Sospel – Levens – Menton – Rochetta AR

Et hop, 75 km seulement, loin des avalanches de km et des projecteurs… mais un de mes vols les plus jouissifs. Un condensé d’émotions.

La trace est ici

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Alors que le mois de Mai se termine, nos sites phares que sont le Col de Bleine et Saint-André ont déjà donné de nombreuses jolies distances. C’est l’été aérologique, les jours sont longs, les brises sont fortes, le ciel sait donner quand il ne se fait pas désirer. Ayant déjà pris pas mal de plaisir cette année dans les longs cross, sur des itinéraires classiques ou pas, mon appétit s’oriente en ce moment avec énormément d’envie sur du vol bocal.

Jeudi s’annonce être une bonne journée sur Saint-André, mais quand Benoit qui ne peut voler que mercredi me propose un petit Sospel sans prétention, mes yeux s’éclairent. Les prévisions ne sont pas très bonnes, c’est très instable mais avec des étalements ainsi que du Nord et de l’Ouest, beaucoup. Parfait ! Pas de plan sur la comète à tirer, un horaire maîtrisé, un mépris pour le rendez-vous avec le premier thermique…. c’est très bon ça !!! Transgressons les règles, bousculons nos shérifs intérieurs, sans cesse.

Nous arrivons vers 11h au déco, il y a des cums devant (Razet and co) avec des plafs honorables, voir même exceptionnels genre 1500. C’est bon comme une grande journée de février ça !!!

Le premier thermique est magnifique, je m’attendais à me faire détruire comme la dernière fois que j’ai décollé du Grosso. Les conditions semblaient un peu similaires avec une même propension au vent de cul. Et bien non, c’est juste de l’huile, mon vario est constant et apaisant, mon aile glisse parfaitement sans entraves.. j’hallucine quand je découvre la valeur de +3.5 !!!

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Sans peine nous nous retrouvons à l’Authion avec Benoît, mais mon Dieu que les nuages poussent en nombre et en hauteur….

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Un peu sur mes gardes et sceptique, je préfère me repositionner pour voler au sud. En discutant, Benoit s’affirme assez confiant pour aller au Férion et revenir, je m’appuie finalement sur son choix. Aujourd’hui, je suis super relax par rapport à l’engagement, je me sens assez humble et fort pour trouver une solution safe dans ces contrées hostiles. J’adore les crêtes de Peïra-Cava.

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Arrivé au Férion après avoir été continuellement contrés par 10 kmh d’Ouest, je décide de temporiser (et/ou de bien enfoncer le clou) en m’approchant de Levens. Sait-on jamais, un miracle est possible, la route de la remontée jusqu’au Mont-Chauve pourrait être ouverte.

Rencontrant la brise de mer assez vite, le rêve éveillé s’arrête net, je bats en retraite et remonte dans l’ombre. Au plaf du Férion, Benoit qui a déjà entamé le retour me semble aller au mieux. Je suis toujours méfiant avec ce ciel, les nuages sont impressionnants, toujours plus nombreux, toujours plus larges. J’ai aussi envie de mettre toutes les chances de mon coté pour aller ensuite taquiner le bord de mer.

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Du coup, je me positionne au sud de mes nuages et prends une trajectoire vers le nord de Contes puis l’ouest de l’Escarène. Endroit idéal pour avoir une chance de rallier la mer et pour être dans du bleu. Ces faces à l’Ouest de l’Escarène sont une nouveauté pour moi. J’ai bien du survoler cela de très haut mais là c’est différent. Par contre je connais très bien la vallée au sud pour y avoir fait un point bas flippant de chez flippant.

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Je suis patient et confiant. Ca décalle énormément à cause de l’ouest et des brises, mais j’arrive au bout d’un moment à sortir un 1500 qui me permet de me positionner devant le mont Ours puis dans la vallée de Castillon en terrain connu.

Benoit est reposé au déco ! Yes ! Je vais pouvoir continuer un peu sans devoir assurer une certitude de retour.

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En fait, ça remonte facilement, l’Ouest prenant très vite le pas sur la brise. J’arrive au Berceau, traversant des bons varios j’aurais du m’arrêter pour voir s’ils sont exploitables. Mais ayant assez pour me jeter sur le Berceau, je ne bricolerais que 2-3 tours en décallant fort sur les crêtes avant de partir. Cela est un peu bête quand on sait qu’un peu de discipline ici m’aurait permis de zapper l’étape à Bevera.

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Normalement c’est instable donc ça montera, mais bon…

Du coté du ciel, ça semble s’étaler plutôt que de prendre des hauteurs inquiétantes. On voit bien le nord forcissant avec l’altitude qui pousse considérablement le haut des nuages. On a des ombres aux vitesses variables, certaines sont assez flippantes. Enfin cette analyse est plutôt positive et me rassure.

Je trouve que Bevera est assez inexploitable, il y a pas mal  d’air montant mais la couche de brise bien axée n’est pas bien haute et l’ouest prend immédiatement le relais.

Là encore je fais du mieux que je peux mais plutôt que de me repositionner pour espérer davantage de plaf, je jette l’éponge. J’arrive donc sous l’antenne de la Tramontine mais très vite, après une minute de doûte,  je constate que mon pari d’y trouver des conditions plus favorables que d’habitude est gagné.

Cet ouest va donc à partir de maintenant commencer à me soucier car je dois rentrer à Sospel… et la seule route que je connaisse est la méga transition Crête Frontalière > Sospel.

Celle-ci, je suis particulièrement fier d’être le créateur, sauf erreur historique. C’est une trajectoire de dingue, jouissive à souhait, du début à la fin. Dans des conditions normales, on ne prend jamais beaucoup de gaz et Sospel semble si loin, séparée par des vallées hyper encaissées et hostiles : la Roya puis la Bevera. Pour clore le tout, il y a une ligne électrique qui obstruerait la route de la personne trop optimiste. Une fois soulagés, on arrive super bas dans la vallée qui s’élargit et on continue au dessus des champs sans céder aux tentations des reliefs jusqu’à la confluence. Quelles sensations !

Bon je vous ai décrit l’expérience standard que j’ai vécue 3-4 fois, avec la brise Italienne (Roya) comme soutient dans les basses couches.

Face à l’ouest, il va falloir s’adapter. Et je vous rappelle qu’à cet instant du récit nous ne sommes encore qu’à l’antenne de la Tramontine.

Avec un peu moins de 1000 et cette dérive ouest, je me dis que ça vaut le coup d’essayer de remonter la  vallée de la Roya jusqu’à Breil. Cela serait nouveau et ça me permettrait de zapper Isolabona puis Rochetta où je vais encore immanquablement dériver vers l’Est. J’aime bien utiliser mon cerveau plutôt que mon barreau, ma testostérone et mes jokers.

Bon, le cerveau a bien foiré ce coup-ci et je dois retourner profil bas à mon antenne pour replafer à nouveau. J’en sortirai grandi avec des nouvelles connaissances subtiles sur les brises, les thermiques, le vent météo et leur interactions.

C’est reparti pour le même plaf (enfin ici c’est plutôt l’endroit où sont les limites de mon habilité à thermiquer). Je retente une variante assez sympa pour une remontée directe vers Breil, mais avec un nouveau paradigme. Pas mal mais bon, finalement bof, plan B : Rochetta en direct.

Ah! Rochetta… une photo suffit.

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Ca sort pas mal mais quand ça commence à cisailler à cause du Nord je perds le truc. Ca devrait suffire pour continuer. Les ombres des nuages ont des vitesses hallucinantes, ce sont les parties sommitales bien brossées. La tendance est Ouest puis Nord.

Le plaf est assez conventionnel. Avec cet ouest, la transition magique risque de tourner au fiasco. En plus la tendance est franchement Ouest à l’atterro de Sospel, ce qui signifie que la brise de la Bevera est bien faiblarde… une expression qui me traverse l’esprit « on n’est pas aidés » !

Comme c’est ballot, je viens de me faire un peu aspirer en scotchant trop le nuage. Oh zut alors ! Les affres du cross ! Très esthétique la sortie 😉

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Poussé (mais aussi bien maltraité) par le nord, je terrasse la difficulté et après quelques wings dans une zone dégueulante, je pose à l’atterro où je surprends Benoit qui venait d’arriver et qui allait entamer une petite sieste (oui vous lisez bien).

Merci pour la repose, la récup, le déjeuner. Et félicitation pour ton vol, peu l’ont fait !

A 16:45, nous sommes au Vista à Roquebrune pour entamer un petit combo rando vol rando. Nous nous souviendrons du combi WW de 4 allemandes qui nous ont bien émus.

Le vol est simplement extraordinaire, tenant partout au fur et à mesur que l’ouest envahi le site. Nous avons droit au soaring au déco, au vista, au village, au cap et enfin à l’atterro.

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Que demander de plus ? Un vol de pleine Lune ?