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Roquebrune – Gourdon – Roquebrune
Roquebrune Gourdon Roquebrune, itinéraire direct par le sud.
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20175528
C’est la ligne magique de la Côte d’Azur, elle stimule mon enthousiasme depuis mal de temps.
Rien à mes yeux ne semblait plus héroïque, esthétique et élégant que d’évoluer entre les 2 sites phares du département sur une trajectoire directe. Il s’agissait de naviguer successivement au dessus de quelques-uns des plus beaux belvédères révélant la beauté de notre Côte d’Azur. Il était très important à mes yeux de ne pas se laisser aller à la facilité et de ne surtout pas dénaturer l’itinéraire en passant par les montagnes.
J’aurais pu attendre que ça se fasse tout seul. Compter simplement sur l’opportunisme. Profiter de la journée fumantissime et stratosphérique qui m’aurait placé gratuitement au dessus des difficultés. Vous savez, ce genre de journées magiques auxquelles rien ne résiste. Tout est possible, tout est facile. Il y en a 2 ou 3 par an, celles qui nous font tous aimer le ciel, celles qui nous récompensent tous.
Mais j’en avais trop envie. Alors j’ai commencé à croquer des morceaux. Voler au dessus de Nice, traverser le Var, le traverser puis revenir, le descendre. Chaque vol avait du sens, il tenait avec sa propre logique. A chaque fois, c’était si bon, une énorme satisfaction me nourrissait. Derrière tout cela, évidemment, il y avait le combat qui m’attendrait un jour pour obtenir le Graal.
J’avais suffisamment d’armes en mains pour livrer bataille. Seule la section finale Mont-Chauve – Mont-Agel me manquait. Le début de l’automne allait probablement être une période propice, j’étais prêt et ne pensais plus trop à tout cela. Au pire, la fin d’hiver allait certainement offrir des possibilités.
Au mois de Juillet, j’ai bousculé mes à priori en me fiant à des prévisions annonçant du fumant sur la côte. Instable même très bas, comme en hiver, je pensais cela rarissime, voire impossible en été. Il m’était déjà arrivé de voler remarquablement bien en été sur la côte, mais de là à penser que toute la côte – à l’Est comme à l’Ouest – pouvait être en conditions sur une journée entière, il y avait une barrière psychologique à franchir.
En juillet donc, je me rends au décollage des Cabanelles sur les faces Est du Mont-Agel (décoller de Roquebrune étant interdit en cette saison). A 9 heures c’était déjà fumant ! Parti de Peille bas et trouvant un improbable relai, j’ai eu de la chance d’atteindre le Mont Macaron et d’en ressortir. Ensuite les conditions avaient été très bonnes !!!
C’est la première fois que je livrais vraiment bataille et j’ai échoué bêtement sur la traversée du Var au retour. Les plafs y étaient et j’ai très stupidement joué au poker alors j’avais des heures devant moi !!! Les altitudes faussées de mon GPS ? La légère tendance Est ? La peur de réussir ? L’envie d’y retourner ? Un simple manque de motivation ? Peu importe, cela m’avait appris beaucoup sur mes faiblesses et m’avais rassuré sur le timing initial et sur la descente du Var et de sa brise en plein été. J’avais bousculé pas mal de mes idées préconçues et cela ouvrait des possibilités.
Au début du mois d’Août je snobe une autre journée propice pour aller faire (ou plutôt tenter) du circuit à Bleine. Après 3 semaines de vacances sans voler, j’étais en manque, je voulais me goinfrer de kilomètres et de thermiques comme un gros cochon. C’était surtout la peur d’échouer. Peu importe, j’étais désormais rassasié et on n’allait plus me reprendre à déserter une journée propice pour de l’itinéraire branlette. J’avais désormais toutes les cartes en mains et finalement, je m’étais fait à l’idée de réaliser ce vol en été. Il s’agissait davantage d’un combat contre soi-même que d’une course contre la montre lors d’une journée plus courte dans des conditions plus faciles. Rajouter l’anachronisme à l’exigence du parcours, à son originalité et à sa distance ridicule, voilà qui me rapprochait encore plus de l’Aventure et m’éloignait avec plaisir de l’insipide triptyque km points validité du sport fédéral.
Donc nous voilà le 20 aout. Chose assez rare, je ne suis pas très bien psychologiquement, je suis loin d’avoir uniquement du parapente en tête. En fait, cet itinéraire est le cadet de mes préoccupations. Je souhaite aller voler tranquillement à Sospel, me changer paisiblement les idées 1 heure ou 2 et maîtriser mon timing. Finalement, l’enthousiasme de Cyril Lopes Da Conceicao et sa disponibilité déclenchent le choix du site : les Cabanelles. L’envie terrible d’en découdre n’est absolument pas le moteur aujourd’hui. Mais on ne sait jamais. Mais je sais que comme toujours, une fois en l’air, cela va venir naturellement si les conditions sont là. Et elles sont sensées être au rendez-vous.
Je me force à être doublement vigilant car le facteur de risque « état psychologique » est rouge, un peu.
Il est 9 heures et c’est déjà très bon, nous nous préparons lentement pour temporiser et ne pas céder aux chants de sirènes.
Le timing initial semble crucial.
On décolle en face Est de 1000, on doit plafer vers 1500 au antennes de Peille pour une longue glissade et arriver vers 700 sur une montagnette immonde (Mont Macaron) qui est l’antithèse même de la montagne propice au parapente. On doit pouvoir y faire 1300. Ensuite on doit faire plus de 1300 devant le Mont-Chauve, une espèce de pyramide aux déclenchements cycliques, et entamer une longue traversée de Var vers une cuvette au dessus de Carros. On reprend ensuite en dynamique et on descend la vallée du Var face à une brise qui monte en puissance et dont le débit permet d’alimenter à elle seule une bonne partie du massif. Ensuite on peut se relacher.
Après un décollage toujours un peu pénible dans les touffes de thym et les rochers, la partie d’échecs commence donc. il est 9h40. J’oublie de setter la bonne altitude et mon GPS en profite pour me tendre le même piège que la dernière fois.
Au plaf, nous nous communiquons nos altitudes avec Cyril et j’en déduis que mes 1620 sont plutôt 1450. Je n’arrive pas à corriger l’altitude de mon GPS, le calcul mental devra faire partie de chaque consultation.
Tout se passe bien sur le glide, j’arrive néanmoins ric-rac au dessus des lignes sur le Mont-Macaron. Cyril avec son matériel moins performant s’en sort de justesse et ratissant en basse couche dans la cuvette sous les lignes. Quel pilote ! Et que dire de cette masse d’air qui tient ses promesses !
Je monte doucement et laborieusement, puis cela devient plus facile. La trajectoire vers l’Abadie donne thermiques sur thermiques, je fais tranquillement mes emplettes. Cela ne peut être que mieux pour la suite. Je vois Cyril monter également, en se faisant un peu décaler dans le flux de la brise, c’est quand même bon signe.
Arrivé haut au Mont Chauve, j’arrive à trouver directement un thermique bien constitué et cela me satisfait de m’être bien appliqué à monter avant. Cyril est bien haut, très à l’Est du Macaron.
10h40, 1270m Transition vers Carros, je me vois arriver haut comme jamais. Mais la brise qui devait me pousser n’est pas là. J’arrive largement au dessus de l’espèce d’Abbaye, mais j’ai l’horrible surprise de constater que je ne peux pas compter sur du dynamique. Je dois m’employer avec les déclenchements thermiques ci et là pour remonter. Plus je me rapproche des crêtes sommitales et meilleur est le rendement. Yes c’est bon. Maintenant je vais pouvoir descendre le Var aussi facilement que possible. Il y a déjà 15-20 kmh de brise, autant dire que j’ai vaincu bien pire ici.
J’ai du mal a communiquer avec Cyril car la batterie de ma radio est sur la fin et j’émets par tranches d’une seconde. J’essaie de lui indiquer où taper sur Carros, je le vois haut sur le Mont-Chauve puis je le perds définitivement.
11h10 J’arrive au Baou de la Gaude et je dois désormais lutter contre une tendance Ouest qui pourrait rendre la suite un peu compliquée. Heureusement, la masse d’air est bonne et les plafs généreux me permettent d’arriver à Gourdon somme toute assez facilement. L’Ouest se rappelle à moi et je dois m’y reprendre pour arriver vers la boule vers 12h25.
Le ciel est maintenant en passe de se voiler par l’ouest. Je pousse quand même jusqu’à la colle du Maçon pour voir les dégats de l’incendie de cet été.
12h35 J’attaque le retour. Le voile nuageux va indiscutablement être un problème. Je m’applique à rester haut et je fais un bon plein, plus de 1500m, au Puy de Tourettes. L’accès au Baou de la Gaude est donc acquis. Je pense qu’il n’y a pas meilleur lieu pour encaisser les coups face au voile nuageux.
C’est au Baou de la Gaude où reprend la partie d’échecs. Ma stratégie est simple : il est 13h20, le soleil se couche vers 21h : je ne partirai qu’avec ce qu’il faut pour traverser le Var. Cela prendra 1,2,3,4 heures ou davantage mais je ne céderai pas.
Au bout de presque 40 minutes à enrouler des trucs prometteurs ou simplement temporiser au grès du voile nuageux, les rayons du soleil reviennent durablement. Je change de thermique. Un rapace m’aide à noyauter, nous allons pouvoir finir à une belle altitude. Puis assez subitement, le rapace part, ça ne monte plus. Je suis un petit peu sous le seuil que je m’étais fixé, mais j’ai compris que tous les paramètres étant enfin au vert depuis un petit moment maintenant, il n’y aura certainement pas mieux. 1350m, positionné un peu en vallée, avec une tendance Ouest, c’est quand même jouable. il est 14h20 quand je commence à transiter.
Effectivement, l’Ouest me facilite un peu des choses et j’arrive à bricoler deux tours dans une bulle décallant de manière immonde à Colomars avant d’arriver sur la face ouest de la crête du Mont-Chauve.
J’arrive évidemment limite. Je suis au niveau de la petite bosse que j’avais repérée d’abord en remontant sous le cagnard après un vachage, puis validée ensuite dans un autre vol. Elle joue encore une fois son rôle.
La brise est très forte, il faut se positionner très précisemment, mais ça marche !!! Une petite erreur sur une trajectoire en enroulant et une longue dégueulante en remontant la brise me rappelle que je marche sur des oeufs. Je reprends tout à 0, et en sortant le grand jeu, je sors. C’est une énorme satisfaction, il est un peu moins de 13h et le crux est passé !
Je me repose ensuite 15 minutes en me relachant un peu. Il faut tenir la Mantra car ça pilonne sec, comme un après-midi d’été, mais pour un petit moment je ne pense plus à la partie d’échecs. Me contenter de piloter me fait un bien fou. Cette petite parenthèse me permet de profiter pleinement de cette vue magnifique, en observant Nice, le boulevard Jean Médecin, les bateaux, les avions qui atterrissent… c’est quand même énorme de voler là !
Je vais attaquer la section qui me manquait. Je n’avais jamais vraiment réfléchi à la problématique et j’avais jusqu’alors dénié les difficultés par un simple « bah une fois au Mont Chauve ça doit rentrer facilement avec les brises »… Mouais…. quand je commence à me pencher sur le problème, le challenge prend toute sa dimension. Un sacré challenge.
Ca ne monte guère, tout est bleu, il fait chaud, la brise est forte et les nuages des faces Ouest de Peille me narguent. Après des prospections loin au sud, des tentatives de plafer ci et là, je me dirige au dessus du site de modèlisme. Ma vitesse me semble assez bonne face au sud et je pense passer facilement sur les antennes au dessus de L’Abadie pour y tenter la chance. Cela devrait monter ici. Je me remémore le trajet des lignes HT qui se réunissent en bas pour alimenter Monaco et Menton. C’est quand même chaud en dessous et ça ne pardonnera pas trop l’improvisation, il ne faudrait pas l’oublier.
15h10, j’arrive à 750m soit quelques mètres au dessus des antennes de l’Abadie, tout va très vite. Je fais un tour pour conclure que je ne devrais pas surtout pas en faire un second ! Je me rabats immédiatement tant que c’est encore possible vers le Macaron, sous peine de me faire enfermer dans une horrible descente infernale au vent de cette pente faiblarde truffée de lignes de toutes tailles et de maisons.
Bricolage appliqué, pétards qui décalent, je réussis à me hisser à hauteur de sommet sur cette saloperie de Mont-Macaron. Il ne tient aucune des promesses faîtes à l’aller. Au début, au moins les pétard toniques se succèdent et rester 50 m au dessus est simple. A défaut de monter bien haut, c’est déjà ça.
J’arrive vite à faire un minable 1050, puis après un tour par terre un 1100 depuis lequel je me lance. Je me ravise assez vite car ma trajectoire initiale dégueule sévèrement.
Je refais ensuite, de mémoire, 2 plafs un peu moins bons, mais qui permettent éventuellement de poursuivre vers le Nord pour espérer rejoindre le Férion et les magnifiques nuages des montagnes au Nord depuis lesquelles d’une manière ou d’une autre, je réussirai probablement à rejoindre le déco). Mais il n’est pas question de céder à la facilité ! On reste devant ! Après tout ce que j’ai fait aujourd’hui, ce n’est pas le moment de faiblir. Je trouve cela plus honorable de glisser jusqu’au stade de Peille, ou même d’accepter la défaite dans la vallée du Paillon, que m’en sortir en dénaturant la fin comme une raclure. Trahir l’esprit du vol n’est pas possible.
Je dois à un moment gérer le timing pour absorber 1 long épisode de voile d’altitude, puis le soleil revient. et ensuite l’aérologie s’avère… pire qu’avant. Je remonte diffcilement à l’altitude du sommet. Le temps passe, le soleil tourne. Ces basses couches sont si stables. M’enfermer sur les face Nord-Ouest me parait être le piège parfait. Je m’y refuse.
Finalement, je décide d’explorer, avant d’y être contraint le thermique de l’étage inférieur, au dessus des lignes. J’y crois peu avec la brise forte. Finalement, c’est une bonne minasse qui m’accueille et je m’y accroche comme un doberman.
16h30, après 1h15 de Macaron, je pars de 885m dans le flux de la brise en ayant décalé du mieux que je pouvais le thermique.
Mes chances sont minces de pouvoir basculer sur la vallée de Peille pour me glisser au stade; Je n’espère pas davantage. Ce serait déjà bien mais c’est loin d’être gagné !
Je suis tellement bas que j’ai absolument besoin de tout mon sang-froid pour arbitrer entre mon énergie à ne rien lâcher et ma sécurité, qui doit rester la priorité, tout va aller très vite. Les pensées se succèdent.
Blausasc : arrivée bas, remontée en dynamique pour poursuivre le vol, réussite très incertaine, branchage si échec : option à décliner
Passer dans la vallée de Peille : possible, si la brise y est forte il y aurait une chance mincissime de taper le relief avant d’aller au stade. Je prends
Une belle ligne électrique traverse pile où il serait convenable de passer pour optimiser ma trajectoire vers Peille, c’est trop risqué. Je dois donc traverser en aval au niveau de la carrière, quitte à me voir enfermer par la ligne une fois dans la vallée et de devoir poser à la carrière.
Cela portouille sur la petit crête qui y va, mais je connais ce genre de sons piégeux où un tour de coûte 5 mètres. Ca va passer, ca va passer. Je prie pour ne pas me retrouver dégueulé ou contré au dernier moment, il faudrait passer ric rac et poser immédiatement ou faire demi-tour pour probablement se brancher avec calme.
En théorie ça passe.
Au feeling ça passe.
Mon expérience la plus primitive me dit que ça peut aussi bloquer au dernier moment.
Ca passe. Je passe. Pas le temps de se réjouir, next décision. Réponse immédiate obligatoire.
Enfermé par la ligne ou pas ? Posé en vallée devant possible ou pas ? Oui ou non ? Posé carrière ? Fuite en vallée ?
A peine ai-je mobilisé ce petit arbre de décision dans mon esprit que mon vario se met à biper. Mon réflèxe est de faire un quart de tour seulement et de laisser biper en remontant au vent. Au cas où ce ne serait qu’un petit petard merdeux ou une turbulence, je veux rester maitre de ma trajectoire et ne pas faire une demi tour dans du dégueulit bien mou.
Immédiatement, mon corps se sent envahit d’une sensation de chaleur intense. Cette carrière déventée sur une crête est un putain de four solaire comme j’en ai jamais vu. Je ressens la chaleur dans ma chair comme si je m’étais assis dans une voiture restée toutes la journée sous un soleil d’été.
Peu importe la stabilité qui a gagné les basses couches depuis longtemps, je suis au dessus d’un convecteur tellement puissant, homogène et large que tout mon stress disparait instantanément.
Mon stress de pouvoir passer la ligne qui m’enferme peut-être disparait. Puis mon doûte d’atteindre le stade. Puis mon doûte d’avoir ma chance en dynamique. Puis mon doûte de raccrocher les faces ouest. Puis mon doûte de reposer en haut.
Plus de doûte en vue, je décompresse tranquillement. Quel finish ! Toutes les émotions se sont enchainées si vite depuis que je suis parti du Macaron qu’il me faut un petit moment pour réaliser que j’ai réussi mon vol. De gros cris sortent ! Evacuer la tension, exprimer la satisfaction.
Puis le calme revient et je fais quelques photos.
Je profite encore un peu du vol, c’est magnifique de voir au loin la boule de Gourdon, minuscule.
Je me reconcentre pour me poser en douceur en haut. Seul sur ces montagnes, à remettre mon aeronef dans son sac, un bel instant. L’aventure est terminée.
Cyril m’apprend qu’il s’est posé après avoir rejoint Carros au bon endroit sans arriver à descendre le Var. C’est qu’il a fait une belle petite section bien intense et qu’il a profité de la magnifique vue du Mont Chauve ! Bien joué.
Voilà, allons voir ailleurs.
Sospel – Colmiane – Roquebrune pendant la Xalps
http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:pascamax/14.7.2015/08:52
http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:pascamax/14.7.2015/13:30
14 juillet 2015, Chrigel Maurer, le maître indiscutable de la Xalps est arrivé, suivi par l’allemand Sébastien Huber. Ils m’ont bien régalés, roustant les autres prétendants grâce essentiellement à leurs cervelles et à leurs décisions en osmose avec la météo.
Ce qu’il reste de podium va se jouer aujourd’hui. Allons voir un petit peu cela ! Je compte croiser quelques concurrents en partant de Sospel. J’y vais avec Max, Valentin et Raymond.
Nous montons au Grosso. Mes 3 compères se font enfoncer à l’étage du bas 🙁 Je dois m’employer et faire preuve de patience pour atteindre le Mangiabo et m’extraire.
Il est ensuite assez très facile d’aller à la Colmiane.
A peine arrivé au Pic, j’identifie une équipe constituée d’un concurrent et de 2 lièvres. Il me semble reconnaître Benoit (Outters, équipier d’Antoine Girard), mais en sellette assise. En fait c’est Pierre Lauzière qui bocalise et l’équipe est celle de AUT1 (Paul Guschlbauer).
Cela tombe bien car l’équipe AUT1, ce sont mes chouchous pour le podium. Paul a été énorme, il a poussé Maurer à cafouiller un peu en début de course. Il a accumulé pas mal d’avance avec Sébastien Huber sur le reste de la course et s’est sorti ensuite par 2 fois de grosses erreurs, notamment en marchant toute la nuit dernière grâce au « night pass », rattrapant les Frenchies.
Contrairement à Paul, Petiot et Girard n’ont pas pris leur « night pass » la veille.
On descend facilement la Vésubie par sa rive droite. Je mitraille Paul et Simon (le lièvre), je m’affranchis des contraintes de TMA et de vol dans les nuages. C’est beau de voir cette équipe de très haut niveau.
La veille Chrigel a traversé très très bas dans la Vésubie en descendant la vallée très très loin. Ensuite à la faveur des bonnes conditions en bas il a fait un direct vers Peille.
Arrivé un peu avant le village d’Utelle il est temps de réfléchir un peu.
- Est-ce que j’irai faire le passage de la Vésubie aussi loin que Chrigel ? Non
- Est-ce le passage le plus adapté aux conditions d’aujourd’hui ? Non
- Est-ce que je veux finir dans la Vésubie ? Non
La solution est simple : traverser la Vésubie immédiatement à cette hauteur. J’ai déjà étudié et volé vers ce passage. En face, si ça ne passe pas, c’est le seul coin où il y a de quoi poser très haut (sous le col de Lobe) et redécoller très vite de l’autre coté d’une position super favorable. Il y a la même option avec un atterro un peu plus confort un peu moins haut et un peu plus de marche qui s’appelle « Plan Liberté ».
Donc je traverse, c’est un grand moment, cette Vésubie tourmentée.
Bon ça contre, au point d’aboutissement, la brise de mer des vallées du sud est plus forte que la brise de la Vésubie. Je ne prends pas mon reste et me pose sagement sur l’atterro confortable.
Arrivent Paul est Simon !!! Paul semble galérer sur la crête de derrière, seul endroit susceptible de monter, et disparait de mon champ visuel. Il doit être passé ou alors il s’est posé à l’atterro du haut. Je pense que c’est bon. Si jamais il avait sombré j’aurais du le voir. Simon reste plus longtemps en vol sur la crête puis réussi à passer. Ensuite je le vois temporiser un peu.
Bon finish les gars ! Mission accomplie ! J’ai volé un peu avec les cadors et je suis resté dans mes marges tout en faisant un peu de nouveauté. Je n’ai plus qu’à faire un peu de marche comme les vrais xalpers pour enchaîner avec la suite;)
Je commence alors la marche et comme le soleil tape, je décide de faire une version longue, sans trop de pente en tangentant dans la forêt. La flemme m’a encore joué un sacré tour 🙁 Alors qu’il m’aurait suffit de marcher 20 minutes dans du raide pour gagner le sommet qui est décollable, je m’enferme dans une végétation très dense dans des pentes bien raides. Comme d’habitude dans ces cas là, je m’obstine et il me faut plus d’une heure avant de redécoller plus à l’Ouest, au Col de l’Autaret.
Entre-temps, je téléphone à Tom qui me dit que Paul est passé et que Durogati vient de passer par le passage de Maurer et galère en volant faire une trajectoire directe par les basses couches. (Tu m’étonnes !) Je vois une autre aile passer super bas par le passage Maurer, c’est impressionnant et effrayant de voir des ailes si bas dans des coins si pourris. Je me dis que l’on n’a pas les mêmes valeurs.
Je décolle avec comme plan de repasser à l’Est sur faces ouest (Col de l’Ablé etc) et de rentrer par le Mont Ours et la pointe de Sirricocca. Je suis assez relax, à peine ai-je mis les pieds dans le cocon que ça bipe tout le temps.
Mais bon, après quelques minutes, je n’ai toujours pas de gros gain en perspective. Une fois cette constatation faîte, je dois aller sur une bosse au Sud avec de grosses lignes électriques. Je perds une altitude folle, bien bien contré. Je réalise que ce coin est quand même bien engagé.
Ca monte copieusement, ouf ! Par contre ce n’est vraiment pas facile à enrouler alors je m’applique. Malgré mes efforts, il me manque un petit peu de gaz pour arriver haut au col de Brouis. L’incertitude y est de courte durée et je trouve LE nuage à 2000.
Je vois une aile galérer entre la ville de Peille et ma position. Nul doûte, c’est ce qui m’attend si je change mon plan et passe par l’Ouest. Je décide donc de rester sur mon plan de vol.
Cela marche bien. J’ai un petit doûte en m’engageant bas vers le mont Ours. Mais fois au vent ça bipote et surtout ça avance correctement face à la brise de mer. YESSS
Je vois le warrior s’engager vers Peille, toujours plus bas et toujours plus scotché. Je suis heureux d’être à ma place.
Ensuite je déroule tranquillement vers Saint-Agnès puis Gorbio en voyant une aile (Ondrej Prochazka http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:andrew4u/14.7.2015/10:54) gratter en faces Est.
Voilà, j’arrive à Roquebrune puis à Lou Baraï. Je me pose au stade en contrebas. Les anges Pilou et Philippe viennent immédiatement me chercher et nous pouvons assister aux arrivées d’Antoine Girard, de Basile Petiot et de Aaron Durogati.
Paul est déjà arrivé, 3ème donc YESSSSS. Il s’est posé au dessus de moi, puis vers Peille, pour finir à pieds. La trace de son lièvre Simon http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:simon.oberrauner/14.7.2015/08:26 (matez son carnet de vols il est sympa 😉 )
Merci à Max et Valentin pour la descente de ma voiture et encore une fois à Pilou pour la nav jusqu’à Sospel !
Ospedaletti – Roquebrune
Un vol de ce côté de la frontière, c’est toujours un grand moment d’émotion. Après l’itinéraire inverse avec Bruno quelques jours plus tôt, la météo nous amène à Ospedaletti où l’on profite du vent pour voler vers la France…
Ospedaletti – Mangiabo – Roquebrune
le 24 février 2014, photos de Benoit Outters
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2013/vol/20138457
JPT, Bruno et Benoit Outters sont chauds pour voler. Nous allons donc en Italie chercher un troisième jour de cross consécutif. Quand ça vole, voles !
Nous arrivons un peu tard au décollage et il y a environ 15 kmh de SE assez pénible, d’autant plus que le plaf est assez médiocre. Dans ces conditions, on s’arme de patience. Sceptique sur le raccrochage du Mont Bignone, je choisis d’aller jouer avec le vent pour tenter Roquebrune. Une longue transition nous amène à Isolabona.
Ensuite je suis naïvement les crêtes avec Bruno tandis que Benoit et JPT passent par Rochetta. On arrive à faire 1600 au Monte Alto : donc feu sur l’Arpette !
Un plaf à 1600 me permet d’engager du lourd et de tenter Sospel Direct ! Une transition pas très raisonnable que j’avais déjà réalisée avec Corrado. J’annonce clairement que c’est un plan bien chaud et je dissuade Benoit de me suivre avec son matériel un peu moins performant.
C’est parti pour une transition de malade avec Bruno qui accepte le plan. On est finalement peu poussé par l’Est, les brises tardent à prendre le relai. Avec le soleil de face, on voit mal la méga ligne électrique qui obstrue les gorges. Malgré un petit doute avec les vitesses qui s’effondrent à un moment, ça passe quand même bien et on arrive à l’Agaisin.
On se fait un peu secouer et ça monte direct à 1700. Jean-Paul et Benoit semblent s’en tirer en passant par Breil-sur-Roya.
Ayant le gaz pour prétendre passer le col de Castillon, j’hésite à poursuivre vers le Mangiabo. C’est quand même le point le plus dur de l’iténéraire qui est presque acquis avec ce gaz à cet endroit. Finalement le nuage me semble pas mal au dessus du Mont Gros, tout comme celui de la baisse des canons.
J’arrive au Mangiabo et ça ne monte pas, je dois passer au viroulet car je ne trouve rien. Ca tombe bien, j’y fais le nuage et je me retrouve en parfaite position pour me lancer sur le Razet (qui domine le col de Castillon).
Bruno a pris un peu de retard mais s’il refait le plein Sospel il aura toutes ses chances.
Je rentre les mains dans mon harmais et j’optimise au mieux ma vitesse. Il y a un beau nuage sur les faces nord je pense que c’est gagné. Trop confiant, je snobe un peu le premier thermique en me disant « nuage en longueur » = « thermiques tout le long ». En fait les thermiques sont plus à l’est 🙁
Snobant donc cet indispensable gain préliminaire, je fais l’erreur de débutant de me coller aux faces ouest sans avoir pris tout ce qu’il y avait à prendre avant. Je commence à rentrer dans la brise sans appuis et en 5 minutes je me retrouve dans une situation bien pourrie. C’est simple, une fois qu’il n’est plus raisonnable de battre en retraite pour poser sous le vent du col, mes seuls atterrissages deviennent le viaduc, le terrain de moto cross.
Ceci dit ma raison me dit de continuer car la brise ne me scotche pas trop quand même. Comme nous sommes en février ça va bien monter quelque part une fois positionné au vent… Et Bingo, un petit coin canalise bien la brise et ça monte en thermodynamique. Rien que pour ça je ne regrette pas.
1300 ! Je reprends 900 Saint-Agnès et ça passe en direct sur Roquebrune. Comme on dit à Gourdon, un gun vaut mieux qu’un cerveau.
Je vole tranquille dans le bocal en attendant mon JP qui s’en est évidemment tiré lui aussi en laissant Bruno et Benoit à Sospel.
Yesssssssssssssss ! Un très beau vol, pas facile du tout, avec juste ce qu’il fallait en plafs.
Gourdon – Roquebrune
Enfin le Graal du 06.
Gourdon Roquebrune par Roquesteron et le Mont-Vial
65 km – 21 mars 2013
http://www.victorb.fr/visugps/visugps.html?track=http://www.victorb.fr/visuigc/23032013_153026_2013-03-21-gourdon-vial-roquebrune_IGC
Les prévisions pour ce Samedi 23 mars 2013 nous donnent un plaf vers 1500 à Gourdon et un peu plus derrière et de l’Ouest qui va finir par passer en basses couches à 20 kmh.
Ca peut être bien comme ça peut être médiocre.
Sur un petit nuage depuis un superbe Roquebrune Savone, je vais voler à reculons car je sais bien que voler à Gourdon risque d’être bien fade après ce superbe 4/4 du 16 mars. C’est bien parce que la météo est pourrie après pour longtemps que j’y vais.
On arrive un peu tard avec Dgilou et Dadou.
Très vite, quelque chose me semble anormal : ça monte plus haut que d’habitude ! Las de voler devant en 2 dimensions, je préfère aller vers gréo avec une petite idée derrière la tête : essayer d ‘aller à Roquebrune car ça semble un projet réaliste aujourd’hui. Pour moi, ce vol est LE vol.
Jouer avec les éléments au mieux peut permettre de faire des parcours plus longs, plus beaux, plus variés, plus originaux… mais aller de Gourdon à Roquebrune sans le faire par hasard, c’est un des vols qui m’avait le plus impressionné de la part de Luc.
Ca commence bien, je pars à 1700 avec David vers l’Est de la crête de Calern. Trajectoire malheureuse, on arrive à peine à hauteur de relief. Un petit tour minable jusqu’à l’observatoire pour constater que rien ne monte ici. David s’y pose, oh shit man !
Dgilou passe avec de la marge direct sur le Punch depuis Gourdon. Toujours impeccable ce Dgilou.
Je profite du minimum syndical pour passer de l’autre côté et me jeter dans la foret. Sur les reliefs avant les lignes, je traverse des zones ascendantes qu’il est souvent impossible d’enrouler mais qui suffisent si on les chemine bien à garantir l’accès au Punch. Là c’est tout à fait enroulable, j’en profiter et je tombe sur un truc très très sympa qui me propulse plus haut que Gilles.
On se retrouve à Greo où je le double en cheminant sans enrouler. Afin de voir où il en est et de dire bonjour au skieurs, j’enroule dans une belle pente enneigée un petit thermique agréable. Il dérive bien et lorsque j’aurais du me remettre au vent, j’ai un petit lacher-prise à cet instant. Un petit truc me dit de continuer à enrouler en dérivant ce petit thermique qui va au nord. « Pascal, réalises ce projet de trajectoire Greo- Roquesteron-Acros, c’est une des lignes qui te manques, tu en rêves, et en plus ça a du sens pour aller à Roquebrune »
Et c’est parti, je dérive jusqu’à 1860 et ensuite feu sur le nord. Et ça ne dégueule pas, et ça remonte un peu avant d’arriver sur Roquesteron, et c’est joli !!! En fait c’est plus que joli c’est énorme : Aiglun Cigale Roquestron, l’Esteron c’est superbe. Ca filme !!!
J’arrive largement au dessus des reliefs de Roquesteron, après m’être efforcé de rester haut. Je trouve un truc qui monte mais pas vite. Je m’en contente un moment puis je le perds et je vais de l’avant. Encore un truc médiocre, j’ai du rater le thermique officiel de Roquesteron mais ce n’est pas grave.
J’ai des supporters en radio ! Je ne sais pas comment ils connaissent la fréquence fédé mais des habitants de Cuerbis me saluent ! Pour eux, un parapentiste ici ne peut être qu’égaré !
Je reste donc longtemps dans petit thermique qui monte très doucement et j’en profite pour regarder ce paysage de fou, la luminosité est excellente, l’air est très sec, on voit loin.
Je file ensuite pour connecter les crêtes qui vont au Mont-Vial en comptant bien trouver un truc en chemin. Le lieux est appelé Les Crottes sur la carte, le thermique est superbe, bien fort, avec une belle dérive grâce à la tendance SO plus affirmée au fil des mètres grimpés.
2350, je chemine vers le Vial.
Encore 2350 vers Toudon !
Je me place mal vers le Mont-Vial et je ne trouve rien sur mon chemin. C’est un peu dommage mais je suis à 2000 et je décide de tenter quand même.
Je surveille ma vitesse, j’appréhende le moment où mon aéronef rencontrer la brise du Var. La moindre turbulence me fait trembler, je crains à chaque fois qu’elle soit annonciatrice d’une entrée en brise.
Je gagne le plus possible vers le Sud et toujours rien, une belle vitesse. J’oblique donc maintenant vers Levens, je ne sais pas trop où taper. Je vais taper au Nord de Levens à l’endroit où je parie que c’est le mieux. Le temps de trouver en vrai truc pour monter, ça va mieux. Je chevauche le Férion et il me semble que l’ascendance devient vraiment solide quand elle capte l’énergie des faces Sud-Est bien minérales et abruptes. 2050 au Férion.
La ligne Coaraze > Lucéram > Mangiabo est probablement un truc énorme. C’est vraiment le jour idéal pour faire ça. Vu la qualité de la masse d’air et les probables plafs, je pourrais ensuite prétendre continuer du Mangiabo vers la tête l’Alpe, connecter le Torrage et aller encore plus loin. En termes de kilomètres et de variété de l’itinéraire, ce serait un truc mémorable.
Mais une fois n’est pas coutume, j’ai un objectif précis : Roquebrune. Gardons-en pour plus tard, il y aura d’autres occasions de survoler Lucéram !
Escarène ou Peille ? Ca devrait passer pour un Peille en direct! Je pars donc pour un Férion-Peille en suvolant notamment le fief de Loïc, Berre-les-Alpes.
J’arrive exactement où je voulais. Ce sommet adossé au village de Peille est un coin que je n’aime pas trop. On peut vite perdre pas mal de gaz et se retrouver très bas sans beaucoup d’appuis, baignant dans la stabilité.
Le doute commence à me gagner, en fait j’ai la peur de réussir. Je me vois trop prendre 2-3 mauvaises décisions et sombrer jusqu’à poser au stade du bas.
Je décide donc d’aller vers la via ferrata. Je bricole un peu, on est un peu sous le vent de la brise de mer mais il y a des bons déclenchements. Lorsque j’arrive à enfin enrouler un truc, je dérive à max mais le gain me permet de connecter le déco de Peille.
Je sais que c’est gagné, j’arrive à Laï Bareï et je survole Nico Féraud en faisant des gros YESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS. Un petit tour au cap et je laisse exploser ma joie avec les copains une fois posé à la plage ! YES YES YES YES.
Je suis vraiment super content. Cerise sur le gâteau, les ultimes Luc, David et Russel étaient là. Merci à eux pour l’inspiration et aussi pour les superbes jouets qu’ils ont créé.
Pascal
Roquebrune – Savone
Départ de Roquebrune pour un Soaring à Savone
Jamais je n’aurais pensé pouvoir me poser sur la plage 100 km plus loin !
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2012/vol/20123880
Les prévisions pour ce Samedi 16 mars 2013 nous donnent un très beau potentiel. Jouer dans une belle masse d’air instable, sèche et déventée autour de la zone frontalière est possible.
J’hésite entre Ospedaletti et Isolabona. A 4h je me réveille, regarde attentivement Meteoblue et à 4h30 je textote les potes :
« Rhaa je viens de tordre les prévisions de vent dans tous les sens à tous les étages, y’a quand même un coup à jouer avec les premiers thermiques de RQB !!! Je suis quand même indécis…. »
On se décide avec Bruno et Dgilou pour Isolabona mais je vais inspecter Roquebrune en passant vers 8h… 10kmh de SSE.
Autant aller à Isolabona en vol !
Corrado décollera de Bevera.
JPT doit arriver plus tard.
Benoît va à Ospe,
Le plan que j’ai un peu en tête en ce moment c’est aller au Mont Bertrand ou au Saccarel et revenir à Roquebrune par le Mangiabo.
9h40
Ca me démange depuis 30 minutes. Je décolle.
Maintenant il faut assumer.
Je ne plombe pas, mais la tendance SE est plus forte que prévue, et le radiateur thermonucléaire de Roquebrune est un peu long à se mettre en place… ça va être laborieux. Gilles et Bruno m’en voudront si on fait un vol venté et sans issue dans le bocal.
C’est effectivement laborieux. Ca monte peu, Ca decalle à max. C’est long !
A tel point que j’ai le temps de voir JPT arriver au Mont-Gros.
Bruno s’en sort le mieux de nous 3. Il gère le début comme un chef. Après Sainte-Agnès il se jette tout seul comme un grand dans le piège de l’Agaisin à 11h.
Mon option est de passer par Menton en sachant que l’on va être accueilli par une face O sous le vent et un peu froide. On est limite en altitude, Il faudra du cran pour se remettre au vent. Dgilou gère à la perfection et on se retrouve au plaf, un bon plaf genre 1800 qui va nous permettre de zapper l’escale à Bevera.
Ca tombe bien car on voit Corrado y batailler un petit peu. Je prends une petite avance sur Dgilou et je me retrouve dans le coeur du thermique à la Tramontine. Des oiseaux me montrent la mine.
Encore plus de 1500, une dérive SSO, je zappe Isolabona,
Il est 11h50, je transite donc vers Rochetta depuis la Tramatine
Je ne suis pas mécontent de faire cette section avec du gaz, à hauteur de crêtes c’est toujours éprouvant. Tout passe nickel jusqu’au Torrage. Je commence à ralentir l’allure car j’aimerais secrètement que Corrado me rattrape au Saccarel.
Dgilou est entre de bonnes mains, Corrado et Frederico. J’espère qu’il reste zen, guidé par les locaux, en confiance.
La vue du Torrage et du Saccarel est magnifique. Avec 2500m puis 2800m on voit le Gélas, le Viso et les 4000 qui sont derrière la plaine du Po.
Dessous le spectacle est superbe aussi avec les skieurs et leurs traces.
Corrado me rattrape et il accepte de me guider au retour vers Isolabona d’où il sera facile d’aller à la Tête d’Alpe pour ensuite tente traverser la rivière Roya au niveau de Breil.
Il y a une tendance Sud assez marquée, assez préoccupante et sa science de l’itinéraire me parait plus que bienvenue.
Mais au plaf il change d’avis et me lance un « Viens, Pascal, on va a Albenga !!! ». Je ne sais pas où c’est mais je le suis sans hésitation. Il est 12h50 et on part pour une longue transition de 20 mn vers « Colle di Nava ».
Il y a 2 éoliennes, je reste prudent, je trouve une mine qui décalle bien et je décide de continuer au Sud… mais ça ne passe pas et je me fais bien tarter. Je me replie sur ce que je pensais être un appui polivalent, entre la brise de la vallée Sud et la tendance Est (ou pour moi la brise de mer) au dessus qui m’avait tant contré. Cela ne fait que dégueuler Sad
Le piège, 1h30 de déprime.
Je vois Corrado bouriner avec son aile qui se tord bien et passer du bon côté, derrière il semble monter mais sans plus.
Je suis bien déçu, maintenant que je suis bas, je vois que les atterros potentiels sont tous vraiment médiocres. Pour diverses raison, chacun est très mauvais. La sécurité est en haut.
En me repositionnant au dessus des meilleurs champs et en pensant bien que vu la cuvette dans laquelle je suis ça doit bien monter quelque part, je trouve un thermo-dynamique gentil et large qui me soulage et me relaxe un peu.
Idem une fois remonté aux crêtes. Je laisse filer les mines sportives qui décallent trop et ne servent à rien pour rester en sécurité, observer et comprendre. Ca prendra le temps qu’il faudra, mais je compte bien me poser ailleurs que dans ce trou.
C’est un beau bordel à déchiffrer. La seule certitude que j’ai, c’est que j’aimerais être au nord vers Ormea au sommet des hauts reliefs où la vie doit être bien plus simple.
J’observe attentivement les 2 éoliennes. Elles oscillent plus ou moins entre S et SE selon la force des brises. Je décide de retenter le coup quand ça me semble être la brise locale qui prédomine.
En attendant j’aimerais aussi voir précisément jusqu’où je peux aller en dynamique avant de passer sous le vent de la brise de Mer et de me faire démonter. Bref, c’est la guerre et je m’organise.
En chemin la minasse est trop belle. Le genre de mine qui fait tellement hurler le vario que je l’enroulerais même si elle décalait à 40 kmh car en quelques secondes avec des centaines de mètres en plus tout serait différent.
Bingo ! J’ai pris presque 1000 m en 6 minutes. Problème de 1h30 réglé en 6 minutes. Next please !
14h42
Le paysage est grandiose, la mer paraît lointaine, elle est à 20 km. Je m’en émerveille 10 fois, 20 fois. Il y a encore tant à survoler.
J’aurais bien aimé y aller dans cette moyenne montagne vers le NNO et finir jusqu’à la plaine du Po. Mais il y a beaucoup d’éoliennes et elles tournent plus vite que celles que j’ai pu admirer pendant plus d’une heure. Je me suis assez battu, je n’ai plus envie de batailler.
Les vallées sont très minérales, beaucoup de cuvettes, c’est magnifique. Pour me rendre vers la mer et la civilisation, je survole une ligne de crête s dont les versants nord sont superbes.
J’avance parfois à 20 kmh accéléré mais ça porte bien. La mer est loin, j’enroule et je plafonne ce que je trouve car je compte bien m’y poser. Corrado ne répond pas.
Après un 1800 je quitte ma crête qui meurt dans une plaine pour une autre qui me conduira à la mer. Je suis content et soulagé.
Arrivée sur la mer, 15h45
Je pense qu’il me manque peu pour faire 100 km alors je décide de tout donner question glide.
100 km depuis Roquebrune, je les mérite non ?
Le littoral est hyper posable. Après 10 km de glide le long du littoral j’arrive à 300 m/sol au bout de la plage, la suite est obstruée par un relief qui se jette dans la mer.
Pas de moutons, un vitesse de glide normale, 10 km d’air lisse…. Je pense depuis longtemps ue s’en est fini quand le vario fait des micro-bipements.
Je pilote et enroule finement pour exploiter l’ascendance et quand je tape le relief je suis bienheureux de constater ça tient en dynamique !
The Soaring Spot
Je découvre alors que j’arrive à Finale Ligure, le plus beau concentré de parois d’escalade que je connaisse. C’est énorme, il faut 1h30 d’autoroute pour venir ici de Nice ! Je jubile. C’est un lieu mythique pour moi.
Grimonett, une superbe grande voie, je te vois ! Je reconnais et localise chaque voie démentielle que j’ai gravi.
Je survole la ville et je me connecte avec la crête suivante. C’est énorme, je vais finir par du soaring World Class. C’est beau l’Italie !
C’est laminaire dans du gros 25 kmh parfaitement perpendiculaire à la côte, Il y a juste à s’en mettre plein les yeux !!!
A Varigotti la nature reprend ses droits, on petit cap sans route, sans personne, sans maison, sans rien seul avec les mouettes. Capo Noli, je suis aux anges. C’est énorme.
Ca tourne à 90 degrés, une transition avec un petit relief en point de mire. J’ai assez pour poursuivre et ne pas trop me faire tarter sous le vent.
C’est sport ! J’enroule un truc alors que je suis en mer et sujet aux turbulences derrière du cap. C’est aussi sportif qu’une vieille minasse de montagne. Je ne m’attarde pas.
En vue un autre relief : Bereggi avec 5-6 parapentes en soaring. Yessss ! J’arrive bas. Question d’honneur, je remonte.
Je découvre alors ce que je crois être Gênes et qui est en fait Savone, une grosse ville avec ferrys…
Trop content, je me pose. Lorsque je dis d’où je viens, les parapentistes très chaleureux m’accueillent tel un Demi-Dieu. Je découvre un dizaine de personnes aussi sympas les unes que les autres. Nous buvons une bière au bistrot et ils me ramènent en train à Pietra Ligure.
De l’analyse, de la maîtrise, des certitudes, de la connaissance, des erreurs, de l’inconnu, du doute, de l’émerveillement, de la chance, de l’opportunisme… vive le cross !
Merci à Corrado pour la navette Vintimille-Turbie et pour tout le reste.