne sait pas si on vole comme un sac en étant impatient ou si l’on marche avec brio sur des oeufs avec le peu qui nous est offert. Revest-les-Roches, par le bas, c’est fait ! Si ça recommence à plomber doucement ici, je serai bien dans la merde, me dis-je… heureusement j’arrive à me maintenir et je trouve de quoi enrouler.

En haut c’est pas dégueu. J’adore cette montée depuis le fond de vallée vers le sommet du Mont-Vial, ça se termine toujours par du lourd et c’est encore le cas. Mais, d’habitude, la montée en puissance est progressive et les marges augmentent également à chaque étape. Ce coup-ci, les bonnes conditions étaient un peu soudaines, j’ai du ramer tout le long pour finir par remonter les falaises. Ces moments forts comptent, mais ils coûtent.

Je quitte vers 1700 et chemine en modulant mes vitesses et mes trajectoires pour éviter la TMA à 2000. Quel coin ! Quelle vue ! Je ne m’en lasse pas. L’air est très sec, la lumière est fabuleuse. On sent un peu le Nord-Est mais ça va. Après le col au niveau de Puget-Theniers, je commence à taquiner des altitudes un peu plus importantes, le vent devient plus que sensible. Ces gradients me tabassent bien et une fois les thermiques quittés, ça plombe.

Je ne sais pas encore exactement que faire de ce vol, je continue vers l’Ouest. Avant Briançonnet, me voici dans une espèce de zone infecte entre Nord-Ouest et Nord-Est. Bien plus haut, hors convection, il y a une superbe ligne brossée, matérialisée jusqu’au Coyer. Etrange.

Les thermiques sont vraiment dégueux à partir de 2500, en plus ça porte peu. Je me positionne néanmoins sans trop de mal sur le Crémon et là encore j’ai du mal à comprendre. Sud quelquefois en bas et assurément [ NE et/ou N et/ou NO ] en haut. Je note ensuite que l’Issole est en Nord.

Tout cela commence à me gaver. Je ne sais pas trop quoi faire. J’adopte un état d’esprit aventurier-bivouaqueur mais ça ne marche pas. Je n’ai pas trop envie de me faire chier posé sur une montagne ou d’aller en vallée dans un coin sinistre avec mon sac à trimbaler. J’ai envie de me taper une bière et un bon repas, de prendre une douche et de profiter du beau temps et de la plage demain. En gros j’ai mon compte, oui, limite ça me gonfle presque de voler, c’est fort et surtout, je ne comprends pas grand chose.

Aller, on va essayer de rentrer, la perspective d’une revanche sur une certaine erreur commise à Caussol il y a quelques temps me motive soudain.

Je continue un petit peu au nord et zou, cassos.

J’arrive à Cotes-Longues et poursuivre ne me motive pas du tout. Je fais un demi-tour. Avec un peu de réussite je bouclerai et je me poserai assez tôt pour ne pas avoir eu l’impression de n’avoir fait que voler.

Sur le retour un voile s’installe, c’est mou sur la crête des Serres.

Pour passer sur la Bernarde, sûr de mon coup vu le Nord présent au Pic de Chamatte, je me précipite un peu. Aussitôt parti, bas, ma finesse tombe et je regrette ma précipitation, je n’avais pas prévu de dégueuler autant.

Je passe quand même mais j’ai un peu douté au dessus de ces forêts piégeuses et je m’en suis un peu voulu. Je tenais à tout faire en maîtrisant mon sujet et je n’ai pu m’empêcher de jouer.

3200 avant Briançonnet, ça devient sympa. Merci au voile, cela devient très plaisant de voler ! En plus, j’ai tout le temps qu’il faut pour faire le touriste !!! Mon point de vue change un peu, j’apprécie ces conditions exceptionnelles.

Pris au jeu du vol clean et déclarable, avec mon instrument Skytraxx pourri et ses dessins d’espaces aériens minimalistes, je ne prends pas le risque de faire fructifier mes belles altitudes pour joindre Saint-Vallier.

J’arrive donc sur la crête de Bleine, il y a du gaz à cramer…

A Fourneuby, je dois faire longuement les oreilles pour rester dans les clous, ce faisant je perds la conflu et je passe sur Greo assez bas en devant suffoquer dans les basses couches.

Transitant sur Courmes, je suis flatté de rentrer au Puy de Tourettes sans un virage, ça bipote tout le long et du coup ça pénètre super bien. Maintenant la réussite du challenge me semble acquise.

Je survole Tourettes et Loïc qui vole.

La bière m’appelle. Je n’ai pas trop d’intérêt à de passer du temps à trouver un plaf improbable sur le Baou de la Gaude pour ressortir au Mont-Chauve au dessus du déco.

Au survol de Colomars, je me rends compte que seulement 100-200m de plus m’auraient donné ma chance pour le Mont-Chauve.

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Je vais comme prévu aller me poser au pont de la Manda, Je me délecte encore les yeux et j’appelle Jean-Paul pour voir s’il peut me remonter. J’appelle aussi mon pote Fabien qui travaille juste en dessous pour qu’il jette un oeil en l’air. Et à ce moment, une énorme minasse pile à l’aplomb du fleuve me fait vasciller, pas le temps de raccrocher, j’enroule ce truc, il est trop beau !!! En quelques minutes me voilà reperché et je décide d’aller me poser chez Dgilou pour la binouse. C’est superbe et magique de glider entre Est et Ouest, de remonter le Var. Une tâche qui fût si laborieuse ce matin !

J’arrive bas sur l’ « éperon des minables » entre Var et Esteron, maintenant, il ne va plus faire des siennes comme ce matin, il ne va pouvoir que me remonter.

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Comme pour bien le narguer, je le surfe 2-3 minutes et le snobe pour aller me poser.

Bien méritée, la binouse m’attend chez Dgilou et Pilou nous rejoint.

Merci à Pilou pour la remontée intégrale à ma voiture. La classe.

Roquebrune – Gourdon – Roquebrune

Roquebrune Gourdon Roquebrune, itinéraire direct par le sud.

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20175528

C’est la ligne magique de la Côte d’Azur, elle stimule mon enthousiasme depuis mal de temps.

Rien à mes yeux ne semblait plus héroïque, esthétique et élégant que d’évoluer entre les 2 sites phares du département sur une trajectoire directe. Il s’agissait de naviguer successivement au dessus de quelques-uns des plus beaux belvédères révélant la beauté de notre Côte d’Azur. Il était très important à mes yeux de ne pas se laisser aller à la facilité et de ne surtout pas dénaturer l’itinéraire en passant par les montagnes.

J’aurais pu attendre que ça se fasse tout seul. Compter simplement sur l’opportunisme. Profiter de la journée fumantissime et stratosphérique qui m’aurait placé gratuitement au dessus des difficultés. Vous savez, ce genre de journées magiques auxquelles rien ne résiste. Tout est possible, tout est facile. Il y en a 2 ou 3 par an, celles qui nous font tous aimer le ciel, celles qui nous récompensent tous.

Mais j’en avais trop envie. Alors j’ai commencé à croquer des morceaux. Voler au dessus de Nice, traverser le Var, le traverser puis revenir, le descendre. Chaque vol avait du sens, il tenait avec sa propre logique. A chaque fois, c’était si bon, une énorme satisfaction me nourrissait. Derrière tout cela, évidemment, il y avait le combat qui m’attendrait un jour pour obtenir le Graal.

J’avais suffisamment d’armes en mains pour livrer bataille. Seule la section finale Mont-Chauve – Mont-Agel me manquait. Le début de l’automne allait probablement être une période propice, j’étais prêt et ne pensais plus trop à tout cela. Au pire, la fin d’hiver allait certainement offrir des possibilités.

Au mois de Juillet, j’ai bousculé mes à priori en me fiant à des prévisions annonçant du fumant sur la côte. Instable même très bas, comme en hiver, je pensais cela rarissime, voire impossible en été. Il m’était déjà arrivé de voler remarquablement bien en été sur la côte, mais de là à penser que toute la côte – à l’Est comme à l’Ouest – pouvait être en conditions sur une journée entière, il y avait une barrière psychologique à franchir.

En juillet donc, je me rends au décollage des Cabanelles sur les faces Est du Mont-Agel (décoller de Roquebrune étant interdit en cette saison). A 9 heures c’était déjà fumant ! Parti de Peille bas et trouvant un improbable relai, j’ai eu de la chance d’atteindre le Mont Macaron et d’en ressortir. Ensuite les conditions avaient été très bonnes !!!

C’est la première fois que je livrais vraiment bataille et j’ai échoué bêtement sur la traversée du Var au retour. Les plafs y étaient et j’ai très stupidement joué au poker alors j’avais des heures devant moi !!! Les altitudes faussées de mon GPS ? La légère tendance Est ? La peur de réussir ? L’envie d’y retourner ? Un simple manque de motivation ? Peu importe, cela m’avait appris beaucoup sur mes faiblesses et m’avais rassuré sur le timing initial et sur la descente du Var et de sa brise en plein été. J’avais bousculé pas mal de mes idées préconçues et cela ouvrait des possibilités.

Au début du mois d’Août je snobe une autre journée propice pour aller faire (ou plutôt tenter) du circuit à Bleine. Après 3 semaines de vacances sans voler, j’étais en manque, je voulais me goinfrer de kilomètres et de thermiques comme un gros cochon. C’était surtout la peur d’échouer. Peu importe, j’étais désormais rassasié et on n’allait plus me reprendre à déserter une journée propice pour de l’itinéraire branlette. J’avais désormais toutes les cartes en mains et finalement, je m’étais fait à l’idée de réaliser ce vol en été. Il s’agissait davantage d’un combat contre soi-même que d’une course contre la montre lors d’une journée plus courte dans des conditions plus faciles. Rajouter l’anachronisme à l’exigence du parcours, à son originalité et à sa distance ridicule, voilà qui me rapprochait encore plus de l’Aventure et m’éloignait avec plaisir de l’insipide triptyque km points validité du sport fédéral.

Donc nous voilà le 20 aout. Chose assez rare, je ne suis pas très bien psychologiquement, je suis loin d’avoir uniquement du parapente en tête. En fait, cet itinéraire est le cadet de mes préoccupations. Je souhaite aller voler tranquillement à Sospel, me changer paisiblement les idées 1 heure ou 2 et maîtriser mon timing. Finalement, l’enthousiasme de Cyril Lopes Da Conceicao et sa disponibilité déclenchent le choix du site : les Cabanelles. L’envie terrible d’en découdre n’est absolument pas le moteur aujourd’hui. Mais on ne sait jamais. Mais je sais que comme toujours, une fois en l’air, cela va venir naturellement si les conditions sont là. Et elles sont sensées être au rendez-vous.

Je me force à être doublement vigilant car le facteur de risque « état psychologique » est rouge, un peu.

Il est 9 heures et c’est déjà très bon, nous nous préparons lentement pour temporiser et ne pas céder aux chants de sirènes.

Le timing initial semble crucial.

On décolle en face Est de 1000, on doit plafer vers 1500 au antennes de Peille pour une longue glissade et arriver vers 700 sur une montagnette immonde (Mont Macaron) qui est l’antithèse même de la montagne propice au parapente. On doit pouvoir y faire 1300. Ensuite on doit faire plus de 1300 devant le Mont-Chauve, une espèce de pyramide aux déclenchements cycliques, et entamer une longue traversée de Var vers une cuvette au dessus de Carros. On reprend ensuite en dynamique et on descend la vallée du Var face à une brise qui monte en puissance et dont le débit permet d’alimenter à elle seule une bonne partie du massif. Ensuite on peut se relacher.

Après un décollage toujours un peu pénible dans les touffes de thym et les rochers, la partie d’échecs commence donc. il est 9h40. J’oublie de setter la bonne altitude et mon GPS en profite pour me tendre le même piège que la dernière fois.

Au plaf, nous nous communiquons nos altitudes avec Cyril et j’en déduis que mes 1620 sont plutôt 1450. Je n’arrive pas à corriger l’altitude de mon GPS, le calcul mental devra faire partie de chaque consultation.

Tout se passe bien sur le glide, j’arrive néanmoins ric-rac au dessus des lignes sur le Mont-Macaron. Cyril avec son matériel moins performant s’en sort de justesse et ratissant en basse couche dans la cuvette sous les lignes. Quel pilote ! Et que dire de cette masse d’air qui tient ses promesses !

Je monte doucement et laborieusement, puis cela devient plus facile. La trajectoire vers l’Abadie donne thermiques sur thermiques, je fais tranquillement mes emplettes. Cela ne peut être que mieux pour la suite. Je vois Cyril monter également, en se faisant un peu décaler dans le flux de la brise, c’est quand même bon signe.

Arrivé haut au Mont Chauve, j’arrive à trouver directement un thermique bien constitué et cela me satisfait de m’être bien appliqué à monter avant. Cyril est bien haut, très à l’Est du Macaron.

10h40, 1270m Transition vers Carros, je me vois arriver haut comme jamais. Mais la brise qui devait me pousser n’est pas là. J’arrive largement au dessus de l’espèce d’Abbaye, mais j’ai l’horrible surprise de constater que je ne peux pas compter sur du dynamique. Je dois m’employer avec les déclenchements thermiques ci et là pour remonter. Plus je me rapproche des crêtes sommitales et meilleur est le rendement. Yes c’est bon. Maintenant je vais pouvoir descendre le Var aussi facilement que possible. Il y a déjà 15-20 kmh de brise, autant dire que j’ai vaincu bien pire ici.

J’ai du mal a communiquer avec Cyril car la batterie de ma radio est sur la fin et j’émets par tranches d’une seconde. J’essaie de lui indiquer où taper sur Carros, je le vois haut sur le Mont-Chauve puis je le perds définitivement.

11h10 J’arrive au Baou de la Gaude et je dois désormais lutter contre une tendance Ouest qui pourrait rendre la suite un peu compliquée. Heureusement, la masse d’air est bonne et les plafs généreux me permettent d’arriver à Gourdon somme toute assez facilement. L’Ouest se rappelle à moi et je dois m’y reprendre pour arriver vers la boule vers 12h25.

Le ciel est maintenant en passe de se voiler par l’ouest. Je pousse quand même jusqu’à la colle du Maçon pour voir les dégats de l’incendie de cet été.

12h35 J’attaque le retour. Le voile nuageux va indiscutablement être un problème. Je m’applique à rester haut et je fais un bon plein, plus de 1500m, au Puy de Tourettes. L’accès au Baou de la Gaude est donc acquis. Je pense qu’il n’y a pas meilleur lieu pour encaisser les coups face au voile nuageux.

C’est au Baou de la Gaude où reprend la partie d’échecs. Ma stratégie est simple : il est 13h20, le soleil se couche vers 21h : je ne partirai qu’avec ce qu’il faut pour traverser le Var. Cela prendra 1,2,3,4 heures ou davantage mais je ne céderai pas.

Au bout de presque 40 minutes à enrouler des trucs prometteurs ou simplement temporiser au grès du voile nuageux, les rayons du soleil reviennent durablement. Je change de thermique. Un rapace m’aide à noyauter, nous allons pouvoir finir à une belle altitude. Puis assez subitement, le rapace part, ça ne monte plus. Je suis un petit peu sous le seuil que je m’étais fixé, mais j’ai compris que tous les paramètres étant enfin au vert depuis un petit moment maintenant, il n’y aura certainement pas mieux. 1350m, positionné un peu en vallée, avec une tendance Ouest, c’est quand même jouable. il est 14h20 quand je commence à transiter.

Effectivement, l’Ouest me facilite un peu des choses et j’arrive à bricoler deux tours dans une bulle décallant de manière immonde à Colomars avant d’arriver sur la face ouest de la crête du Mont-Chauve.

J’arrive évidemment limite. Je suis au niveau de la petite bosse que j’avais repérée d’abord en remontant sous le cagnard après un vachage, puis validée ensuite dans un autre vol. Elle joue encore une fois son rôle.

La brise est très forte, il faut se positionner très précisemment, mais ça marche !!! Une petite erreur sur une trajectoire en enroulant et une longue dégueulante en remontant la brise me rappelle que je marche sur des oeufs. Je reprends tout à 0, et en sortant le grand jeu, je sors. C’est une énorme satisfaction, il est un peu moins de 13h et le crux est passé !

Je me repose ensuite 15 minutes en me relachant un peu. Il faut tenir la Mantra car ça pilonne sec, comme un après-midi d’été, mais pour un petit moment je ne pense plus à la partie d’échecs. Me contenter de piloter me fait un bien fou. Cette petite parenthèse me permet de profiter pleinement de cette vue magnifique, en observant Nice, le boulevard Jean Médecin, les bateaux, les avions qui atterrissent… c’est quand même énorme de voler là !

Je vais attaquer la section qui me manquait. Je n’avais jamais vraiment réfléchi à la problématique et j’avais jusqu’alors dénié les difficultés par un simple « bah une fois au Mont Chauve ça doit rentrer facilement avec les brises »… Mouais…. quand je commence à me pencher sur le problème, le challenge prend toute sa dimension. Un sacré challenge.

Ca ne monte guère, tout est bleu, il fait chaud, la brise est forte et les nuages des faces Ouest de Peille me narguent. Après des prospections loin au sud, des tentatives de plafer ci et là, je me dirige au dessus du site de modèlisme. Ma vitesse me semble assez bonne face au sud et je pense passer facilement sur les antennes au dessus de L’Abadie pour y tenter la chance. Cela devrait monter ici. Je me remémore le trajet des lignes HT qui se réunissent en bas pour alimenter Monaco et Menton. C’est quand même chaud en dessous et ça ne pardonnera pas trop l’improvisation, il ne faudrait pas l’oublier.

15h10, j’arrive à 750m soit quelques mètres au dessus des antennes de l’Abadie, tout va très vite. Je fais un tour pour conclure que je ne devrais pas surtout pas en faire un second ! Je me rabats immédiatement tant que c’est encore possible vers le Macaron, sous peine de me faire enfermer dans une horrible descente infernale au vent de cette pente faiblarde truffée de lignes de toutes tailles et de maisons.

Bricolage appliqué, pétards qui décalent, je réussis à me hisser à hauteur de sommet sur cette saloperie de Mont-Macaron. Il ne tient aucune des promesses faîtes à l’aller. Au début, au moins les pétard toniques se succèdent et rester 50 m au dessus est simple. A défaut de monter bien haut, c’est déjà ça.

J’arrive vite à faire un minable 1050, puis après un tour par terre un 1100 depuis lequel je me lance. Je me ravise assez vite car ma trajectoire initiale dégueule sévèrement.

Je refais ensuite, de mémoire, 2 plafs un peu moins bons, mais qui permettent éventuellement de poursuivre vers le Nord pour espérer rejoindre le Férion et les magnifiques nuages des montagnes au Nord depuis lesquelles d’une manière ou d’une autre, je réussirai probablement à rejoindre le déco). Mais il n’est pas question de céder à la facilité ! On reste devant ! Après tout ce que j’ai fait aujourd’hui, ce n’est pas le moment de faiblir. Je trouve cela plus honorable de glisser jusqu’au stade de Peille, ou même d’accepter la défaite dans la vallée du Paillon, que m’en sortir en dénaturant la fin comme une raclure. Trahir l’esprit du vol n’est pas possible.

Je dois à un moment gérer le timing pour absorber 1 long épisode de voile d’altitude, puis le soleil revient. et ensuite l’aérologie s’avère… pire qu’avant. Je remonte diffcilement à l’altitude du sommet. Le temps passe, le soleil tourne. Ces basses couches sont si stables. M’enfermer sur les face Nord-Ouest me parait être le piège parfait. Je m’y refuse.

Finalement, je décide d’explorer, avant d’y être contraint le thermique de l’étage inférieur, au dessus des lignes. J’y crois peu avec la brise forte. Finalement, c’est une bonne minasse qui m’accueille et je m’y accroche comme un doberman.

16h30, après 1h15 de Macaron, je pars de 885m dans le flux de la brise en ayant décalé du mieux que je pouvais le thermique.

Mes chances sont minces de pouvoir basculer sur la vallée de Peille pour me glisser au stade; Je n’espère pas davantage. Ce serait déjà bien mais c’est loin d’être gagné !

Je suis tellement bas que j’ai absolument besoin de tout mon sang-froid pour arbitrer entre mon énergie à ne rien lâcher et ma sécurité, qui doit rester la priorité, tout va aller très vite. Les pensées se succèdent.

Blausasc : arrivée bas, remontée en dynamique pour poursuivre le vol, réussite très incertaine, branchage si échec : option à décliner

Passer dans la vallée de Peille : possible, si la brise y est forte il y aurait une chance mincissime de taper le relief avant d’aller au stade. Je prends

Une belle ligne électrique traverse pile où il serait convenable de passer pour optimiser ma trajectoire vers Peille, c’est trop risqué. Je dois donc traverser en aval au niveau de la carrière, quitte à me voir enfermer par la ligne une fois dans la vallée et de devoir poser à la carrière.

Cela portouille sur la petit crête qui y va, mais je connais ce genre de sons piégeux où un tour de coûte 5 mètres. Ca va passer, ca va passer. Je prie pour ne pas me retrouver dégueulé ou contré au dernier moment, il faudrait passer ric rac et poser immédiatement ou faire demi-tour pour probablement se brancher avec calme.

En théorie ça passe.

Au feeling ça passe.

Mon expérience la plus primitive me dit que ça peut aussi bloquer au dernier moment.

Ca passe. Je passe. Pas le temps de se réjouir, next décision. Réponse immédiate obligatoire.

Enfermé par la ligne ou pas ? Posé en vallée devant possible ou pas ? Oui ou non ? Posé carrière ? Fuite en vallée ?

A peine ai-je mobilisé ce petit arbre de décision dans mon esprit que mon vario se met à biper. Mon réflèxe est de faire un quart de tour seulement et de laisser biper en remontant au vent. Au cas où ce ne serait qu’un petit petard merdeux ou une turbulence, je veux rester maitre de ma trajectoire et ne pas faire une demi tour dans du dégueulit bien mou.

Immédiatement, mon corps se sent envahit d’une sensation de chaleur intense. Cette carrière déventée sur une crête est un putain de four solaire comme j’en ai jamais vu. Je ressens la chaleur dans ma chair comme si je m’étais assis dans une voiture restée toutes la journée sous un soleil d’été.

Peu importe la stabilité qui a gagné les basses couches depuis longtemps, je suis au dessus d’un convecteur tellement puissant, homogène et large que tout mon stress disparait instantanément.

Mon stress de pouvoir passer la ligne qui m’enferme peut-être disparait. Puis mon doûte d’atteindre le stade. Puis mon doûte d’avoir ma chance en dynamique. Puis mon doûte de raccrocher les faces ouest. Puis mon doûte de reposer en haut.

Plus de doûte en vue, je décompresse tranquillement. Quel finish ! Toutes les émotions se sont enchainées si vite depuis que je suis parti du Macaron qu’il me faut un petit moment pour réaliser que j’ai réussi mon vol. De gros cris sortent ! Evacuer la tension, exprimer la satisfaction.

Puis le calme revient et je fais quelques photos.

Je profite encore un peu du vol, c’est magnifique de voir au loin la boule de Gourdon, minuscule.

Je me reconcentre pour me poser en douceur en haut. Seul sur ces montagnes, à remettre mon aeronef dans son sac, un bel instant. L’aventure est terminée.

Cyril m’apprend qu’il s’est posé après avoir rejoint Carros au bon endroit sans arriver à descendre le Var. C’est qu’il a fait une belle petite section bien intense et qu’il a profité de la magnifique vue du Mont Chauve ! Bien joué.

Voilà, allons voir ailleurs.

Gourdon – Arma di Taggia

Le Samedi 31 janvier, nous profitons avec Benoit des très bonnes conditions pour faire un Gourdon – Vial – Mangiabo – Roquebrune (malheusement  un posé à Sospel pour Benoît qui bute au col de Castillon).

Le vol fût superbe, avec quelques difficultés dans la zone Roquesteron/Ascrocs (où JV s’est posé).

Quel bonheur de partager cet itinéraire que j’avais fait en solo il y a quelques années !

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Merci Brian

Nous étions passés du Férion au Mangiabo à mach 12, car Peille était à l’ombre.

Nous avons survolé sans stress les joyaux que sont Coarraze et Lucéram. Une première pour moi dans ce sens.

L’Italie humide n’était guère réjouissante et le challenge était de toute façon Roquebrune.

Le lundi 2 Février, beaucoup de monde est chaud ! Les prévisions sont énormes. Il semble possible de pousser un peu plus loin, vers San Rémo et de finir par une bonne Pizza. 

Quelle horreur toute cette testostérone au déco ! Je décolle rapidement et claque direct un 2000 depuis Cavillore. Mon unique altimètre me donne depuis quelques vols des altitudes fantaisistes – je dois sans cesse penser à corriger ses valeurs : aujourd’hui ce sera à la louche, -300 m. Ca sent la bonne journée. Il fait davantage froid que samedi.

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Une fois hissé sur les crêtes de Greo le samedi, j’étais parti optimiste et bas et … j’avais monstrueusement dégueulé sur les neiges de la station au Nord. Du coup, j’étais arrivé bas sur Roquesteron – avec une bonne galère à suivre.

Ce lundi j’asssure au Cheiron – et j’arrive haut sur Roquesteron.

Je prospecte toute la crête tranquillement, d’ailleurs je suis certainement positionné trop au sud. J’aimerais bien mettre à profit mon avance pour la bonne cause : trouver une solution simple et efficace à ce coin qui s’est toujours montré un peu chiant…. mais rien n’y fait !

Cela fait la troisième fois que je passe sur cette route pour me rendre à l’Est et cela fait trois fois que je ne trouve pas de solution bien claire pour connecter les crêtes qui vont au Vial… la quatrième sera la bonne ?

Cuebris – photo Benoit Outters

Je me retrouve donc à bricoler de concert avec Benoit qui m’a rattrapé. Finalement nous nous lançons vers le nord, en direction de l’éperon qui est sous Ascrocs, au sud.  Ne trouvant rien pour nous aider en chemin, nous finissons sur le petit relief visé. C’est bien cyclique, nous nous gênons un peu quelques minutes en yoyotant avec la peur de sombrer. Mais finalement nous sortons de concert, avec des mines chacun dans notre coin.

Et voilà sur la crête du Vial ! La Blanche de l’hiver ! Je fais régulièrement quelques tours inutiles dans les gros thermiques pour temporiser et rester avec Benoit alors que ma monture ne demande qu’à monter en puissance.

La transition vers le Férion n’est pas vraiment aidée, on se sent même un chouilla contré. Nous arrivons, bien enquiquinés par un Sud qui met les faces Ouest un peu sous le vent. Nous nous en sortons chacun à notre manière : une petite colonne sous le vent turbulente qui décale grave pour moi, un truc un peu plus large au sud pour Benoit. Nous nous retrouvons au nuage 🙂

Benoit commence à mettre du rythme et je me place en mode « distant collaborative control remoring » : plus haut, en retrait, sur une ligne plus au Nord. Non, ce n’est pas une technique apprise auprès de quelque mesquin des airs, nous sommes chez les gentlemen ! Je suis prêt à venir filer un coup de main au vent ou à proposer une solution de repli vent arrière à Benoit si jamais. C’est bon ça !!! Ca me rappelle le bon boulot fait avec JPT, notamment un Saint-André Auron surpuissant il y a des siècles.

Route pour Peira Cava

Je n’ai pas de radio. Benoit prend une ligne assez au Sud, alors que je coupe tout droit pour le Mangiabo.

Je file au Ventabren – à défaut d’être autorisé, c’est O B L G A T O I R E . Il m’avait trop fait envie le Samedi.

Il y a des jours comme le Samedi où c’est globalement très bon – mais où l’on doit rester un peu prudent et méfiant par rapport à des choix. Poser n’est pas impossible. Et puis il y a des jours comme celui qui se dessine lundi : il y en a 2 ou 3 par an, magiques, une notation de 12/4 !!!

Benoit vient littéralement me chercher à mon retour du Ventabren pour me dire « T O R R A G E » ! Oui bien sûr !!!

Nous prenons ce qui faut pour arriver pas trop loin du sommet de l’Arpette. Quel régal. Je n’ai jamais fais cette transition ni même ce sommet, 7 km de nouveauté, je ne dis jamais non. On a l’habitude de passer + au sud dans nos petits circuits : par le Monte Alto dominant la Barbeira.

La vue est énorme sur le Nord-Ouest du Torrage !!! Magnifique ! Nous bricolons un peu, puis nous pouvons enfin nous lancer au dessus des forêts sur un quasi-plateau, vers le Torrage où ça commence à cumilifier un peu.

En route pour le Torrage – photo Benoit Outters

Yes Benoît !!! le voilà le Torrage que tu convoitais depuis quelque temps.

Next on the List = partager le bonheur du posé plage !!!

C’est parti pour une branche Torrage > Monte Ceppo que je n’avais encore jamais faite.

A peine partis vers le sud, ça commence à cumilifier partout autour et devant nous. Avec un plaf qui s’effondre rapidement et surement.  Nous sentons aussi une tendance Sud bien bien génante.

Nous nous laissons avec beaucoup de méfiance absorder chacun de notre côté – un peu de hauteur est souhaitable. A peine engagé dans l’humidité, bricolant mon instrument pour m’aider à tenir un cap, une turbulence me surprend et une femerture vite enrayée m’éjecte vers une zone ultradégueulante. En une minute je me retrouve à hauteur des reliefs, à devoir forcer le passage d’une crête. Quelle merde !

L’engagement de l’Italie me saute à la figure au fur et à mesure que je sombre. Tant que tout va bien on s’en fiche totalement, surtout un jour 12/4, mais là… Je passe ma crête et me voici dans les pentes Sud Ouest du Ceppo…. je sombre lentement avec quelques bips anémiques. J’envie Benoit qui resté bien haut sur un axe porteur.

Finalement un thermique un peu mou me sauve. Je m’étais déjà préparé à l’éventualité d’une fuite en avant dans les vallons imposables. J’allais même relire en vitesse mon manuel d’arbrissage pour les nuls ! Ouf !

Benoit m’attend au Bignone. J’assure un peu les pleins, désolé 😉 Tant que je ne serai pas au Bignone ce sera Optimisme 0% Méfiance 100%

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Une fois Benoit rejoint, nous entamons un superbe glide contemplatif ! C’est toujours une sacrée récompense.

Glide bien mérité. Yessss mon pote !

A mi-glide la concentration a baissé depuis un petit moment dejà, le froid me saisit d’un coup. Quand on n’a plus à réfléchir ou à s’employer… ça caille !!!

Nous nous posons super contents ! Bien fatigués par ces 2 vols de rêve en 3 jours ! Pas loin de 200k quand même ! Quelle grande classe cet itinéraire !!! Il faut reconnaître que ce lundi nous avons peu de mérite tant la journée était magique !

Raviolis puis un belle intervention du plus grand président navetteur de tous les temps ! Gilles Perpès !

Je veux bien me priver des belles et longues journées d’été en échange de nouvelles conditions hivernales similaires.

Allez on finit par 1 surprise :

Doarama

 

 

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Roquebrune – St-Vallier-de-Thiey

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20156828

God Bless the Macaroni

Depuis plusieurs années, j’ai nourri peu à peu le rêve de relier Roquebrune à Gourdon.
Ce rêve, arrivé à maturité,  prenait la forme d’une trajectoire assez directe par le Sud. Je souhaitais réaliser ce parcours avec la manière, sans faire de détour par le Nord pour éviter les difficultés.

Le problème principal sur cet itinéraire est la zone allant de Blausasc à la plaine du Var.

Le Mont Macaron tout d’abord. C’est un site FFVL (!) que je connais un petit peu, j’y suis allé 5-6 fois. Malgré l’entrain initial de la mairie de Cantaron et du club Roquebrun’ailes, ce site n’a jamais eu le moindre succès. La légende voulait que certains pilotes y avaient déjà fait de jolis vols, mais en les questionnant, il s’avérait qu’il n’en était rien.

Accès compliqué, déco horrible, lignes HT mais surtout, un rendement minable ! Pentes faibles, sol sableux, forme bizarre… le pauvre Macaron n’a rien pour lui.
J’y suis allé par diverses conditions, traquant le thermique, traquant le dynamique par vents forts… Je me rappelle surtout d’un jour sur-fumant où les cums poussaient sur chaque montagne sauf au dessus de moi…

Pour en finir avec le contexte, en décembre 2014, à la faveur d’une journée sans grand potentiel à cause d’étalements rapides et épais, j’ai glidé contre le vent d’ouest en partant du Golf de Laï Bareï à 1500. J’ai pu remonter de très bas en dynamique à la faveur d’une pente peu pentue bien orientée et, une fois parvenu au sommet, j’ai grillé les 5 minutes qui restaient de soleil à chercher un thermique: rien de rien, comme d’hab 🙁

Le Mont-Chauve. En cas de succès au Macaron, il semble plus propice. De mémoire, Luc y avait décollé en Ultradaube, se rééducant à la suite de son premier crash. Cherchant à chaque fois à se poser le plus près possible de Nice, il flirtait avec les 2 THT alimentant Monaco et se posait dans un champ compliqué en pente à Gairaut. Je n’avais pas d’infos sur le potentiel thermique, mais pour être allé m’y ballader, cela me semblait pas mal. De la pente arride, des fours…

Le problème est qu’il est cerné de 2 grosses lignes HT. Bonne nouvelle, une fois raccroché, au sud il n’y a pas trop de soucis pour se poser… à priori, si on étudie le truc sérieusement. Une ligne bien vicieuse disqualifie quand même 75 % de la zone la plus propice quand même 😉

Du sommet du Mont Chauve, il faut pouvoir transiter vers la Gaude ou plus vraisemblablement Carros, en fonction du plaf. C’est loin d’être une formalité d’après mes calculs. Il est toutefois facile de s’échapper dans la vallée du Var depuis le sommet et moins haut.

Le 19 janvier 2015

Donc nous voici le 19 janvier 2015, les prévisions sont assez mitigées pour le 20 avec un voile d’altitude dès le matin et un front arrivant dans la foulée. Il y a aussi du vent d’Est, peut-être trop. Ce qui me fait tenter, c’est surtout l’emmagramme qui annonce une très bonne instabilité, même dans les couches les plus basses. Je me fais une petite feuille de route et charge la gopro et l’appareil photo.  Autre indice, en ce moment c’est souvent un peu mieux en vrai que ce qui est prévu.

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Le 20 janvier 2015

Premier coup d’oeil vers 8h30 vers le ciel : et bah c’est vite vu 🙁 Tout est baché, pas de parapente.

J’habite en ville mais Nico et Gilles confirment aussi. Finalement vers 9h30 on aperçoit un peu de bleu, rdv 10h30 Turbie. En prenant la voiture je m’aperçois qu’il a copieusement plu pendant la nuit.

On décolle vers ???? h avec Nico, sous les yeux de Gilles et Pierre, quelques secondes après qu’un voile masque très durablement le soleil. C’est la lutte, on bataille. Je donne tout ce que je peux pour cirer les faces Est avec Nico, et finalement j’arrive à me hisser suffisamment pour survoler les falaises du cirque qui sont encore au soleil. Cela me permet d’arriver à la cabane où tout le secteur est au soleil. Je vois Pierre Gilles et Nico lutter au Mont-Gros dans l’ombre et je m’estime bien bien veinard au soleil.

Malheureusement ça ne monte pas bien haut. Je prends mon temps, devant faire face à des périodes d’ombre sur mon superbe appui dynamique. Pour passer le temps, j’essaie de filmer mais je n’entends aucun bip. Tant pis pour la videos.

Finalement je décide de décaler – car les rares bons thermiques décalent – et je me retouve, 30 min après être arrivé ici, à enrouler entre les 2 énormes antennes et leurs haubans. J’ai vraiment peu d’altitude mais j’ai tellement décalé que je dois tenir bon et tenter le coup.

Très peu de temps après avoir perdu l’ascendance, à peine lancé dans une transition éperdue vers le Macaron, je trouve de bons trucs provenant des faces ouest sous le vent. Ca monte de manière très turbulente mais j’arrive à tenir l’aile et à rester dans les ascendances : YESSSSSSSSSS Je prends mon temps, gratte tout ce que je peux et finalement j’arrive sur le Mont Macaron au dessus de la ligne THT.

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La peur m’envahit, j’arrive sur ce site en Outsider. La loose est là qui me regarde. Je choisis de dépenser mes quelques dizaines de mètres de sursis à m’acharner au dessus de la plus grande zone calcaire plutôt que me rendre sur la bosse la plus sexy : yes ça bipe !

Je suis concentré à 200% pour tenir le truc sous les yeux des randonneurs. Yesss !!!

Finalement je suis maintenant à des hauteurs propices pour continuer. Bye bye Macaroni !

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Ma joie est de courte durée car je prends une trajectoire assez merdique et je me vois même finir bloqué. Moi qui rêvait, avec ce gaz rarissime et chèrement acquis, d’arriver directement en haut, je dois passer par devant.

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J’arrive 50m au dessus de la ligne THT . Si je ne trouve pas de gros thermique d’emblée, je suis quand même soulagé et super optimiste. Les pentes sont raides et arrides, le vario bipote régulièrement. J’ai passé le Macaron, s’extraire du Chauve ne sera qu’une formalité.

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Effectivement je me hisse sans peine au sommet, je profite du paysage tout en étudiant la situation. Un bon pierrier et un four calcaire 100m plus bas devraient donner : yesss ça dépote… mais c’est des trucs si turbulents. Ils décallent trop fort, tantôt en SE, tantôt en SO. C’est également très cyclique avec de longs coups de mou. Bref, de quoi tester le moral.

Je perds la bulle 1 fois, 2 fois, 3 fois… le doûte commence prendre sa place et je dois remettre mes choix en questions : il faut aller voir devant sur ces magnifiques faces ouest. D’ailleurs un cum commence à se former assez haut. Difficile de dire d’ou il vient avec les SU et l’Est en haut. Seule certitude, c’est plus au sud qu’où je me trouve. Trop au sud certainement.

Je fais une petite incursion au Sud-Ouest  en petit joueur. Je commence à me replier pour en refaire une plus ambitieuse en partant avec plus de gaz… et là : Thermique !!!

Plus sain, plus large… ce n’est définitivement pas celui du cum que j’ai vu,  mais ça s’enroule. Je commence à bien décaller et quand je me retrouve sans plus rien,loin des 1500m escomptés. Hésitation entre les falaises plus au nord à Aspremont et la poursuite immédiate de l’aventure. Finalement, je me lance vers Carros.

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C’est vraiment limite, mais je ne désespère pas de trouver des petits relais en survolant cette vallée somme toute assez minérale. Routes, galets, immeubles, hangars !!! C’est instable depuis le sol dixit meteoblue !!! Si le Macaron donne, tout donne !

Le miracle du mec qui y croit se produit en prenant quelques thermiques made in Carros City. Merci !!! Ce n’est qu’un surcis, car je perds les bips et je vais quand même arriver bien bas sur les reliefs.

Encore à 50 m près, j’arrive à survoler une espèce d’abbaye massive. Quelqu’un à eu la bonne idée de la construire de pierres bien claires. Ce quelqu’un à eu aussi la bonne idée de réaliser l’enceinte et les sols avec la même matière, de choisir une belle exposition ensoleillée, de mettre peu d’arbres – qui en plus perdent leur feuilles en hiver – et de situer le tout en contrebas d’une petite falaise pour bien redresser, canaliser et amplifier l’ascendance: du travail d’orfèvre !

A partir de ce moment ça va remonter assez laborieusement mais surement. J’enroule avec un oiseau et je vois une aile sur la Gaude ! Bruno ?

Je m’applique pour pouvoir avancer au sud et je rejoins d’aile, une Ozone verte et rouge qui monte facilement. La suite est peu rejouissante, tout est à l’ombre depuis un moment de Saint-Jeannet à Gourdon. Ca sent encore la lutte.

Mais j’arrive à faire plus de 1450au Baou de la Gaude, je m’imagine même à un moment poussé par le vent juqu’à Vallette… mais non.

Ca ne glide pas bien, ça ne bipe plus. Juste en traversant vers le puy de Tourette, les roches du fond de vallon me donnent un thermique reconfortant, super compliqué à tenir mais je ne vais pas me laisser intimider.

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Yess je vais arriver presqu’à hauteur du puy de Tourette… et ca remonte. Finalement je peux passer par le haut et je trouve régulièrement de quoi monter.

J’enroule au dessus de la cracasse d’avion avant d’arriver à Courmettes, enfin je me détends et je crie des gros Yesssss Yesssss Yessss Yesssss ! Vraiment trop heureux !!! Ca c’est du vol mérité !!!

Finalement toujours euphorique, épanoui, accompli, je réussis à faire un bon plein à Courmettes et je continue….

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Jusqu’à Cavillore « histoire de », sans aucune pression, juste pour le plaisir.

Puis la Boule.10945774_10152799664634900_4190258901990466880_o

Puis Grasse.

Puis Saint-Vallier (qui ne s’est pas laissé atteindre facilement).10842332_10152799665004900_8459131193661515286_o

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Deux grands mercis à JV qui m’a accueilli chaleureusement et à Bruno qui est venu me chercher !

Sans oublier Pierre Gilles et Nico, ainsi que tous les autres copains.

Gourdon – Roquebrune

Enfin le Graal du 06.

Gourdon Roquebrune par Roquesteron et le Mont-Vial
65 km – 21 mars 2013
http://www.victorb.fr/visugps/visugps.html?track=http://www.victorb.fr/visuigc/23032013_153026_2013-03-21-gourdon-vial-roquebrune_IGC

Les prévisions pour ce Samedi 23 mars 2013 nous donnent un plaf vers 1500 à Gourdon et un peu plus derrière et de l’Ouest qui va finir par passer en basses couches à 20 kmh.

Ca peut être bien comme ça peut être médiocre.

Sur un petit nuage depuis un superbe Roquebrune Savone, je vais voler à reculons car je sais bien que voler à Gourdon risque d’être bien fade après ce superbe 4/4 du 16 mars. C’est bien parce que la météo est pourrie après pour longtemps que j’y vais.

On arrive un peu tard avec Dgilou et Dadou.

Très vite, quelque chose me semble anormal : ça monte plus haut que d’habitude ! Las de voler devant en 2 dimensions, je préfère aller vers gréo avec une petite idée derrière la tête : essayer d ‘aller à Roquebrune car ça semble un projet réaliste aujourd’hui. Pour moi, ce vol est LE vol.

Jouer avec les éléments au mieux peut permettre de faire des parcours plus longs, plus beaux, plus variés, plus originaux… mais aller de Gourdon à Roquebrune sans le faire par hasard, c’est un des vols qui m’avait le plus impressionné de la part de Luc.

Ca commence bien, je pars à 1700 avec David vers l’Est de la crête de Calern. Trajectoire malheureuse, on arrive à peine à hauteur de relief. Un petit tour minable jusqu’à l’observatoire pour constater que rien ne monte ici. David s’y pose, oh shit man !
Dgilou passe avec de la marge direct sur le Punch depuis Gourdon. Toujours impeccable ce Dgilou.

Je profite du minimum syndical pour passer de l’autre côté et me jeter dans la foret. Sur les reliefs avant les lignes, je traverse des zones ascendantes qu’il est souvent impossible d’enrouler mais qui suffisent si on les chemine bien à garantir l’accès au Punch. Là c’est tout à fait enroulable, j’en profiter et je tombe sur un truc très très sympa qui me propulse plus haut que Gilles.

On se retrouve à Greo où je le double en cheminant sans enrouler. Afin de voir où il en est et de dire bonjour au skieurs, j’enroule dans une belle pente enneigée un petit thermique agréable. Il dérive bien et lorsque j’aurais du me remettre au vent, j’ai un petit lacher-prise à cet instant. Un petit truc me dit de continuer à enrouler en dérivant ce petit thermique qui va au nord. « Pascal, réalises ce projet de trajectoire Greo- Roquesteron-Acros, c’est une des lignes qui te manques, tu en rêves, et en plus ça a du sens pour aller à Roquebrune »

Et c’est parti, je dérive jusqu’à 1860 et ensuite feu sur le nord. Et ça ne dégueule pas, et ça remonte un peu avant d’arriver sur Roquesteron, et c’est joli !!! En fait c’est plus que joli c’est énorme : Aiglun Cigale Roquestron, l’Esteron c’est superbe. Ca filme !!!


J’arrive largement au dessus des reliefs de Roquesteron, après m’être efforcé de rester haut. Je trouve un truc qui monte mais pas vite. Je m’en contente un moment puis je le perds et je vais de l’avant. Encore un truc médiocre, j’ai du rater le thermique officiel de Roquesteron mais ce n’est pas grave.

J’ai des supporters en radio ! Je ne sais pas comment ils connaissent la fréquence fédé mais des habitants de Cuerbis me saluent ! Pour eux, un parapentiste ici ne peut être qu’égaré !

Je reste donc longtemps dans petit thermique qui monte très doucement et j’en profite pour regarder ce paysage de fou, la luminosité est excellente, l’air est très sec, on voit loin.

Je file ensuite pour connecter les crêtes qui vont au Mont-Vial en comptant bien trouver un truc en chemin. Le lieux est appelé Les Crottes sur la carte, le thermique est superbe, bien fort, avec une belle dérive grâce à la tendance SO plus affirmée au fil des mètres grimpés.
2350, je chemine vers le Vial.
Encore 2350 vers Toudon !

Je me place mal vers le Mont-Vial et je ne trouve rien sur mon chemin. C’est un peu dommage mais je suis à 2000 et je décide de tenter quand même.

Je surveille ma vitesse, j’appréhende le moment où mon aéronef rencontrer la brise du Var. La moindre turbulence me fait trembler, je crains à chaque fois qu’elle soit annonciatrice d’une entrée en brise.

Je gagne le plus possible vers le Sud et toujours rien, une belle vitesse. J’oblique donc maintenant vers Levens, je ne sais pas trop où taper. Je vais taper au Nord de Levens à l’endroit où je parie que c’est le mieux. Le temps de trouver en vrai truc pour monter, ça va mieux. Je chevauche le Férion et il me semble que l’ascendance devient vraiment solide quand elle capte l’énergie des faces Sud-Est bien minérales et abruptes. 2050 au Férion.

La ligne Coaraze > Lucéram > Mangiabo est probablement un truc énorme. C’est vraiment le jour idéal pour faire ça. Vu la qualité de la masse d’air et les probables plafs, je pourrais ensuite prétendre continuer du Mangiabo vers la tête l’Alpe, connecter le Torrage et aller encore plus loin. En termes de kilomètres et de variété de l’itinéraire, ce serait un truc mémorable.

Mais une fois n’est pas coutume, j’ai un objectif précis : Roquebrune. Gardons-en pour plus tard, il y aura d’autres occasions de survoler Lucéram !

Escarène ou Peille ? Ca devrait passer pour un Peille en direct! Je pars donc pour un Férion-Peille en suvolant notamment le fief de Loïc, Berre-les-Alpes.

J’arrive exactement où je voulais. Ce sommet adossé au village de Peille est un coin que je n’aime pas trop. On peut vite perdre pas mal de gaz et se retrouver très bas sans beaucoup d’appuis, baignant dans la stabilité.

Le doute commence à me gagner, en fait j’ai la peur de réussir. Je me vois trop prendre 2-3 mauvaises décisions et sombrer jusqu’à poser au stade du bas.

Je décide donc d’aller vers la via ferrata. Je bricole un peu, on est un peu sous le vent de la brise de mer mais il y a des bons déclenchements. Lorsque j’arrive à enfin enrouler un truc, je dérive à max mais le gain me permet de connecter le déco de Peille.

Je sais que c’est gagné, j’arrive à Laï Bareï et je survole Nico Féraud en faisant des gros YESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS. Un petit tour au cap et je laisse exploser ma joie avec les copains une fois posé à la plage ! YES YES YES YES.

Je suis vraiment super content. Cerise sur le gâteau, les ultimes Luc, David et Russel étaient là. Merci à eux pour l’inspiration et aussi pour les superbes jouets qu’ils ont créé.

Pascal