Gourdon – Arma di Taggia

Le Samedi 31 janvier, nous profitons avec Benoit des très bonnes conditions pour faire un Gourdon – Vial – Mangiabo – Roquebrune (malheusement  un posé à Sospel pour Benoît qui bute au col de Castillon).

Le vol fût superbe, avec quelques difficultés dans la zone Roquesteron/Ascrocs (où JV s’est posé).

Quel bonheur de partager cet itinéraire que j’avais fait en solo il y a quelques années !

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Merci Brian

Nous étions passés du Férion au Mangiabo à mach 12, car Peille était à l’ombre.

Nous avons survolé sans stress les joyaux que sont Coarraze et Lucéram. Une première pour moi dans ce sens.

L’Italie humide n’était guère réjouissante et le challenge était de toute façon Roquebrune.

Le lundi 2 Février, beaucoup de monde est chaud ! Les prévisions sont énormes. Il semble possible de pousser un peu plus loin, vers San Rémo et de finir par une bonne Pizza. 

Quelle horreur toute cette testostérone au déco ! Je décolle rapidement et claque direct un 2000 depuis Cavillore. Mon unique altimètre me donne depuis quelques vols des altitudes fantaisistes – je dois sans cesse penser à corriger ses valeurs : aujourd’hui ce sera à la louche, -300 m. Ca sent la bonne journée. Il fait davantage froid que samedi.

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Une fois hissé sur les crêtes de Greo le samedi, j’étais parti optimiste et bas et … j’avais monstrueusement dégueulé sur les neiges de la station au Nord. Du coup, j’étais arrivé bas sur Roquesteron – avec une bonne galère à suivre.

Ce lundi j’asssure au Cheiron – et j’arrive haut sur Roquesteron.

Je prospecte toute la crête tranquillement, d’ailleurs je suis certainement positionné trop au sud. J’aimerais bien mettre à profit mon avance pour la bonne cause : trouver une solution simple et efficace à ce coin qui s’est toujours montré un peu chiant…. mais rien n’y fait !

Cela fait la troisième fois que je passe sur cette route pour me rendre à l’Est et cela fait trois fois que je ne trouve pas de solution bien claire pour connecter les crêtes qui vont au Vial… la quatrième sera la bonne ?

Cuebris – photo Benoit Outters

Je me retrouve donc à bricoler de concert avec Benoit qui m’a rattrapé. Finalement nous nous lançons vers le nord, en direction de l’éperon qui est sous Ascrocs, au sud.  Ne trouvant rien pour nous aider en chemin, nous finissons sur le petit relief visé. C’est bien cyclique, nous nous gênons un peu quelques minutes en yoyotant avec la peur de sombrer. Mais finalement nous sortons de concert, avec des mines chacun dans notre coin.

Et voilà sur la crête du Vial ! La Blanche de l’hiver ! Je fais régulièrement quelques tours inutiles dans les gros thermiques pour temporiser et rester avec Benoit alors que ma monture ne demande qu’à monter en puissance.

La transition vers le Férion n’est pas vraiment aidée, on se sent même un chouilla contré. Nous arrivons, bien enquiquinés par un Sud qui met les faces Ouest un peu sous le vent. Nous nous en sortons chacun à notre manière : une petite colonne sous le vent turbulente qui décale grave pour moi, un truc un peu plus large au sud pour Benoit. Nous nous retrouvons au nuage 🙂

Benoit commence à mettre du rythme et je me place en mode « distant collaborative control remoring » : plus haut, en retrait, sur une ligne plus au Nord. Non, ce n’est pas une technique apprise auprès de quelque mesquin des airs, nous sommes chez les gentlemen ! Je suis prêt à venir filer un coup de main au vent ou à proposer une solution de repli vent arrière à Benoit si jamais. C’est bon ça !!! Ca me rappelle le bon boulot fait avec JPT, notamment un Saint-André Auron surpuissant il y a des siècles.

Route pour Peira Cava

Je n’ai pas de radio. Benoit prend une ligne assez au Sud, alors que je coupe tout droit pour le Mangiabo.

Je file au Ventabren – à défaut d’être autorisé, c’est O B L G A T O I R E . Il m’avait trop fait envie le Samedi.

Il y a des jours comme le Samedi où c’est globalement très bon – mais où l’on doit rester un peu prudent et méfiant par rapport à des choix. Poser n’est pas impossible. Et puis il y a des jours comme celui qui se dessine lundi : il y en a 2 ou 3 par an, magiques, une notation de 12/4 !!!

Benoit vient littéralement me chercher à mon retour du Ventabren pour me dire « T O R R A G E » ! Oui bien sûr !!!

Nous prenons ce qui faut pour arriver pas trop loin du sommet de l’Arpette. Quel régal. Je n’ai jamais fais cette transition ni même ce sommet, 7 km de nouveauté, je ne dis jamais non. On a l’habitude de passer + au sud dans nos petits circuits : par le Monte Alto dominant la Barbeira.

La vue est énorme sur le Nord-Ouest du Torrage !!! Magnifique ! Nous bricolons un peu, puis nous pouvons enfin nous lancer au dessus des forêts sur un quasi-plateau, vers le Torrage où ça commence à cumilifier un peu.

En route pour le Torrage – photo Benoit Outters

Yes Benoît !!! le voilà le Torrage que tu convoitais depuis quelque temps.

Next on the List = partager le bonheur du posé plage !!!

C’est parti pour une branche Torrage > Monte Ceppo que je n’avais encore jamais faite.

A peine partis vers le sud, ça commence à cumilifier partout autour et devant nous. Avec un plaf qui s’effondre rapidement et surement.  Nous sentons aussi une tendance Sud bien bien génante.

Nous nous laissons avec beaucoup de méfiance absorder chacun de notre côté – un peu de hauteur est souhaitable. A peine engagé dans l’humidité, bricolant mon instrument pour m’aider à tenir un cap, une turbulence me surprend et une femerture vite enrayée m’éjecte vers une zone ultradégueulante. En une minute je me retrouve à hauteur des reliefs, à devoir forcer le passage d’une crête. Quelle merde !

L’engagement de l’Italie me saute à la figure au fur et à mesure que je sombre. Tant que tout va bien on s’en fiche totalement, surtout un jour 12/4, mais là… Je passe ma crête et me voici dans les pentes Sud Ouest du Ceppo…. je sombre lentement avec quelques bips anémiques. J’envie Benoit qui resté bien haut sur un axe porteur.

Finalement un thermique un peu mou me sauve. Je m’étais déjà préparé à l’éventualité d’une fuite en avant dans les vallons imposables. J’allais même relire en vitesse mon manuel d’arbrissage pour les nuls ! Ouf !

Benoit m’attend au Bignone. J’assure un peu les pleins, désolé 😉 Tant que je ne serai pas au Bignone ce sera Optimisme 0% Méfiance 100%

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Une fois Benoit rejoint, nous entamons un superbe glide contemplatif ! C’est toujours une sacrée récompense.

Glide bien mérité. Yessss mon pote !

A mi-glide la concentration a baissé depuis un petit moment dejà, le froid me saisit d’un coup. Quand on n’a plus à réfléchir ou à s’employer… ça caille !!!

Nous nous posons super contents ! Bien fatigués par ces 2 vols de rêve en 3 jours ! Pas loin de 200k quand même ! Quelle grande classe cet itinéraire !!! Il faut reconnaître que ce lundi nous avons peu de mérite tant la journée était magique !

Raviolis puis un belle intervention du plus grand président navetteur de tous les temps ! Gilles Perpès !

Je veux bien me priver des belles et longues journées d’été en échange de nouvelles conditions hivernales similaires.

Allez on finit par 1 surprise :

Doarama

 

 

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Roquebrune – St-Vallier-de-Thiey

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20156828

God Bless the Macaroni

Depuis plusieurs années, j’ai nourri peu à peu le rêve de relier Roquebrune à Gourdon.
Ce rêve, arrivé à maturité,  prenait la forme d’une trajectoire assez directe par le Sud. Je souhaitais réaliser ce parcours avec la manière, sans faire de détour par le Nord pour éviter les difficultés.

Le problème principal sur cet itinéraire est la zone allant de Blausasc à la plaine du Var.

Le Mont Macaron tout d’abord. C’est un site FFVL (!) que je connais un petit peu, j’y suis allé 5-6 fois. Malgré l’entrain initial de la mairie de Cantaron et du club Roquebrun’ailes, ce site n’a jamais eu le moindre succès. La légende voulait que certains pilotes y avaient déjà fait de jolis vols, mais en les questionnant, il s’avérait qu’il n’en était rien.

Accès compliqué, déco horrible, lignes HT mais surtout, un rendement minable ! Pentes faibles, sol sableux, forme bizarre… le pauvre Macaron n’a rien pour lui.
J’y suis allé par diverses conditions, traquant le thermique, traquant le dynamique par vents forts… Je me rappelle surtout d’un jour sur-fumant où les cums poussaient sur chaque montagne sauf au dessus de moi…

Pour en finir avec le contexte, en décembre 2014, à la faveur d’une journée sans grand potentiel à cause d’étalements rapides et épais, j’ai glidé contre le vent d’ouest en partant du Golf de Laï Bareï à 1500. J’ai pu remonter de très bas en dynamique à la faveur d’une pente peu pentue bien orientée et, une fois parvenu au sommet, j’ai grillé les 5 minutes qui restaient de soleil à chercher un thermique: rien de rien, comme d’hab 🙁

Le Mont-Chauve. En cas de succès au Macaron, il semble plus propice. De mémoire, Luc y avait décollé en Ultradaube, se rééducant à la suite de son premier crash. Cherchant à chaque fois à se poser le plus près possible de Nice, il flirtait avec les 2 THT alimentant Monaco et se posait dans un champ compliqué en pente à Gairaut. Je n’avais pas d’infos sur le potentiel thermique, mais pour être allé m’y ballader, cela me semblait pas mal. De la pente arride, des fours…

Le problème est qu’il est cerné de 2 grosses lignes HT. Bonne nouvelle, une fois raccroché, au sud il n’y a pas trop de soucis pour se poser… à priori, si on étudie le truc sérieusement. Une ligne bien vicieuse disqualifie quand même 75 % de la zone la plus propice quand même 😉

Du sommet du Mont Chauve, il faut pouvoir transiter vers la Gaude ou plus vraisemblablement Carros, en fonction du plaf. C’est loin d’être une formalité d’après mes calculs. Il est toutefois facile de s’échapper dans la vallée du Var depuis le sommet et moins haut.

Le 19 janvier 2015

Donc nous voici le 19 janvier 2015, les prévisions sont assez mitigées pour le 20 avec un voile d’altitude dès le matin et un front arrivant dans la foulée. Il y a aussi du vent d’Est, peut-être trop. Ce qui me fait tenter, c’est surtout l’emmagramme qui annonce une très bonne instabilité, même dans les couches les plus basses. Je me fais une petite feuille de route et charge la gopro et l’appareil photo.  Autre indice, en ce moment c’est souvent un peu mieux en vrai que ce qui est prévu.

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Le 20 janvier 2015

Premier coup d’oeil vers 8h30 vers le ciel : et bah c’est vite vu 🙁 Tout est baché, pas de parapente.

J’habite en ville mais Nico et Gilles confirment aussi. Finalement vers 9h30 on aperçoit un peu de bleu, rdv 10h30 Turbie. En prenant la voiture je m’aperçois qu’il a copieusement plu pendant la nuit.

On décolle vers ???? h avec Nico, sous les yeux de Gilles et Pierre, quelques secondes après qu’un voile masque très durablement le soleil. C’est la lutte, on bataille. Je donne tout ce que je peux pour cirer les faces Est avec Nico, et finalement j’arrive à me hisser suffisamment pour survoler les falaises du cirque qui sont encore au soleil. Cela me permet d’arriver à la cabane où tout le secteur est au soleil. Je vois Pierre Gilles et Nico lutter au Mont-Gros dans l’ombre et je m’estime bien bien veinard au soleil.

Malheureusement ça ne monte pas bien haut. Je prends mon temps, devant faire face à des périodes d’ombre sur mon superbe appui dynamique. Pour passer le temps, j’essaie de filmer mais je n’entends aucun bip. Tant pis pour la videos.

Finalement je décide de décaler – car les rares bons thermiques décalent – et je me retouve, 30 min après être arrivé ici, à enrouler entre les 2 énormes antennes et leurs haubans. J’ai vraiment peu d’altitude mais j’ai tellement décalé que je dois tenir bon et tenter le coup.

Très peu de temps après avoir perdu l’ascendance, à peine lancé dans une transition éperdue vers le Macaron, je trouve de bons trucs provenant des faces ouest sous le vent. Ca monte de manière très turbulente mais j’arrive à tenir l’aile et à rester dans les ascendances : YESSSSSSSSSS Je prends mon temps, gratte tout ce que je peux et finalement j’arrive sur le Mont Macaron au dessus de la ligne THT.

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La peur m’envahit, j’arrive sur ce site en Outsider. La loose est là qui me regarde. Je choisis de dépenser mes quelques dizaines de mètres de sursis à m’acharner au dessus de la plus grande zone calcaire plutôt que me rendre sur la bosse la plus sexy : yes ça bipe !

Je suis concentré à 200% pour tenir le truc sous les yeux des randonneurs. Yesss !!!

Finalement je suis maintenant à des hauteurs propices pour continuer. Bye bye Macaroni !

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Ma joie est de courte durée car je prends une trajectoire assez merdique et je me vois même finir bloqué. Moi qui rêvait, avec ce gaz rarissime et chèrement acquis, d’arriver directement en haut, je dois passer par devant.

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J’arrive 50m au dessus de la ligne THT . Si je ne trouve pas de gros thermique d’emblée, je suis quand même soulagé et super optimiste. Les pentes sont raides et arrides, le vario bipote régulièrement. J’ai passé le Macaron, s’extraire du Chauve ne sera qu’une formalité.

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Effectivement je me hisse sans peine au sommet, je profite du paysage tout en étudiant la situation. Un bon pierrier et un four calcaire 100m plus bas devraient donner : yesss ça dépote… mais c’est des trucs si turbulents. Ils décallent trop fort, tantôt en SE, tantôt en SO. C’est également très cyclique avec de longs coups de mou. Bref, de quoi tester le moral.

Je perds la bulle 1 fois, 2 fois, 3 fois… le doûte commence prendre sa place et je dois remettre mes choix en questions : il faut aller voir devant sur ces magnifiques faces ouest. D’ailleurs un cum commence à se former assez haut. Difficile de dire d’ou il vient avec les SU et l’Est en haut. Seule certitude, c’est plus au sud qu’où je me trouve. Trop au sud certainement.

Je fais une petite incursion au Sud-Ouest  en petit joueur. Je commence à me replier pour en refaire une plus ambitieuse en partant avec plus de gaz… et là : Thermique !!!

Plus sain, plus large… ce n’est définitivement pas celui du cum que j’ai vu,  mais ça s’enroule. Je commence à bien décaller et quand je me retrouve sans plus rien,loin des 1500m escomptés. Hésitation entre les falaises plus au nord à Aspremont et la poursuite immédiate de l’aventure. Finalement, je me lance vers Carros.

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C’est vraiment limite, mais je ne désespère pas de trouver des petits relais en survolant cette vallée somme toute assez minérale. Routes, galets, immeubles, hangars !!! C’est instable depuis le sol dixit meteoblue !!! Si le Macaron donne, tout donne !

Le miracle du mec qui y croit se produit en prenant quelques thermiques made in Carros City. Merci !!! Ce n’est qu’un surcis, car je perds les bips et je vais quand même arriver bien bas sur les reliefs.

Encore à 50 m près, j’arrive à survoler une espèce d’abbaye massive. Quelqu’un à eu la bonne idée de la construire de pierres bien claires. Ce quelqu’un à eu aussi la bonne idée de réaliser l’enceinte et les sols avec la même matière, de choisir une belle exposition ensoleillée, de mettre peu d’arbres – qui en plus perdent leur feuilles en hiver – et de situer le tout en contrebas d’une petite falaise pour bien redresser, canaliser et amplifier l’ascendance: du travail d’orfèvre !

A partir de ce moment ça va remonter assez laborieusement mais surement. J’enroule avec un oiseau et je vois une aile sur la Gaude ! Bruno ?

Je m’applique pour pouvoir avancer au sud et je rejoins d’aile, une Ozone verte et rouge qui monte facilement. La suite est peu rejouissante, tout est à l’ombre depuis un moment de Saint-Jeannet à Gourdon. Ca sent encore la lutte.

Mais j’arrive à faire plus de 1450au Baou de la Gaude, je m’imagine même à un moment poussé par le vent juqu’à Vallette… mais non.

Ca ne glide pas bien, ça ne bipe plus. Juste en traversant vers le puy de Tourette, les roches du fond de vallon me donnent un thermique reconfortant, super compliqué à tenir mais je ne vais pas me laisser intimider.

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Yess je vais arriver presqu’à hauteur du puy de Tourette… et ca remonte. Finalement je peux passer par le haut et je trouve régulièrement de quoi monter.

J’enroule au dessus de la cracasse d’avion avant d’arriver à Courmettes, enfin je me détends et je crie des gros Yesssss Yesssss Yessss Yesssss ! Vraiment trop heureux !!! Ca c’est du vol mérité !!!

Finalement toujours euphorique, épanoui, accompli, je réussis à faire un bon plein à Courmettes et je continue….

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Jusqu’à Cavillore « histoire de », sans aucune pression, juste pour le plaisir.

Puis la Boule.10945774_10152799664634900_4190258901990466880_o

Puis Grasse.

Puis Saint-Vallier (qui ne s’est pas laissé atteindre facilement).10842332_10152799665004900_8459131193661515286_o

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Deux grands mercis à JV qui m’a accueilli chaleureusement et à Bruno qui est venu me chercher !

Sans oublier Pierre Gilles et Nico, ainsi que tous les autres copains.

Saint-André – Morgon – Jausiers Triangle

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20153501 (login ffvl obligatoire)

Septembre, c’est enfin l’été !

Une loose précoce contre la stabilité et le vent d’ouest à Bleine nous contraint à passer une journée de vacances vers Saint-André et son Lac avec Jo et JPT. Baignade et glande. La vie est difficile.

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Le matin même Tom avait vu le coup venir et s’est reposé avant qu’il ne soit trop tard pour aller voler du Chalvet. Il nous sort un circuit Chalvet – « presque Dome de Barrot » 😉 – Dormillouse – Coupe bien sympa.

Le lendemain je suis remonté à bloc et je vole sur des oeufs dans du petit jusqu’à Coste-Longue. Ensuite le parcours vers le nord est facile et généreux, je commence déjà à observer et réfléchir à la suite.

A Dormillouse, c’est le CDF, un petit coucou s’impose à la crème de la crème :

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Au Morgon, j’ai 3 options qui sont :
1 – les Ecrins
2 – Embrun et un retour dans la vallée de l’Ubaye par des crêtes comme l’avaient fait Luc et Rom il y a un petit moment
3 – Enfin un facile Morgon-Jausiers et difficile improvisation une fois à Jausiers

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Le Mont Guillaume est pris dans les nuages ou presque…. Embrun idem…. C’est parti pour Jausiers !

Je peine à faire le plein au Morgon. En regardant dans le retro au nuage, au moment de me lancer, je vois Tom et JV arriver. Je profite de la vue et de ces superbes nuages en enroulant tout ce qui bouge.

Je vois une aile qui arrive et qui s’engage sur le même chemin, c’est JV.

Je continue sur un rythme de sénateur. C’est super beau, je me colle sous chaque nuage. Je suis surpris du caractère sauvage et isolé du coin. On se sent seul et en montagne, tout ce que j’aime. JV me rejoint et l’on peut partager cette découverte ensemble, c’est vraiment sympa.

Nous ne serons pas trop de 2 pour en découdre les endroits piégeux à venir. Nous nous sommes fait absorber au sol par un trou noir au sud de la Bonnette il y a quelques semaines en plein après midi d’été avec Tom.

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Arrivant sur Jausiers, on se sent contrés. Le vent méteo est NE faible mais il y a surtout une forte brise qui vient d’Italie. On se retrouve sur les crétes qui séparent Jausiers et Larche… avec des falaises en plein soleil et pentes moins raides au vent.

Et là, JV nous fait des merveilles, il vole nickel dans ces petites conditions pas faciles et nous remontons. Je décide de profiter du saint gaz pour ne pas chercher mon reste et de vite me casser avant de sombrer côté Italien dans la vallée ventée.

Ayant battu retraite sur la crête à l’ouest qui remonte vers la Bonnette, nous nous retrouvons dans la même config qu’auparavant : énergie en faces Ouest, vent (et ombre) sur les faces Est.

JV bricole encore à merveille au vent et nous arrivons à remonter notre crête et à nous trouver au sommet. Malheureusement l’ombre a encore gagné du terrain et plus rien ici ne peut nous emmener aux nuages.

Nous partons pendant qu’il en est encore temps dans une vallée plus à l’est, c’est tout à l’ombre depuis un bon moment mais je me dis que la zone doit être propice aux confluences. Finalement ce n’est pas dans le col mais plus loin que l’on trouvera de l’air qui monte… difficile de dire pourquoi, probablement la conjonction d’une conflu et de rocher encore chaud.

Un plaf nous fait le plus grand bien. Nous croisons 3 gunners qui tracent direct vers Fort Carré entre Var et Tinée. Ca fait plaisir de voir d’autres dangereux criminels. Nous partons vers les sommets au Nord du Pelat. On arrive sur des faces Nord et ça donne directement un plein, une belle surprise qui va nous éviter de passer le col d’Allos ric-rac.

Pelat… J’aimerais bien replafer mais je n’y arrive pas. JV est un petit peu en retrait, j’hésite à retourner vers lui sur l’endroit que je n’ai pas réussi à exploiter.

Finalement je continue en me mettant entre Var et Verdon, tout est à l’ombre, je sais qu’il faut rester haut, où les contrastes sont durables, où il fait vite froid, où un rien peut faire monter cet air instable.

Bingo ! Je remonte au nuage pendant que je vois JV qui s’enfonce avec d’autres ailes dans les basses couches et la brise. En fait j’apprendrai plus tard que c’était une équipe constituée de Vic et Benoit Outters qui ont traversé au niveau de la Séolane.

Je fais bien bien le nuage pour être sûr car l’ombre est présente quasiment partout là aussi. Je force le passage pour passer sur la crête de Colmars mais je tombe sur un mur de brise à la fin et je ne passe pas. Je me replie et tombe du ciel en descendant le long d’une crête secondaire dans le vallon de la Lance… avec une belle finesse de merde 🙁


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J’arrive finalement à traverser pour battre retraite côté au vent dans la foret. Ca craint… ça sent la loose. Me voici bien bas.

Une tache de soleil dans la forêt me sauve, je refais le nuage comme il faut et ça passe. Ca fait un moment que j’y crois sans y croire à ce retour sur Saint-André. En fait je sais au fond de moi que c’est possible si j’arrive à rester haut. C’est impossible de passer par les Coyers par manque de plaf comme je l’avais déjà fait. Il va falloir remonter le Verdon jusqu’à Thorame puis jusqu’à Saint-André.

J’ai plutôt une vision romantique et has-been du cross, je préfère les distances libres. Mais pour une fois, je commence à me prendre au jeu, l’ivresse du bouclage m’envahit. L’ombre est partout. Saint-André est minuscule au loin, si loin. Ca en devient presque excitant.

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Finalement, ce voile, je commence à l’aimer. Il a probablement fini par rendre la couche de brise moins épaisse. J’ai la chance de trouver une belle ligne porteuse et de rester haut entre Colmar et le Courradour.

Je reprends un peu, je me maintiens grosso-modo un bon moment vers les 2000 et je peux enfin envisager le Puy de Rent.

Au Puy de Rent ça sent bon la réussite, je ne trouve pas grand chose pour monter, mais l’air est très porteur. Je connecte la crête de Serres c’est gagné !

Je retrouve Ghislain qui vient de Maurel pour un petit Pic de Chamatte 😉

Et voilà, bien content.00P1010008

Sospel – St-André – Mont-Dauphin

Mars 2014, le premier bon gros vol de l’année. Une journée de rêve avec des conditions parfaites. Le risque de ne pas choisir du tout cuit paie et m’offre un de mes plus beaux vols…

De Sospel à Embrun un jour magique de Mars !

Le 14 mars 2014, 170 km

http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:pascamax/14.3.2014/09:56

Je rentre à la maison après cette fantastique journée de parapente, il est 1h30 du matin, je roule sur cette grande artère épousant la baie de Nice : la promenade des Anglais. Les feux deviennent systématiquement verts 50m avant mon arrivée. Cela a un petit air magique, tout comme ce qui c’est passé en l’air ce 14 mars 2014.

Tout s’annonce de la meilleure manière pour voler depuis Fourneuby, c’est sensé être fumant dans le secteur Bleine-Moustiers-Dormillouse.

C’est attractif certes, mais pourquoi ne pas prendre un peu de recul sur cette quête monotone du meilleur site au meilleur moment ? Sur cette recherche systématique de la meilleure promesse kilométrique ? Sur cette tendance stéréotypée d’en vouloir pour son argent ?

  • Et si c’était simplement une journée idéale pour voler en parapente ? Simplement, se faire plaisir en évoluant dans l’inconnu ?
  • Et si je partais enfin à la découverte de Lucéram et de Coaraze comme j’en ai toujours révé ?
  • Et si tout cela marchait bien, ça pourrait même finir loin cette affaire !

C’est souvent dans les petit détails logistiques que se finalise (ou pas) ce genre de résolution.
Grâce à la présence de Max, Vincent, Raymond, Philippe, Salva et Cyril, les soucis d’un vol sans retour avec la voiture au sommet ne vont pas infléchir ma décision.

Je n’ai pas trop confiance en la Lavina malgré l’assurance des connaisseurs, je préfère mon Monte Grosso, son herbe,  sa vue panoramique, son calme dépaysant. Nous y allons avec Max et Cyril.

Au loin, la Lavina semble laborieuse à certains. Chez nous, Cyril le rookie décolle et semble tenir.

11h00 Let’s go !

Ca monte un peu en décalant bien. La tendance Est est bien au rendez. Je ne m’acharne pas pour mieux dompter les ascendances du Mont Gros, j’assume ma médiocrité et je décide de passer à la baisse des Canons.
Idem là bas, j’en ai assez, je file. Je traverse les gorges de la Bevera.

Ce moment est d’habitude piquant et savoureux – elles sont sacrément impressionnantes ces gorges – mais vu ce qui m’attends, je suis totalement hermétique. Je pense déjà à l’accueil de l’autre coté et au beau plaf qu’il faudra absolument faire pour s’engager sereinement dans l’inconnu.

Ouf, ça monte sans difficulté sur la crête de Mandine. J’arrive vers les 2000, Lucéram et Coaraze, me voilà ! Je vais me placer sur les crêtes au sud de Peira Cava. C’est un joyeux bordel topographique avant le Férion.

Quel plaisir de survoler ces coins. Il faut les visiter du bas pour comprendre ! Ca remonte un peu au col Saint-Roch et je décide de viser le Férion plutôt que la Madone d’Utelle.

J’arrive un peu sous le sommet en face est. La brise me contre mais j’arrive à me hisser au dessus des cretes. Je me replace sur la cabane du sommet et je refais pas loin de 2000 avec la bonne surprise de voir un parapente blanc arriver. C’est soit Raymond, soit Vincent !

Je me jette vers le Vial en gardant une trajectoire me permettant éventuellement de me diriger vers Bonson au dernier moment, selon ma perte d’altitude et mon feeling.

J’arrive dans les pentes sud du Vial, avec comme atterrissage de secours un chemin en bas de pente. Ma religion me dicte que les gorges du Var sont infréquentables, quelle que soit l’heure. Je bricole avec soin et me voilà au dessus du sommet. Toujours impressionnant ce coin !

Superbe premiere section de vol ! Yesssssssssssssssssss ! Magnifique. Je repense aux premiers parapentistes qui ont du faire ça ! Respect ! Et l’impression de rentrer dans un club très select.

Je progresse ensuite tranquilement en longeant les crêtes vers  la difficulté de la Penne où le terrain s’aplatit. Ne pas sombrer par ici, jamais. J’essaie de faire un plaf à chaque occasion, mais je n’y arrive pas. Je vois Raymond sortir du Vial !!! Yes !

Sans vraiment tout ce qu’il faut je me jette sur la Penne et les avant reliefs donnent suffisemment. C’est laborieux et je contemple Raymond faire un beau plaf et me rattraper ! Chapeau ! Les compétences acquises dans le bocal de Roquebrune sont transférées sur un itinéraire bien tricky !!!

Nous progressons ensemble jusqu’à Avenos. Je le suis sur la crete quand je vois son aile cabrer dans une énorme minasse. Je connais bien ce thermique ! J’ai l’impression d’entendre son vario hurler ! J’enroule dans du petit pour connecter un peu plus haut le noyau.

Sans radio, on ne communique pas et on se perd bêtement au niveau du Vallon du Passé . J’ai beau chercher mon Raymond, je ne le vois plus.

J’arrive sur Briançonnet vers 14h, la vraie fête va commencer.
Les cums au loin sur le Teillon m’ont mis l’eau à la bouche depuis pas mal de temps !

Un 2800 avec 1 minute mythique d’un vissage parfait de + 5 sans aucun mouvement parasite, le tout avec un son de vario régulissime ! Pas mal !

C’est donc facilement que je me retrouve au Crémon où je refais 2800 ! Un nuage plus à l’ouest m’invite à monter encore plus haut mais je décide de foncer direct vers le Chalvet sans craindre les basses couches car c’est la fête !

J’étais évidemment optimiste et je dois enrouler des trucs sous le vent de Courchons. Heureusement des oiseaux m’indiquent le thermique officiel au sud de Saint André et je fais 2200 ! C’est la fête vous dis-je !

Sur le Chalvet en direction des antennes je ne peux m’empècher de monter en gamme : on se remet d’abord à 2800.

Puis 3400 aux antennes !

Je glide direct jusqu’à Carton avec ça ! En frolant les cretes enneigées de costes Longues j’adore ! Je retrouve Jean-Paul qui doit venir de Fourneuby via Moustiers.

On arrive ensemble sur le Tromas, je suis plus haut et je ne persévère pas en pensant trouver un truc plus clean à enrouler plus loin.  Sur l’éperon qui suit (Tête de Bau) ça marche bien avec l’aide d’un oiseau pour le recentrage au vent en Nord-Est. C’est super enneigé avant l’Aiguillette et parole de vieux brisquard il faut mieux prendre un peu d’air.

La suite est parfaite, avec une Blanche qui donne suffisamment. Je fais encore 3000 à Dormillouse en me disant que l’on est pas en été. J’arrive au Morgon où la tendance est franchement nord.  Je pars de 2800 vers le Guillaume.

Il commence à faire tard et j’aurais bien aimé passr par les Orres mais ça y sent trop la neige. Les faces Ouest de la Durance me semblent plus propices.

Tant pis c’est le Mont Guillaume où j’ai enfin un contact radio. Benoit Outters est au Mont Guillaume au dessus de moi !

J’ai soudainement compris : la radio vendue par un certain XXXXX est en fait un jouet pour enfant. Je ne capte que les gens qui sont à moins d’un kilomètre… super utile !

Benoit avec ces 200m d’avance part vers l’est par les faces Est.  La falaise vers Serre-Buzard se noie petit à petit dans l’ombre.

Je m’applique à plafer pour traverser la Durance et trouver le soleil.  A l’occasion de cette transition, je vois Jean-Paul sur les mêmes faces très bas et je le vois finir par se poser. Il a du faire un direct du Morgon.

J’arrive à Saint-André-d’Embrun et la déconcentration me frappe. Au lieu de tout donner pour essayer de me remonter au sommet, au son du vario je juge l’aérologie moribonde sans prendre de repère et je me jette dans le glide final en direction du Mont-Dauphin. Quel regret en regardant ma trace; je montais. Qui sait ce qu’il aurait été possible de faire du haut de cette montagne ? Enfin, l’essentiel n’est pas là, on n’est pas à 10 km près.

Quelle journée de fou !!! Tout le monde c’est bien gavé. Il y en a une seule par an où le parapente est aussi facile !

Merci à Philippe qui non content d’avoir fait un super vol à fait la récup jusqu’à Gap.

Ospedaletti – Roquebrune

Un vol de ce côté de la frontière, c’est toujours un grand moment d’émotion. Après l’itinéraire inverse avec Bruno quelques jours plus tôt, la météo nous amène à Ospedaletti où l’on profite du vent pour voler vers la France…

Ospedaletti – Mangiabo – Roquebrune

le 24 février 2014, photos de Benoit Outters

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2013/vol/20138457

JPT, Bruno et Benoit Outters sont chauds pour voler. Nous allons donc en Italie chercher un troisième jour de cross consécutif. Quand ça vole, voles !

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Nous arrivons un peu tard au décollage et il y a environ 15 kmh de SE assez pénible, d’autant plus que le plaf est assez médiocre. Dans ces conditions, on s’arme de patience. Sceptique sur le raccrochage du Mont Bignone, je choisis d’aller jouer avec le vent pour tenter Roquebrune. Une longue transition nous amène à Isolabona.

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Ensuite je suis naïvement les crêtes avec Bruno tandis que Benoit et JPT passent par Rochetta. On arrive à faire 1600 au Monte Alto : donc feu sur l’Arpette !

Un plaf à 1600 me permet d’engager du lourd et de tenter Sospel Direct ! Une transition pas très raisonnable que j’avais déjà réalisée avec Corrado. J’annonce clairement que c’est un plan bien chaud et je dissuade Benoit de me suivre avec son matériel un peu moins performant.

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C’est parti pour une transition de malade avec Bruno qui accepte le plan. On est finalement peu poussé par l’Est, les brises tardent à prendre le relai. Avec le soleil de face, on voit mal la méga ligne électrique qui obstrue les gorges. Malgré un petit doute avec les vitesses qui s’effondrent à un moment, ça passe quand même bien et on arrive à l’Agaisin.

On se fait un peu secouer et ça monte direct à 1700. Jean-Paul et Benoit semblent s’en tirer en passant par Breil-sur-Roya.

Ayant le gaz pour prétendre passer le col de Castillon, j’hésite à poursuivre vers le Mangiabo. C’est quand même le point le plus dur de l’iténéraire qui est presque acquis avec ce gaz à cet endroit. Finalement le nuage me semble pas mal au dessus du Mont Gros, tout comme celui de la baisse des canons.

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J’arrive au Mangiabo et ça ne monte pas, je dois passer au viroulet car je ne trouve rien. Ca tombe bien, j’y fais le nuage et je me retrouve en parfaite position pour me lancer sur le Razet (qui domine le col de Castillon).

Bruno a pris un peu de retard mais s’il refait le plein Sospel il aura toutes ses chances.

Je rentre les mains dans mon harmais et j’optimise au mieux ma vitesse. Il y a un beau nuage sur les faces nord je pense que c’est gagné. Trop confiant, je snobe un peu le premier thermique en me disant « nuage en longueur » = « thermiques tout le long ». En fait les thermiques sont plus à l’est 🙁

Snobant donc cet indispensable gain préliminaire, je fais l’erreur de débutant de me coller aux faces ouest sans avoir pris tout ce qu’il y avait à prendre avant. Je commence à rentrer dans la brise sans appuis et en 5 minutes je me retrouve dans une situation bien pourrie. C’est simple, une fois qu’il n’est plus raisonnable de battre en retraite pour poser sous le vent du col, mes seuls atterrissages deviennent le viaduc, le terrain de moto cross.

Ceci dit ma raison me dit de continuer car la brise ne me scotche pas trop quand même. Comme nous sommes en février ça va bien monter quelque part une fois positionné au vent… Et Bingo, un petit coin canalise bien la brise et ça monte en thermodynamique. Rien que pour ça je ne regrette pas.

1300 ! Je reprends 900 Saint-Agnès et ça passe en direct sur Roquebrune. Comme on dit à Gourdon, un gun vaut mieux qu’un cerveau.

Je vole tranquille dans le bocal en attendant mon JP qui s’en est évidemment tiré lui aussi en laissant Bruno et Benoit à Sospel.

Yesssssssssssssss ! Un très beau vol, pas facile du tout, avec juste ce qu’il fallait en plafs.

Saint-André – Ecrins – Oisans – Maurienne

Juillet 2013 au départ de St André, une journée de cross assez médiocre et laborieuse m’a permis d’entrer par la petite porte au coeur du massif des Ecrins. Ce que j’y ai vu était grandiose…

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20132843

Nous sommes partis remontés à bloc avec JPT pour cette journée annoncée sèche et Sud après des semaines de conditions orageuses.
Nous arrivons à partager notre enthousiasme avec Tom, Dgilou et Victor.

Bleine semblant sur les prévisions un petit peu aléatoire avec de l’air marin humide, nous bétonnons le plan avec un départ de Saint-André. On perd 2 heures de vol et 30 km sur la journée idéale mais bon…

Malheur ! C’est Ouest et les cums poussent bien en montagne. On ne décolle que peu avant midi du Chalvet.
Consolation, ça porte bien, je ne perds pas trop de temps.

Le plaf est bas et le flux d’ouest modéré me fait choisir le Cheval Blanc… je vole pépère sur Cheval-Blanc Carton et Lachaux. J’observe surtout les nuages et analyse les opportunités de vol. Pas facile, tout change assez vite avec des gonflements-dégonflements.

Le gros truc qui ombrageait la Blanche est de moins en moins impressionnant.
La conflu à Dormillouse me semble sérieuse mais elle ombrage à son tour une large zone et peine à me tirer. Aucun CB nulle part, j’ai le temps…

Le plaf est médiocre sur le Morgon mais :
le Viso est visible (avec plaf bas en italie), les Ecrins sont très peu ennuagés. Un cum prend le sommet de la Barre des Ecrins, ce qui montre à l’optimiste que je suis que le plaf n’est pas si mal. C’est bien bleu à l’ouest.

Un Morgon >Guillaume est donc la suite logique.
Une fois au Guillaume je suis sur 3 options qui sont Viso (mais ça me semble potentiellement une impasse avec des plafs bas et humides en Italie) Grenoble par l’ouest (mais ca va etre difficile de se mettre au Piolit et je ne suis pas sûr que les brises vers Corps soient Sud tant le flux rencontré jusqu’alors est davantage de l’Ouest que le Sud des prévisions) et… 3eme option : les Ecrins (aucune objection et une grosse envie) !!!

Je croise une Niviuk qui se fait bien brasser en essayant de remonter la Durance par les cretes au nord du Guillaume.. je suis un peu ça de haut, il va vraiment pas vite vers l’Ouest… ça me conforte dans mon option.

Après avoir constaté mon impuissance à enrouler un thermique dans 30kmh, j’arrive à voler deux tours dans un truc un peu plus fort qui décalle à max. Yes ! J’arrive à me faufiler en passant de justesse au Nord. C’est parti pour de la nouveauté et de la nouveauté grandiose !

Je ne vais pas développer l’itinéraire intra-massif. Certainement un des plus beaux moments de parapente que l’on puisse vivre en France.

Un paysage de dingue avec arrêtes de type haute montagne, des glaciers, le tout dans un isolement qui donne à la fois du piquant et de la solanélité : imaginez la jubilation et  bonheur !!! C’est l’AVENTURE !

Quelques infos en faisant court :

– je reste quand même très concentré sur l’objectif de voler juste et bien et je fais très très attention quand je suis à proximité du relief

– les conditions sont difficiles avec du vent 15-25kmh OSO, ça décale bien mais ce n’est pas ce que j’appellerais malsain.

– les thermiques sont dans l’ensemble rares et certains sont même relativement mous, c’est bien pour souffler mais ça rend l’itinéraire assez retors et pas gagné.

– au coeur du massif aux plus hautes altitudes, les thermiques deviennent hardcore avec beaucoup de vent, m’obligeant à serrer fermement les virages dans la branche vent arrière pour ne pas me faire décaller

– j’étais super impressionné de voler au dessus et contre ces crêtes majestueuses et désertes, ces montagnes mythiques.

– je n’ai pas joué à essayer à tout prix de faire les sommets, je reste dans un optique cross et je souhaite avancer vers le Nord, je me sens plus à l’aise un peu au large. Cela me permet de contempler et de savourer pleinement et aussi sereinement que possible ces instants tant attendus.

– cela ne se passe pas trop mal question navigation, j’avais pas mal préparé sur Google Earth donc ce n’était pas un labyrinthe

Regardez le vol de Guigui, avec des conditions un peu plus généreuses :

Ensuite je vais plonger vers l’ouest (les 2 Alpes) car ce que je vois au nord de la Meige me semble un peu moins propice (pentes douces replats et herbe).

Je quitte donc les Ecrins avec pour cadeau un glacier énormissime (glacier de la Selle) et non loin, une grotte XXXXL. Magnifique !
Un plaf d’adieu a 4000 et un bon gros glide poussé par du SO. Je croyais quitter les Ecrins pour le Taillefer… mais pas du tout 😉  Je suis juste un pinpin perdu après les Ecrins…

En guise de Chamrousse c’est… Huez 🙂

J’arrive vers Huez avec brise soutenue de face, je me précipite un peu et je dois porter ma croix pour remonter sur les hauts reliefs.

Une fois aux crêtes, les gros cables des téléphériques et la luminosité difficile (avec un soleil devenant bas et de surcroit de face) m’incitent à glider avec le vent plutôt que de repartir sur un franchissement de vallée pour aller vers le Nord.

Enormous ! Je me retape donc une superbe session de belle montagne avec les glaciers et les lacs à moitié dégelés du massif des Grandes Rousses… Le tout poussé à 55 kmh avec une finesse infinie… c’est superbe.

Je n’ai qu’à laisser flotter mon aile dans cet air huileux et à contempler tout cela, encore et encore.

Du Col de la Croix de Fer, je reconnais loin au sud le Tabor que l’on avait survolé à 4000 en 2009 avec Fred Nabet.

J’essaierais d’allonger au max le vol en remontant la Maurienne mais le final en restit poussé par la brise que je planifiais se heurte après Saint-Michel-de-Maurienne à du catabatique….

Il est plus de 20h quand le rêve se termine, c’était superbe !

Fourneuby – Teillon – St-Cézaire FAI

Visite aux JVettes

Une belle trajectoire bien porteuse à plus de 2000 pour avaler cette superbe ligne que constituent les gorges de la Siagne. Elles me faisaient envie depuis pas mal de temps.

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20132553

On part de Fourneuby avec Tom. La méteo assez pessimiste question surdéveloppements.
Au plaf sur le chemin vers le Col de Bleine, je vois un énervé en Ozone vacher vers l’atterro du col de Bleine et un autre s’en sortir au moment où Benoit décolle du Col de Bleine.

Le mec en Delta 2 vole vraiment super bien et je dois appuyer comme jamais pour le suivre au moment où il me rattrape. Normal on dirait Luc. C’est en fait j’apprendrai après en radio que c’était Nicolas.

Au Teillon il arrive avec Benoit – qui a fait fumer la R11 pour nous rattraper par le bas 😉 – les 2 arrivent  à enrouler un truc un peu tricky. Je suis un peu énervé car  mon option plus au vent ne marche pas.  Je les vois rentrer vers Bleine ce qui est un peu décevant mais logique vu que ça charge bien.

Finalement je décide de faire pareil en évoluant vers Andon car la ligne est porteuse et le ciel y est bleu. J’invite Tom à faire pareil mais il sera trahi par sa mauvaise trajectoire et sa machine moins performante.

J’arrive à rester haut et je me régale d’un survol  du Baou Mourine et des gorges de la Siagne. Je reste bien haut car la ligne est vraiment très bien fournie en ascendances. C’est énorme. Depuis le temps que j’en rêvais ! La vue sur le terrain de jeu de JV est magnifique, je reconnais chaque lieux de tournage des JVettes, bien calé dans ma trajectoire porteuse à plus de 2000, je suis comme au balcon à l’opéra, tranquille.

Je vais jusqu’à Saint Cézaie et il me semble possible de rentrer car le ciel reste bleu vers le sommet de Calern.  Pas facile de remonter… aux antennes de Grasse il n’y a rien.

Vers la Gardette  le thermique est bien retord et je n’ai d’autre choix que de décaler à max.  Au sommet de Calern encore au soleil je tiens en dynamique, j’ai beau m’employer rien est enroulable. Tout est noir à l’est d’où je suis.

J’observe le ciel en prenant mon mal en patience et au moment ou 15 minutes de soleil se profilent vers l’observatoire de Calern et que je décide d’y aller, je rencontre une mine et donne tout. En quelques tours je me retrouve à 2000 bien décalé sur le plateau. Poussé par le vent j’arrive facilement jusqu’à Fourneuby dans l’ombre.

Je me pose sur la route pour rejoindre Tom, ça monte pendant ma longue finale 🙁 Je suis un peu long mais ça passe…

Je dois interrompre le rangement du matériel en balançant tout dans le camion de Tom car il commence à pleuvoir bien fort.

Sospel – Col de Castillon – Bevera – Isolabona FAI

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20131879

Le vol Ultime !

Avec les congestus qui deviennent de Cummulonimbus sur Tende l’ambiance est au rendez-vous !

Corrado et moi sommes à Isolabona, il faut vite vite rentrer. Avec seulement 1500 de plaf à Monte Colombin, Sospel est à finesse 8. Entre les 2, des gorges et autres coins hardcore.

Ce glide de malade, je l’ai longtemps désiré.

Légérement poussé par de l’Est, le rêve se réalise et la trajectoire tient toutes ses promessesC’est E NO R M I S S I ME !

C’est de toute beauté, survoler ce paysage grandiose et imoposable fût un grand moment ! Une de mes plus belles jubilations. Les connaisseurs apprécieront…

Dronero – Cafasse

Vol de Dronero au Nord de Turin

http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:pascamax/26.5.2013/09:41

Je ne vais pas faire un vrai récit ce serait trop long car je ne connais aucun nom de relief…

Avec Jean-Paul et Corrado nous sommes allés découvrir Dronero.

Après avoir peiné à suivre les italiens vers le Sud je suis parti à l’aventure vers Turin. La masse d’air était bien sympa, sèche et instable. Le vent d’Ouest soutenu en altitude n’a pas été génant.

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Le cadre est majestueux avec la vue sur Viso Mt Blanc Cervin Mt Rose etc etc. Le tout avec un sorte de mur de Foehn qui matérialise bien la ligne des plus hauts reliefs frontaliers… ambiance !

Le principe est de sauter de vallée en vallée en suivant l’arc alpin. Il s’agit de trouver à chaque fois le bon réglage entre les hauts reliefs et la plaine.

 

Sur la fin c’est un peu compliqué mais ça marche et je pose à 30 km au Nord Ouest de Turin. Les gens chez qui je pose m’indiquent un bus et un horaire, malheureusement il n’y aura rien.

Le stop marche tres mal en Italie mais j’ai eu la chance de tomber sur un jeune sympa qui m’a amené sur le périphérique de Turin ou Jean Paul et venu me chercher. Merci à toi JPT !

Il est allé avec Corrado,a près leur premier vol, reconnaitre Boves, un déco Est vers Limone. Merci à lui !

Je conseille Dronero !

Gourdon – Roquebrune

Enfin le Graal du 06.

Gourdon Roquebrune par Roquesteron et le Mont-Vial
65 km – 21 mars 2013
http://www.victorb.fr/visugps/visugps.html?track=http://www.victorb.fr/visuigc/23032013_153026_2013-03-21-gourdon-vial-roquebrune_IGC

Les prévisions pour ce Samedi 23 mars 2013 nous donnent un plaf vers 1500 à Gourdon et un peu plus derrière et de l’Ouest qui va finir par passer en basses couches à 20 kmh.

Ca peut être bien comme ça peut être médiocre.

Sur un petit nuage depuis un superbe Roquebrune Savone, je vais voler à reculons car je sais bien que voler à Gourdon risque d’être bien fade après ce superbe 4/4 du 16 mars. C’est bien parce que la météo est pourrie après pour longtemps que j’y vais.

On arrive un peu tard avec Dgilou et Dadou.

Très vite, quelque chose me semble anormal : ça monte plus haut que d’habitude ! Las de voler devant en 2 dimensions, je préfère aller vers gréo avec une petite idée derrière la tête : essayer d ‘aller à Roquebrune car ça semble un projet réaliste aujourd’hui. Pour moi, ce vol est LE vol.

Jouer avec les éléments au mieux peut permettre de faire des parcours plus longs, plus beaux, plus variés, plus originaux… mais aller de Gourdon à Roquebrune sans le faire par hasard, c’est un des vols qui m’avait le plus impressionné de la part de Luc.

Ca commence bien, je pars à 1700 avec David vers l’Est de la crête de Calern. Trajectoire malheureuse, on arrive à peine à hauteur de relief. Un petit tour minable jusqu’à l’observatoire pour constater que rien ne monte ici. David s’y pose, oh shit man !
Dgilou passe avec de la marge direct sur le Punch depuis Gourdon. Toujours impeccable ce Dgilou.

Je profite du minimum syndical pour passer de l’autre côté et me jeter dans la foret. Sur les reliefs avant les lignes, je traverse des zones ascendantes qu’il est souvent impossible d’enrouler mais qui suffisent si on les chemine bien à garantir l’accès au Punch. Là c’est tout à fait enroulable, j’en profiter et je tombe sur un truc très très sympa qui me propulse plus haut que Gilles.

On se retrouve à Greo où je le double en cheminant sans enrouler. Afin de voir où il en est et de dire bonjour au skieurs, j’enroule dans une belle pente enneigée un petit thermique agréable. Il dérive bien et lorsque j’aurais du me remettre au vent, j’ai un petit lacher-prise à cet instant. Un petit truc me dit de continuer à enrouler en dérivant ce petit thermique qui va au nord. « Pascal, réalises ce projet de trajectoire Greo- Roquesteron-Acros, c’est une des lignes qui te manques, tu en rêves, et en plus ça a du sens pour aller à Roquebrune »

Et c’est parti, je dérive jusqu’à 1860 et ensuite feu sur le nord. Et ça ne dégueule pas, et ça remonte un peu avant d’arriver sur Roquesteron, et c’est joli !!! En fait c’est plus que joli c’est énorme : Aiglun Cigale Roquestron, l’Esteron c’est superbe. Ca filme !!!


J’arrive largement au dessus des reliefs de Roquesteron, après m’être efforcé de rester haut. Je trouve un truc qui monte mais pas vite. Je m’en contente un moment puis je le perds et je vais de l’avant. Encore un truc médiocre, j’ai du rater le thermique officiel de Roquesteron mais ce n’est pas grave.

J’ai des supporters en radio ! Je ne sais pas comment ils connaissent la fréquence fédé mais des habitants de Cuerbis me saluent ! Pour eux, un parapentiste ici ne peut être qu’égaré !

Je reste donc longtemps dans petit thermique qui monte très doucement et j’en profite pour regarder ce paysage de fou, la luminosité est excellente, l’air est très sec, on voit loin.

Je file ensuite pour connecter les crêtes qui vont au Mont-Vial en comptant bien trouver un truc en chemin. Le lieux est appelé Les Crottes sur la carte, le thermique est superbe, bien fort, avec une belle dérive grâce à la tendance SO plus affirmée au fil des mètres grimpés.
2350, je chemine vers le Vial.
Encore 2350 vers Toudon !

Je me place mal vers le Mont-Vial et je ne trouve rien sur mon chemin. C’est un peu dommage mais je suis à 2000 et je décide de tenter quand même.

Je surveille ma vitesse, j’appréhende le moment où mon aéronef rencontrer la brise du Var. La moindre turbulence me fait trembler, je crains à chaque fois qu’elle soit annonciatrice d’une entrée en brise.

Je gagne le plus possible vers le Sud et toujours rien, une belle vitesse. J’oblique donc maintenant vers Levens, je ne sais pas trop où taper. Je vais taper au Nord de Levens à l’endroit où je parie que c’est le mieux. Le temps de trouver en vrai truc pour monter, ça va mieux. Je chevauche le Férion et il me semble que l’ascendance devient vraiment solide quand elle capte l’énergie des faces Sud-Est bien minérales et abruptes. 2050 au Férion.

La ligne Coaraze > Lucéram > Mangiabo est probablement un truc énorme. C’est vraiment le jour idéal pour faire ça. Vu la qualité de la masse d’air et les probables plafs, je pourrais ensuite prétendre continuer du Mangiabo vers la tête l’Alpe, connecter le Torrage et aller encore plus loin. En termes de kilomètres et de variété de l’itinéraire, ce serait un truc mémorable.

Mais une fois n’est pas coutume, j’ai un objectif précis : Roquebrune. Gardons-en pour plus tard, il y aura d’autres occasions de survoler Lucéram !

Escarène ou Peille ? Ca devrait passer pour un Peille en direct! Je pars donc pour un Férion-Peille en suvolant notamment le fief de Loïc, Berre-les-Alpes.

J’arrive exactement où je voulais. Ce sommet adossé au village de Peille est un coin que je n’aime pas trop. On peut vite perdre pas mal de gaz et se retrouver très bas sans beaucoup d’appuis, baignant dans la stabilité.

Le doute commence à me gagner, en fait j’ai la peur de réussir. Je me vois trop prendre 2-3 mauvaises décisions et sombrer jusqu’à poser au stade du bas.

Je décide donc d’aller vers la via ferrata. Je bricole un peu, on est un peu sous le vent de la brise de mer mais il y a des bons déclenchements. Lorsque j’arrive à enfin enrouler un truc, je dérive à max mais le gain me permet de connecter le déco de Peille.

Je sais que c’est gagné, j’arrive à Laï Bareï et je survole Nico Féraud en faisant des gros YESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS. Un petit tour au cap et je laisse exploser ma joie avec les copains une fois posé à la plage ! YES YES YES YES.

Je suis vraiment super content. Cerise sur le gâteau, les ultimes Luc, David et Russel étaient là. Merci à eux pour l’inspiration et aussi pour les superbes jouets qu’ils ont créé.

Pascal