Sospel – St-André – Mont-Dauphin

Mars 2014, le premier bon gros vol de l’année. Une journée de rêve avec des conditions parfaites. Le risque de ne pas choisir du tout cuit paie et m’offre un de mes plus beaux vols…

De Sospel à Embrun un jour magique de Mars !

Le 14 mars 2014, 170 km

http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:pascamax/14.3.2014/09:56

Je rentre à la maison après cette fantastique journée de parapente, il est 1h30 du matin, je roule sur cette grande artère épousant la baie de Nice : la promenade des Anglais. Les feux deviennent systématiquement verts 50m avant mon arrivée. Cela a un petit air magique, tout comme ce qui c’est passé en l’air ce 14 mars 2014.

Tout s’annonce de la meilleure manière pour voler depuis Fourneuby, c’est sensé être fumant dans le secteur Bleine-Moustiers-Dormillouse.

C’est attractif certes, mais pourquoi ne pas prendre un peu de recul sur cette quête monotone du meilleur site au meilleur moment ? Sur cette recherche systématique de la meilleure promesse kilométrique ? Sur cette tendance stéréotypée d’en vouloir pour son argent ?

  • Et si c’était simplement une journée idéale pour voler en parapente ? Simplement, se faire plaisir en évoluant dans l’inconnu ?
  • Et si je partais enfin à la découverte de Lucéram et de Coaraze comme j’en ai toujours révé ?
  • Et si tout cela marchait bien, ça pourrait même finir loin cette affaire !

C’est souvent dans les petit détails logistiques que se finalise (ou pas) ce genre de résolution.
Grâce à la présence de Max, Vincent, Raymond, Philippe, Salva et Cyril, les soucis d’un vol sans retour avec la voiture au sommet ne vont pas infléchir ma décision.

Je n’ai pas trop confiance en la Lavina malgré l’assurance des connaisseurs, je préfère mon Monte Grosso, son herbe,  sa vue panoramique, son calme dépaysant. Nous y allons avec Max et Cyril.

Au loin, la Lavina semble laborieuse à certains. Chez nous, Cyril le rookie décolle et semble tenir.

11h00 Let’s go !

Ca monte un peu en décalant bien. La tendance Est est bien au rendez. Je ne m’acharne pas pour mieux dompter les ascendances du Mont Gros, j’assume ma médiocrité et je décide de passer à la baisse des Canons.
Idem là bas, j’en ai assez, je file. Je traverse les gorges de la Bevera.

Ce moment est d’habitude piquant et savoureux – elles sont sacrément impressionnantes ces gorges – mais vu ce qui m’attends, je suis totalement hermétique. Je pense déjà à l’accueil de l’autre coté et au beau plaf qu’il faudra absolument faire pour s’engager sereinement dans l’inconnu.

Ouf, ça monte sans difficulté sur la crête de Mandine. J’arrive vers les 2000, Lucéram et Coaraze, me voilà ! Je vais me placer sur les crêtes au sud de Peira Cava. C’est un joyeux bordel topographique avant le Férion.

Quel plaisir de survoler ces coins. Il faut les visiter du bas pour comprendre ! Ca remonte un peu au col Saint-Roch et je décide de viser le Férion plutôt que la Madone d’Utelle.

J’arrive un peu sous le sommet en face est. La brise me contre mais j’arrive à me hisser au dessus des cretes. Je me replace sur la cabane du sommet et je refais pas loin de 2000 avec la bonne surprise de voir un parapente blanc arriver. C’est soit Raymond, soit Vincent !

Je me jette vers le Vial en gardant une trajectoire me permettant éventuellement de me diriger vers Bonson au dernier moment, selon ma perte d’altitude et mon feeling.

J’arrive dans les pentes sud du Vial, avec comme atterrissage de secours un chemin en bas de pente. Ma religion me dicte que les gorges du Var sont infréquentables, quelle que soit l’heure. Je bricole avec soin et me voilà au dessus du sommet. Toujours impressionnant ce coin !

Superbe premiere section de vol ! Yesssssssssssssssssss ! Magnifique. Je repense aux premiers parapentistes qui ont du faire ça ! Respect ! Et l’impression de rentrer dans un club très select.

Je progresse ensuite tranquilement en longeant les crêtes vers  la difficulté de la Penne où le terrain s’aplatit. Ne pas sombrer par ici, jamais. J’essaie de faire un plaf à chaque occasion, mais je n’y arrive pas. Je vois Raymond sortir du Vial !!! Yes !

Sans vraiment tout ce qu’il faut je me jette sur la Penne et les avant reliefs donnent suffisemment. C’est laborieux et je contemple Raymond faire un beau plaf et me rattraper ! Chapeau ! Les compétences acquises dans le bocal de Roquebrune sont transférées sur un itinéraire bien tricky !!!

Nous progressons ensemble jusqu’à Avenos. Je le suis sur la crete quand je vois son aile cabrer dans une énorme minasse. Je connais bien ce thermique ! J’ai l’impression d’entendre son vario hurler ! J’enroule dans du petit pour connecter un peu plus haut le noyau.

Sans radio, on ne communique pas et on se perd bêtement au niveau du Vallon du Passé . J’ai beau chercher mon Raymond, je ne le vois plus.

J’arrive sur Briançonnet vers 14h, la vraie fête va commencer.
Les cums au loin sur le Teillon m’ont mis l’eau à la bouche depuis pas mal de temps !

Un 2800 avec 1 minute mythique d’un vissage parfait de + 5 sans aucun mouvement parasite, le tout avec un son de vario régulissime ! Pas mal !

C’est donc facilement que je me retrouve au Crémon où je refais 2800 ! Un nuage plus à l’ouest m’invite à monter encore plus haut mais je décide de foncer direct vers le Chalvet sans craindre les basses couches car c’est la fête !

J’étais évidemment optimiste et je dois enrouler des trucs sous le vent de Courchons. Heureusement des oiseaux m’indiquent le thermique officiel au sud de Saint André et je fais 2200 ! C’est la fête vous dis-je !

Sur le Chalvet en direction des antennes je ne peux m’empècher de monter en gamme : on se remet d’abord à 2800.

Puis 3400 aux antennes !

Je glide direct jusqu’à Carton avec ça ! En frolant les cretes enneigées de costes Longues j’adore ! Je retrouve Jean-Paul qui doit venir de Fourneuby via Moustiers.

On arrive ensemble sur le Tromas, je suis plus haut et je ne persévère pas en pensant trouver un truc plus clean à enrouler plus loin.  Sur l’éperon qui suit (Tête de Bau) ça marche bien avec l’aide d’un oiseau pour le recentrage au vent en Nord-Est. C’est super enneigé avant l’Aiguillette et parole de vieux brisquard il faut mieux prendre un peu d’air.

La suite est parfaite, avec une Blanche qui donne suffisamment. Je fais encore 3000 à Dormillouse en me disant que l’on est pas en été. J’arrive au Morgon où la tendance est franchement nord.  Je pars de 2800 vers le Guillaume.

Il commence à faire tard et j’aurais bien aimé passr par les Orres mais ça y sent trop la neige. Les faces Ouest de la Durance me semblent plus propices.

Tant pis c’est le Mont Guillaume où j’ai enfin un contact radio. Benoit Outters est au Mont Guillaume au dessus de moi !

J’ai soudainement compris : la radio vendue par un certain XXXXX est en fait un jouet pour enfant. Je ne capte que les gens qui sont à moins d’un kilomètre… super utile !

Benoit avec ces 200m d’avance part vers l’est par les faces Est.  La falaise vers Serre-Buzard se noie petit à petit dans l’ombre.

Je m’applique à plafer pour traverser la Durance et trouver le soleil.  A l’occasion de cette transition, je vois Jean-Paul sur les mêmes faces très bas et je le vois finir par se poser. Il a du faire un direct du Morgon.

J’arrive à Saint-André-d’Embrun et la déconcentration me frappe. Au lieu de tout donner pour essayer de me remonter au sommet, au son du vario je juge l’aérologie moribonde sans prendre de repère et je me jette dans le glide final en direction du Mont-Dauphin. Quel regret en regardant ma trace; je montais. Qui sait ce qu’il aurait été possible de faire du haut de cette montagne ? Enfin, l’essentiel n’est pas là, on n’est pas à 10 km près.

Quelle journée de fou !!! Tout le monde c’est bien gavé. Il y en a une seule par an où le parapente est aussi facile !

Merci à Philippe qui non content d’avoir fait un super vol à fait la récup jusqu’à Gap.